"Inclusion et handicap dans le milieu de l'entreprise"
LE COURT-MÉTRAGE
The interviewer, de Genevieve Clay-Smith & Robin BryanAustralie | 2012 | 11’25’
LES INTERVENANTS
Bruno Gaurierg, Économiste, philosophe et médiateur engagé à APF FranceHandicapGrégory Cuilleron, Cuisinier passionné et engagé
SUIVEZ-NOUS
Facebook : https://www.facebook.com/cinemaforchangefestivalInstagram : https://www.instagram.com/cinemaforchange/LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/18715509
LE COURT-MÉTRAGE
The interviewer, de Genevieve Clay-Smith & Robin BryanAustralie | 2012 | 11’25’
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Court métrageTranscription
00:00:00 [Musique]
00:00:14 Bonjour tout le monde, bienvenue à toutes et à tous pour ce Ciné-débat
00:00:20 proposé par la Direction du Développement Durable et de la RSE de Bpi France.
00:00:25 Aujourd'hui, on va débattre ensemble de l'inclusivité et du handicap,
00:00:30 plus particulièrement dans le monde de l'entreprise.
00:00:32 Pour en parler, je ne suis pas seule, évidemment, j'accueille aujourd'hui Bruno Gaurier
00:00:36 qui s'est engagé pendant 50 ans à l'APF France Handicap,
00:00:40 la plus grande association de personnes en situation de handicap en France.
00:00:44 Bonjour Bruno !
00:00:45 Et nous aurons également à nos côtés Grégory Cuiron, cuisinier et engagé
00:00:51 de la GFIP, l'association qui soutient l'insertion professionnelle des personnes
00:00:55 en situation de handicap.
00:00:57 Bonjour Grégory !
00:00:58 Bonjour Margot !
00:01:00 Alors, juste avant d'échanger tous les trois sur ce sujet,
00:01:05 je me propose de découvrir un court métrage qui s'appelle The Interviewer.
00:01:10 On se retrouve juste après.
00:01:12 [Musique]
00:01:41 [Musique]
00:01:51 [Musique]
00:02:01 [Musique]
00:02:16 [Musique]
00:02:36 [Musique]
00:02:55 Bonjour !
00:02:57 Monsieur ?
00:02:59 Comment ça va ?
00:03:01 Ça va ?
00:03:03 Oui.
00:03:04 Super ! Je suis James.
00:03:06 S'il vous plaît, venez avec moi pour votre interview.
00:03:10 9h ?
00:03:12 Vous avez l'interview à 9h, n'est-ce pas ?
00:03:17 Hum... Oui.
00:03:20 Super !
00:03:21 Venez avec moi pour votre interview.
00:03:24 [Musique]
00:03:53 Après vous.
00:03:55 [Musique]
00:04:01 Vous vous asseyez ici, et je me situe ici.
00:04:06 Comme votre boss.
00:04:09 [Soupir]
00:04:11 Nerveux ?
00:04:13 Non.
00:04:14 C'est pas si grave que ça, je fais mon travail.
00:04:17 Une boisson d'eau ?
00:04:20 Hum... De l'eau, merci.
00:04:24 Vous êtes sûr ?
00:04:27 L'eau est bien.
00:04:28 Du coca-cola ?
00:04:30 [Musique]
00:04:41 Salut !
00:04:43 [Bruit de bouche]
00:04:50 [Soupir]
00:04:53 Alors, vous aimez les films ?
00:04:57 Hum... Oui.
00:04:58 Star Wars ?
00:05:00 Vous aimez Star Wars ?
00:05:02 Hum.
00:05:03 Harry Potter ?
00:05:04 Hum... Pas trop.
00:05:06 Et Voldemort ? J'aime Voldemort !
00:05:11 Harry Potter est mort !
00:05:14 Non, non, non !
00:05:15 Silence !
00:05:17 Chut, petite fille stupide !
00:05:19 Harry Potter est mort !
00:05:21 Depuis ce jour, vous me mettez votre tête.
00:05:26 Je ne suis pas en train.
00:05:27 Je ne l'ai pas terminé.
00:05:29 Harry Potter est mort.
00:05:35 Alors, l'interview est ici ?
00:05:37 Oui, c'est vrai.
00:05:38 C'est juste qu'il est passé 10 pas.
00:05:39 C'est bien, on va y aller.
00:05:42 Il n'y aura pas quelqu'un d'autre ?
00:05:44 Quelqu'un qui m'interviendra ?
00:05:46 Seulement moi.
00:05:47 Je vois que vous vous habillez...
00:05:50 très conservatrice.
00:05:53 C'est une interview.
00:05:54 Il faut un peu de couleur.
00:05:56 [Musique]
00:06:00 Ok, merci.
00:06:01 J'ai lu votre résumé.
00:06:05 Vous avez joué un rôle de solitaire ?
00:06:09 Oui.
00:06:10 Pourquoi pas jouer un soldat ?
00:06:13 Pardon ?
00:06:16 Vous voyez cette peinture ?
00:06:19 Vous aimez ?
00:06:21 Oui.
00:06:22 C'est un Dexter original.
00:06:24 J'en ai quelques-uns qui jouent à la jointe.
00:06:28 Alors, vous venez de Le Monde, à travers le monde.
00:06:32 C'est un grand firme.
00:06:35 Qu'est-ce qui vous a fait vouloir changer ?
00:06:38 [Musique]
00:06:49 Je ne pensais pas que la direction de l'entreprise
00:06:51 était quelque part où je voulais rester.
00:06:53 Dans le long terme.
00:06:55 Plus de détails.
00:06:57 Je ne pensais pas que ça faisait grand-chose pour la communauté.
00:06:59 C'est juste une machine de financement.
00:07:01 Vous avez beaucoup de monde ici.
00:07:03 Mais votre département de pro bono a une très bonne réputation.
00:07:06 En particulier avec les startups.
00:07:08 À Le Monde, ils ont rejeté beaucoup de bons-marchés
00:07:11 qui ne sont pas pour les profits,
00:07:12 parce qu'ils sont seulement pour les organisations plus établies.
00:07:16 J'aime cette réponse.
00:07:18 Vous êtes la première personne à me répondre.
00:07:22 Vous savez ?
00:07:24 Il y a une position de partenaire ici.
00:07:26 Non, je ne l'ai pas.
00:07:27 Vous êtes le type à le faire.
00:07:29 Je peux le dire.
00:07:30 J'ai vu beaucoup d'entre vous.
00:07:33 Vous savez combien de temps j'ai été ici.
00:07:36 Combien de temps avez-vous été ici ?
00:07:38 Près de 11 ans.
00:07:40 J'ai commencé quand j'avais 16 ans.
00:07:43 J'ai beaucoup appris de vous.
00:07:47 Y compris de votre film de test.
00:07:51 James, encore ?
00:07:59 C'est son dossier ? J'en ai besoin.
00:08:01 Pauvre Dexter, je suis désolé.
00:08:05 Non, pas du tout.
00:08:06 James, tu ne peux pas en prendre des dossiers de mon disque.
00:08:08 Je suis allé partout pour ça. Ce n'est pas un jeu.
00:08:10 Tu serais heureux, je l'ai pris.
00:08:12 Tu vois ce trolley ? Tu vois ça, James ?
00:08:15 Oui.
00:08:16 C'est ce que tu dois faire.
00:08:18 Prendre le thé et le café et faire la photocopie,
00:08:21 pas jouer au rôle avec mes intervieweurs.
00:08:26 Je peux continuer dans mon bureau.
00:08:29 James,
00:08:46 tu m'as demandé pourquoi je suis allé à Le Mans.
00:08:52 Oui.
00:08:54 Pourquoi ?
00:08:56 Parce que ton collègue a dit
00:09:00 que tu étais allé chercher Alessandro.
00:09:04 Ça ne fait pas du tout sens.
00:09:07 Je pensais que tu avais été tiré.
00:09:11 Et que penses-tu de ma réponse ?
00:09:16 J'ai aimé.
00:09:18 Tu es prêt à te faire payer moins ici.
00:09:21 Tu peux aider les gens.
00:09:23 Tu n'es pas prêt à te faire payer.
00:09:26 Tu es plus que juste de l'argent.
00:09:29 Il est honnête, tu sais.
00:09:33 Je peux le dire, il ne veut pas être un gros truc.
00:09:40 James, arrête.
00:09:41 Pourquoi ?
00:09:42 C'est tout ce que je suis capable de.
00:09:45 Quoi ?
00:09:47 Viens, assieds-toi.
00:09:50 Je veux que tu demandes les autres questions.
00:09:52 Je suis impressionné par ce que tu as écrit.
00:09:55 Je veux que tu me dises comment c'est fait.
00:09:58 Tu veux dire ça ?
00:10:01 La prochaine question que j'ai posée, c'est
00:10:18 où est-ce que tu te sens dans 10 ans ?
00:10:21 Je crois en l'engagement.
00:10:24 Je voudrais me voir toujours ici
00:10:28 gérer les cas dans ton département de pro bono.
00:10:32 C'est mon objectif.
00:10:36 Et Mr Joe White, c'est lui ?
00:10:50 Oui, c'est moi.
00:10:51 James Dexter,
00:10:53 s'il te plaît, viens avec moi pour ton interview.
00:10:58 Oui.
00:11:08 Je suis là.
00:11:10 Nous sommes en retard.
00:11:27 Mr White,
00:11:33 c'est Thomas Howe.
00:11:35 Je veux que tu m'interviennes aujourd'hui.
00:11:37 -Plaisir de te rencontrer. -A toi aussi.
00:11:39 Prends soin de toi.
00:11:41 Tu veux du lait ou du coke ?
00:11:43 Du lait.
00:11:44 Joe,
00:11:46 tu sais combien de temps j'ai été ici.
00:11:49 -Combien ? -Jusqu'à 15 ans.
00:11:54 Sans dire,
00:11:57 je sais une chose ou deux.
00:12:02 Je veux te voir.
00:12:05 Je veux te voir.
00:12:08 Je veux te voir.
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00:12:24 Je veux te voir.
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00:12:30 Je veux te voir.
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00:12:42 Je veux te voir.
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00:12:57 Je veux te voir.
00:12:59 Je veux te voir.
00:13:01 Je rallume mon micro.
00:13:06 Je vais vous parler de la première édition du festival.
00:13:10 C'est un court-métrage australien réalisé en 2012.
00:13:14 Il avait reçu le prix des collégiens et des lycéens.
00:13:18 Je retrouve nos deux invités.
00:13:21 Bruno Gorrier,
00:13:24 vous êtes un vétéran de l'APF.
00:13:27 Vous êtes vous-même porteur d'un handicap.
00:13:31 Vous êtes aussi porteur d'un handicap.
00:13:35 Vous êtes un chef de cuisine.
00:13:38 Votre tête dit quelque chose à des gens.
00:13:42 On a pu vous voir à la télé.
00:13:45 Vous êtes aussi porteur d'un handicap.
00:13:49 Vous intervenez régulièrement avec l'AGFIP.
00:13:54 Pour commencer,
00:13:57 j'aimerais recueillir vos impressions sur ce court-métrage.
00:14:02 Bruno Gorrier, qu'avez-vous pensé ?
00:14:06 Vous m'avez dit que j'étais un vétéran.
00:14:10 Le vétéran vient de se prendre une bonne plaque dans la figure.
00:14:14 Je veux le dire à ce niveau de sensibilité.
00:14:19 Il m'a tiré les larmes.
00:14:22 Il est dans une vérité extraordinaire.
00:14:27 On fait durer cette entrée dans un contact.
00:14:32 C'est absolument fabuleux.
00:14:35 Je n'ai pas d'autres mots.
00:14:38 Mon vocabulaire est court.
00:14:41 Il faut présenter ce film-là.
00:14:44 C'est remarquable.
00:14:47 Comme quoi, les représentations, c'est important.
00:14:50 Vous l'aviez déjà vu.
00:14:53 Qu'est-ce qui vous plaît dans ce court-métrage ?
00:14:56 Je l'avais déjà vu.
00:14:59 C'est bien de se remettre en bouche.
00:15:02 Ce que j'aime bien, c'est la version des rôles.
00:15:06 C'est le fait de montrer...
00:15:09 Ce n'est pas un film misérabiliste.
00:15:12 Il montre que quand on est en situation de handicap,
00:15:16 il faut faire deux fois plus ses preuves.
00:15:19 Si on avait pris l'initiative de mener l'entretien,
00:15:22 et que son patron n'était pas arrivé à ce moment-là,
00:15:25 il serait peut-être en train de distribuer des pommes et des coca.
00:15:28 Ce qui est sous-entendu dans le court-métrage,
00:15:32 c'est que ça a été beaucoup plus difficile
00:15:35 pour cette personne handicapée
00:15:38 de se faire une place dans l'entreprise.
00:15:41 Est-ce qu'on a souvent en tête l'idée
00:15:44 que quand on est handicapé,
00:15:47 trouver un emploi, ça parait un peu un parcours du combattant ?
00:15:51 Est-ce que c'est vrai, Grégory Cuiron ?
00:15:54 Alors, ça peut l'être.
00:15:57 Ce n'est pas systématique.
00:16:00 Il y a un ensemble de choses qui font que la personne en situation de handicap
00:16:05 peut parfois galérer, qu'il s'agit de faire des études
00:16:08 pour avoir accès à l'emploi.
00:16:11 On a des outils qui sont en place qui facilitent la tâche,
00:16:14 mais ça reste quand même plus difficile pour une personne en situation de handicap
00:16:17 parce qu'il y a un a priori de non-performance.
00:16:20 On a l'impression que handicap et performance sont des termes antagonistes
00:16:24 dans l'imaginaire collectif.
00:16:27 Donc oui, il faut parfois faire deux fois plus d'épreuves.
00:16:31 Bruno Gaurier, aujourd'hui, on sait qu'il y a, je crois,
00:16:34 c'est deux fois et demi plus de chômages
00:16:37 chez les travailleurs handicapés.
00:16:40 Oui, alors ça, c'est la stricte vérité.
00:16:43 Il y a eu assez peu de progrès de fait.
00:16:46 Je crois qu'il faut le dire.
00:16:49 Ce que disait Grégory est tout à fait juste.
00:16:52 Je ne peux que lui emboîter le pas.
00:16:55 La question de l'image qu'on se fait du handicap est considérable.
00:16:58 Moi, par exemple, j'ai un handicap qui ne se voit pas.
00:17:01 Si je vous fais ça,
00:17:04 eh bien ça se voit.
00:17:07 Et je dirais, quand on arrive avec un handicap qui se voit,
00:17:11 le premier regard va être terrible.
00:17:14 Quand on arrive avec un handicap qui ne se voit pas,
00:17:17 le premier regard n'existera peut-être pas,
00:17:20 mais la première épreuve arrivera très vite
00:17:23 et on sera obligé à dévoter un regard de s'expliquer.
00:17:26 Mais s'expliquer, c'est un véritable examen de passage aussi.
00:17:29 Alors, quels sont les freins à l'embauche ?
00:17:32 Vous avez commencé à en parler, Grégory,
00:17:35 vous disiez en fait que le handicap
00:17:38 et la performance sont antagonistes.
00:17:41 Donc, le premier frein, on imagine, c'est le regard de l'entreprise ?
00:17:44 C'est le regard de l'entreprise,
00:17:47 c'est le regard des collaborateurs et des managers qui disent parfois
00:17:50 « On m'a collé un travail handicapé,
00:17:53 je ne sais pas comment je vais réussir à atteindre mes objectifs,
00:17:56 à faire mes chiffres. »
00:17:59 Il ne faut pas en vouloir.
00:18:02 Il y a plusieurs choses.
00:18:05 Déjà, on est dans une société qui n'est pas fichue
00:18:08 de payer une femme autant qu'un homme.
00:18:11 Donc, autant vous dire qu'on part de très loin.
00:18:14 Et puis, la différence fait peur.
00:18:17 C'est normal d'avoir peur de la différence,
00:18:20 c'est quelque chose qui nous est propre, c'est de l'instinct de survie.
00:18:23 Parce que la différence, quand on était des hommes préhistoriques,
00:18:26 ça pouvait être une panthère, un mammouth, j'en passais des meilleurs.
00:18:29 Donc, avoir peur, ce n'est pas grave.
00:18:32 Il faut aller au-delà, faire tourner son cerveau
00:18:35 et dire que oui, il y a une petite différence.
00:18:38 Mais déjà, il faut laisser sa chance au problème,
00:18:41 il faut tâcher d'avancer au maximum
00:18:44 et d'accompagner les personnes en situation de handicap.
00:18:47 Parce que s'il y a un petit problème,
00:18:50 enfin un petit problème qui n'en est pas vraiment un,
00:18:53 mais s'il faut un petit temps d'adaptation
00:18:56 ou de mettre en place des modèles
00:18:59 pour faciliter la tâche d'autrui,
00:19:02 ce n'est pas la mer à boire de rajouter un coussin sous une chaise,
00:19:05 d'acheter un logiciel qui va bien,
00:19:08 enfin tout ce type de choses.
00:19:11 Bruno Gaurier, vous êtes d'accord avec ça ?
00:19:14 Il faudrait accompagner les entreprises dans l'adaptation des postes ?
00:19:17 Oui, tout à fait.
00:19:20 Si Grégory travaille, d'ailleurs,
00:19:23 en lien avec la GEPHIP,
00:19:26 je dirais que c'est un sujet qui revient constamment,
00:19:29 l'accompagnement des entreprises, je dirais qu'il est obligatoire.
00:19:32 Il est obligatoire non pas pour justifier les personnes
00:19:35 en situation de handicap qui vont venir dans l'entreprise,
00:19:38 mais simplement pour leur dire
00:19:41 « Écoutez, il faut arrêter avec le premier regard
00:19:44 et laisser venir quelqu'un ».
00:19:47 Je me rappelle un jeune homme
00:19:50 qui était un firme moteur cérébral
00:19:53 et qui avait ce qu'on appelle une démarche hébrieuse.
00:19:56 Il s'est garé en voiture,
00:19:59 au volant de sa voiture,
00:20:02 alors qu'il a des mouvements comme ça tout à fait accordés.
00:20:05 Il conduisait. Il arrive dans la cour de l'entreprise,
00:20:08 manque de chance, va près de l'escalier,
00:20:11 il se met à la place du patron.
00:20:14 Il n'y avait pas la voiture du patron
00:20:17 et tout de suite il y a bien sûr un gardien qui vient
00:20:20 et qui dit « Arrêtez votre voiture de place ».
00:20:23 Il dit « Non, je ne la change pas, j'ai déjà eu assez de mal à la garer.
00:20:26 Je ne la change pas ».
00:20:29 Et puis il va au standard et là le standardiste dit
00:20:32 « Mais ce n'est pas possible, il n'a pas été convoqué ».
00:20:35 Il n'a jamais pu voir la personne qu'il avait convoquée.
00:20:38 Il n'a jamais pu aller jusqu'à cette personne.
00:20:41 Donc en fait le handicap l'a freiné directement ?
00:20:44 Mais directement et le frein est allé jusqu'au bout.
00:20:47 Alors aujourd'hui peut-être que le frein n'irait plus jusqu'au bout.
00:20:50 Je dirais le jeune homme qu'on voit dans le film précisément,
00:20:56 c'est vrai qu'en plus le handicap dont il est porteur
00:21:02 ne l'empêche pas de communiquer. Je dirais même que c'est l'inverse.
00:21:05 Il arrive parfois que ce soit une chance dans la communication
00:21:08 parce qu'ils ont un instinct de communication
00:21:11 avec cette forme de handicap qui est absolument impressionnante
00:21:15 et les personnes avec le syndrome dont il est porteur vont aux gens.
00:21:20 Et il y a vraiment un rapport qui s'établit.
00:21:24 Quand on arrive dans un fauteuil roulant,
00:21:27 il faut déjà passer la porte d'entrée,
00:21:31 il faut déjà passer le portillon qui est trop étroit,
00:21:35 il faut déjà monter dans l'ascenseur où on ne peut pas monter,
00:21:38 etc. etc. et on ne se rend pas compte,
00:21:42 mais déjà c'est pas accessible,
00:21:45 on ne peut même pas arriver parce que c'est pas accessible.
00:21:48 Alors les problèmes, ben non, l'entreprise ne s'est pas adaptée
00:21:52 au moment voulu, etc. etc. etc.
00:21:55 Quand vous parlez de l'accompagnement des entreprises,
00:21:59 il y a des choses très importantes, ça veut dire que vous avez des personnes
00:22:03 qui ont un handicap psychique par exemple,
00:22:05 qui n'apparaît pas au premier contact
00:22:09 et qui apparaîtra à la longue.
00:22:12 Accompagner une entreprise qui va découvrir
00:22:16 le handicap d'une personne au fur et à mesure que le temps passe.
00:22:21 Je pense à certains handicaps psychiques.
00:22:23 On s'aperçoit que ce n'est pas grand chose,
00:22:25 il suffit parfois que les personnes soient prévenues
00:22:28 et qu'il y en ait une qui vienne mettre la main sur l'épaule
00:22:31 et tout rentre dans l'ordre.
00:22:33 Vous voyez, tout ça, tout ça,
00:22:35 ce qu'on voit très bien dans ce film,
00:22:38 c'est finalement un fait de vie.
00:22:41 C'est une première impression
00:22:44 et c'est extrêmement bien montré.
00:22:47 Nous, on est constamment devant ça.
00:22:50 Quand je m'occupe de transport aérien,
00:22:53 arriver à un comptoir où on va rigoler,
00:22:57 c'est assez rare quand on a un handicap.
00:23:00 Je me rappelle un fait de vie,
00:23:03 je partais à Athènes avec la présidente du Conseil français des personnes handicapées
00:23:06 pour les affaires européennes,
00:23:08 elle est non-voyante, elle est aveugle.
00:23:11 Je lui dis, mais comme ça, automatiquement, la bêtise.
00:23:16 Je lui dis, sors ta canne, comme ça on nous verra.
00:23:19 Je ne vous raconte pas,
00:23:21 les deux employés qui étaient au comptoir nous ont entendus.
00:23:26 Et elles disent,
00:23:28 et en plus c'est un sourd qui accompagne un aveugle.
00:23:31 J'ai trouvé ces deux femmes géniales.
00:23:35 Et on a rigolé tout le long.
00:23:37 Et du coup, la personne aveugle a dit,
00:23:39 tiens justement, je voulais vous présenter mon chien.
00:23:42 Et là, tout est gagné, ça y est, tout le travail est fait.
00:23:47 On le voit d'ailleurs dans le court métrage,
00:23:49 comment la première personne qui vient passer l'entretien,
00:23:53 finalement, change elle aussi,
00:23:54 puisqu'au début, on la sent quand même très étonnée
00:23:57 que ce soit cette personne-là qui lui fasse l'entretien
00:23:59 et elle s'attend à parler à quelqu'un d'autre.
00:24:01 Et finalement, c'est elle qui aide aussi à débloquer la situation après.
00:24:04 Il y a un des freins qu'on a commencé aussi à aborder ensemble,
00:24:09 c'est celui finalement qui est bien en amont,
00:24:11 celui de la formation.
00:24:13 Grégory Cuiron, quel est selon vous ce qu'on pourrait améliorer
00:24:17 pour les jeunes, qu'ils soient très jeunes,
00:24:21 donc à l'école ou après, justement,
00:24:23 les jeunes en situation de handicap,
00:24:26 pour que la formation soit aussi plus aisée,
00:24:29 puisqu'on sait que c'est une formation complète
00:24:32 qui permet aussi de retrouver ou de trouver d'ailleurs
00:24:35 plus facilement un emploi ?
00:24:37 Alors, il y a l'accessibilité à la formation,
00:24:40 parce que parfois, des handicaps font que…
00:24:41 mais qui peuvent être également des handicaps invisibles
00:24:43 et des handicaps psychiques,
00:24:44 qu'il faut être accompagné dans le cadre de l'apprentissage.
00:24:47 Moi, je pense que ce qui est important,
00:24:49 c'est de mélanger les gens,
00:24:52 quels qu'ils soient, la mixité, c'est le secret,
00:24:56 et je reste persuadé sans prétention aucune
00:24:58 que mes camarades de classe, du primaire, du collège, du lycée
00:25:03 ou des études supérieures,
00:25:05 quand ils voient une personne en situation de handicap,
00:25:07 ils disent « Ah bah tiens, c'est un peu comme Greg »,
00:25:09 puis ce n'était pas un problème,
00:25:10 donc en tant que manager ou collaborateur,
00:25:12 ils ont une vision qui est quand même plus…
00:25:15 je vais dire clémente, non,
00:25:16 parce qu'on ne demande pas de la clémence,
00:25:17 mais plus objective.
00:25:19 Ça, ça peut jouer,
00:25:20 et puis derrière, il y a aussi le parcours de formation.
00:25:24 Alors, c'est vrai qu'on a des outils désormais
00:25:26 qui sont quand même plus intéressants,
00:25:28 je pense au travail en alternance,
00:25:31 au contrat d'apprentissage,
00:25:33 qui permettent aux entreprises de recruter des personnes
00:25:35 en situation de handicap,
00:25:36 alors on ne va pas se mentir,
00:25:37 ce qui les rassure c'est aussi
00:25:38 qu'ils ne sont pas des contrats à long terme,
00:25:40 donc ils disent « Bon, s'il y a un problème, poubelle »,
00:25:42 souvent, pour ne pas dire tout le temps,
00:25:44 il n'y a pas de problème,
00:25:46 et ce qui aide bien,
00:25:47 c'est que ça donne accès à l'apprentissage
00:25:49 et à l'alternance à des personnes
00:25:51 en situation de handicap,
00:25:52 quel que soit leur âge,
00:25:53 il n'y a pas de limite d'âge,
00:25:54 donc tout au long de sa vie,
00:25:56 et puis si on n'a pas eu la chance dans sa jeunesse
00:25:58 d'avoir accès à la formation,
00:25:59 on peut l'avoir à ce moment-là.
00:26:01 Oui, là, je peux me permettre de poursuivre,
00:26:06 après les années d'héborie,
00:26:08 parce que je suis forcément,
00:26:10 on est sur la même longueur d'onde,
00:26:11 ça va de soi,
00:26:12 mais quand vous parlez de formation,
00:26:15 il y a une espèce d'a priori
00:26:16 que parce qu'on est une personne
00:26:18 en situation de handicap,
00:26:19 on n'a pas été,
00:26:20 comme on disait autrefois, aux écoles,
00:26:22 on n'a pas fait ses humanités,
00:26:24 comme on disait aussi,
00:26:25 donc on n'a pas été à l'école.
00:26:27 Là, qu'on se détrompe,
00:26:29 si l'école était le même ouverte,
00:26:31 ne vous inquiétez pas,
00:26:33 c'est les petits copains
00:26:34 qui vont faire le travail.
00:26:36 Alors, il suffit qu'un enfant handicapé
00:26:38 arrive en plus,
00:26:39 c'est une chance,
00:26:40 en fauteuil roulant électrique,
00:26:41 excusez-moi de dire ça,
00:26:42 alors là, si les gamins
00:26:44 peuvent monter dessus
00:26:46 et faire la course,
00:26:47 là, il y a quelque chose d'intéressant.
00:26:49 Après, vous les interrogez,
00:26:50 "Ah, ben, ton petit copain handicapé,
00:26:53 il dit, mais, quel handicapé ?
00:26:55 Moi, je n'ai pas de copain handicapé.
00:26:57 Et celui qui est en fauteuil roulant ?
00:26:59 Non, il dit, mais ça, c'est pas pareil,
00:27:00 c'est un copain en joue.
00:27:02 Et si vous voulez l'arrivée à l'école,
00:27:07 la motivation des professeurs,
00:27:10 les aides de vie scolaire
00:27:13 prêts à aider un enfant handicapé,
00:27:16 le professeur n'est pas chargé forcément
00:27:17 d'aller aux toilettes
00:27:18 pendant qu'il a 20 ou 30 autres élèves
00:27:20 qui attendent.
00:27:21 C'est pour lui qu'il peut s'occuper de ça.
00:27:23 Il peut se produire qu'un enfant
00:27:24 ait besoin d'aller aux toilettes
00:27:25 et qu'il ne puisse pas y aller seul.
00:27:27 Bon, il y a des auxiliaires de vie scolaire,
00:27:30 c'est prévu.
00:27:31 J'allais dire, quand il y en a.
00:27:34 Oui, j'allais dire,
00:27:35 il faut aussi que la logistique suive derrière.
00:27:38 Il y a une loi, il y a des textes,
00:27:40 mais ce n'est pas parce qu'il y a une loi
00:27:42 qu'on a déjà tous ces droits.
00:27:46 Oui, en parlant de loi,
00:27:48 il y a quand même une loi
00:27:49 qui oblige toute entreprise
00:27:50 de plus de 20 salariés
00:27:51 à avoir 6 % de travailleurs handicapés
00:27:55 et pourtant ne les pas respecter.
00:27:57 Oui, alors, allez-y Bruno.
00:28:00 Je peux ou je…
00:28:02 Allez-y et puis ensuite, Grégory.
00:28:05 Ce que je voulais simplement vous dire,
00:28:08 c'est que j'ai été aussi,
00:28:10 il y a pas mal d'années,
00:28:11 professeur de sciences économiques
00:28:14 dans une institution
00:28:16 qui était en même temps
00:28:18 un lycée d'État
00:28:19 pour des enfants qui avaient des problèmes au rachis
00:28:21 en pré- et post-opératoire.
00:28:24 Je vais quand même vous dire un seul truc.
00:28:26 J'ai été professeur de sciences économiques
00:28:28 en même temps que j'étais à APF France Handicap,
00:28:31 que je dirigeais les vacances à l'époque.
00:28:33 Eh bien, seconde, première terminale,
00:28:37 tous mes élèves ont eu le bac.
00:28:39 Tous mes élèves ont eu le bac.
00:28:42 Point.
00:28:45 Alors Grégory…
00:28:46 Bravo Bruno.
00:28:48 Non, bravo à eux surtout,
00:28:51 parce qu'ils ont trouvé un boulot derrière.
00:28:54 Oui, alors moi j'en reviens aussi
00:28:56 pour centrer en situation de handicap en entreprise.
00:28:58 Alors, je ne veux pas jeter la pierre aux entreprises.
00:29:01 Alors, il y a certaines entreprises
00:29:02 qui ne jouent pas le jeu
00:29:03 et ça je trouve ça terriblement offensant.
00:29:05 Dire, nous, question de principe,
00:29:07 on ne prend pas d'handicapé
00:29:08 parce que les handicapés, c'est un boulet.
00:29:10 Je parle un peu crûment, mais voilà.
00:29:12 Mais il y a aussi des entreprises
00:29:13 qui n'arrivent pas à trouver.
00:29:15 Moi, je vois par exemple,
00:29:16 dans le monde de la restauration,
00:29:17 c'est très compliqué
00:29:18 et souvent l'exemple que je donne,
00:29:19 parce que ça va de pair
00:29:20 avec le fait que la population
00:29:21 de travailleurs en situation de handicap
00:29:23 ne soit pas dans sa globalité aussi bien formée
00:29:25 que la population de personnes valides.
00:29:28 Un ingénieur avec la reconnaissance
00:29:32 en qualité de travailleur handicapé,
00:29:33 c'est une licorne.
00:29:34 Alors, non pas que les personnes handicapées
00:29:36 soient trop bêtes pour devenir ingénieurs,
00:29:37 mais le cursus fait qu'il y en a peu.
00:29:41 Donc, l'idée, comme beaucoup de choses,
00:29:44 on n'atteint pas la perfection,
00:29:46 on essaye de tendre vers elle.
00:29:47 Là, c'est un peu pareil,
00:29:48 on essaye de tendre vers ces 6 %,
00:29:50 sachant que, ce que j'explique souvent,
00:29:52 6 % de travailleurs en situation de handicap,
00:29:56 en 87, les gens se sont posés.
00:29:58 Il y avait les syndicats patronaux
00:29:59 qui en voulaient 4.
00:30:00 Il y avait les syndicats de travailleurs
00:30:02 qui en voulaient 8 %.
00:30:03 On a coupé la poire en deux,
00:30:04 on a fait 6 %.
00:30:05 Si toutes les personnes handicapées
00:30:08 en âge de travailler…
00:30:10 Enfin, si on employait 6 % de travailleurs handicapés
00:30:14 dans toutes les entreprises
00:30:15 de plus de 20 salariés,
00:30:17 on serait obligés de faire de l'importation
00:30:19 de travailleurs en situation de handicap.
00:30:20 Donc, voilà, ça ne reflète pas forcément le truc.
00:30:23 Oui, c'est un chiffre un peu arbitraire, en fait.
00:30:26 Totalement.
00:30:27 C'est tout à fait vrai.
00:30:29 Et c'est vrai que, si vous voulez,
00:30:32 il y a une énorme question
00:30:35 qui se pose aussi.
00:30:37 Grégory a raison, vous avez raison, Grégory,
00:30:40 de dire qu'il y a des boîtes
00:30:42 qui cherchent des travailleurs handicapés.
00:30:44 C'est vrai, ça existe.
00:30:46 Moi, je me rappellerai toujours
00:30:47 une petite boîte de Lyon, justement,
00:30:49 qui un jour m'avait dit,
00:30:52 vous savez, depuis que j'ai eu
00:30:54 une personne handicapée dans ma boîte,
00:30:55 j'en veux une deuxième,
00:30:57 parce qu'il y a quelque chose qui a changé.
00:31:00 Je peux vous dire que,
00:31:01 quand les gens ont une grippe
00:31:03 et qu'ils se disent, je vais me mettre en vacances,
00:31:05 il y a une petite hésitation qui arrive,
00:31:08 surtout dans les petites entreprises.
00:31:11 Lui, non, il ne se met pas en vacances.
00:31:14 Et ça joue.
00:31:16 Et l'autre aspect, c'est quand le patron lui-même m'a dit,
00:31:19 vous voyez, monsieur, moi, je dis aujourd'hui,
00:31:23 je disais, ah, bon, en voilà un,
00:31:26 qu'est-ce que je viens faire pour lui ?
00:31:28 Maintenant, je ne dis plus ça.
00:31:30 Je dis, bon, à quel poste je le mets ?
00:31:32 Parce que, qu'est-ce qu'il va faire pour moi ?
00:31:35 Il a retourné la chose.
00:31:37 Et c'est le patron lui-même
00:31:38 qui l'a retourné pour lui-même,
00:31:40 pour son regard, justement.
00:31:41 Bon, ça, c'est la première chose.
00:31:43 La deuxième, c'est qu'il ne suffit pas
00:31:45 qu'une entreprise veuille se recruter.
00:31:47 Encore faut-il qu'elle se trouve
00:31:49 à un endroit où il y a des transports publics qui arrivent,
00:31:52 où il y a un logement qui n'est pas à 10 km,
00:31:55 etc., etc.
00:31:57 Donc, on repose une question aussi
00:31:59 d'organisation des bassins d'emploi.
00:32:01 On repose une question d'habitat.
00:32:03 On repose une question de transport.
00:32:05 Toutes ces questions-là,
00:32:06 elles se posent les unes après les autres.
00:32:08 Et quand une boîte dit,
00:32:10 je n'arrive pas à recruter,
00:32:12 il n'y a pas que la question de l'emploi qui se pose.
00:32:16 Il y a aussi la question
00:32:18 d'une véritable organisation de la société.
00:32:21 Et donc, aujourd'hui,
00:32:23 on peut dire, parlons accessibilité,
00:32:25 mais on arrêtera de parler accessibilité
00:32:28 le jour où la ville se sera conçue accessible à tous.
00:32:33 Alors là, quand on parle de loi pas respectée,
00:32:36 je pense que sur l'accessibilité,
00:32:38 on atteint le saume.
00:32:40 C'est un deuxième chapitre qu'on peut ouvrir,
00:32:43 ou un premier.
00:32:44 Alors là, c'est terrible.
00:32:46 Ça, c'est une bonne blague.
00:32:48 Donc, si je vous résume, Bruno,
00:32:50 ce que vous dites,
00:32:51 c'est vraiment qu'adapter les entreprises,
00:32:53 les rendre plus inclusives, évidemment, c'est nécessaire,
00:32:55 mais ça ne suffit pas.
00:32:56 Il faut finalement que la société,
00:32:58 le reste de la société s'adapte aussi,
00:33:00 soit inclusif pour tout le monde.
00:33:03 Absolument.
00:33:05 Tout à fait.
00:33:06 Oui.
00:33:08 Allez-y.
00:33:09 Allez-y.
00:33:10 Je ne voudrais pas vous couper parce que j'allais passer,
00:33:13 parce que vous avez mentionné tout à l'heure,
00:33:15 justement, les freins à l'embauche.
00:33:17 Vous disiez, il y a une petite différence
00:33:19 entre handicap visible et invisible,
00:33:21 puisque le handicap visible, il y a tout de suite une réaction,
00:33:24 puisque par définition, ça se voit,
00:33:26 et le handicap invisible,
00:33:27 l'obstacle peut venir un tout petit peu plus tard,
00:33:30 mais il va venir quand même très vite.
00:33:32 Donc, justement, là-dessus,
00:33:34 au niveau des entreprises,
00:33:37 est-ce qu'il y a une différence
00:33:39 entre ces deux types de handicap pour s'adapter ?
00:33:42 Pour s'adapter, je ne suis pas sûr.
00:33:48 Pour le premier regard, bien évidemment.
00:33:51 Or, je dirais que le premier regard,
00:33:57 c'est quand même le premier regard.
00:33:59 Ça veut dire que si le premier regard barre,
00:34:02 il n'y a aucune chance.
00:34:04 Si on passe la porte du premier regard,
00:34:07 après, moi je pense que les choses,
00:34:09 les gens vont s'habituer les uns aux autres
00:34:12 et que progressivement,
00:34:14 il se peut que le handicap qui est très apparent,
00:34:17 petit à petit, il devienne second,
00:34:20 voire secondaire.
00:34:22 Grégory, pardon, allez-y.
00:34:27 Oui, oui, Grégory.
00:34:29 Grégory, sur le handicap invisible,
00:34:34 vous regrettez que ça puisse, par ailleurs,
00:34:37 peut-être en dissuader ?
00:34:39 Ou encourager les gens à ne pas demander la reconnaissance.
00:34:42 Voilà, exactement.
00:34:43 Et à essayer de cacher, en fait, le handicap.
00:34:46 Tout à fait.
00:34:47 Ils peuvent être parfois tentés de le faire.
00:34:49 Alors, c'est vrai que quand on recrute une personne
00:34:51 en situation de handicap,
00:34:52 on n'est pas censé parler du handicap aux collaborateurs.
00:34:57 Ils savent que c'est une personne qui a la RQTH,
00:34:59 mais point barre.
00:35:00 C'est sûr que si c'est un handicap,
00:35:02 moi, ça se voit, on voit bien ce qu'il a.
00:35:05 Si c'est un handicap invisible,
00:35:06 ça peut être source de fantasmes,
00:35:08 un peu de la part des gens.
00:35:09 Et il y a un appris d'incompétence qui plus est,
00:35:12 puis ils vont se poser des questions.
00:35:13 Mais qu'est-ce qu'il a ?
00:35:14 Qu'est-ce que Patin, qu'est-ce qu'il a ?
00:35:15 Et s'il était schizophrène au dernier degré
00:35:17 et qu'il me plantait un couteau dans le dos
00:35:19 ou qu'il m'éclatait la tête sur le photocopieuse,
00:35:21 j'en fassais des meilleurs.
00:35:23 Et du coup, les personnes sont tentées de se dire
00:35:28 "Ça se voit pas, moi, je vais faire ma petite tambouille
00:35:31 et du moment où j'aurai l'estampi
00:35:33 "travailleur handicapé",
00:35:35 on va me traiter d'incompétent ou d'incompétente".
00:35:38 Alors, moi, je vous le dis sincèrement,
00:35:40 je trouve que c'est débile.
00:35:41 Enfin, c'est débile.
00:35:42 Je peux comprendre le ressort,
00:35:43 mais il ne faut pas faire comme ça.
00:35:44 Pourquoi ?
00:35:45 Parce que souvent, les personnes sont déjà au sein d'entreprises.
00:35:48 Du coup, avoir la RQTH,
00:35:51 ça ne pourra que leur faciliter à tâche.
00:35:53 Parce que je pense qu'on perd énormément d'énergie
00:35:55 dans la compensation du handicap.
00:35:57 Du coup, on est moins performant.
00:35:59 Et au lieu de passer pour un travailleur handicapé
00:36:02 et d'être performant,
00:36:04 on passe pour un travailleur pas handicapé
00:36:06 qui n'est pas performant.
00:36:07 C'est quand même un petit peu dommage, avouez-le.
00:36:09 Alors, ça, Grégory, vous posez une vraie question.
00:36:13 Et elle se pose autant aux personnes en situation de handicap,
00:36:18 à nous,
00:36:19 qu'à l'employeur potentiel en face duquel on se trouve.
00:36:25 Et là, ce que vous dites, Grégory,
00:36:28 moi, me paraît tout à fait prégnant, important,
00:36:34 parce que c'est aussi le rapport que j'ai avec mon propre handicap.
00:36:37 C'est l'image aussi que je me fais de moi-même.
00:36:40 Et pouvoir me regarder dans le miroir avec ce que je suis.
00:36:45 Et ce que je suis, c'est finalement une question qui se pose à tous.
00:36:50 Handicapé ou non.
00:36:52 Et moi, je veux dire,
00:36:57 justement, en prenant l'avion,
00:37:00 l'autre jour, il y avait une queue épouvantable.
00:37:05 J'étais pas en capacité de stationner.
00:37:08 Parce que j'ai mon âge aussi, et tout ça.
00:37:11 Alors, je vais voir en début de file,
00:37:15 et le monsieur me dit,
00:37:16 "Mais monsieur, la file est trop longue, il faut..."
00:37:19 "Quel âge avez-vous ?"
00:37:22 Et puis, je me suis rendu compte, tout après,
00:37:24 que j'avais ma carte d'invalidité.
00:37:26 J'avais même pas pensé à présenter ma carte d'invalidité.
00:37:29 C'est dire...
00:37:31 Et le monsieur me dit,
00:37:33 "Sortez votre carte d'invalidité, il n'y a pas de honte !"
00:37:37 C'est l'appariteur qui me dit ça.
00:37:41 J'étais content d'entendre ça.
00:37:43 J'étais vraiment content.
00:37:44 Je lui ai dit, "Monsieur, vous me donnez une très bonne leçon."
00:37:47 - Je me permets, je vais faire le bavard comme Bruno.
00:37:51 Il n'y a pas longtemps, j'étais dans le tram,
00:37:53 j'étais assis,
00:37:54 et là, il y a un monsieur qui vient vers moi,
00:37:56 qui me tend sa carte d'invalidité,
00:37:58 pour cette part.
00:37:59 Alors, bon, il se trouve qu'il avait un peu des problèmes de...
00:38:01 J'ai l'impression qu'il avait un peu des problèmes à tenir debout.
00:38:03 Donc, je me suis levé comme un seul homme,
00:38:05 et en fait, moi aussi, j'en ai eu.
00:38:07 J'aurais très bien pu rester assis et la lui tendre,
00:38:09 et faire bouger la dame qui était en face de moi,
00:38:11 qui avait strictement rien,
00:38:12 et qui était sur le placendis.
00:38:13 Donc, c'est assez rigolo.
00:38:14 Mais là, j'en profite,
00:38:15 parce qu'il y a quand même des avantages.
00:38:17 J'ai découvert récemment,
00:38:18 parce que moi, j'ai ma carte d'invalidité
00:38:19 depuis très peu de temps.
00:38:21 Je me suis finalement décidé à la prendre.
00:38:24 On rentre gratuitement et avec une personne au musée,
00:38:26 et on paye deux fois moins cher le forfait de ski.
00:38:29 Et la personne qui nous accompagne aussi.
00:38:30 Donc, épouser des handicapés,
00:38:32 ça vaut vachement la peine.
00:38:33 Oui, alors, il ne faut pas non plus retourner la chose
00:38:38 et faire trop de provocation,
00:38:39 parce qu'on est quand même dans la provocation.
00:38:41 Parce qu'on est quand même aussi,
00:38:43 si vous voulez,
00:38:44 quand je vois une personne qui a trouvé un emploi,
00:38:46 et qui n'a pas pu le prendre,
00:38:48 parce qu'il n'y avait pas de logement en proximité,
00:38:50 c'est quand même terrible.
00:38:52 Et c'est quand même là qu'on se retrouve,
00:38:54 si vous voulez.
00:38:55 Alors, je dirais,
00:38:57 l'once d'humour de Grégory,
00:39:00 que vous mettez dedans,
00:39:01 c'est évident qu'il faut l'avoir.
00:39:03 Il faut l'avoir, cette once d'humour.
00:39:05 Et en même temps,
00:39:07 il y a cet aspect des choses, quand même,
00:39:12 qui renvoie en permanence
00:39:14 à l'organisation de la société,
00:39:18 pour se faire à la fois inclusive,
00:39:21 et inclusive pour tous,
00:39:24 sachant qu'à chaque fois...
00:39:27 Tenez, le tramway qui fait le tour de Paris,
00:39:30 c'est un tramway qui fait le tour de Paris.
00:39:33 Je ne vous raconte pas
00:39:35 le nombre de gens qui maintenant
00:39:38 rentrent avec le landau du bébé,
00:39:40 qui rentrent avec leurs deux valises qui roulent,
00:39:43 hautes comme ça,
00:39:44 et qui ne demandent l'aide de personne
00:39:46 pour monter leurs deux valises qui roulent.
00:39:49 Ça veut dire que,
00:39:50 si on a vu, pour nous,
00:39:53 avec nous, avec nous,
00:39:55 pas seulement pour nous,
00:39:56 avec nous,
00:39:58 on a vu, ouverte à tous,
00:40:00 les tramways,
00:40:02 en ayant réglé la problématique
00:40:05 de l'accessibilité aux personnes handicapées,
00:40:07 ils ont rendu le service à tout le monde.
00:40:10 Si la société se pense comme ça,
00:40:14 avec nous dedans,
00:40:16 avec nous,
00:40:18 on a à peu près tout réglé.
00:40:21 Encore, il faut le faire.
00:40:23 C'est vrai que Margot a évoqué la loi
00:40:25 sur les ERP des établissements de reçois en 2015.
00:40:28 C'est dramatique.
00:40:29 Moi, c'est un truc qui me révolte.
00:40:30 Moi aussi.
00:40:32 Je ne vais pas être méchant,
00:40:35 mais la loi Elan, là-dessus,
00:40:36 ça ne nous a pas rendu service.
00:40:38 Ça ne nous a pas rendu service du tout.
00:40:41 Parce que, justement,
00:40:42 la loi de février 2005,
00:40:50 elle était justement,
00:40:53 elle avait des exigences au niveau du logement
00:40:57 qui étaient quasiment universelles.
00:41:00 La loi Elan est venue casser ça.
00:41:04 C'est un drame.
00:41:06 Parce qu'on revient à du 20%.
00:41:08 Après avoir un peu insisté.
00:41:10 C'est ridicule.
00:41:12 Quand on sait que concevoir,
00:41:16 dès le départ,
00:41:18 ça augmente quasiment.
00:41:23 Alors que faire des travaux,
00:41:25 casser tout pour faire des travaux,
00:41:26 alors là, il va y avoir des coûts.
00:41:28 Il y a même un calcul économique qui n'est pas fait.
00:41:32 Margot se rend compte qu'on a tous les deux
00:41:35 le même handicap invisible.
00:41:36 Nous sommes très bavards.
00:41:39 Ça, c'est un handicap aussi.
00:41:44 Je voulais reprendre sur votre trait d'humour,
00:41:46 Grégory, tout à l'heure,
00:41:48 quand vous disiez c'est pratique,
00:41:50 il y a des côtés pratiques au handicap,
00:41:52 épouser une personne handicapée.
00:41:54 Pour revenir à l'entreprise,
00:41:56 finalement, au-delà, évidemment,
00:41:58 des compétences strictes qu'un travailleur handicapé
00:42:01 peut apporter à une entreprise,
00:42:03 qu'est-ce que ça peut apporter,
00:42:04 finalement, d'avoir un recrutement plus diversifié
00:42:07 et d'intégrer des personnes en situation de handicap
00:42:10 pour une boîte ?
00:42:12 Déjà, ça permet d'avoir des perspectives
00:42:15 et des points de vue totalement…
00:42:17 Ouh là, vous m'entendez ?
00:42:18 Oui, oui.
00:42:19 Je ne vous voyais plus, je crois.
00:42:21 Bon, j'ai essayé de vous retrouver.
00:42:23 Donc, ça permet d'avoir…
00:42:25 Où suis-je ?
00:42:27 Voilà, je vous ai retrouvés, excusez-moi.
00:42:29 Ça permet d'avoir des perspectives,
00:42:31 des points de vue différents,
00:42:32 parce qu'en tant que personne en situation de handicap,
00:42:34 par rapport aux différentes choses
00:42:36 qu'on peut rencontrer dans sa vie,
00:42:38 on aura peut-être une vision des choses différentes.
00:42:41 Ça peut, comme l'expliquait Bruno tout à l'heure,
00:42:43 j'avais un peu un exemple similaire.
00:42:46 En effet, le jour où on a un peu mal à la gorge,
00:42:49 on se dit « j'en marque, il n'a pas de jambe,
00:42:52 il n'a pas de bras, il a un boulot tous les jours,
00:42:55 ce serait peut-être bien de faire un petit effort ».
00:42:57 Donc, ça peut créer une émulation.
00:42:59 Et je pense que la diversité est source de richesse.
00:43:02 C'est un peu impensif de dire ça,
00:43:04 mais c'est vrai, il suffit de regarder
00:43:06 les dynasties de rois qui se mariaient qu'entre eux,
00:43:09 à la fin, ce n'était pas terrible, terrible.
00:43:11 Donc, je pense que réinsuffler des choses nouvelles
00:43:15 et partager les points de vue, ça peut être une force.
00:43:18 Et Bruno Gaurier sur ce sujet ?
00:43:22 Je ne peux que partager l'avis de Grégory.
00:43:25 C'était évident que la culture de la diversité
00:43:29 est vraiment quelque chose qui a besoin
00:43:33 d'être mis en avant et d'être entretenu.
00:43:36 La peur de l'autre, comme autre,
00:43:40 en tant qu'autre,
00:43:42 alors qu'on a tout à découvrir de l'autre.
00:43:46 Et que je découvre beaucoup de moi-même
00:43:48 en découvrant l'autre.
00:43:50 Alors, on a beaucoup parlé évidemment
00:43:53 du constat qu'on fait,
00:43:55 et aussi, on a commencé à aborder les solutions
00:43:58 avec cette grande problématique de l'accessibilité.
00:44:01 Mais si vous deviez définir des mesures
00:44:04 vraiment prioritaires pour améliorer l'accès à l'emploi
00:44:08 des personnes en situation de handicap,
00:44:10 quelles seraient-elles ?
00:44:12 Grégory peut-être pour commencer.
00:44:16 D'accord, je commence.
00:44:18 Alors, bien évidemment, la formation
00:44:20 et l'accessibilité aux formations.
00:44:23 On parlait des AVS, des auxiliaires de vie scolaire,
00:44:27 tout à l'heure.
00:44:28 Le problème, c'est que le législateur,
00:44:31 parfois, se sent le besoin de légiférer
00:44:33 pour légiférer.
00:44:35 Ils sont revenus depuis dessus,
00:44:37 et il y a quelqu'un qui nous avait pondu une...
00:44:39 Alors, c'était peut-être pas une loi,
00:44:41 c'était peut-être plus une règle,
00:44:42 quelque chose de stack-à-vie,
00:44:43 comme quoi les AVS, par souci d'équité,
00:44:46 devaient changer tous les ans.
00:44:48 Comme ça, s'il y avait un bon AVS,
00:44:50 il y a plusieurs enfants qui pourraient en profiter
00:44:52 au cours de leur scolarité,
00:44:53 sauf que les enfants autistes,
00:44:54 ils mettent un an à s'adapter à leur AVS.
00:44:57 C'est complètement stupide.
00:44:58 Donc, peut-être remettre le bon sens
00:45:00 au centre du village,
00:45:02 et insister encore une fois,
00:45:04 je reviendrai sur l'école
00:45:06 dès le plus jeune âge,
00:45:07 et l'inclusivité,
00:45:09 c'est-à-dire faire en sorte au maximum
00:45:12 que les enfants en situation de handicap
00:45:14 puissent suivre des cursus
00:45:16 que je qualifierais normaux,
00:45:18 et si tel n'est pas le cas,
00:45:19 faire en sorte qu'il puisse y avoir
00:45:20 beaucoup plus d'échanges, des activités,
00:45:22 des choses comme ça,
00:45:23 pour sensibiliser dès le plus jeune âge
00:45:25 à la différence,
00:45:26 parce que je pense que...
00:45:27 Je me répète,
00:45:28 mais je pense que c'est toujours nécessaire
00:45:30 qu'un collaborateur ou un manager
00:45:32 qui a connu le handicap
00:45:35 dans sa plus tendre jeunesse,
00:45:36 avec un cerveau malléable
00:45:38 et plutôt ouvert,
00:45:39 c'est quelque chose qui sera dupliqué par la suite.
00:45:42 Oui.
00:45:45 Là aussi,
00:45:46 je vais dans le sens de...
00:45:48 Je n'ai pas grand-chose à rajouter
00:45:49 à ce que vient de dire Grégory.
00:45:51 Pour moi, de toute façon,
00:45:54 ce n'est pas vrai que pour les personnes handicapées,
00:45:57 mais c'est surtout vrai
00:45:58 pour les personnes en situation de handicap.
00:46:00 C'est que la question de la formation,
00:46:03 elle est centrale.
00:46:05 Tout enfant qui aura été à l'école
00:46:08 avec les autres enfants dès le départ,
00:46:11 c'est toute une série de problèmes
00:46:13 qu'il ne rencontrera plus
00:46:15 au fur et à mesure de l'évolution de son cursus.
00:46:18 C'est évident.
00:46:19 Un enfant qui aura eu l'habitude
00:46:22 de côtoyer les autres,
00:46:23 il sera avec les autres
00:46:25 et on ne posera plus les problèmes
00:46:27 de la même façon.
00:46:28 On ne les posera peut-être même plus du tout.
00:46:30 L'autre aspect que je mets à équivalence,
00:46:34 c'est quand même la question de l'accessibilité.
00:46:36 Et pas seulement de l'entreprise
00:46:39 dans le lieu où elle se trouve,
00:46:40 mais c'est d'avoir une ville
00:46:42 où on puisse circuler,
00:46:44 d'avoir des moyens de transport.
00:46:46 Il y a encore des gens
00:46:48 qui s'interrogent.
00:46:51 Allez voir les lignes du RER aujourd'hui
00:46:54 et parlons-en.
00:46:56 Il va y avoir les Jeux Olympiques l'année prochaine.
00:46:59 Les deux aéroports sont sur une ligne
00:47:02 qui est totalement inaccessible.
00:47:04 Les deux aéroports.
00:47:07 Il va y avoir 300 000 personnes
00:47:11 en situation de handicap
00:47:13 qui vont passer dans Paris
00:47:15 pendant les Jeux Olympiques.
00:47:17 Bonjour.
00:47:19 Ça, avec l'état du métro parisien, oui.
00:47:22 Bon courage.
00:47:23 Bonjour, bon courage.
00:47:25 Il y aura deux lignes accessibles.
00:47:27 Et est-ce qu'au cours de vos parcours respectifs,
00:47:32 vous avez justement croisé des initiatives
00:47:36 qui fonctionnent, en fait,
00:47:39 pour justement favoriser l'inclusion dans l'emploi ?
00:47:43 Oui, alors là, je n'en ai pas forcément
00:47:48 tout de suite en mémoire,
00:47:49 mais oui, absolument.
00:47:51 On a constamment des expériences d'affaires réussies.
00:47:54 Si, je vais en donner une.
00:47:57 C'est malheureusement à propos d'un homme
00:47:59 que j'ai connu quand il était étudiant
00:48:03 qui vient de mourir.
00:48:06 Il avait la maladie des os de verre.
00:48:10 Comme Michel Petrucciani, vous le voyez, le pianiste.
00:48:14 À chaque fois qu'on cogne, l'os casse.
00:48:17 Et c'est des personnes qui se retrouvent toutes petites.
00:48:20 Cet homme-là, c'est un de mes amis,
00:48:24 qui m'a autrefois appris son décès.
00:48:27 Et il me dit, mais cet homme,
00:48:30 mais tu n'imagines pas, je l'avais un peu perdu de vue.
00:48:33 Il était maître de recherche au CNRS,
00:48:36 en informatique.
00:48:38 Maître de recherche au CNRS.
00:48:41 Et ce monsieur parcourait le monde
00:48:44 pour aller faire des enseignements.
00:48:47 Il avait sa thèse, il avait tout ça.
00:48:50 La réussite, c'est sa formation.
00:48:53 Ça veut dire qu'il a trouvé des universités qui l'ont accueilli.
00:48:56 Qu'il a trouvé des grandes écoles qui l'ont accueilli.
00:48:59 Et je cite une grande école
00:49:03 dont je sors.
00:49:05 Ils ont tout un projet, tout un projet
00:49:08 qui s'appelle "Je me forme".
00:49:10 "Je me forme".
00:49:12 Le handicap n'est pas cité dedans.
00:49:14 Mais c'est à destination des personnes handicapées
00:49:17 qui vont poser leur candidature pour les concours.
00:49:20 OK.
00:49:22 Et vous, Grégory, vous en avez croisé des petites choses ?
00:49:26 Ce n'est pas forcément des grands déploiements,
00:49:29 mais des petites choses qui fonctionnent vraiment ?
00:49:31 J'ai vu des initiatives.
00:49:33 En fait, comme tout handicap est particulier,
00:49:35 parce qu'on n'est pas globalement handicapé,
00:49:37 on est handicapé dans une situation bien particulière,
00:49:40 ce sont des choses, plus des questions de bon sens,
00:49:43 d'adaptation, mais j'ai pu voir des entreprises.
00:49:46 Quand il y a une volonté, il y a un chemin.
00:49:48 Et en effet, s'il y a une volonté de la part des collaborateurs
00:49:51 ou des employeurs d'inclure au mieux une personne
00:49:54 en situation de handicap, on va trouver des solutions.
00:49:56 C'est très difficile de trouver un exemple global.
00:49:59 J'ai en revanche des contre-exemples.
00:50:01 Il y a des sociétés qui désespéraient tellement
00:50:03 de trouver des travailleurs handicapés
00:50:05 et qui savaient que, ça c'est mathématique,
00:50:09 qu'au sein de leurs collaborateurs,
00:50:11 il y avait un pourcentage de travailleurs
00:50:13 en situation de handicap qui ne voulaient pas demander leur QTH,
00:50:15 qui proposaient une prime à la déclaration en handicap.
00:50:19 Alors là, c'est contre-productif,
00:50:21 parce que déjà, en soi, je trouve ça un peu moralement bizarre.
00:50:26 Et c'était le meilleur moyen d'attirer le couroux
00:50:29 des autres collaborateurs qui disaient,
00:50:31 alors moi, je ne suis pas handicapé,
00:50:33 je n'ai pas le droit à une prime.
00:50:35 On essaie de se dépatouiller comme on peut.
00:50:38 Je ne jette pas la pierre, mais ce n'est pas toujours...
00:50:41 Les initiatives peuvent être parfois un peu bizarres.
00:50:44 Le coup de la prime, c'est éthiquement discutable.
00:50:49 On va dire ça avec élégance.
00:50:51 Ce n'est pas acceptable.
00:50:54 Mais par contre...
00:50:57 Bruno Goulet.
00:50:59 Oui.
00:51:00 Allez-y, allez-y.
00:51:01 Non, non, allez-y.
00:51:02 Non, je ne dis rien.
00:51:04 Non, mais ce qu'il y a de vrai aussi,
00:51:07 c'est que quelque part, ce qu'il y a derrière comme question,
00:51:10 c'est oser.
00:51:13 Osons être qui nous sommes.
00:51:15 Osons être ce que nous sommes jusqu'au bout.
00:51:18 Osons.
00:51:19 Et c'est là qu'est un petit peu la provocation.
00:51:22 Grégory, tout à l'heure, vous avez dit quelque chose
00:51:25 qui est très juste.
00:51:27 Quand il y a des situations où je suis vraiment handicapé
00:51:31 et ça augmente mon handicap.
00:51:33 J'ai des collègues américains qui vont jusqu'au bout
00:51:37 de cette réflexion et qui disent
00:51:39 "C'est pas moi qui suis handicapé, c'est la société qui est handicapée
00:51:43 et qui crée mon handicap."
00:51:46 Alors, ça va un peu loin, parce que ce n'est pas forcément vrai.
00:51:51 Mais en même temps, quand vous avez un architecte
00:51:56 qui est dans la prévision, dans la programmation
00:52:02 d'une accessibilité et qui oublie simplement
00:52:05 qu'un ressort haut comme ça va empêcher quelqu'un de passer,
00:52:09 c'est quand même complètement idiot quand il n'y a plus qu'un ressort haut comme ça.
00:52:13 Et là, je me rappelle avoir rencontré le maire d'une ville belge
00:52:19 qui avait à se restructurer entièrement, cette petite ville
00:52:23 qui était en même temps une ville universitaire.
00:52:26 Il a mis en place une table ronde
00:52:29 où il y avait des personnes qui avaient dans leur famille
00:52:33 des personnes avec la maladie d'Alzheimer qui ne pouvaient plus s'orienter
00:52:37 et des étudiants handicapés.
00:52:41 Il a mis tout ça en table ronde et il a dit "Maintenant parlez-vous et je reste."
00:52:47 Qu'est-ce qu'on fait pour la ville ?
00:52:49 Et il avait entièrement réorienté sa ville
00:52:53 et même les circulations des véhicules en fonction de ça.
00:52:58 J'étais aperçu par exemple qu'il avait plein de rues pavées,
00:53:02 qui étaient historiques, où on n'avait plus le droit de retirer les pavés.
00:53:06 Je n'étais jamais posé la question de savoir s'il ne pourrait pas mettre
00:53:09 avec les pavés un cheminement en dalles plates.
00:53:16 Vous voyez ?
00:53:17 Et au fond, il a mis les gens autour de la table ensemble.
00:53:21 Faisons-le.
00:53:23 Je ne vais pas dire qu'on ne le fait pas en France,
00:53:26 on le fait dans certains coins,
00:53:28 mais ça n'est pas imprimé dans les esprits et toujours pas.
00:53:32 Toujours pas.
00:53:34 Je me posais la question de la technologie.
00:53:37 Est-ce qu'aujourd'hui, la technologie,
00:53:40 on pourrait penser que ça peut favoriser l'insertion professionnelle,
00:53:45 entre autres des personnes handicapées,
00:53:47 si on facilite par exemple le télétravail,
00:53:51 donc on a moins de déplacements, c'est un exemple vraiment parmi d'autres.
00:53:55 Est-ce qu'il y a du bon, est-ce qu'il y a du moins bon
00:53:57 dans les évolutions technologiques récentes
00:53:59 pour les personnes en situation de handicap ?
00:54:03 Sauf si Grégory veut commencer, je vais le dire très vite.
00:54:08 Du bon et du moins bon, il y a du bon et du moins bon.
00:54:12 Merci Bruno.
00:54:14 Repetition.
00:54:16 Parce qu'il y a du bon et du moins bon.
00:54:20 Il faut être clair.
00:54:23 Quand le but de l'opération est de faire une économie de personnel
00:54:27 en disant on va gagner avec la machine,
00:54:30 ôter le contact humain est une catastrophe.
00:54:35 ôter ce qui construit la société,
00:54:38 qui est le toucher,
00:54:40 c'est une catastrophe.
00:54:42 Et deuxièmement,
00:54:44 mettez une personne de 80 ans
00:54:47 qui se débrouille de plus en plus mal avec son ordinateur.
00:54:50 Elle veut aller demain à Avignon, à Marseille ou à Tours.
00:54:56 Où est-ce qu'elle va faire son billet de train ?
00:55:01 Il n'y a plus de guichet en ville.
00:55:03 On a retiré tous les guichets.
00:55:06 Elle va prendre le métro pour aller à la gare
00:55:08 et faire trois heures de queue devant les deux guichets ouverts.
00:55:14 Et elle ne peut plus passer par son ordinateur
00:55:17 parce qu'il faut sortir de Polytechnique maintenant
00:55:20 pour prendre un billet de train ou d'avion par internet.
00:55:25 C'est terriblement difficile.
00:55:29 Et on ne fait qu'augmenter la difficulté
00:55:31 parce que plus on met de sécurité,
00:55:33 plus on insécurise la personne en situation de handicap.
00:55:36 Maintenant, il ne faut pas oublier de sortir son téléphone portable
00:55:40 à côté de l'ordinateur
00:55:42 parce qu'il va falloir digitaliser l'autorisation de sortir le chèque.
00:55:46 C'est les double authentifications.
00:55:49 Aujourd'hui, on fabrique du handicap.
00:55:53 Grégory, sur la technologie ?
00:55:59 Je suis plutôt optimiste.
00:56:02 Je pense que qui peut le plus peut le moins.
00:56:04 L'exemple qu'on suit souvent, c'est la télécommande de la télévision
00:56:08 qui a été inventée pour les personnes qui ne pouvaient pas se déplacer
00:56:11 ou qui étaient bloquées, qui étaient empêchées.
00:56:13 Et qui profite à tout le monde.
00:56:15 Moi, personnellement, les touches de ma télévision,
00:56:18 ça ne m'intéresse pas.
00:56:20 Je pense qu'il y a beaucoup de bonnes choses.
00:56:23 Là, Bruno parlait du volet informatique,
00:56:26 mais il n'y a pas que l'informatique dans l'évolution de la technologie.
00:56:29 Je pense aux différentes prothèses,
00:56:31 au fait qu'on ait des moteurs de plus en plus miniaturisés.
00:56:34 Je trouve que, grosso modo,
00:56:37 oui, en effet, parfois, il peut y avoir une barrière
00:56:40 du fait de l'apprentissage d'Internet.
00:56:42 Mais il n'y a pas que Internet et l'informatique.
00:56:44 Et technologiquement parlant, c'est intéressant.
00:56:46 J'en prends pour preuve.
00:56:48 Une fois, j'avais parrainé des étudiants qui avaient lancé un truc
00:56:50 qui marche bien maintenant, qui est un patch.
00:56:52 C'est de l'informatique, je suis désolé.
00:56:54 C'est un patch qu'on met sur son ordinateur
00:56:57 qui permet d'adapter les textes qu'on va compulser sur Internet
00:57:02 aussi bien que les textes qu'on reçoit sur Word
00:57:04 en fonction des problèmes, des troubles en dys qu'on peut avoir.
00:57:07 Donc dysphagie, dysphrasie.
00:57:09 Donc, ça va vous augmenter certaines lettres,
00:57:11 ça va rajouter de la couleur, jouer sur les contrastes.
00:57:14 Et parfois, l'avantage de la technologie,
00:57:17 c'est que parfois, avec des choses qui ne coûtent pas cher,
00:57:20 on peut radicalement changer l'avis de quelqu'un
00:57:23 et surtout sa performance au travail.
00:57:26 Alors, moi, j'abonde aussi dans ce sens positif.
00:57:29 J'ai commencé par la digitalisation et j'ai probablement eu tort
00:57:33 parce que mon appareillage, je suis sourd.
00:57:38 Participer à une réunion large dont il faut prendre note,
00:57:43 je le fais tous les jours,
00:57:45 dont il faut prendre note sur son ordinateur,
00:57:48 c'est terrible pour quelqu'un comme moi.
00:57:50 Quand on sait aujourd'hui qu'une boucle magnétique,
00:57:55 ça coûte quasiment rien à installer,
00:57:59 surtout quand on le conçoit au départ de l'organisation d'une salle de réunion,
00:58:05 c'est un fil qui part de la sono,
00:58:07 qui retourne à la sono avec un système radio
00:58:10 pour être en connexion entre mes appareils et le système radio.
00:58:15 Moi, je me mets sur la prise T de mes appareils,
00:58:20 ça me débranche du bruit à l'extérieur
00:58:22 et ça me branche sur la sono, direct.
00:58:25 Ça veut dire que je suis plus confort que tout le monde.
00:58:29 Alors moi, c'est très agréable.
00:58:31 Et je vais vous dire, ça va même créer de la discipline
00:58:34 parce qu'ils ne peuvent pas parler à deux dans les micros.
00:58:36 Ce qui est un vrai problème en réunion.
00:58:40 C'est génial.
00:58:42 Alors moi, je suis très à l'aise avec mes boucles magnétiques pour prendre des notes.
00:58:46 Je suis très à l'aise.
00:58:47 La seule chose, c'est que c'est fatigant.
00:58:49 C'est très fatigant parce que ça demande une attention
00:58:52 et j'ai donc une double attention avec l'écran de mon ordinateur et mes oreilles.
00:58:58 Ça fait beaucoup.
00:58:59 C'est vrai que ça fatigue.
00:59:01 Au bout de 3 heures, 4 heures, on est franchement fatigué.
00:59:05 Mais l'autre aspect technologique, c'est là que Grégory a complètement raison là-dessus.
00:59:12 La présidente dont je parlais tout à l'heure, qui est non-voyante,
00:59:16 avec son téléphone, elle traduit en braille.
00:59:22 Ça veut dire qu'elle va retrouver chez elle le braille sur son ordinateur
00:59:29 à partir de son téléphone.
00:59:31 Et elle peut aller chercher en plus avec son téléphone.
00:59:35 Donc son téléphone est un instrument tout à fait extraordinaire.
00:59:39 Alors, je ne vous raconte pas, il faut de la batterie pour ça.
00:59:42 Il faut de la batterie.
00:59:44 Parce que moi, j'ai la possibilité d'avoir le téléphone en Bluetooth.
00:59:48 Mais si j'ai le téléphone et qu'il faut que je le branche,
00:59:53 mes appareils, à chaque fois que le téléphone sonne,
00:59:56 c'est déjà trop tard, les gens ont raccroché.
00:59:58 Donc, il faut que je me laisse en Bluetooth.
01:00:00 Mais après 3 heures de Bluetooth, je n'ai plus de batterie.
01:00:03 Voilà, donc il y a des évolutions à faire encore évoluer du coup.
01:00:08 Il reste du travail, c'est bien, c'est un génie.
01:00:11 Très honnêtement, aujourd'hui, pour le téléphone,
01:00:16 un des principaux inconvénients techniques,
01:00:20 c'est qu'on n'a pas trouvé les batteries en question.
01:00:23 C'est un vrai problème.
01:00:25 Or, il y a des chargeurs rapides, par exemple.
01:00:28 On nous dit qu'il y a des chargeurs rapides.
01:00:29 Je me suis renseigné, les informaticiens, là où je suis,
01:00:32 me disent Bruno, faites très attention parce que vous allez bousiller le téléphone
01:00:35 avec les chargeurs rapides.
01:00:39 Comme on voit, il reste encore bien des améliorations.
01:00:43 Écoutez, je suis désolée, on va devoir s'arrêter là.
01:00:46 C'est la conclusion.
01:00:48 Je voudrais remercier d'abord la direction du développement durable
01:00:52 et du RSE de la BPI France qui a proposé ce débat.
01:00:56 Je voudrais aussi rappeler que le festival Cinema for Change
01:00:59 a lieu cette année du 11 au 16 avril au Cinéma Le Grand Rex.
01:01:04 Tout le programme est à retrouver sur le site internet cinemaforchange.org.
01:01:08 Et puis, pour celles et ceux qui voudraient prolonger un petit peu ce débat,
01:01:13 il y a une projection du film de Nicolas Philibert sur l'Adamant.
01:01:17 C'est un documentaire sur un établissement qui accueille des adultes
01:01:21 souffrant de troubles psychiques, qui sera donc projeté dimanche 16 avril
01:01:26 au Grand Rex pour la cérémonie de clôture du festival.
01:01:30 Évidemment, je vous remercie tous les deux.
01:01:32 Merci beaucoup Bruno Gaurier.
01:01:34 Je rappelle que vous avez œuvré à l'APF pendant de nombreuses années,
01:01:38 également au niveau européen.
01:01:40 Et merci à vous, Grégory Cuiron, cuisinier intervenant à la GEPHIP également.
01:01:45 Je crois que vous étiez en tournage il y a quelques jours.
01:01:47 Est-ce qu'on pourra vous voir à la télé bientôt ?
01:01:50 Oui, à partir du 1er avril, c'est sur François Péli-Loire,
01:01:54 mais vous pouvez voir ça sur Internet.
01:01:56 D'accord, c'est parfait.
01:01:58 On ira voir.
01:02:00 Merci mon cher Bruno.
01:02:02 Merci encore beaucoup à tous les deux.
01:02:05 Et merci évidemment à vous toutes et tous qui nous regardez.
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