Invité de l’émission «Chez Jordan» sur C8, Patrick Balkany s’est confié sur le calvaire de son séjour en prison pour fraude fiscale.
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00:00 -Patrick Balkany, on parlait tout à l'heure
00:02 des quartiers VIP dans les prisons,
00:03 votre femme s'est un peu énervée.
00:05 Est-ce qu'il y en a vraiment, vous, qui avez été, en effet ?
00:08 -Je vais vous dire une chose, c'est vraiment un non-sens.
00:12 -D'accord. -Parce que le VIP,
00:14 c'est celui qui ne peut pas vivre comme les autres
00:17 dans une prison, c'est-à-dire qu'il ne peut voir personne,
00:20 il est à l'isolement, il est isolé,
00:23 c'est-à-dire que c'est une double peine.
00:26 Quant aux cellules, elles sont toutes les mêmes,
00:29 on a la même cellule,
00:33 on mange la même chose,
00:35 c'est exactement pareil,
00:38 mais on ne voit jamais personne.
00:42 -Ca traumatise ? -Bien sûr.
00:44 -Vous êtes traumatisé de ce séjour en prison ?
00:47 -Non, je ne suis pas traumatisé,
00:49 mais quand vous êtes, que ce soit à la Santé ou à Fleury,
00:53 puisque j'ai fait six mois dans l'une, six mois dans l'autre,
00:57 vous subissez le bruit,
01:01 les hurlements, la journée, la nuit, etc.,
01:05 c'est terrible.
01:07 C'est l'enfermement, mais c'est normal,
01:12 sauf que le détenu lambda, le détenu normal,
01:17 il sort 2h le matin, 2h l'après-midi, en promenade.
01:21 Vous, vous ne sortez pas, c'est-à-dire que si vous êtes à Fleury,
01:26 vous avez une cage tout seul,
01:28 où on vous met pendant deux heures,
01:30 vous y allez une fois, vous tapez, vous dites "je suis mieux
01:34 "dans ma cellule", et vous retournez dans votre cellule.
01:37 Donc vous restez enfermé 24 heures sur 24.
01:41 Pour dire la vérité, je sortais, moi, le matin,
01:45 un quart d'heure encadré, c'est-à-dire avec...
01:49 On avait enfermé tout le monde,
01:52 parce que personne ne devait me voir,
01:54 et on m'emmenait à l'infirmerie pour me prendre ma tension,
01:58 me donner mes médicaments, et je remontais.
02:00 Et tout ça, en ascenseur, avec les gardiens,
02:05 pour me protéger.
02:09 Alors, on vous dit, vous dites "mais moi, j'aimerais bien aller..."
02:13 Non, c'est pas possible, parce que c'est trop dangereux.
02:17 C'est ce qu'on appelle ça, les médiatiques.
02:21 C'est-à-dire ceux qui sont connus.
02:23 -Est-ce que ça vous fait peur d'y retourner ?
02:26 -J'ai pas l'intention d'y retourner.
02:29 -Je vous pose la question.
02:31 Ca vous fait peur ? C'est des cauchemars ?
02:34 J'essaie de comprendre.
02:35 -D'abord, j'ai jamais cauchemardé.
02:38 J'ai toujours été très serein, d'abord pour une bonne raison,
02:43 c'est que je savais que j'allais sortir.
02:45 J'avais pas pris 10 ans de prison.
02:48 Et deuxièmement,
02:51 j'ai toujours relativisé,
02:54 parce que, figurez-vous, dans ma jeunesse,
02:57 j'ai entendu mon père hurler,
02:59 faire des cauchemars et hurler toutes les nuits,
03:02 parce que mon père a passé 2 ans et 7 mois à Auschwitz.
03:05 Mon père était résistant, déporté à Auschwitz,
03:09 après 6 mois de gestapo à Paris.
03:12 -Résistant.
03:13 Ton père était hongrois, venu en France pour résister,
03:16 dénoncé par des Français et déporté à Auschwitz.
03:20 -Alors, ça m'a fait toujours relativiser.
03:23 Et quand j'étais convoqué, le directeur,
03:28 une fois tous les mois, je le voyais,
03:30 il me disait que ça va, parce qu'ils ont peur qu'on se suicide
03:33 en prison, parce que des suicides, il y en a.
03:36 -Vous avez jamais pensé ? -Jamais.
03:39 Et vous savez, toutes les heures,
03:42 même la nuit, on allume la lumière de l'extérieur,
03:46 on vous regarde pour voir si tout va bien, etc.
03:49 Non, j'ai jamais eu...