L'interview d'actualité - Isabelle Fromantin

  • l’année dernière
Snoopy n’est pas un chien comme les autres… En effet, cette petite boule de poils veille au bien-être des patients en apportant un peu, pour ne pas dire beaucoup, de bonne humeur à l’hôpital. C’est tout le travail de recherche que mène Isabelle Fromantin, infirmière-chercheuse à l’Institut Curie, qui étudie le rôle bénéfique des chiens de médiation au sein des établissements de santé. L’objectif de cette méthode alternative qu’est la sinothérapie est d’améliorer le moral des patients mais également des soignants en travaillant sur les interactions entre l’homme et l’animal. Quelles sont les missions de Snoopy au sein de l’institut ? La réponse avec Isabelle Fromantin.

Category

📺
TV
Transcription
00:00 8h13, c'est une interview d'actualité, c'est une équipe que vous recevez ce matin Julia, il y a un chien, Snoopy,
00:04 ce qui est une première dans l'histoire de Télématin, il y a Isabelle Fromantin qui travaille avec Snoopy à l'Institut Curie pour le plus grand bien-être des patients,
00:12 et puis il y a Marguerite qui va veiller sur Snoopy pendant cette interview exclusive.
00:15 Bonjour et bienvenue.
00:16 Bonjour, merci à vous trois donc d'être les invités de Télématin.
00:20 Isabelle, comme le disait Thomas à l'instant, vous travaillez à l'Institut Curie et vous étudiez le rôle bénéfique des chiens de médiation au sein de l'hôpital,
00:28 on appelle ça la cynothérapie, est-ce que vous pouvez nous expliquer plus en détail de quoi il s'agit ?
00:33 Le principe il est simple, nous on n'est pas des professionnels, on est des infirmiers,
00:37 et on a voulu que Snoopy vienne pour apporter un peu de joie et un peu de sourire,
00:42 tout le monde sourit ce matin quand on arrive sur le plateau, c'est la même chose à l'hôpital, et pour les soignants,
00:48 et pour les patients, même si pour les patients évidemment on travaille des interactions et Snoopy est peu à peu éduqué à savoir se comporter selon telle ou telle situation.
00:57 Alors on le voit d'ailleurs, là c'est marqué sur lui "chiens médiateurs", qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
01:03 C'est quoi les missions de Snoopy au sein de l'Institut ?
01:06 Alors il va aller voir des patients, des patients âgés, les âgeurs, ce qu'on appelle à l'Institut on accueille des patients entre 15 et 25 ans,
01:16 adolescents et jeunes adultes, des patients en fin de vie, et puis aussi des patients qui sont en traitement,
01:21 qui ont juste envie d'une présence et d'un moment sans cancer. On est un institut où on ne fait que du traitement du cancer,
01:29 et quand vous voyez quelqu'un qui est en traitement, évidemment vous parlez de cancérologie, vous parlez de traitement, vous parlez d'effets secondaires,
01:36 et là tout d'un coup c'est une bulle qui va parler d'autre chose, qui va susciter autre chose.
01:41 Et donc les patients quand ils voient Snoopy, c'est leur visage qui change, leur attitude, c'est une petite parenthèse enchantée vous diriez ?
01:48 Oui, je pense qu'on a été étonnés parce que nous on s'attendait à des sourires, à une interaction, à des jeux, et c'est quelquefois beaucoup d'émotion aussi.
01:57 Je pense que quand les patients sont très pris par leur maladie, là ils voient un regard qui arrive sur eux qui est complètement dénué de jugement,
02:07 qui ne sait pas qu'il y a le cancer, et on a été étonnés de moments d'émotion qui nous-mêmes nous ont pris dans l'émotion.
02:14 J'imagine, vous disiez tout à l'heure Isabelle Snoopy est aussi là pour les soignants, il leur permet de décompresser,
02:21 est-ce que vous le considérez, est-ce qu'il est considéré comme un collègue à Curie ?
02:26 Oui, je pense que, alors là on ne lui a pas mis mais il y a son badge, et son badge lui ouvre toutes les portes.
02:31 Moi le mien il n'ouvre pas toutes les portes, lui il ouvre toutes les portes aussi bien à l'hôpital qu'en section recherche,
02:36 et c'est vraiment le collègue de tout le monde, et je pense que c'est ça qui est intéressant.
02:41 Vous savez, nous on est, il y a un centre de recherche, mais Curie c'est aussi un grand hôpital,
02:46 finalement quelques fois les gens ne se parlent pas, comme je pense dans toutes les entreprises,
02:51 et là Snoopy fait aussi beaucoup de liens.
02:54 C'est le lien social aussi, la présence de ce chien à l'Institut, vous disiez Snoopy il a un badge, il peut aller partout,
02:59 mais pas tout à fait, je crois qu'il y a quand même des règles à respecter, notamment au niveau de l'hygiène et de la sécurité, c'est bien ça ?
03:05 Oui, alors il a une surveillance vétérinaire qui est particulière, je ne vais pas rentrer dans les détails,
03:10 mais avec un vermifugage particulier, on le brosse tous les matins, vous voyez qu'il a aussi une étiquette "ne pas caresser",
03:16 alors bien sûr on peut caresser Snoopy, mais ça permet de freiner notamment nos patients,
03:22 et après qu'ils se lavent les mains aussi, puis on lui lave les oreilles, il lave les dents.
03:26 Il y a tout un protocole hyper important, il y a une étude qui est actuellement en cours pour évaluer justement l'effet de Snoopy sur les patients,
03:33 si les résultats sont probants, est-ce que vous pensez que cette initiative pourrait avoir lieu dans d'autres centres hospitaliers ?
03:39 Alors on va l'étudier, la première année on va étudier son impact sur la qualité de vie au travail.
03:44 Depuis 4 ans, l'hôpital, enfin il va mal depuis bien plus longtemps que ça,
03:48 mais ça s'est accéléré en Covid, après Covid, avec beaucoup de démissions,
03:53 et on va d'abord étudier cette qualité de vie au travail, et l'année prochaine on va étudier son impact sur les patients.
04:00 Pourquoi l'année prochaine ? D'abord parce qu'on l'aura complètement éduqué,
04:04 on aura des indications plus précises d'interaction de Snoopy,
04:09 puis aussi quand on fait de la recherche il faut toujours un petit peu de sous,
04:12 et notamment auprès des patients, donc il faut aussi qu'on ait le temps de se retourner pour récolter cet argent.
04:18 Et au milieu de tout ça, on va étudier justement comment ça peut être réplicable dans d'autres centres.
04:25 Alors vous êtes également à la tête d'un programme nommé CADOG, c'est bien ça ?
04:28 Un projet qui étudie les bénéfices des chiens auprès des patients atteints de cancer.
04:33 Vous avez par exemple montré que certains chiens pouvaient détecter au flair un cancer chez un patient,
04:39 ça c'est complètement dingue, il faut nous raconter comment c'est possible.
04:42 Donc on fait CADOG, c'est plusieurs études, en chimie et avec les chiens,
04:49 parce qu'on a mis en évidence que sans doute le cancer avait une odeur.
04:53 Donc peut-être qu'on pourrait détecter le cancer par les odeurs.
04:57 Dans ce cas-là, le chien n'est pas en contact avec les patients.
05:00 On prélève l'odeur par la sueur, peut-être que plus tard on le fera par l'urine.
05:05 Et les échantillons sont envoyés, on a des chiens qui ne sont pas des chiens comme Snoopy.
05:09 Ce sont des Malinois, c'est ça ?
05:11 Des Malinois, on a un Labrador, on a un Springer qui est proche de Snoopy,
05:15 mais contrairement à Snoopy qui est très proche de l'humain,
05:18 là ce sont des chiens qui sont au contraire assez autonomes pour pouvoir se concentrer en salle de travail sur leur mission.
05:25 Ce sont des chiens extrêmement joueurs, au fond ils ne travaillent pas, ils jouent,
05:29 à essayer de reconnaître une odeur et pour ça ils sont récompensés.
05:32 Et ça marche ?
05:34 Ça marche, alors ils peuvent le faire.
05:36 Là où on est embêté, c'est que pour l'instant ça fluctue.
05:39 Les jours où ils n'ont pas envie de travailler, ils n'ont pas envie de travailler.
05:42 Et un chien qui n'a pas envie de travailler va ruser pour essayer d'avoir sa récompense
05:47 et ça crée ce qu'on appelle en recherche des biais.
05:50 Donc c'est une recherche un peu longue pour essayer de corriger cette variabilité.
05:54 Ce qui est dingue, c'est qu'en travaillant cette interview,
05:56 évidemment Snoopy est un chien, mais il y a plein d'autres animaux qui accompagnent les malades.
06:00 Je pense notamment à Peyo qui est un cheval qui accompagne les patients dans les services de pédiatrie et de gériatrie.
06:05 C'est bien ça au CHU de Calais. On va pouvoir généraliser ça. Vous pensez à d'autres animaux ?
06:10 Oui, il y a plein d'autres animaux. Après il y a des soucis pratiques.
06:14 Nous Snoopy, on est quatre soignants à se partager sa garde.
06:18 Il vient chez nous le soir. Honnêtement, dans mon appart, un cheval ça ne rentre pas.
06:22 Oui c'est ça. Si on pouvait rester sur les animaux de compagnie, ça serait pas mal.
06:26 Pour la détection, c'est pareil. Il y a d'autres animaux qui sont très forts pour la détection, notamment l'éléphant.
06:32 Là aussi, ça ne rentre pas.
06:34 Donc le mieux c'est quand même les chiens.
06:36 Je pense qu'il faut trouver quelque chose qui soit adaptable.
06:39 Le chien depuis longtemps, depuis longtemps, c'est le meilleur ami de l'homme.
06:42 Le meilleur ami de l'homme. Et là il le prouve justement à l'Institut Curie et ailleurs.
06:45 Merci beaucoup à vous deux d'avoir été là.
06:48 Merci à toi Snoopy. Je t'ai fait un petit hommage.
06:52 C'est Snoop Dogg et le surnom de Snoopy, c'est Snoop comme le rappeur.
06:55 Il a l'air d'apprécier. Non, il est stoïque.
06:59 Merci beaucoup.
07:00 C'est quelle marque Snoopy ? C'est quelle race ?
07:02 Un 7R.
07:03 Un 7R. Merci beaucoup.
07:05 C'est vrai qu'on est très attendus par Snoopy.
07:07 On est aussi infiniment reconnaissant.
07:08 Il faudra que vous faites vous, les infirmiers, les infirmières.
07:10 Les aides-soignants, les aides-soignantes, un peu partout en France.
07:12 C'est important de le dire. Merci.

Recommandations