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Avec Emma Haziza, hydrologue, Benjamin Gestin, directeur général d’Eau de Paris et Salomé Guilbert, co-présidente de l’association Déclic. Rencontre animée par Margaux Lacroux, journaliste à la cellule environnement de Libération.

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Transcription
00:00:00 Merci d'être venus aussi nombreux à l'heure du déjeuner.
00:00:06 Donc on va débuter la première conférence qui est sur un sujet d'actualité, c'est-à-dire l'eau.
00:00:15 L'été dernier, 700 communes ont eu des difficultés d'approvisionnement en eau.
00:00:21 Est-ce que ça pourrait arriver à Paris dans quelques années ?
00:00:28 C'est ce qu'on va essayer de savoir avec Benjamin Gestin, qui est directeur d'Eau de Paris,
00:00:35 avec Emma Aziza, qui est hydrologue et qui est au conseil d'administration d'Eau de Paris,
00:00:41 et avec Salomé Gilbert, qui est étudiante à Sciences Po, qui écrit en mémoire sur le partage de l'eau,
00:00:47 et qui est co-présidente de l'association Déclic.
00:00:51 Alors d'abord, Emma Aziza, est-ce que vous pourriez nous dire quel va être l'impact du changement climatique
00:00:59 sur la ressource en eau dans le bassin parisien, histoire qu'on se projette un peu ?
00:01:04 Bonjour à tous. Je pense que déjà, ce dont on est sûr, c'est qu'on est sûr de rien, déjà.
00:01:18 Donc en fait, on ne sait absolument pas vers quoi on va.
00:01:22 Par contre, on voit qu'il y a des tendances.
00:01:25 On est quand même actuellement, pour reprendre un peu le contexte français,
00:01:28 on est sur une sécheresse 2022 qui est de l'or de l'or norme, qui se poursuit avec un hiver 2023.
00:01:37 Et vraiment, la nouvelle caractéristique qui arrive et qui s'impose en France,
00:01:41 c'est le fait que durant l'hiver 2022 et l'hiver 2023,
00:01:46 il n'y a pas eu de recharge dans nos nappes phréatiques.
00:01:49 C'est-à-dire que normalement, c'est une période qui, même sous changement climatique,
00:01:53 même lorsque la température est plus forte, même quand on a des vagues de chaleur,
00:01:57 des canicules intenses, eh bien malgré tout, on a de la pluie quand on regarde sur toute l'année.
00:02:03 Et on a de la pluie qui pénètre. Et ce n'est pas le cas ces deux dernières années.
00:02:07 Alors, je pense que Benjamin en parlera mieux que moi, mais ça n'impacte pas directement l'eau à Paris.
00:02:14 Pourquoi ? Parce que Paris s'appuie en grande partie sur une réserve aquifère,
00:02:19 donc sur une nappe profonde, qui finalement pourrait tenir encore des décennies et des décennies
00:02:24 pour nous alimenter en eau.
00:02:26 Mais ce n'est pas parce qu'on peut encore avoir de l'eau dans nos trobinets pendant des décennies
00:02:30 que pour autant, on aura de l'eau dans nos sols, que pour autant, on n'aura pas de problème de sécheresse.
00:02:35 Parce que, en réalité, la question de la sécheresse est complètement déconnectée
00:02:41 de la question de l'eau. En tous les cas, les deux sont totalement liés.
00:02:45 Mais on peut très bien imaginer une sécheresse des sols.
00:02:48 On sait qu'il va falloir massivement remettre de l'arbre en ville,
00:02:52 massivement désimperméabiliser nos centres-villes.
00:02:56 Et Paris est au cœur de cette question-là, dans les décennies à venir.
00:03:00 Et laisser cette eau s'infiltrer dans le milieu.
00:03:03 Mais l'eau que vous avez dans votre robinet lorsque vous êtes à Paris,
00:03:06 elle est en grande partie alimentée par une réserve très profonde,
00:03:09 qui a des quantités encore très importantes,
00:03:12 et qui pose une autre question, qui pose la question de la solidarité.
00:03:15 C'est-à-dire, est-ce qu'à un moment donné, ceux qui auront encore de l'eau pendant des décennies
00:03:20 pourront accompagner ceux qui, juste à côté, n'en auront pas ?
00:03:24 Si vous descendez un peu plus bas et que vous allez sur Versailles, par exemple,
00:03:28 eh bien Versailles est alimentée par l'eau de la Seine,
00:03:31 et donc est directement fonction du débit de la Seine.
00:03:33 Donc on n'est pas tous égaux par rapport à la ressource en eau,
00:03:36 parce qu'on ne va pas la chercher tous au même endroit.
00:03:39 Et donc ce sont des vraies questions qu'il va falloir se poser de manière plus globale.
00:03:43 - Alors, avant d'aborder un peu tout ce que vous venez de dire,
00:03:48 Benjamin Gestin, est-ce que vous pourriez nous dire,
00:03:53 grosso modo, en 2050, le bassin parisien,
00:03:57 par rapport à d'autres bassins en France qui seront normalement plus impactés ?
00:04:03 Je pense par exemple au bassin à Dourgaronne,
00:04:06 dont les villes de Bordeaux et de Toulouse dépendent.
00:04:10 Par rapport à ça, le bassin parisien, il sera plutôt bien loti, si j'ai compris ?
00:04:15 - Oui, normalement oui. Merci Emma d'avoir introduit la question.
00:04:19 Je fais un petit sondage dans la salle. Est-ce qu'il y a des échos anxieux ?
00:04:23 Levez la main.
00:04:26 Il y en a quand même quelques-uns.
00:04:28 Est-ce qu'il y a des échos anxieux qui veulent être rassurés ?
00:04:31 Est-ce qu'il y a des échos anxieux qui préfèrent au contraire
00:04:35 sombrer dans la panique et partir en courant ?
00:04:38 Parce que moi, je peux vous réconcilier.
00:04:41 En l'état actuel des connaissances, on n'a pas d'inquiétude
00:04:45 sur la disponibilité pour l'eau potable, je parle de ce que je connais le mieux,
00:04:49 pour Paris et les bassins parisiens.
00:04:52 Je vous rassure en disant "pas d'inquiétude sur la disponibilité"
00:04:55 et je vous inquiète en vous disant "en l'état actuel des connaissances,
00:04:58 nous sommes la 10ème, les modèles sur lesquels on travaille,
00:05:01 c'est les modèles du GIEC, déclinés à des échelles régionales,
00:05:05 et les modèles aujourd'hui ne nous font pas craindre de baisse
00:05:09 substantielle, inquiétante, de la disponibilité quantitative
00:05:14 et qualitative de la ressource en eau à l'horizon 2050.
00:05:17 Pour Paris. Sur Paris.
00:05:20 Pour Paris, pour le bassin parisien.
00:05:22 On a fait des études très localisées sur un sous-bassin du bassin de Nassagne
00:05:25 qui s'appelle le bassin de la rivière Havre, à l'ouest de Paris, pour ceux qui connaissent.
00:05:28 L'étude qu'on a faite avec le BRGM, le bureau de recherche géologique et minière,
00:05:32 qui est à peu près la seule institution capable de faire ce type de campagne et d'études,
00:05:37 montre qu'on a un débit médian qui est à peu près constant,
00:05:41 mais avec des variations saisonnières plus marquées.
00:05:44 Donc on n'a pas d'inquiétude.
00:05:46 Et après, pour Paris et la région parisienne, la zone interconnectée au réseau d'eau parisien,
00:05:52 on est d'autant moins inquiet qu'on a un certain nombre de systèmes techniques
00:05:56 qui nous permettent d'être plus résilients.
00:05:58 En particulier, le soutien des débits de la Seine et de la Marne,
00:06:02 avec ce qu'on appelle les grands lacs réservoirs,
00:06:04 qui sont gérés par un autre établissement.
00:06:07 Est-ce que vous pourriez expliquer d'où vient exactement l'eau qu'on boit à Paris ?
00:06:13 C'est très large, très étendu. Est-ce que vous pourriez nous raconter ça ?
00:06:17 On a un schéma d'alimentation en eau parisienne qui est très diversifié.
00:06:21 C'est vraiment une caractéristique parisienne.
00:06:23 C'est l'héritage de gens qui ont vraiment vu les choses de manière visionnaire au milieu du 19ème siècle.
00:06:29 Le préfet Haussmann, l'ingénieur en chef Belgrand,
00:06:31 ce sont des noms que vous connaissez peut-être, rue Belgrand dans le 20ème arrondissement,
00:06:35 qui ont fondé l'alimentation de Paris sur plusieurs groupes de ressources en eau.
00:06:39 Paris va chercher l'eau qu'elle consomme à l'ouest de Paris, au sud de Paris en Seine et Marne,
00:06:44 à l'est de la Seine et Marne dans la région de Provins, dans Lyon, aux confins de l'Aube,
00:06:47 dans la région de Sens, pour ceux qui connaissent.
00:06:49 Ce sont des aquifères souterrains, des nappes d'eau souterraines qu'on va aller capter dans des émergences naturelles, dans des sources.
00:06:55 On s'appuie aussi sur ce qu'on appelle des ressources superficielles, que sont la Seine et la Marne.
00:07:01 Cette diversité de ressources fait qu'on n'est pas impacté de manière brutale sur une seule ressource
00:07:07 qui serait très concernée par le changement climatique.
00:07:09 Par ailleurs, la Seine et la Marne sont soutenues par les Grands Lacs réservoirs.
00:07:12 On aborde 2050 avec une confiance, mais encore une fois, la science avance et le changement climatique nous surprend.
00:07:20 Si je peux peut-être rebondir, on est confiant sur l'eau qui peut arriver dans notre robinet,
00:07:26 mais ça ne nous empêche pas qu'on va avoir de vrais défis.
00:07:29 Je ne voudrais pas attiser les éco-anxieux dans la salle, mais je crois qu'il faut avoir un regard très lucide sur la situation.
00:07:35 On a ce qu'on appelle des effets des anticyclones, des périodes de beau temps.
00:07:39 Ces anticyclones ont tendance à être de plus en plus présents sur la France, à être de plus en plus puissants.
00:07:45 Ils nous amènent ces périodes de beau temps sur un temps plus long.
00:07:49 C'est ce qui explique d'ailleurs le manque de pluie.
00:07:51 C'est ce qui explique aussi l'augmentation et l'accroissement des températures en partie.
00:07:56 Il y a d'autres facteurs.
00:07:57 Ça veut dire que Paris va quand même être confronté à plus de vagues de chaleur, plus de canicules.
00:08:03 Rappelons-nous que de juin 2019, il y avait 40 degrés sur Paris.
00:08:07 Là, on découvre que nos bâtiments ne sont plus habitables,
00:08:10 que nos hôpitaux ne peuvent plus être réfrigérés par des systèmes de climatisation.
00:08:16 À un moment donné, quand on récupère de l'air chaud pour faire de l'air froid, ça ne marche plus.
00:08:22 En réalité, on atteint nos limites.
00:08:24 Je crois qu'il faut regarder les choses dans leur ensemble.
00:08:27 Pour lutter contre ces îlots de chaleur urbains, il va falloir revégétaliser.
00:08:31 Il va falloir permettre à l'eau de pénétrer dans les sols.
00:08:34 Pour ça, il va falloir la transformer, la ville, pour qu'on soit prêt.
00:08:38 En réalité, il y a deux types d'eau.
00:08:40 Il y a l'eau qui est dans nos sols, l'eau qui est dans notre végétation et l'eau qui est dans notre robinet.
00:08:44 On voit que toutes les eaux ne se valent pas et n'ont pas la même résiliente.
00:08:48 Juste pour revenir sur l'eau du robinet, Salomé Gilbert,
00:08:53 la peur qu'une grande ville de millions d'habitants se retrouve sans eau,
00:08:59 ce n'est pas une peur pour 2050, c'est une peur qui est déjà présente aujourd'hui.
00:09:05 Est-ce que vous pouvez nous raconter ça ?
00:09:07 Oui, tout à fait.
00:09:09 Ça rappelle ce qui s'est passé en Afrique du Sud, dans la ville du Cap en 2018.
00:09:14 C'est venu de trois années de sécheresse.
00:09:19 Pendant quelques mois, la ville et les habitants avaient la peur de se réveiller un jour sans eau au robinet.
00:09:25 C'était le fameux jour zéro.
00:09:27 C'est intéressant parce que ça vient de plusieurs facteurs.
00:09:30 Ça vient d'une but de décennie des années 2010, où on a eu des recharges en eau, avec des pluies,
00:09:36 qui ont permis d'avoir des réserves assez remplies.
00:09:39 Ça a donné lieu à des estimations un peu optimistes,
00:09:44 couplées avec une croissance des habitants au sein de la ville.
00:09:49 En 2015-2018, on a eu une période de sécheresse qui a donné lieu à cette peur du jour zéro,
00:09:57 le jour où il n'y aurait plus d'eau dans la ville.
00:09:59 Notamment parce qu'il y a eu aussi des autorités qui ont eu du mal,
00:10:05 en tout cas qui ont un peu tardé à donner des restrictions d'eau,
00:10:09 notamment en termes d'irrigation, même si les populations,
00:10:12 les résidents du Cap se sont vus imposer des restrictions d'eau.
00:10:16 On est passé, par exemple, à 50 m3 d'eau par personne et par jour,
00:10:23 alors qu'en France, par exemple, on est à 150 m3 par habitant et par jour au niveau de la consommation d'eau.
00:10:29 C'est une peur qui existe.
00:10:32 Ça peut se passer, comme Emma Aziza a dit, on sait qu'on ne sait rien.
00:10:36 Ça peut nous surprendre.
00:10:38 C'est pour ça que je pense, en particulier dans le bassin parisien,
00:10:42 mais Paris s'insère dans un bassin hydrographique un peu plus large que celui de la Seine-Normandie,
00:10:47 qui a une culture à développer, en tout cas une culture sécheresse,
00:10:51 parce que c'est un bassin où on voyait moins venir rapidement les questions de quantité d'eau
00:10:56 par rapport au bassin Rhône-Méditerranée-Corse ou à Dourgaronne,
00:10:59 donc beaucoup plus dans le sud, avec des territoires plus arides.
00:11:03 Mais aujourd'hui, on pourrait voir naître des conflits là où on ne pensait pas les voir arriver.
00:11:09 - Très bien. Alors justement, on parlait de quantité d'eau consommée par habitant.
00:11:15 A Paris, est-ce qu'on consomme trop par habitant ?
00:11:18 Sachant que 80%, je crois, vous m'avez dit, de la consommation d'eau à Paris provient des habitants, des particuliers.
00:11:27 - La consommation parisienne d'eau, je vais parler en mètres cubes par jour.
00:11:31 C'est l'unité qu'on utilise. Dans des plus petits territoires, on parle en millions de mètres cubes par an.
00:11:35 A Paris, ça fait des chiffres énormes, c'est 160 millions de mètres cubes par an.
00:11:39 Ça ne dit rien à personne. A Paris, on consomme un peu moins de 500 millions de mètres cubes par jour.
00:11:43 C'est une consommation qui en baisse. Il faut l'avoir en tête.
00:11:48 Depuis 30 ans, la consommation parisienne d'eau potable baisse.
00:11:51 Elle a perdu 30% avec une accélération pendant la crise Covid.
00:11:55 Une baisse qui est liée à plusieurs facteurs que je résume rapidement.
00:11:57 Un facteur démographique, un petit peu moins d'habitants à Paris qu'avant.
00:12:00 Un facteur économique, il n'y a plus d'activité industrielle parisienne fortement consommatrice d'eau.
00:12:05 Un facteur technique, les appareils que nous utilisons tous les jours et qui consomment de l'eau,
00:12:10 on consomme beaucoup moins qu'il y a une trentaine d'années.
00:12:12 On aime bien, haute Paris, mettre en avant un facteur comportemental.
00:12:15 C'est à dire, on fait plus attention à l'eau que peut-être la génération de nos parents,
00:12:20 ou qu'il y a quelques années. La part de chacun, on ne sait pas trop.
00:12:24 Dans ces consommations d'eau, 500 millions de mètres cubes par jour à peu près,
00:12:27 20% l'eau à la maison. Les 20% restants, ça va être un peu de tourisme, ça va être l'eau dans les bureaux.
00:12:33 Est-ce qu'on consomme trop d'eau ? Je peux vous faire deux réponses.
00:12:37 Vous voulez laquelle ? La techno ou la viscérale ?
00:12:40 Les deux.
00:12:41 Les deux ? La techno est hyper ennuyeuse.
00:12:45 Si vous expliquez que savoir combien on consomme d'eau tous les jours à Paris, c'est très compliqué,
00:12:48 parce qu'on ne sait pas qui il y a derrière les compteurs.
00:12:50 Mais bon, pour aller vite, avec une étude qu'on a faite avec l'atelier parisien d'urbanisme,
00:12:54 qui nous a beaucoup aidé ces derniers mois, on estime la consommation d'un particulier,
00:13:00 vous et moi à Paris, à 140 litres d'eau par jour et par personne.
00:13:04 C'est à la fois pas gigantesque, dans certaines grandes villes peu vertueuses,
00:13:11 on peut monter à des centaines de litres par jour, voir des milliers.
00:13:15 Los Angeles, 2000 litres par jour par personne.
00:13:22 On va poser 20 fois le golf, à peu près.
00:13:25 Par contre, dans d'autres villes européennes, on est sur des normes de consommation plus basses.
00:13:30 Moi j'ai rentré à 100 litres par jour à Copenhague, et on m'a dit 80 litres par jour à Berlin.
00:13:34 Donc la réponse viscérale c'est oui, on en consomme trop.
00:13:38 Alors pas par rapport à la ressource disponible.
00:13:40 On en consomme trop parce que chaque litre d'eau qu'on économise, c'est des moyens de produire cette eau qu'on économise.
00:13:46 Quand on ne consomme pas un litre d'eau, on ne consomme pas un peu d'énergie,
00:13:50 on ne consomme pas un peu de réactifs, des produits chimiques, quand on veut faire de l'eau,
00:13:53 on ne consomme pas un certain nombre de facteurs de production qui eux-mêmes vont avoir un impact environnemental.
00:13:57 Donc il faut continuer à faire des économies, pas tellement parce qu'on manque d'eau,
00:14:00 on en a parlé avec Emma il y a 3 minutes, mais parce qu'il faut le faire.
00:14:04 Je crois que Paris a aussi la particularité d'avoir un réseau d'eau non potable.
00:14:12 Est-ce que vous pouvez nous dire d'où vient cette eau et à quoi elle sert ?
00:14:16 C'est un atout écologique de la ville de Paris, ce réseau d'eau non potable.
00:14:20 Il a été conçu au même moment que le réseau d'eau potable.
00:14:23 On est la seule ville en Europe, et peut-être dans le monde, j'en connais pas d'autres en tout cas,
00:14:27 à avoir ce double réseau. Le réseau d'eau non potable c'est de l'eau qui n'est pas traitée,
00:14:31 pas à boire, mais qui sert pour des usages pour lesquels on n'a pas besoin d'une eau potable.
00:14:36 Ca sert à laver les rues, ça sert à fluidifier les égouts,
00:14:40 ça sert à arroser les parcs et jardins, et ça sert à alimenter les réseaux hydrographiques du bois de Vincennes et du bois de Boulogne.
00:14:49 C'est un vrai atout écologique parce qu'on a une qualité d'eau qui est adaptée aux usages.
00:14:53 Je pense que c'est une des grandes leçons du futur. De plus en plus, on va s'appuyer sur ce que j'aime bien appeler un mix hydrique.
00:15:00 La bonne qualité d'eau pour le bon usage.
00:15:03 Ce réseau d'eau non potable c'est à peu près 200 000 m3 par jour, c'est 40% de la consommation d'eau potable.
00:15:12 Le total de consommation d'eau à Paris c'est 700 000 m3 par jour, qui est une eau très nécessaire en fonctionnement de la ville.
00:15:18 On a vraiment de la chance de voir ce réseau. Je me retrouve envers mon président d'année, le président d'eau de Paris, Adjoin le maire de Paris.
00:15:24 On fait des efforts considérables pour le préserver pour l'avenir, renforcer sa maintenance pour qu'il puisse être utilisé dans les années qui viennent.
00:15:30 Et comme le dit Emma, pour alimenter cette transformation de la ville qui va réclamer une eau et pas une eau potable.
00:15:36 Alors je ne sais pas si j'ai été attentive, mais vous avez dit d'où elle vient cette eau non potable ?
00:15:42 Elle vient pour l'essentiel du canal de l'Ourcq, qui est en fait de la rivière Ourcq en période d'étayage.
00:15:52 Et puis de l'eau de la Marne qui est prélevée en Marne à l'usine de tri Bardou en Seine et Marne.
00:15:57 Et puis il y a une petite partie qui vient de la Seine. C'est à peu près les mêmes aquifères que nos ressources d'eau superficielle.
00:16:04 Elles viennent du même endroit à peu près.
00:16:06 Et au niveau de la loi, ça pose pas de problème ? On peut utiliser cette eau ?
00:16:10 Alors on peut l'utiliser. Il y a deux questions. Il y a la question de ce qu'on a le droit de la prélever. Oui.
00:16:14 Ce sont des prélevants qui sont déclarés. C'est l'occasion de dire à tout le monde que la ressource en eau en France est propriété de l'Etat.
00:16:21 Il n'y a pas de propriété privée de la ressource en eau. Et c'est l'Etat qui autorise les différents acteurs économiques, agricoles, industriels, services publics d'eau, etc. à prélever.
00:16:31 Donc il n'y a pas de problème d'autorisation de prélevant.
00:16:33 Après sur le usage, on peut tout à fait l'utiliser pour les usages qui sont aujourd'hui en vigueur.
00:16:39 C'est une eau qui est adaptée pour l'humiditement de la vallerie, pour arroser les parcs et jardins et pour, évidemment, fluidifier les égouts.
00:16:45 D'accord, merci. Peut-être qu'Emma Azizah et Salomé Gilbert, on va pouvoir parler de l'enjeu du partage de l'eau un peu plus.
00:16:55 À quoi il faut être attentif, justement, quand on a une aussi grosse ville sur un bassin aussi étendu ?
00:17:07 Peut-être pour commencer, Paris s'insère, comme on a pu le mentionner, dans le bassin Seine-Normandie, qui est un bassin qui a une forte utilisation de sol à usage agricole.
00:17:22 Donc on a la question de l'utilisation de l'eau pour l'agriculture. On a aussi le tourisme qui existe.
00:17:31 En réalité, et c'est ce que j'ai pu mentionner tout à l'heure, on pourrait avoir sur ce bassin des questions qui se posaient dans des bassins plutôt dans le sud de la France,
00:17:42 sur la question de la légitimité des usages qu'on fait de l'eau. Parce qu'effectivement, on a une autorisation des usages actuellement,
00:17:50 mais ce qu'on voit aussi, c'est que c'est de plus en plus localement, avec des points de tension, de remise en cause,
00:17:57 et c'est un des risques du bassin Seine-Normandie aussi, parce qu'il y avait une culture de sécheresse beaucoup moins présente,
00:18:03 et avec un questionnement plutôt sur la qualité des eaux. Et là, aujourd'hui, on arrive aussi peut-être à devoir prendre en compte la question de la quantité,
00:18:10 et de se demander peut-être de tout se remettre autour de la table en tant que citoyen, et plus seulement en tant qu'usager,
00:18:17 pour se demander de quelle façon on veut gouverner notre eau, qui est quand même un bien commun. En tout cas, c'est ce qu'on entend de plus en plus aujourd'hui.
00:18:26 Voilà, donc je vais vous laisser compléter.
00:18:29 Peut-être pour sortir un peu de Paris, parce que parfois il faut aussi regarder de manière plus globale, l'année dernière, on est passé à un cheveu
00:18:42 d'avoir une ville comme Nantes qui n'avait plus d'alimentation en eau potable. C'est des questions qu'on va devoir se poser.
00:18:48 Alors, qu'est-ce qui s'est passé sur Nantes ? Ce n'est pas seulement le fait qu'on n'avait plus d'eau du tout dans la Loire,
00:18:54 parce qu'on avait quand même un bras de la Loire qui restait en eau, par contre, il y avait un débit qui était tellement faible,
00:19:00 que lorsqu'il y a eu les grandes marées, il y a eu un phénomène, ça s'appelle un bouchon vaseux. En fait, c'est une espèce d'ama, de métabolite,
00:19:08 qui permet de faire le lien entre les eaux douces et les eaux salées. Et donc, ce bouchon vaseux est remonté à à peu près une centaine de mètres
00:19:17 de la station de potabilisation de Nantes. Et on n'est passé à rien, à rien du fait d'avoir une ville qu'il aurait fallu alimenter par des camions-citernes,
00:19:26 par des bouteilles d'eau cristalline sur le parvis de la ville. Et c'est des questions qu'on doit se poser. C'est quelque chose qu'on ne s'est absolument pas posé
00:19:34 comme question pendant des décennies. On est à Paris aujourd'hui, il faut savoir que pendant des siècles, il y avait des porteurs d'eau à Paris.
00:19:42 Ceux qui avaient de l'eau, c'était ceux qui avaient de l'argent. D'ailleurs, aujourd'hui encore, à travers le monde, si vous avez de l'argent, vous aurez toujours de l'eau.
00:19:50 Sachez-le. Pourquoi ? Parce que par exemple, on est capable, avec beaucoup de moyens financiers, de ramener de l'eau dans le désert d'Atacama,
00:19:58 qui est le désert le plus aride au monde, qui est au Chili. Et on apporte de l'eau, qu'on désalinise de l'eau de mer. On la fait remonter 2000 kilomètres dans les terres.
00:20:09 On la fait remonter à 2000 mètres d'altitude parce que, malgré le coût de cette eau, pour aller chercher du lithium, pour venir accompagner cette transition énergétique,
00:20:20 le jeu en vaut la chandelle. Donc quand on a vraiment de l'argent, déjà, on a de l'eau, peu importe où on se situe sur Terre. C'est quand même un point à poser.
00:20:28 Une fois qu'on a dit ça, on est dans une année très particulière. Il y a, au moment où je vous parle, une rivière atmosphérique qui est en train de traverser
00:20:36 l'océan Atlantique, qui arrive des Antilles, et qui va nous amener de l'eau. D'ailleurs, trop d'eau, d'un coup. Après des mois et des mois sans eau, il est fort probable qu'on se retrouve
00:20:46 avec certaines zones qui, derrière, auront des impacts, notamment des risques d'inondations majeurs, parce qu'on a des sols qui sont complètement asséchés,
00:20:54 donc qui ne sont plus perméables. Et donc, on va accroître cet effet de ruissellement de l'eau qui ne peut plus pénétrer, du sol qui ne fait plus éponge.
00:21:02 Et donc, on peut se retrouver face à un extrême autre climatique. Beaucoup vont venir nous dire "Regardez, il pleut, vous voyez bien, il n'y a plus de problème de sécheresse".
00:21:10 La situation est beaucoup plus complexe que ça. Je vous donne un exemple. En janvier 2018, nous avons une crue sur le bassin de la Seine.
00:21:19 Il faut savoir que cette crue, qui a été moins importante que la crue qu'on avait eue deux ans avant, en juin 2016, qui avait coûté quand même 1,3 milliard d'euros de dommage
00:21:31 sur le bassin du Loin, cette crue, en janvier 2018, a été importante, mais pas aussi importante que ça aurait pu l'être, parce que justement,
00:21:40 il y a ces grands barrages réservoirs qui ont permis de maintenir le débit de l'eau. Mais sachez que sur ce mois de janvier 2018, il y a eu plus d'eau à Paris
00:21:50 qu'en janvier 1910, quand vous vous rappelez des images qu'on voit en noir et blanc avec des crues de la Seine, il y a eu moins d'eau qu'en janvier 2018.
00:21:59 Le système a quand même été bien régulé. On a démarré le printemps en étant excédentaire en eau. On avait trop d'eau, trop d'eau partout.
00:22:09 Trop d'eau dans nos nappes phréatiques, on était en excédent d'à peu près 30% dans nos nappes. On avait trop d'eau dans nos fleuves.
00:22:15 Paris, derrière, était complètement engorgé, parce qu'on a eu des dépressions successives qui ont traversé la France.
00:22:21 Pourtant, 2018 a été une des pires années de sécheresse historique. Pourquoi ? Parce qu'on a eu trois semaines de canicules très intenses qui ont mis la France sur un grill.
00:22:32 On ne peut plus partir du principe du fait que quand on a de la pluie l'hiver, ça nous fera tenir durant tout l'été.
00:22:39 Parce qu'on a des températures qu'on est en train de découvrir, qui finalement sont de l'or de l'or norme, et qui génèrent un flux d'évaporation tellement important qu'on rebascule dans une sécheresse.
00:22:50 Bien sûr qu'on va avoir des pluies, bien sûr qu'on espère que ces pluies dureront, parce qu'on en a besoin, parce qu'il y a des territoires dans lesquels on est dans une situation terrible.
00:22:59 Ici, on parle de Paris, on est quand même assez serein. Mais dans les Pyrénées-Orientales, on a des taux d'aridité qui sont plutôt ceux des zones désertiques actuellement.
00:23:07 Dans le Var, c'est pareil. Imaginons la moindre étincelle qui pourrait se passer dans les mois à venir.
00:23:13 Il va falloir penser d'ailleurs à ces territoires qui, eux, n'ont plus d'eau depuis 7 ans de manière chronique. Comment est-ce qu'on les alimente ?
00:23:20 Chez qui on va chercher cette eau ? Qui seront les pays riches qui alimenteront cette eau ?
00:23:24 Puisqu'on a donné un exemple international, en parlant du Cap, en Afrique du Sud, je crois qu'il y a une autre eau dont il va falloir prendre conscience.
00:23:34 Ce n'est peut-être pas l'eau d'ici, mais c'est l'eau d'ailleurs. C'est l'eau que l'on consomme dans toutes nos consommations actuelles.
00:23:41 On consomme de l'eau virtuelle. Nos vêtements ont dû pousser, nos cotons ont dû pousser, parce que derrière, il y a eu massivement de l'eau qui a arrosé des terres.
00:23:54 Il faut savoir qu'aujourd'hui, l'eau est en train de se perdre partout sur tous les continents.
00:23:59 Il y a des fleuves qui disparaissent, le Thaj est en train de disparaître, des grands fleuves partout dans le monde.
00:24:04 Ce constat, on le fait partout parce qu'on est en train d'extraire massivement de l'eau pour alimenter tous nos systèmes, toutes nos croissances.
00:24:14 Toute la richesse des pays que l'on a aujourd'hui vient avec de l'eau cachée derrière.
00:24:19 C'est-à-dire qu'il n'y a pas un élément que vous ayez sur vous qui n'a pas nécessité d'eau pour pouvoir être construit.
00:24:27 Il va peut-être falloir se poser des questions. Je vais vous emmener un tout petit peu plus loin pour avoir juste un niveau de réflexion.
00:24:32 Sachez qu'aujourd'hui, on a un peu plus d'un milliard de Chinois qui s'alimentent avec du riz, de rizières.
00:24:38 On est en train de surpomper des nappes phréatiques qui, d'ici à peu près dix ans, seront complètement vides.
00:24:43 Comment est-ce qu'on les nourrit ces Chinois dans dix ans ? Je crois qu'il va falloir se mettre à se poser des questions.
00:24:48 Il va falloir qu'on pense notre résilience alimentaire. Il va falloir qu'on pense à nous alimenter peut-être plus avec nos terres qu'avec nos supermarchés.
00:24:55 C'est tout le défi qu'on a devant nous.
00:24:58 - Emma, Aziza, vous avez parlé des crues à Paris. Ça va rester un des risques majeurs pour Paris avec le changement climatique.
00:25:05 Que ce soit avec une grosse crue ou avec une sécheresse qui durerait 4-5 ans et qui provoquerait une rupture d'approvisionnement en eau à Paris,
00:25:16 est-ce qu'on a une solution de recours ?
00:25:24 - La probabilité qu'on ait plus d'eau dans les réseaux parisiens d'eau potable est extrêmement faible.
00:25:29 Je vais quand même leur dire, parce qu'il y a des inco-anxieux, je voudrais qu'ils dorment ce soir pour être en forme demain au bureau.
00:25:34 C'est très très faible. Si jamais ça arrivait, et des hypothèses qui pourraient provoquer ce genre de choses,
00:25:42 sont des hypothèses extrêmes, soit en extrême météorologique, il faudrait une sécheresse systémique sur plusieurs années sur l'ensemble du bassin parisien,
00:25:51 ou une crue catastrophique. Pour la crue, la référence c'est 1910. R1, c'est la crue de 1910. On a vu les maladies, janvier 1918, on a eu une crue un peu plus forte que 1910.
00:26:03 En matière d'eau potable, ça ne s'est pas vu. Le système parisien d'eau potable est résilient jusqu'à R1 15 ans, 15% au-dessus de la crise de 1910.
00:26:12 Il faut beaucoup d'eau. C'est une crue pas tout à fait millénaire, mais presque. Si jamais ça arrivait, on aurait encore une ressource.
00:26:22 Sur le thème du "quand il n'y en a plus, il y en a encore", s'il n'y a plus d'eau dans les tuyaux, il reste de l'eau dans cette nappe profonde dont Emma a parlé tout à l'heure,
00:26:31 qui s'appelle la nappe de l'Albien, qui est une nappe de qualité potable sans traitement. C'est une nappe qui a 800 mètres de profondeur.
00:26:38 Vous pouvez boire de l'eau de l'Albien, parce qu'on a quelques fontaines à l'Albien dans Paris, notamment Place Poste de Paul Verlaine dans le XIIIe,
00:26:44 il y en a une dans le XVIe aussi. Vous pouvez boire cette eau-là, c'est une eau qui est potable directement sans traitement.
00:26:49 On a six puits à l'Albien, qui sont des puits qui sont maintenus de manière régulière. On n'exploite pas la nappe, on ne s'en sert pas tous les jours,
00:26:57 mais si on en avait besoin, Haute-Paris mettrait à disposition des autorités de l'Etat. Dans ce genre de crise, c'est l'Etat qui prend les commandes.
00:27:05 On peut remonter de 15 000 m3 par jour, x 6, 90 000 m3. On peut faire à peu près 1/5 de la consommation parisienne d'eau normale.
00:27:20 On peut donner à boire aux gens. La question qui se poserait, c'est celle de la distribution de l'eau. C'est de la logistique. A priori, les autorités de l'Etat savent faire.
00:27:29 Est-ce que vous pouvez expliquer, vu que c'est une nappe très profonde, sa particularité et pourquoi on ne l'utilise pas plus actuellement ?
00:27:39 On ne l'utilise pas plus justement parce qu'elle est très profonde, avec une recharge qui est très très lente, vraiment très lente.
00:27:46 Si on l'exploite, on va rapidement la sécher. Et puis, surtout, c'est une nappe qui est fléchée pour être la nappe d'ultime secours.
00:27:55 C'est l'Etat qui la gère. L'Etat dit "vous ne pouvez pas exploiter cette nappe pour un quelconque usage hors circonstances exceptionnelles".
00:28:04 Le seul usage toléré, c'est la géothermie. Parce que c'est une nappe qui sort à 28°C. On peut sortir l'eau, prendre les calories et rendre l'eau dans le même état après.
00:28:14 Salomé Gilbert, je crois que vous aviez une inquiétude aussi qui concernait la démographie.
00:28:21 Oui, c'est plus la pression qu'on fait sur nos ressources. C'est en fait ce qui a été déjà un peu balayé récemment.
00:28:34 C'est aussi lié au principe de solidarité. Est-ce qu'on accepte encore d'avoir des territoires mieux lotis en eau,
00:28:42 avec des territoires comme dans les Pyrénées qui sont en situation d'extrême tension ?
00:28:46 Est-ce qu'on accepte aussi de se dire que demain, s'il y a un problème qu'on n'a pas vu venir, les usagers les plus favorisés économiquement peuvent encore faire venir de l'eau ?
00:29:00 Pour revenir brièvement à la ville du Cap, il y a eu une rupture de la solidarité puisque les quartiers les plus favorisés ont pu faire livrer des réservoirs d'eau,
00:29:10 ce qui n'était pas forcément le cas dans les quartiers les moins défavorisés.
00:29:13 Du coup, c'est de se dire, alors qu'il y a quand même des signaux faibles qui montrent qu'il y a des usages de l'eau qui sont de moins en moins consensuels,
00:29:25 par exemple, il y a toute la question de l'irrigation intensive pour certains modèles,
00:29:30 est-ce que demain, dans une situation où on pourrait avoir une pression climatique sur la ressource, c'est encore accepté par tout le monde ?
00:29:39 Et ça montre, je pense, l'importance de se remettre aussi autour de la table, encore une fois, pour se questionner,
00:29:45 parce que deux usages que nous choisissons aujourd'hui de la ressource en eau, c'est un peu le modèle économique de demain,
00:29:52 et donc notre résilience face à ce climat qui change et que l'on change.
00:29:56 Et le cycle de l'eau, moi je pense, est parfaitement illustrateur de cet enjeu.
00:30:02 M. Blanchester, vous vouliez répondre ?
00:30:04 Je voulais réagir sur ces questions, parce qu'il y a quand même des choses qu'on peut faire.
00:30:07 Ce n'est pas une question théorique, c'est de ce qui a à dire d'accès à l'eau.
00:30:10 Elles s'opposent de plein de manières différentes. Je vais en prendre deux.
00:30:14 La première, c'est Paris, un système d'alimentation en eau qui est très résilient. On a plusieurs ressources, etc.
00:30:19 Je vous ai décrit ça rapidement tout à l'heure. Cette résilience, on la partage.
00:30:22 Ça fait partie des objectifs politiques que les élus nous assignent. On la partage en connectant nos réseaux.
00:30:28 C'est vrai qu'en Ile-de-France, nous à Paris, on est assez serein face à la crue, face à la sécheresse.
00:30:35 D'autres territoires, notamment des territoires ruraux, qui n'ont pas les moyens techniques que Paris peut avoir, sont plus fragiles.
00:30:41 On essaye, là où c'est possible, de partager cette résilience technique et cette capacité à faire.
00:30:48 L'autre exemple que je voulais donner, c'est que cette solidarité s'exprime notamment vis-à-vis des populations qu'on appelle,
00:30:54 c'est du super jargon techno, des populations non connectées.
00:30:59 C'est en gros les gens qui n'ont pas de maison ou pas d'accès à l'eau sur leur lieu de vie.
00:31:06 Donc c'est les SDF, les migrants, les gens du voyage.
00:31:11 Et à Paris, elle s'exerce aussi sous impulsion politique.
00:31:15 Quand on a eu des vagues de migrants dans les années 2017-2018, notamment liées à la situation en Syrie,
00:31:20 on avait 2500 personnes à peu près aux portes de Paris, dans des camps de fortune, qui étaient gérés avec des associations, etc.
00:31:26 Le service public d'eau parisien, eau de Paris, est allé amener de l'eau.
00:31:31 Ce type de logique là, partager l'eau là où on peut, et puis accueillir les flux qu'on peut imaginer plus nombreux à l'avenir,
00:31:40 de gens qui vont venir trouver des conditions de vie moins défavorables, ça fait partie des solidarités qu'on peut mettre en œuvre.
00:31:46 Une question aussi sur la démographie. A quel point Paris va pouvoir augmenter en termes de nombre d'habitants ?
00:31:55 Est-ce qu'on va pouvoir faire des JO comme on l'a fait cette année à horizon 2050 ?
00:32:00 Est-ce qu'on va pouvoir avoir autant de touristes qu'aujourd'hui ? Est-ce que Paris peut absorber ça ?
00:32:04 En l'état actuel des connaissances, c'est mon gimmick.
00:32:11 Pré-supposer toutes mes phrases par "en l'état actuel des connaissances".
00:32:16 En l'état actuel des connaissances, on n'aura pas de problème.
00:32:18 Les événements de type, grands événements sportifs, ou les événements météorologiques de type pique de chaleur,
00:32:25 comme celui qu'on a connu en 2019, celui qu'on a connu l'année dernière avec 41-42°C,
00:32:29 en termes de consommation supplémentaire, c'est complètement absorbable par nos capacités de production.
00:32:35 On a une capacité de production d'un million de mètres que le jour, la consommation moyenne c'est moins de 500 000.
00:32:40 Le pic de consommation aujourd'hui c'est 540 000-550 000. On a vraiment de la marge.
00:32:45 Le pic historique de consommation à Paris, c'est le 14 juillet 1989, le jour des célébrations du bicentenaire et des bénévolations de personnes.
00:32:52 Là on avait atteint le niveau maximal de production, on était 1 million de mètres cubes ce jour-là.
00:32:58 Mais depuis 10 ans, on n'a jamais franchi les 600 000.
00:33:01 Donc oui, on n'aura pas de problème à accueillir des touristes, des événements sportifs.
00:33:05 Les JO 2048, je pense que Paris peut se porter candidate dès maintenant.
00:33:10 Pour terminer, avant de passer aux questions peut-être, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre comme effort en termes de sobriété,
00:33:19 en termes d'amélioration de la qualité de l'eau, parce que quantité et qualité ça va de pair.
00:33:27 Emma, Aziza, est-ce que vous pourriez nous donner des pistes de ce qui est fait, ce qui pourrait être amélioré ?
00:33:34 Je pense déjà qu'il n'y a pas de solution magique.
00:33:39 J'entends ces derniers temps avec le grand plan de sobriété eau, on nous met sur la table le fait de réutilisation des eaux usées
00:33:47 comme la solution qui va venir tout régler.
00:33:50 On voit très bien qu'un réseau d'eau non potable a tout à fait une raison d'être.
00:33:54 Mais en fait, il faut savoir une chose, c'est qu'on le fait déjà depuis 30 ans.
00:33:57 Parfois on a abandonné ces projets parce qu'ils n'étaient pas rentables.
00:34:00 Parfois c'est très complexe techniquement.
00:34:04 On cite Israël comme le pays qui réutilise ces eaux usées.
00:34:08 Il faut savoir qu'ils ont mis toute leur énergie depuis 30 ans à essayer de développer des technologies.
00:34:14 Ils en ont développé 600 pour en garder 20.
00:34:17 Donc en réalité c'est très compliqué de faire de la réutilisation des eaux usées.
00:34:20 Je pense qu'il faut qu'on aille vers une solution où on va utiliser intelligemment le cycle de l'eau
00:34:26 et aller avec le cycle de l'eau et pas aller contre le cycle de l'eau.
00:34:30 Et ça c'est vraiment la grande question qu'il va falloir se poser.
00:34:33 C'est que le premier utilisateur de l'eau c'est le milieu naturel.
00:34:37 Et on l'a totalement oublié.
00:34:39 On extrait, on exploite massivement de l'eau.
00:34:42 On parlait de notre nappe fossile qu'on a en Amonce ou Paris, l'albien qui est protégé.
00:34:48 Mais il faut savoir que ces nappes fossiles sont loin d'être protégées partout dans le monde.
00:34:53 Elles sont pillées, elles sont exploitées.
00:34:56 On est en train actuellement, parce que derrière la mégalomanie à l'époque du colonel Kadhafi,
00:35:02 a décidé de créer la grande rivière artificielle.
00:35:05 Et donc il est en train de vider la nappe libyenne, une nappe avec de l'eau qui s'est infiltrée il y a un million d'années.
00:35:12 Et qui est actuellement en train de créer une grande rivière comme ça, artificielle, qui alimente Tripoli.
00:35:17 Et bien ces réservoirs qui étaient actuellement sous terre, sont en train d'être mis dans le cycle superficiel de l'eau.
00:35:24 Ça a des impacts. Il faut comprendre qu'on pille l'eau partout dans le monde.
00:35:28 Si vous avez autant de fringues dans nos magasins aujourd'hui,
00:35:31 c'est parce que la nappe en Inde qui était à peu près à 5 à 10 mètres de profondeur il y a encore 10 ans, est aujourd'hui à 500 mètres.
00:35:38 On est en train d'aller chercher chez les petits producteurs locaux, de l'eau chez eux,
00:35:43 plutôt que de prendre leurs légumes ou d'alimenter les populations.
00:35:47 On va chercher de l'eau pour alimenter les filières textiles en Inde et en Asie.
00:35:51 Ça c'est le quotidien que l'on peut voir quand on s'intéresse à ce sujet.
00:35:55 Et on se dit "mais comment on fera après ?"
00:35:57 C'est-à-dire que à partir du moment où on comprend que la tendance de la mode derrière se lie dans toutes les rivières asiatiques en Inde,
00:36:09 vous pouvez voir derrière quelle est la tendance de la fashion week du moment en fonction des teintureries.
00:36:14 On a des eaux qui sont souillées, abîmées.
00:36:17 On a fait pousser des barrages comme des champignons à l'échelle de la planète.
00:36:21 Donc on a empêché ce qu'on appelle le transport sédimentaire.
00:36:25 C'est-à-dire que cette eau qui ne s'écoule plus avec un transport de sédiments qui permettait d'alimenter ces zones de delta,
00:36:31 ça crée les premiers migrants climatiques.
00:36:35 Donc on a des migrants climatiques parce qu'on n'a pas su gérer, protéger l'eau, protéger nos fleuves dans le monde entier.
00:36:41 Et on est autant concernés par ce qui se passe à l'autre bout de la planète.
00:36:45 Parce que derrière, un, c'est nous qui consommons.
00:36:47 Et deuxièmement, parce que ça aura des impacts sur nous.
00:36:49 Parce qu'à un moment donné, ces populations vont chercher là où elles pourront aller chercher à boire et à manger.
00:36:55 Et peut-être un point important, où là tous les scientifiques, tous les hydrologues de la planète sont d'accord,
00:37:01 on aura, avant d'avoir des assoiffés, parce qu'on aura quand même des possibilités d'avoir de l'eau,
00:37:07 notamment il y a des méthodes de dessalinisation de l'eau de mer qui ont un problème très majeur.
00:37:12 Parce qu'on dessalinise, donc en fait on va prendre des taux de salinité très importants qu'on va rejeter en général dans le milieu, à proximité.
00:37:22 On a des produits chimiques qui permettent justement cette transformation.
00:37:26 Il y a des innovations, il y a des améliorations, mais on est loin de mettre en fait les moyens sur nos ambitions pour pouvoir accompagner ces zones-là.
00:37:36 Et malgré tout, cette dessalinisation de l'eau de mer, elle est obligatoire pour des pays qui sont face à un mur.
00:37:41 Le Portugal, le Maroc n'a quasiment plus d'eau.
00:37:44 Ils ont surexploité leur nappe phréatique au-delà de ses capacités de renouvellement.
00:37:48 Donc voilà, je crois qu'il va falloir se poser des questions de manière lucide,
00:37:51 redonner sa place à l'eau, lui redonner le respect qu'elle mérite, comprendre que cette eau elle appartient au milieu.
00:37:57 Il y a encore un rapport qui est sorti du Sénat il y a quelques jours, qui met en évidence la gestion catastrophique de l'eau en France.
00:38:04 On a perdu toutes nos zones humides, une grande partie.
00:38:08 On est en train de perdre toutes nos populations piscicoles dans nos rivières.
00:38:11 On n'est pas capable de préserver la qualité de l'eau dans nos nappes et la qualité de l'eau dans nos rivières superficielles.
00:38:18 Donc voilà, je n'ai pas de solution magique pour ce qu'on peut faire.
00:38:22 Mais déjà la prise de conscience d'à quel point c'est important et à quel point s'il n'y a plus de quantité,
00:38:28 il faudra qu'on vise la qualité et ça on n'a jamais été capable de gérer ça déjà sur ces 30 dernières années.
00:38:33 Donc c'est un vrai défi.
00:38:35 Benjamin Jastin, vous vouliez répondre ? Je crois que des choses sont menées précisément sur ce thème-là de la qualité.
00:38:41 Nous sommes un académie de climat, donc parlons un peu à Gerson Climart.
00:38:44 C'est ça le slogan, je ne sais pas si Sarah est là.
00:38:47 Agir climat pour nous ici à Paris, c'est notamment manger des pastilles au miel.
00:38:54 J'aime bien mener un objet pour rendre les trucs un peu concrets.
00:38:58 Ce sont des pastilles au miel qui sont faites par des agriculteurs qui sont partenaires d'Eau de Paris pour la protection de la ressource.
00:39:03 Eau de Paris, à l'est de l'agence de l'eau Seine-Normandie, finance la transition agroécologique des agriculteurs sur ce qu'on appelle les aires d'alimentation de captage,
00:39:12 qui sont les territoires sur lesquels on récolte l'eau qui vient alimenter nos aquifères.
00:39:16 C'est de Normandie à un peu près à l'ouest.
00:39:18 Ça va de 150 km à l'ouest à 170 km au sud-est de Paris.
00:39:22 On aide des agriculteurs à faire soit du bio quand c'est possible, puis quand ce n'est pas possible, on n'est pas non plus complètement dogmatique, on fait ce qu'on appelle du bas niveau d'intran, BNI.
00:39:32 Ce qu'on peut faire nous à Paris, c'est notamment réfléchir dans nos pratiques de consommation, et ça Emma a mis l'accent sur nos comportements individuels.
00:39:40 On peut par exemple acheter des pastilles au miel qui protègent l'eau de Paris, parce que pour s'occuper de l'eau, il faut s'occuper du sol, il faut s'occuper de l'air, il faut s'occuper de l'économie, il faut s'occuper des gens qui sont sur les territoires sourciers de Paris.
00:39:53 Il y a des choses très concrètes à faire, renseignez-vous.
00:39:55 On essaie avec la ville de Paris et l'association Agri-Parisaine, qui va avoir le jour dans les prochaines semaines, d'accélérer cet accès des Parisiens et des Parisiennes à des produits qui protègent notre bassin, qui protègent les sols, qui protègent l'eau.
00:40:12 On essaie aussi de favoriser l'accès pour les agriculteurs au marché que nous représentons ici à Paris.
00:40:18 Merci à tous les trois.
00:40:20 On va passer aux questions.
00:40:23 Merci beaucoup pour la table ronde passionnante.
00:40:43 J'avais une question sur élargir la focale à l'île de France.
00:40:49 On a bien vu que le système parisien est très résilient, on n'a pas trop d'inquiétudes à se faire.
00:40:56 Pour autant, on va se servir dans les aquifères qui vont chercher dans Lyon, la Marne, etc.
00:41:02 Je voulais savoir la situation de l'eau dans d'autres communes d'île de France qui n'ont pas les mêmes moyens techniques et financiers que Paris.
00:41:12 Je pense que c'est pour moi celle-là.
00:41:16 Il y a une situation qui peut être très diversifiée.
00:41:20 D'une façon générale, en île de France, l'essence liquide d'eau potable fonctionne bien.
00:41:23 Mais il y a dans des communes rurales, notamment aux marges du territoire francilien, qui ont essentiellement des problèmes de résilience.
00:41:30 Ces communes, ces territoires vont reposer sur un captage, sur une ressource.
00:41:36 S'il y a un problème technique, une pompe qui tombe en rade, un tuyau qui casse, ou un problème ponctuel ou permanent de qualité, il n'y a pas d'autre moyen d'approvisionner.
00:41:46 C'est le travail des services de l'Etat d'inciter les collectivités territoriales qui sont responsables des services d'eau à faire des coopérations.
00:41:53 Et nous, Paris et Haut de Paris, dès qu'on a une ressource qu'on peut partager, on en fait la proposition aux communes concernées.
00:42:03 On a une quinzaine d'interconnexions de premier rang qui font que toute la petite couronne est interconnectée au réseau parisien et gagne en résilience.
00:42:11 Et puis sur le fil des Acduques, Haut de Paris gère 470km d'Acduques, partout on a une collectivité qui nous dit "est-ce qu'on ne peut pas avoir une connexion de secours ?
00:42:20 Est-ce que vous ne pouvez pas compléter notre schéma d'alimentation ?" On essaye de répondre positivement, avec des problèmes techniques.
00:42:26 Ça ne se fait pas non plus du jour au lendemain, mais on est actifs sur ce terrain là.
00:42:30 La situation parisienne est très favorisée, au marge de l'île de France, vous allez trouver des situations un peu plus fragiles, mais dans l'ensemble c'est quand même bien maîtrisé.
00:42:46 Bonjour, merci beaucoup pour vos interventions. Moi je voulais vous demander une question par rapport au mégabassine. Quel est un peu le problème et pourquoi le gouvernement n'agit pas par rapport à ça ?
00:43:02 Je pense que cette question est pour moi.
00:43:06 Je reprends le principe du mégabassine, si on n'a pas tous compris. Il y a une différence entre ce que l'on appelle les bassines, ou les retenues de substitution, et les retenues collinaires.
00:43:22 C'est deux choses totalement différentes. D'un côté, la retenue collinaire utilise l'eau de pluie qui ruisselle, et elle va créer une sorte de mini barrage qui empêchera l'eau de partir plus loin,
00:43:32 et qui permettra d'alimenter notamment un usage local et agricole, qui sont plutôt des bonnes solutions.
00:43:38 Ce sont des solutions intéressantes, on a toujours joué intelligemment avec la pluie, et le meilleur moyen d'utiliser le cycle de l'eau, c'est d'utiliser la pluie directement et de la récupérer.
00:43:48 Attention, juste à pas, je finis juste sur ce point là, mettre des retenues collinaires partout, parce que des fois, dans le sud-ouest, vous en avez 30 000 sur un bassin,
00:43:58 et bien à un moment donné, il n'y a plus d'eau dans le fleuve, donc il faut quand même trouver ses limites, derrière, de la manière de récupérer la pluie pour en laisser au milieu naturel.
00:44:07 Au-delà de ça, les bassines sont des sortes d'immenses piscines en bâches PVC, c'est à peu près 260 piscines olympiques, 8 à 16 millions de mètres cubes d'eau,
00:44:21 qu'on va prélever dans les nappes souterraines, juste dessous, et qu'on va alimenter derrière cette bassine.
00:44:27 C'est une retenue à surface libre, c'est-à-dire qu'on va laisser de l'évaporation massive.
00:44:32 Premièrement, on va prélever de l'eau qui était dessous, qui était protégée, qui était de bonne qualité, et on va la mettre en surface.
00:44:38 En la mettant en surface, elle va perdre en qualité, parce que si vous prenez une piscine en plastique que vous mettez sur votre balcon, au bout de trois semaines, elle commencera à être verdâtre.
00:44:47 On va avoir un développement de cyanobactéries, c'est une eau qui n'est plus consommable, donc qui pose problème, d'autant plus si elle est retenue par des bâches plastiques,
00:44:56 et puis, s'il n'y a pas de plantes filtrantes, etc., et qui plus est, en plus, on perd en quantité, puisqu'il y a un flux d'évaporation qui est aussi fonction de la température.
00:45:05 On l'a vu sur la France, on a de plus en plus de températures importantes, ça veut dire qu'on a de plus en plus d'évaporation.
00:45:11 Donc oui, c'est un non-sens, et c'est un non-sens pour tous les scientifiques de France. Il n'y a pas un scientifique qui dit le contraire.
00:45:18 Il y a eu par contre une méthode, une méthode de lobbyiste qui est très connue, qui est le fait d'être, en fait, une association d'irrigants locaux ont demandé une étude au BRGM.
00:45:30 Le BRGM, qui est un établissement extrêmement sérieux, qui a les meilleurs éléments, enfin, les meilleurs hydrogéologues de France, sauf qu'en fait, de temps en temps, ils répondent à des demandes privées.
00:45:41 Donc là, ils ont répondu à une petite demande d'étude privée sur une bassine, et cette demande a été d'analyser la différence entre une année où on prend l'eau sous terre, une année où on la laisse,
00:45:56 et par contre, on la prélève jusqu'à la fin du mois d'août pour arroser nos champs de maïs. D'accord ?
00:46:02 Et donc, cette étude-là, elle a été commandée, et il y a eu plusieurs éléments qui ont été précisés.
00:46:07 La première, c'est qu'on a demandé de surtout pas intégrer la question du changement climatique dans cette étude, déjà.
00:46:14 Deuxièmement, on a inclus des dates qui vont de 2001 à 2011, c'est-à-dire, derrière, des dates qui n'ont rien à voir en termes de séries de pluie par rapport à ce qu'on peut connaître depuis 2017.
00:46:25 Donc, c'est déjà désuet, et déjà, c'est une étude qui ne veut rien dire.
00:46:29 Et ensuite, on a fait interpréter les résultats de cette étude factuelle pour la sortir dans un petit journal local.
00:46:37 Ce petit journal local qui a fait un article-là a été repris par tous les lobbyistes de l'agroalimentaire,
00:46:43 et ça a fini par remonter sur la table du ministre de l'écologie, qui s'est retrouvé sur BFM, en train de nous expliquer que les bassines, d'après les scientifiques, c'est bon pour l'écologie, c'est bon pour la biodiversité.
00:46:57 Lui, il aime les petits oiseaux et les poissons, il a dit tel quel.
00:47:00 Donc, en fin de compte, si c'est bon pour la biodiversité, lui, il aime la biodiversité, donc il est pour les bassines.
00:47:05 C'est quand même dommage, et je crois qu'on est dans une période où il va falloir être courageux, lucides, dépasser les méthodes lobbyistes existantes,
00:47:14 de l'agroalimentaire qui est très fort, de la FNSEA qui sont très puissants, qui, derrière, cherchent à déstabiliser,
00:47:21 et notamment à essayer de détruire l'image de toute personne qui oserait parler des pesticides.
00:47:26 Je sais de quoi j'en parle, puisque je fais l'objet d'attaques régulières, puisque j'ai osé dire que "pesticides" veut dire qui tue, quand même, la peste.
00:47:34 C'est-à-dire qui tue tout ce qu'il y a dans le sol.
00:47:36 À un moment donné, il va falloir se poser des questions, et je fais juste un petit aparté, mais j'ai une chronique sur France Info toutes les semaines,
00:47:42 où j'explore de nouveaux sujets, et là, j'ai exploré la question des forêts françaises.
00:47:46 Aujourd'hui, on nous dit "Ah, mais regardez, on reforeste en France, ne vous inquiétez pas, etc. Il y a des arbres partout."
00:47:52 On reforeste avec de la monoculture intensive, de pains d'eau glace, que l'on met partout.
00:47:58 Une soixantaine de pesticides différents utilisés dans des terres, des engrais chimiques.
00:48:02 On a des sols qui sont pauvres, on n'a pas un oiseau qui chante dans ces forêts, et en plus, on prend ces arbres-là,
00:48:09 on ne va même pas les amener dans des petites hierries locales, parce qu'on n'en a plus.
00:48:12 On les importe ensuite, et on les amène, on les exporte en Chine, pour pouvoir aller les découper, parce que la manœuvre est moins chère.
00:48:19 Donc je crois qu'on peut faire mieux en matière de logique écologique, et effectivement, c'est une logique lobbyiste qui a été utilisée
00:48:26 pour mettre le débat sur la table, et qui a pris une association de militants locaux qui voyaient leur terre s'assécher,
00:48:33 peu importe les méthodes qu'ils utilisaient ou pas, et derrière, qui a opposé des formes d'éco-terroristes
00:48:39 contre, derrière, des gens qui voudraient nourrir la France.
00:48:42 Et là encore, je relève un point qui est une technique lobbyiste, qui nous dit "Regardez, le ministère de l'agriculture,
00:48:50 c'est l'agriculture et la souveraineté alimentaire. Vous vous rendez compte que vous voulez attaquer ceux qui nous nourrissent ?
00:48:56 Vous n'avez pas honte, c'est eux qui vous donnent la soupe à manger, et derrière, vous voulez les attaquer, nos pauvres agriculteurs,
00:49:02 qui effectivement sont pris complètement, derrière, en étau par des systèmes agroalimentaires,
00:49:06 où derrière, on presse toujours les prix, derrière, on a les plus grands taux de suicides que l'on a dans ce milieu-là,
00:49:12 de taux de maladies, etc. Et donc, en réalité, cette technique-là, et cette logique de venir dire qu'on fait de la souveraineté alimentaire,
00:49:19 on n'est pas souverains alimentairement. Si on est souverains, c'est grâce à nos supermarchés.
00:49:24 C'est nos supermarchés qui nous alimentent. Ce qui alimente l'agriculture que l'on a en France, la plus grande partie de l'agriculture,
00:49:31 elle part à l'export. C'est des milliards et des milliards d'euros qui se cachent derrière.
00:49:36 Et donc, le problème que l'on a par rapport à ces bassines, c'est que si vous voulez avoir un marché avec Bonduelle,
00:49:42 ou derrière les frites McCain, parce que vous faites de la pomme de terre dans les Hauts-de-France,
00:49:48 vous avez l'obligation d'avoir une bassine, parce que c'est les agro-industriels qui vous l'obligent.
00:49:53 Et donc, le problème, il est là. Et quand on vient nous raconter qu'en réalité, derrière, s'il n'y a pas de bassines, il n'y a pas d'agriculture,
00:50:00 s'il n'y a pas de bassines, il n'y a pas cette forme d'agriculture. Cette agriculture qui est en train de nous détruire dans les Hauts-de-France,
00:50:06 on a des coulées de boue partout, parce que les sols ne tiennent plus. Et je crois qu'il faut être courageux, il faut être lucide,
00:50:12 il faut sortir de ces schémas, il faut réussir à les débusquer partout où on essaye de nous atteindre.
00:50:17 Et je crois que c'est le seul moyen qu'on aura d'être résiliant. Mais on n'a pas le choix que d'avoir le courage de dépasser
00:50:24 toutes ces logiques, toutes ces zones d'ombre, parce que derrière, c'est nous. C'est notre avenir. Et maintenant, ça suffit qu'on nous raconte des conneries.
00:50:33 Merci.
00:50:35 (Applaudissements)
00:50:44 Je vais juste me permettre aussi d'ajouter que ces bassines, ça peut aussi permettre de contourner en période d'estival les arrêtées sécheresses.
00:50:52 Vous avez dû déjà en entendre parler. Parce que l'usage qu'on va conserver en priorité, c'est l'usage de l'eau potable.
00:50:58 Donc quand il y a moins d'eau, on va empêcher les autres usages. Et le fait de monter en hauteur, en dehors des nappes, l'eau, en période hivernale,
00:51:14 pendant la recharge, ça permettra d'utiliser de l'eau en période estivale et donc toujours poursuivre finalement en contournant un modèle qui,
00:51:24 comme Emma a pu le dire, est un cercle vicieux duquel je pense qu'il faudrait sortir pour préserver la ressource et pour préserver la vie finalement,
00:51:35 puisque l'eau est nécessaire et essentielle à ce sujet là.
00:51:41 Bonjour, j'avais deux questions. Je me suis reconnue dans ce que vous disiez puisque je suis fille d'agriculteur qui a fourni McCain et Bonduelle.
00:52:00 Donc je vois très bien que vous parlez. Et en l'occurrence, les champs de mes parents étaient irrigués à quelques moments dans l'année par une mare qui est là historiquement sur la parcelle.
00:52:11 Et je me demandais s'il y avait un plan ou une réflexion sur toutes ces zones humides qui sont éparpillées partout, j'imagine dans l'île de France, pour les préserver.
00:52:19 Parce que pour le coup, j'ai l'impression qu'il y a moins d'évaporation, qu'il y a de la biodiversité, etc.
00:52:23 Que ça peut être une façon raisonnée de faire de l'agriculture, non pas pour faire du maïs qui va alimenter des cochons qu'on va exporter,
00:52:28 mais pour faire de l'alimentation locale. Et mon autre question, c'était par rapport aux pesticides.
00:52:34 Est-ce qu'il n'y a pas un enjeu de qualité sur les pesticides ? Parce qu'en fait, si on a moins d'eau dans les nappes et qu'en plus on a des produits chimiques,
00:52:40 à un moment les seuils vont être dépassés et on va boire du poison.
00:52:44 Je fais une première réponse très rapide sur la première question et puis un peu plus de WP sur la deuxième.
00:52:53 Sur la première, il y a des choses qui sont faites. Nous, haute Paris, on essaye, là où on peut, avec nos agriculteurs partenaires,
00:52:59 encore eux, un tourpeau sur ceux qui entretiennent le sable. On essaye de recréer des zones humides.
00:53:08 Parce qu'elles ont des vertus en matière de protection d'un ressort sans eau, ça c'est notre mission.
00:53:12 Elles ont des vertus en matière de biodiversité, elles ont des vertus en matière de contrôle des microclimats locaux.
00:53:18 On essaye de le faire, c'est assez compliqué, c'est vite technique, mais il y a des initiatives locales qui sont prises et encouragées par la régie haute Paris.
00:53:28 Sur le deuxième sujet, il y a d'un côté la tendance de fond. La tendance de fond, c'est qu'effectivement, le modèle agricole qui est en place en France depuis les années 50-60
00:53:42 est un modèle qui a très largement dégradé la qualité des eaux souterraines, en particulier, et qui nous oblige aujourd'hui à traiter lourdement ces eaux pour les rendre potables.
00:53:53 Je vous donne un exemple, il y a 15 ans, les eaux souterraines parisiennes, les eaux de l'Avre, les eaux de la Vannes, les eaux du loin, n'étaient pas traitées.
00:54:02 On mettait juste du chlore à la fin. Pas besoin de traitement. Aujourd'hui, on est sur des traitements qu'on appelle quaternaires.
00:54:07 C'est à dire qu'il y a 4 étapes de traitement assez lourdes. Donc, la menace en matière de qualité d'eau, c'est essentiellement aujourd'hui des polluants d'origine agricole.
00:54:18 Ce n'est pas la faute des agriculteurs. Les polluants d'origine agricole. L'impact du changement climatique sur ces questions là, l'étude qu'on a aujourd'hui, c'est toujours la même avec le BRGM, sur le vecteur Avre,
00:54:30 montre que les concentrations de polluants ne sont pas un problème pour nos filières de traitement. La synthèse, le problème c'est plutôt qu'on continue à polluer les sols et les nappes avec des intrants agricoles dont on ne connaît pas nécessairement au départ les effets sur la santé.
00:54:53 Par contre, on a peu de risque que ces concentrations là deviennent un vrai sujet de qualité d'eau potable. Et puis, comme le disait Emma, à un moment donné, s'il faut, on a des solutions techniques.
00:55:04 Je peux me permettre de rebondir parce que tu focalises sur l'eau potable. Mais il n'y a pas que nous, je le répète, mais c'est quand même important, il n'y a pas que nous qui consommons cette eau.
00:55:12 Si l'eau dans les nappes souterraines, derrière ou dans les rivières ou les lacs superficiels, effectivement, il y a un problème de quantité, donc il y a un problème de qualité qui va s'exacerber.
00:55:22 C'est tout le milieu naturel qui va lui manger plus facilement de pesticides et lui n'a pas accès à cette potabilisation de l'eau.
00:55:28 Donc, on voit très bien une extinction massive. 70 à 80% de nos insectes ont besoin d'eau.
00:55:34 C'est super, vous avez beaucoup moins de mouches derrière quand vous traversez une route, jusqu'à -90% d'insectes sur vos pare-brises.
00:55:42 Mais ça signifie quand même quelque chose. On est en train de perdre toutes nos chaînes trophiques et il va falloir se réveiller et se réveiller très rapidement.
00:55:49 (...)
00:56:00 C'est un débat majeur de santé publique qui est l'application d'une précaution sur des données épidémiologiques qui n'existent pas.
00:56:08 On a très très peu de données épidémiologiques sur l'impact sur la santé humaine des métabolites et des résidus, on va dire, des pesticides qu'on est capable d'absorber.
00:56:19 Nous, on est très très conscients dans le monde de l'eau potable, de ces questions-là, et on essaye non seulement de coller aux normes, mais en plus de les dévancer un tout petit peu.
00:56:29 Après, je me permets juste d'élargir le débat, ce n'est pas toujours mon rôle de fonctionnaire, je suis là pour faire un boulot tous les jours de service public.
00:56:38 Il faut quand même se poser la question de savoir où il faut mettre l'effort en matière de santé publique environnementale.
00:56:43 Est-ce qu'il faut aller surtraiter toute l'eau potable produite alors qu'on n'en consomme qu'une petite partie ?
00:56:51 Ou regarder la présence des mêmes molécules potentiellement dangereuses dans d'autres aliments qu'on peut ingérer ? Est-ce qu'il faut aller dans ce sens-là ?
00:57:03 Deuxième question, et moi j'y tiens beaucoup et c'est une réflexion qu'on partage avec toute la gouvernance d'Out Paris et le président Dallaire en particulier.
00:57:11 Il faut qu'on sorte d'une logique où on va faire du curatif. Il vaut mieux prévenir qu'aiguérir.
00:57:18 Il vaut mieux accompagner les agriculteurs pour qu'ils utilisent moins d'intrants, voire pas du tout.
00:57:23 Éliminer les polluants à la source, ça reste la seule vraie solution.
00:57:27 Parce que comme l'a dit Emma, on peut tout faire avec de la techno. Mais la techno va consommer de l'énergie, on ne peut pas dire qu'on en a trop.
00:57:34 La techno va produire des effets environnementaux. En fait, c'est ce que j'appelle la stratégie du scarabée-bousier.
00:57:40 C'est quand on résout un problème avec une technologie, on fait que le pousser devant soi. Et puis à la fin, il devient même un peu plus gros.
00:57:47 Oui, je voulais rebondir effectivement, et c'est un peu lié finalement d'une certaine façon à la question des bassines aussi.
00:58:03 Parce que pendant qu'on est en train de se dire "on va construire des bassines", on repousse justement les problèmes à plus tard.
00:58:10 Et en réalité, c'est se voiler la face sur la question qui est aussi, alors désolée pour ma casquette politique publique,
00:58:18 mais c'est "où est-ce qu'on veut que l'argent public aille ? Et pour financer quel modèle ?"
00:58:22 Et au lieu de mettre tous les moyens que l'on désire directement sur la transition de modèle pour le milieu, pour nous,
00:58:31 mais aussi pour les agriculteurs qui souffrent du modèle dans lequel ils sont aussi,
00:58:36 c'est au lieu d'investir cet argent directement là-dedans, on repousse le problème en investissant notre argent,
00:58:45 finalement l'argent public, dans des modèles dont on sait qu'ils ne sont pas viables.
00:58:50 Donc c'est aussi cette question-là derrière.
00:58:53 Pour donner un ordre de grandeur en matière financière, le Haut de Paris gère un régime d'aide agricole qui nous a été autorisé par la Commission européenne.
00:59:01 C'était un beau petit projet technocratique, on s'est bien amusés à faire ça.
00:59:05 Le régime d'aide financé par l'Agence de l'eau et les parisiens et les parisiennes, avec vos factures d'eau, c'est 47 millions d'euros sur 10 ans à peu près.
00:59:12 Donc c'est 4,7 millions d'euros par an, c'est à la fois beaucoup et pas beaucoup.
00:59:15 Avec ces 4,7 millions d'euros par an à peu près, on protège 20 000 hectares.
00:59:20 On protège un petit dixième des surfaces des aires d'amutation de captage.
00:59:26 C'est pas mal, c'est significatif. 47 millions d'euros à l'échelle parisienne, c'est quand même pas non plus délirant.
00:59:31 Puis on protège pour Paris mais pour tout le monde.
00:59:34 Une usine qui permet de traiter l'ensemble de tous les polluants, résidus de pesticides, etc. de manière très performante,
00:59:44 je vous la mets à 400 millions d'euros. 400 millions d'euros pour un débit de 200 000 m3 à peu près.
00:59:52 C'est des ordres de grandeur.
00:59:54 Protéger la ressource en eau, prévenir à la source, c'est en fait beaucoup moins cher que traiter.
00:59:59 Il y a un vrai intérêt économique, comme le disait Salome à l'instant. Il faut qu'on se pose ces questions là.
01:00:19 Oui, bonjour. Je pense qu'il y a vraiment un rôle central d'une espèce de complexe que je qualifierais entre FNSEA et lobby des pesticides.
01:00:32 Et que par tous les moyens, ce conglomérat d'intérêts essaye de plomber tout ce qui peut être possible en matière de transformation du modèle agricole
01:00:51 afin qu'on ait un modèle agricole qui nous nourrisse, qui nous nourrisse bien et qui ne détruise pas la biodiversité.
01:00:59 Donc ça, je pense que ça se manifeste. Par exemple, suppression des aides au maintien pour l'agriculture biologique.
01:01:08 Au moment même où le marché est le plus difficile.
01:01:12 Et puis je crois qu'il faut aussi un petit peu débusquer les agriculteurs qui sont dans les problèmes.
01:01:23 Alors il y en a, oui. Notamment les éleveurs. Il y a des suicides, beaucoup, chez les éleveurs.
01:01:28 Par contre, moi j'avais lu un petit papier dans le Monde, il y a un moment, du Salon de l'agriculture.
01:01:37 Les céréaliers de l'île de France, ils se portent très bien.
01:01:41 Le prix, ils ont une très bonne récolte en 2022 et les prix mondiaux sont très hauts.
01:01:49 Donc en fait, on a dans cette corporation agricole, comme souvent dans beaucoup de corporations, des gens qui souffrent et d'autres qui vont très bien
01:02:01 et qui se cachent derrière ceux qui souffrent pour dire qu'ils sont malheureux.
01:02:06 Ça c'est un grand classique.
01:02:08 Je voudrais terminer aussi sur le fait que du coup, il faut vraiment soutenir l'agriculture biologique et se nourrir le plus possible avec des produits biologiques.
01:02:18 Parce que comme le disait la Cour des comptes, c'est à date, ils peuvent encore faire des progrès,
01:02:24 mais la meilleure façon d'avoir une transition agroécologique dans le domaine de l'agriculture.
01:02:34 Ça c'est la première des choses.
01:02:36 Je pense qu'il faudrait aussi militer pour la reconnaissance des services environnementaux rendus par l'agriculture biologique.
01:02:46 Il y a une future LOA, loi d'orientation agricole.
01:02:50 Je pense qu'on pourrait se battre pour qu'il y ait une reconnaissance des services environnementaux rendus par l'agriculture biologique
01:03:00 au niveau de cette loi d'orientation agricole annoncée par Emmanuel Macron.
01:03:06 Il y aurait plein de choses à dire, mais je vais peut-être m'arrêter là.
01:03:11 Je pense que si je peux juste rebondir, il faudrait peut-être juste qu'on paie le prix des choses en fonction de ce qu'elles prennent à la nature,
01:03:19 en fonction de l'impact que ça génère.
01:03:21 On n'aurait plus de la fast fashion avec du chain partout,
01:03:26 parce que ça coûterait beaucoup plus cher si on intégrait l'impact environnemental.
01:03:31 Et le bio coûterait beaucoup moins cher, on pourrait tous se nourrir beaucoup plus facilement en bio,
01:03:35 ce qui aujourd'hui n'est pas le cas, et c'est ce qui freine, et c'est ce qui fait s'effondrer ce système,
01:03:39 alors que c'est aussi par là que passe notre salut.
01:03:42 Et notamment sur les paiements pour nos services environnementaux,
01:03:49 c'est mis en place dans le cadre de la collaboration d'Eau de Paris avec les agriculteurs.
01:03:56 Une vraie dernière question, ici.
01:04:08 Tout le monde a entendu ? Non, je ne parle pas très fort.
01:04:11 On n'a pas du tout parlé des microplastiques qui étaient de plus en plus présents dans l'eau,
01:04:16 comment est-ce que Paris essaye de trouver des solutions pour gérer ?
01:04:22 Et même à titre mondial, est-ce qu'il y a des choses à dire sur ça ?
01:04:26 Il y a des choses à dire sur tous les paramètres qui peuvent affecter la qualité des eaux, des eaux brutes,
01:04:32 des eaux de l'environnement, l'eau de la nature, pour redire ce qu'a dit Emma très justement,
01:04:37 et l'eau potable, celle qu'on consomme tous les jours.
01:04:40 Les microplastiques, ça fait partie des paramètres émergents,
01:04:43 qui ne sont pas aujourd'hui réglementés, mais qu'on essaye de suivre.
01:04:46 C'est assez compliqué à mesurer.
01:04:48 Il y a encore du travail à faire sur la qualité analytique,
01:04:51 pour voir quel est l'enjeu en termes de présence dans les eaux.
01:04:58 Et après, la réponse est toujours la même.
01:05:02 Si on s'aperçoit qu'il y en a, et si on considère que c'est un problème de santé publique qui le mérite,
01:05:08 on sait traiter les microplastiques comme on sait traiter les résidus de pesticides.
01:05:13 Il faut des grosses usines avec des grosses pompes, des gros réactifs, des grosses membranes, des gros trucs.
01:05:20 Plus intéressant, c'est de s'interroger sur d'où ils viennent, comment est-ce qu'ils passent dans les milieux à queue,
01:05:26 et comment on essaye de prévenir ça.
01:05:28 Il y a pas mal de démarches qui sont en cours, et j'en profite pour faire un peu de pub pour ce qu'on fait à Haute-Paris avec la Ville de Paris,
01:05:33 sur la démarche de sortie du plastique à usage unique.
01:05:36 La Ville de Paris a un plan de sortie du PU, du plastique à usage unique,
01:05:41 et à Haute-Paris on a lancé l'année dernière une campagne qui s'appelle "Ici je choisis l'eau de Paris",
01:05:45 qui permet à tout le monde de remplir sa gourde, un contenant réutilisable, si possible pas en plastique,
01:05:49 en verre ou en inox, ou en ce que vous voulez,
01:05:52 pour arrêter de balancer des dizaines de millions de bouteilles de plastique à la poubelle,
01:05:57 pour même pas la moitié s'en recycler.
01:05:59 Il y a des choses qu'on peut faire, c'est une problématique qui est prise en compte,
01:06:02 qui va sans doute continuer à monter dans les prochaines années.
01:06:05 Peut-être pour rebondir à l'échelle mondiale,
01:06:08 ce qui est assez intéressant dans les nouvelles études qu'on a sur les PFAS,
01:06:11 ces plastiques rémanents, c'est qu'en fait on est quand même très très fort en tant qu'humains,
01:06:17 on a été capable de polluer tout le cycle de l'eau,
01:06:20 puisque c'est même la pluie qui se retrouve directement touchée derrière par ces PFAS.
01:06:27 Donc en fin de compte, durant la phase évaporatoire,
01:06:30 ça veut dire qu'on emmène avec nous une partie de ces polluants,
01:06:33 qui vont retomber un peu comme c'était le cas dans les puits acides.
01:06:36 Un deuxième point qui montre à quel point on est champion du monde,
01:06:39 derrière on est capable de faire des trucs incroyables,
01:06:41 c'est qu'il y a une étude qui vient de sortir,
01:06:45 qui est menée par la NASA et le Centre Spatial Allemand,
01:06:48 qui permet de mesurer avec un double satellite,
01:06:51 la manière dont on extirpe les nappes phréatiques,
01:06:58 dont on extrait des quantités d'eau.
01:07:00 Il faut comprendre que dans toute l'Europe, sur ces 20 dernières années,
01:07:04 on a modifié la gravité terrestre,
01:07:06 tellement on a soutiré dans les nappes au-delà de leur capacité de renouvellement.
01:07:11 Donc voilà, on est capable d'atteindre tout le cycle de l'eau,
01:07:14 on est capable d'aller extraire massivement de l'eau partout,
01:07:17 ça alimente tout le monde,
01:07:19 on n'a jamais regardé sous nos pieds,
01:07:22 parce qu'en réalité, c'est souvent des sociétés privées
01:07:25 qui vont extraire massivement de l'eau
01:07:27 et qui alimentent dans le monde tous les projets industriels.
01:07:30 C'est quelque chose qui est quasiment invisible,
01:07:33 et l'eau a été prélevée comme le fossile pendant ces dernières décennies.
01:07:37 Qu'est-ce qu'on fait avec ce cycle de l'eau qui est complètement perturbé ?
01:07:40 Comment est-ce qu'à un moment donné, on trouve ce courage
01:07:42 de remettre les choses en ordre,
01:07:44 en sachant que la nature est quand même tellement résiliente,
01:07:47 elle est quand même tellement forte,
01:07:49 si on lui fout la paix, elle est capable à un moment donné
01:07:51 de se recréer, de retrouver un équilibre.
01:07:53 Je crois qu'on doit aller vers ça.
01:07:55 Je voudrais peut-être juste parler à tous les éco-anxieux de la table,
01:07:58 parce que ça fait quand même 20 ans que je traite ces sujets,
01:08:00 alors normalement je devrais être au fond de ma couelle,
01:08:02 et ne plus bouger, et être complètement désespérée,
01:08:04 tellement je vois des choses.
01:08:06 Je voudrais juste vous dire un truc,
01:08:08 ne leur offrez pas votre sourire, gardez-le,
01:08:11 vraiment, on en a besoin.
01:08:13 Gardez votre force, gardez votre courage,
01:08:15 ne soyez pas désespérés, parce que sinon on n'aura plus cette force
01:08:18 pour pouvoir réussir à dire ce qu'on doit faire.
01:08:21 Donc vraiment, essayez de sortir de cette horreur,
01:08:24 on ne sait pas de quoi est fait notre avenir,
01:08:26 par contre tout ce que l'on sait, c'est les actions qu'on peut mener maintenant,
01:08:29 et comment nous, à notre échelle, on va pouvoir essayer de transformer les choses.
01:08:32 Voilà, merci.
01:08:34 (Applaudissements)
01:08:36 (...)
01:08:44 - Merci à tous les trois pour ces échanges très intéressants.
01:08:48 Je vous invite à sortir de la salle,
01:08:51 parce que la prochaine conférence a lieu dans 5 minutes.
01:08:55 (Applaudissements)
01:08:58 (...)
01:09:05 (...)
01:09:07 (...)

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