• l’année dernière
Avec Bas Smets, paysagiste, ingénieur-architecte, Aurélie Filippetti, ancienne ministre de la Culture, directrice des affaires culturelles de la mairie de Paris et François de Mazières, maire de Versailles, Alexandre Florentin, conseiller de Paris, président de la mission Paris à 50°C et membre de Génération écologie. Rencontre animée par Victor Dekyvère, journaliste.

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00 Alexandre est là, Aurélie aussi, Basse aussi, François de Mazière.
00:00:09 Merci.
00:00:10 Bonjour.
00:00:11 Bonjour.
00:00:12 Bonjour.
00:00:14 Bonjour.
00:00:16 Bonjour.
00:00:18 Bonjour.
00:00:19 On est au complet.
00:00:48 Merci d'être aussi nombreux cet après-midi.
00:00:51 Merci à tous les quatre d'avoir accepté cette table ronde qui a pour thème "Paris, dur comme la pierre".
00:00:59 C'est une question.
00:01:01 Plusieurs questions vont irriguer cette rencontre.
00:01:05 Est-ce qu'on peut rendre les très vieilles villes comme Paris compatibles avec les effets du dérèglement climatique et comment ?
00:01:11 Est-ce que c'est possible de respecter le patrimoine et d'adapter l'urbanisme et l'architecture à ses effets ?
00:01:17 Est-ce qu'il y a un risque de défiguration de nos villes ?
00:01:20 Et d'ailleurs, est-ce que c'est la ville qu'il faut adapter ou nos comportements dans la ville ?
00:01:25 Quatre invités de Prestige.
00:01:28 Aurélie Filippetti, vous êtes romancière.
00:01:30 Vous avez été deux fois députée de La Moselle, une fois ministre de la Culture et de la Communication sous la présidence de François Hollande.
00:01:37 Et vous êtes aujourd'hui directrice des Affaires culturelles de la ville de Paris.
00:01:40 Merci beaucoup.
00:01:41 Bienvenue.
00:01:42 Basse Smets, vous, vous vous considérez comme architecte de paysage.
00:01:46 Vous êtes paysagiste, ingénieur architecte.
00:01:49 Vous êtes celui qui a la charge de transformer les abords de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
00:01:53 On vous doit aussi les abords de la Louma à Arles et une grande partie du centre-ville de Bruxelles.
00:01:59 On va en reparler.
00:02:01 François Demasière, vous êtes maire de Versailles depuis près de 15 ans.
00:02:05 Mais vous avez aussi dirigé, entre autres, la Cité de l'architecture et la Fondation du patrimoine.
00:02:10 Merci d'être là.
00:02:11 Et Alexandre Florentin, vous êtes élu de la ville de Paris, président de la mission d'évaluation Paris à 50 degrés et membre du parti Génération.
00:02:20 Et ça me semblait intéressant de commencer par vous écouter.
00:02:25 Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette mission d'évaluation Paris à 50 degrés,
00:02:30 qui est à la fois un constat et aussi une force de proposition au Conseil de Paris ?
00:02:36 Qu'on soit tous raccords aussi sur à quoi va ressembler la ville, nos villes, dans quelques années ?
00:02:43 Peut-être qu'il faut...
00:02:47 C'est mieux ? Super.
00:02:51 Bonjour et merci pour cette invitation.
00:02:56 Peut-être que pour cadrer le débat, je pense que c'est important de faire des rappels de climatologie assez simples.
00:03:05 La première chose, c'est que Paris ne contrôle pas son climat,
00:03:10 ce qui veut dire qu'on pourrait être à la fois une ville très bas carbone et quand même avoir à gérer un climat qui changerait très fortement.
00:03:18 La deuxième, c'est qu'il n'y a pas de retour en arrière dans le climat.
00:03:21 Donc on ne retrouvera jamais le climat de notre enfance.
00:03:26 Je sais que ça peut être un peu dur à se dire, mais si on ne commence pas par ça, on pense mal à la suite.
00:03:35 Le troisième point, c'est que 50 degrés à Paris, ce n'est déjà plus une hypothèse fantaisiste.
00:03:44 C'est peu probable au climat actuel.
00:03:49 Donc si l'humanité entière arrêtait d'émettre des gaz à effet de serre, ça resterait peu probable, mais ça n'est plus fantaisiste.
00:03:57 Cette mission, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle essaye de regarder ça en face avec une vingtaine d'élus de tous bords politiques.
00:04:03 On a six mois pour à la fois faire le croisement entre cette thématique et tout ce qui fait la ville.
00:04:11 On a auditionné des architectes, des urbanistes, des gens qui travaillent dans les transports, qui travaillent avec des publics vulnérables,
00:04:20 qui pensent les questions des inégalités.
00:04:24 On a fait émerger à la fois des solutions qu'on nous présentait, mais aussi des dilemmes politiques, dont celui de l'esthétique versus l'adaptation,
00:04:36 dont je pourrais vous en dire plus par la suite.
00:04:40 C'est un travail de création de consensus au sein de la classe politique, sur une base technique et scientifique,
00:04:46 mais après pour être d'accord ou pas sur d'autres sujets.
00:04:50 Ce qui est intéressant dans votre mission, c'est que tout le monde doit être d'accord, tout parti politique confondu.
00:04:55 Oui, le fonctionnement de cet objet politique qui est une mission d'information et d'évaluation,
00:04:59 c'est que les préconisations qui vont en sortir doivent être adoptées au consensus.
00:05:05 Donc on travaille entre écologistes, communistes, socialistes, des gens de la République en marge, du Modem et les Républicains.
00:05:13 C'est à peu près ça les grandes familles représentées.
00:05:15 Ce qui me semblait intéressant aussi dans cette démarche, c'était d'entrer dans les questions concrètes du climat par le sensible.
00:05:22 C'est difficile d'être d'accord quand on n'est pas du même bord politique sur la place de la voiture dans la ville, etc.
00:05:30 Mais entrer par le sensible, c'est à dire à un moment on a tout chaud, il fait 50 degrés,
00:05:34 ça permet une autre entrée plus pragmatique à la fois du côté esthétique mais aussi du côté concret.
00:05:41 Oui, donc ça c'était mon pari politique en proposant cette mission il y a deux ans.
00:05:46 C'était de dire, contrairement aux thématiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre,
00:05:53 où on se dit "je fais un geste maintenant mais c'est pour une génération plus tard" ou "quelqu'un plus loin",
00:05:58 là, en fait, l'adaptation va tout balayer sur son passage parce que les gens vont aller chercher du confort et de l'habitabilité tout de suite par tous les moyens.
00:06:11 Là, je crois que le "quoi qu'il en coûte" est plutôt là.
00:06:16 D'ailleurs, on le voit déjà.
00:06:19 Ce qui est intéressant avec les canicules, qui est juste un sous-sujet des questions d'adaptation au changement climatique,
00:06:25 c'est que je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un qui ne dise pas qu'il n'est pas déjà une forme de souffrance ou d'inconfort majeur créé par les canicules.
00:06:35 Évidemment, ça peut arriver mais ce que je veux dire c'est que ça ne crée pas un blocage dans la discussion.
00:06:41 Donc ça permet d'ouvrir des débats qu'on n'a pas réussi à ouvrir depuis les années 70 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
00:06:50 Par ailleurs, on aurait dû commencer les politiques d'adaptation au changement climatique à partir des années 2000.
00:06:56 Et maintenant, on se retrouve à devoir faire aussi des politiques de souffrance, de gestion de crise notamment.
00:07:03 Et voilà, c'est comme ça qu'on va devoir vivre avec ça.
00:07:11 Et la question c'est comment est-ce qu'on passe de la gestion de crise à l'adaptation et de l'adaptation aussi à l'atténuation.
00:07:18 Et vous dites que si on s'adapte maintenant, on a de plus en plus de chances de gérer cette question esthétique aussi.
00:07:27 C'est à dire qu'à un moment, sinon, dans 10 ans, les gens vont régler les questions sensibles de la chaleur par eux-mêmes.
00:07:33 Et ça va pouvoir créer des désordres, notamment esthétiques, plus grands.
00:07:38 Ce que je constate, c'est qu'on a déjà des climes qui sont installés de manière non autorisée sur les toits parisiens.
00:07:48 L'exemple le plus surprenant pour moi, ça a été quand on m'explique que quelqu'un avait installé un goutte à goutte sur son toit.
00:07:59 Donc vous savez les gouttes à gouttes pour arroser les plantes.
00:08:01 Et quand il avait installé ça sur son toit, il faisait couler de l'eau l'été pour refroidir son toit en zinc.
00:08:08 Donc je ne sais pas combien de temps il va falloir attendre avant que des gens montent sur leur toit pour le peindre en blanc,
00:08:16 sans demander l'autorisation de leur copropriété ou des architectes des bâtiments de France,
00:08:23 simplement parce qu'ils vont avoir un effet immédiat de 3 à 6 degrés en moins quand ils habitent en dessous.
00:08:31 Donc soit on le fait de manière coordonnée et on a une discussion démocratique sur ce qu'on veut et sur l'esthétique qu'on souhaite,
00:08:42 sinon ça va se faire de manière complètement sauvage.
00:08:47 Basse-Smeth, vous êtes paysagiste et vous pouvez peut-être rappeler l'envergure des nouveaux futurs abords de Notre-Dame de Paris.
00:08:59 131 arbres supplémentaires, augmentation de 36% de la végétation, une fine lame d'eau de 5 mm qui va rafraîchir le parvis aux heures les plus chaudes.
00:09:12 Notre-Dame de Paris, joyaux parisiens, français, j'imagine que ce n'est pas simple de lier architecture, innovation, climat.
00:09:23 Comment est-ce qu'on s'y prend pour arriver d'une manière un peu plus concrète encore à réinventer ces abords-là ?
00:09:33 Je suis monateur d'un groupement avec des architectes et des ingénieurs.
00:09:39 Et quand on a fait le concours il y a un an, on s'est dit comment on peut repenser les figures urbaines de Paris sous le double angle du collectif et du climat.
00:09:52 Repenser les figures parce qu'on a relu Victor Hugo qui dit que l'île de la Cité est le berceau de Paris.
00:09:58 On s'est dit que si on arrive à illustrer une sorte de transformation de l'existant vers une forme qui est plus résiliente par rapport au climat,
00:10:09 qui permet d'autres usages parce que non seulement il y a la crise climatique, on sortait de la crise sanitaire aussi,
00:10:15 où l'espace public était devenu beaucoup plus important, beaucoup plus utilisé.
00:10:19 On s'est dit que si on arrive à transformer ces figures, et par figure j'entends Parvis, Berges, Square, Placette, le trottoir arboré,
00:10:33 de les repenser sous l'angle du climat pour imaginer un arbre pas seulement comme un décor mais comme une machine à climat.
00:10:43 Par les vapeurs de transpiration, on sait qu'en dessous d'un arbre, la température ressentie descend de 4°C.
00:10:49 En hiver, on voulait bloquer le vent dans la rue du cloître Notre-Dame parce que c'est là où les groupes attendent et ils sont dans un couloir de vent assez désagréable.
00:11:01 On sait aussi qu'en été, il y a un vent qui vient avec la Seine qu'on ne veut pas bloquer, qu'on veut amener jusqu'au parvis.
00:11:09 Tous ces paramètres de la température ressentie, ce que le corps humain ressent, on l'a utilisé pour dessiner ce projet.
00:11:17 Est-ce que vous pouvez approcher le micro un peu plus fort ?
00:11:21 Planter plus d'arbres, c'est une évidence. On a repensé le parvis comme une clairière.
00:11:31 Le parvis lui-même, c'est 4000m2 qui devrait être sans obstacle, non seulement pour garder la vue sur la façade, mais aussi parce qu'on est au-dessus de la crypte.
00:11:40 On n'a ni le volume, ni la capacité d'amener de volume de terre.
00:11:45 En repensant le parvis comme une clairière, on propose d'augmenter le nombre d'arbres autour.
00:11:53 Je trouve assez approprié de parler de clairière devant la cathédrale qui est souvent nommée aussi une forêt de pierre.
00:12:01 Sur le parvis lui-même, il fallait inventer quelque chose de nouveau.
00:12:08 On a proposé d'activer une fine lame d'eau de 5mm d'hauteur qui va couler doucement en direction de la cathédrale pour être reprise dans un cas niveau 20m avant la façade.
00:12:21 Cette lame d'eau, par le processus chimique de l'évaporation, va directement créer une réduction de la température ressentie de 5°C.
00:12:31 C'est l'air qui refroidit par l'évaporation comme après un orage d'été. Vous sortez et vous sentez que l'air est crisp, frais.
00:12:43 C'est assez inspiré de ce que la ville de Paris fait avec ce réseau d'eau non potable pour nettoyer les rues.
00:12:52 On ouvre les vannes, l'eau coule et ça a le même effet de refroidissement de l'air.
00:12:58 On a essayé de repenser ces figures paysagères, urbaines, sous cet angle du climat pour dire que si on arrive à, dans le respect de ce site, dans le respect de la cathédrale,
00:13:16 changer la façon dont l'espace public peut être utilisé et surtout le confort extérieur qu'on améliore, on peut le faire ailleurs aussi.
00:13:30 Vous dites que tout l'enjeu des villes d'aujourd'hui, c'est aussi, historiquement, de se débarrasser des eaux de pluie le plus rapidement possible.
00:13:40 Maintenant, ça va être de garder l'eau quand elle arrive, éventuellement en recréant de fausses nappes phréatiques pour que les arbres puissent redistribuer de l'eau et de la fraîcheur dans les villes.
00:13:54 C'est un enjeu important selon vous ?
00:13:57 Toutes les villes où on travaille font la même erreur. On prend l'eau de pluie et on l'évacue le plus vite possible.
00:14:05 Cela crée des inondations en aval et surtout, cela fait descendre la nappe phréatique de la ville même. Ce qui veut dire que même les arbres centenaires, soudainement, n'ont plus accès à l'eau de la nappe phréatique.
00:14:16 Or, une ville, c'est le spectacle parfait pour l'eau. Les toits sont étanges, les rues sont étanges, les trottoirs sont étanges.
00:14:25 Chaque goutte d'eau, on l'a. Il ne faut pas l'évacuer, il faut la garder sur place. Il faut repenser les places, les trottoirs, comme des nappes phréatiques artificielles au-dessus desquelles on peut mettre la terre et utiliser la végétation pour remettre l'eau dans l'air.
00:14:44 L'imperméabilisation de nos villes est très récente. Cela fait que 100 ans qu'on a commencé à mettre ces trottoirs, ces rues. Du coup, il suffit de dé-artificialiser, d'enlever cette couche de 40cm et de repenser la ville comme une zone critique de vie.
00:15:10 A Bruxelles, par exemple, on est en train de changer la politique de dire que tous les services ne sont plus sous les trottoirs mais sous les rues.
00:15:19 Donc électricité, gaz...
00:15:21 Oui, voilà. On a toujours mis sous les trottoirs parce que c'était plus facile à ouvrir que les rues. Et là, on fait l'inverse. On met tout sous les rues et les trottoirs deviennent vraiment des lieux de vie sous le trottoir mais aussi au-dessus.
00:15:33 Quand on dit lieu de vie, c'est des graviers qui peuvent garder l'eau, c'est ça ?
00:15:37 Oui, en fait, cette technique, il faut un sol qui soutient le revêtement mais qui permet les racines à pousser. On appelle ça un mélange terre-pierre ou un structural soil en anglais.
00:15:53 Ce sol permet des racines à se développer, permet de mettre un revêtement et permet aussi de créer une arbre phréatique en dessous. En fait, on copie la nature sous les trottoirs pour créer un sol vivant, pas seulement au-dessus mais aussi en dessous du revêtement.
00:16:09 Vous me disiez tout à l'heure que Haussmann fait planter 100.000 arbres à Paris.
00:16:16 Alphand.
00:16:17 Pardon, c'est à la même époque, c'est un tandem. Aujourd'hui, vous estimez qu'il faudrait refaire pareil, enfin, remplanter 100.000 de plus ?
00:16:27 On pense que la ville est figée. Ce n'est pas vrai. La ville est un laboratoire, la ville est un enchaînement de couches où nous tous nous participons.
00:16:39 Mais le patrimoine, c'est un choix des choses qu'on veut garder dans cette expérimentation. Mais il faut le voir comme une expérimentation, toujours, et il faut l'adapter aux besoins nécessaires.
00:16:49 A l'époque, c'était l'hygiène et l'embellissement. Mais Alphand, avec Haussmann, sous Napoléon III, ils ont quand même planté 100.000 arbres. Aujourd'hui, planter 100.000 arbres, ça semble impossible.
00:17:01 Ils l'ont fait à l'époque. On devrait refaire cela. On en parlait. C'est une urgence de garder les villes habitables. C'est une urgence écologique mais aussi économique.
00:17:13 En fait, on sait ce qu'il faut faire. C'est compliqué, mais ce n'est pas si compliqué après tout.
00:17:19 C'est compliqué aussi peut-être parce qu'il y a beaucoup de normes. Dans votre travail de paysagiste, notamment ici à Paris ou ailleurs, vous avez été confronté aux architectes des bâtiments de France
00:17:32 qui vous ont plus ou moins autorisé de planter des arbres pour sauvegarder des vues du bâtiment. C'est un argument esthétique.
00:17:44 Vous vous dites "très bien, évidemment, on l'a fait", mais peut-être que vous regrettez cela ou vous vous dites qu'on aurait pu faire autrement.
00:17:52 Le travail du paysagiste est toujours une transformation de l'existant dans l'idée que cet existant, ce nouveau existant, sera aussi transformé.
00:18:02 Du coup, on n'a jamais dans une image fixe. Si je plante un arbre, je sais qu'il va grandir et qu'il sera très différent dans 50 ans.
00:18:10 Je dis souvent à mes clients, le Central Park, qu'on connaît tous, d'images pour l'avoir vu. Homestead, son paysagiste, ne l'a jamais vu.
00:18:19 Du coup, quand on travaille dans une ville, on la prépare pour la prochaine génération.
00:18:24 Si aujourd'hui je ne peux pas planter un arbre à cet endroit-là, peut-être qu'un autre paysagiste en son temps le pourra.
00:18:30 Du coup, c'est aussi de ne pas bloquer des futurs développements qui, peut-être, aujourd'hui, ne sont pas faciles à faire valider.
00:18:37 Du coup, on travaille vraiment dans le temps, quand on travaille ou quand on repense la ville.
00:18:42 Vous vous dites que, et après on passe la parole, la ville, aujourd'hui, devrait être considérée comme une jungle.
00:18:49 Pas une jungle, comme une nouvelle nature.
00:18:54 Par exemple, quand on a découvert, je pense à Alexander von Humboldt, quand il a découvert, quand il a exploré des nouveaux mondes,
00:19:04 il a essayé de comprendre de quoi c'était fait et comment les éléments interagissaient entre eux.
00:19:10 Je pense que de la même façon, quand on entre dans une ville, il faut la prendre comme "as found",
00:19:15 il faut comprendre de quoi cette ville est faite et quel type de microclimate elle produit.
00:19:25 C'est vraiment une question de microclimate, parce que sous, à l'ombre d'un gratte-ciel, ce n'est pas la même chose qu'au plein milieu d'une place.
00:19:34 Et par cette compréhension microclimatique d'une ville, on sait comment on peut, en fait il faut la comparer avec un état naturel semblable,
00:19:43 utiliser la logique de la végétation pour amener cette végétation dans la ville.
00:19:47 Et de cette façon, on peut créer une végétation très hétérogène, très autre dans la ville et comprendre la ville comme une nouvelle nature.
00:19:55 Aurélie Filibetti, vous, vous avez été ministre de la culture et de la communication.
00:20:00 Le fil entre nécessité d'adaptation, création contemporaine, respect du patrimoine, c'est un fil toujours casse-gueule.
00:20:08 Bonjour à toutes et à tous. L'articulation entre nature et culture, en gros.
00:20:18 Il faut se rappeler ce que disait Lévi-Strauss, c'est qu'on est des êtres culturels par nature et naturels par culture.
00:20:23 Donc en fait, opposer nature et culture est quelque chose qui n'a pas de sens.
00:20:29 Évidemment, la ville, en tout cas les paysages, sont nos constructions, en fait, construction de notre regard.
00:20:37 Et une ville, elle n'a pas vocation à être figée.
00:20:40 Donc évidemment, on doit protéger notre patrimoine.
00:20:44 Pourquoi ? Parce que notre patrimoine, c'est notre histoire et c'est aussi l'environnement dans lequel on a grandi.
00:20:51 Donc notre environnement, il est naturel et culturel.
00:20:54 Donc il faut protéger ce patrimoine-là. Mais en même temps, évidemment, ça ne doit pas vouloir dire le figer.
00:21:00 Et donc toute la difficulté aujourd'hui, c'est de pouvoir faire évoluer la ville pour l'adapter au changement climatique
00:21:09 et pour lutter contre le changement climatique à travers la ville, mais en même temps, en respectant le patrimoine.
00:21:15 Je dois dire d'ailleurs que le patrimoine ancien, le bâtimentaire ancien, tout ce qui est historique à Paris, pose un certain nombre de contraintes.
00:21:28 Évidemment, par exemple, on sait très bien que les vieux monuments historiques, etc., sont très difficiles à chauffer et à isoler.
00:21:37 Mais en même temps, quand vous avez des murs de pierre très épais du 17e siècle, une fois que vous avez réglé la question de la toiture et des fenêtres,
00:21:45 ce qui n'est pas rien, le mur en lui-même, en pierre et son épaisseur, est aussi, au fond, un assez bon isolant et aussi une ressource précieuse,
00:21:55 au fond plus durable, d'ailleurs l'histoire l'a montré, que certains bâtiments construits il y a 20, 30 ou 40 ans, comme tu le soulignais tout à l'heure.
00:22:05 Donc, le respect et l'entretien du patrimoine, la rénovation du patrimoine, c'est aussi une manière de répondre à la question du changement climatique.
00:22:16 Ensuite, évidemment, il y a la question des arbres, de la végétalisation, parce que certains, dans une vision très conservatrice du patrimoine,
00:22:26 considèrent au fond que Paris est une ville qui est minérale et donc, planter des arbres à côté d'un monument historique,
00:22:34 quand il n'y en a pas depuis X générations, parce qu'à un moment donné, il y en a peut-être eu, on n'en sait rien,
00:22:40 mais qu'on ne peut pas planter un arbre, je ne sais pas, à côté de Notre-Dame, parce qu'il n'y en a pas eu dans les 150, 200, 300 dernières années.
00:22:48 C'est là qu'il faut montrer un peu de souplesse et montrer que ce n'est pas quelque chose d'incompatible avec la protection du patrimoine,
00:23:00 et qu'il faut avoir une vision un peu souple, notamment de cette question de covisibilité.
00:23:06 En gros, la loi de protection du patrimoine indique que lorsque vous êtes en covisibilité d'un monument historique, d'un monument classé,
00:23:14 vous avez un certain nombre de contraintes dont les architectes des bâtiments de France doivent faire respecter.
00:23:21 - Ça veut dire quoi, respecter des points de vue notamment ?
00:23:24 - En théorie, ça veut dire qu'il faut l'autorisation de l'architecte des bâtiments de France pour pouvoir faire à peu près tout ce que l'on veut faire,
00:23:36 planter un arbre, choisir la couleur d'une façade, peindre un toit en blanc,
00:23:42 vous avez besoin de l'autorisation de l'architecte des bâtiments de France.
00:23:45 Quand on voit l'étendue, la variété et la diversité du patrimoine qui est classé à Paris,
00:23:52 puisqu'on a la chance d'être dans une ville historique, on a énormément de bâtiments classés,
00:23:56 donc évidemment, beaucoup de choses sont ainsi sous le regard scrutateur des architectes des bâtiments de France.
00:24:03 Mais selon moi, c'est vraiment la question de la durabilité.
00:24:10 Qu'est-ce que c'est que de dire qu'on protège le patrimoine ?
00:24:13 C'est qu'on s'inscrit dans un temps long.
00:24:15 On est dans du développement durable quand on fait de la protection du patrimoine.
00:24:20 On est en tout cas cohérent avec les objectifs de développement durable, puisqu'on est dans le temps long.
00:24:25 Donc, évidemment, participer à la lutte contre le réchauffement climatique,
00:24:31 adapter notre environnement sans le dénaturer ou le dépatrimonialiser,
00:24:39 mais l'adapter au changement climatique, c'est aussi lui permettre de durer encore plus
00:24:45 et d'être transmis aux générations suivantes.
00:24:47 Donc, pour moi, il y a vraiment une parfaite cohérence entre la protection du patrimoine et le développement durable.
00:24:56 Par ailleurs, il y a la question esthétique dont on parlait tout à l'heure.
00:25:00 Vous avez dit le mot esthétique, mais l'esthétique, ça vient du grec, ça veut dire ressentir, sentir, ressentir.
00:25:08 Ça a donné les sensations et ça a donné évidemment le regard esthétique sur la beauté.
00:25:14 Et donc, notre regard sur la beauté n'est pas distinct des sensations qu'on peut éprouver.
00:25:21 Donc, là aussi, il y a quelque chose qui fait que, au fond, lorsque je travaille,
00:25:26 lorsque je cherche à améliorer la résilience de la ville d'aujourd'hui, 2023, face au changement climatique,
00:25:35 je donne aussi à cette ville un nouveau visage, mais qui s'inscrit en parfaite cohérence avec l'histoire de la ville de Paris.
00:25:45 Je rappelle qu'à Paris, on a un patrimoine, par exemple, un patrimoine, un monument historique extrêmement important,
00:25:53 on a un patrimoine cultuel. La ville gère plus de 90 établissements cultuels, essentiellement des églises, sept temples et deux synagogues.
00:26:03 Ces bâtiments, évidemment, c'est un enjeu très important pour la transition écologique.
00:26:13 Ce sont aussi des poches de fraîcheur, quand il fait très chaud dans les canicules, parce qu'en général, on a beaucoup de mal à les chauffer en hiver.
00:26:21 En revanche, en été, c'est assez frais et quand il y a des canicules, c'est assez frais.
00:26:25 On a essayé, on a testé, dans le dixième arrondissement, l'église Saint-Martin-des-Champs, qui est la seule église de Paris construite en pan de bois,
00:26:36 qui vient d'être rénovée, là, ça s'est achevé à la fin de l'année 2022.
00:26:40 On a rénové cette église très particulière avec du béton de chanvre, avec des matelas de jeans recyclés.
00:26:50 On arrive à faire des choses, aujourd'hui, qui permettent l'entretien, la rénovation du patrimoine, mais avec des matériaux durables.
00:26:58 Pour les métiers du patrimoine et les métiers de la rénovation du patrimoine, la transition écologique offre aussi de nouveaux horizons.
00:27:08 Vous l'avez un petit peu cité, mais il y a aussi la question de la culture.
00:27:13 La culture, évidemment, ce n'est pas seulement le patrimoine, c'est aussi la création.
00:27:16 Là, on a beaucoup de réflexions en cours sur la manière de rendre, là encore, plus économes écologiquement nos créations.
00:27:29 Par exemple, ça veut dire faire des productions, dans le domaine du spectacle vivant, qui vont plus tourner.
00:27:36 On va être moins dans la production permanente de nouveaux spectacles, avec 10, 15 représentations, souvent, en moyenne.
00:27:45 C'est quand même ça, le nombre de représentations, donc c'est très très faible.
00:27:49 On va essayer de les faire durer un petit peu plus longtemps.
00:27:51 Ça veut dire aussi, finalement, de toucher de nouveaux publics pour être moins dans une frénésie un peu productiviste de nouveautés, toujours de nouveautés.
00:28:05 Autre exemple, sur la nuit blanche. La nuit blanche, sa particularité, c'était de ne durer qu'une nuit.
00:28:11 Donc, c'était des œuvres qui étaient créées, installées pour un aspect tout à fait exceptionnel, une nuit, puis ensuite, elles disparaissaient.
00:28:20 Et là, on s'interroge, pour l'année prochaine, à la manière dont on peut changer un peu le concept de la nuit blanche,
00:28:27 pour que les œuvres qui seront produites pour cette nuit blanche ne soient plus vouées à disparaître,
00:28:33 mais qu'au contraire, elles puissent circuler, aller ailleurs, peut-être être installées de manière plus durable.
00:28:40 Ce qui semble un peu contradictoire avec l'aspect exceptionnel et événementiel de la nuit blanche, mais qui répond aux nouveaux enjeux de la transition écologique.
00:28:50 François de Mazière, est-ce que, selon vous, ces contraintes et ces évolutions créent une dégradation du paysage, ou sont au contraire une opportunité de création nouvelle ou de préservation ?
00:29:05 D'abord, moi, je crois, si vous voulez, qu'il y a une évolution qui est extrêmement rapide.
00:29:10 Vous l'avez rappelé, moi, je suis maire depuis 15 ans, et j'ai présidé avant la cité d'architecture et patrimoine.
00:29:17 Il y a 15 ans, quand je présidais la cité d'architecture et patrimoine, il y avait une sorte d'opposition, si vous voulez, entre la logique de l'architecte, c'était la logique du geste,
00:29:26 et puis la logique presque du paysagiste, qui était plus en transition, on le saurait connu à l'époque, avec Masmet.
00:29:32 Ce que je vois aujourd'hui, c'est qu'il y a une sorte d'unanimité qui est en train de naître sur la nécessité d'aller vite sur la transition écologique.
00:29:40 Je parlerai tout à l'heure de la question de l'articulation avec le patrimoine.
00:29:44 C'est un élément qui est très important à avoir déjà en tête, c'est que tout le monde en est convaincu, ce qui n'était pas tout à fait le cas il y a encore quelques années.
00:29:53 À partir de ce moment, on se rend compte que la ville ancienne n'est pas nécessairement une ville qui est anti-transition écologique, bien au contraire.
00:30:02 Aurélie vient de le rappeler, on l'a vécu ces dernières canicules, les bâtiments du 18e, 19e, avec des murs très épais,
00:30:12 au fond, ils sont extrêmement bien adaptés au moment des canicules.
00:30:17 Et surtout, ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu'on a vraiment changé le paradigme avec le changement de législation.
00:30:23 Aujourd'hui, on est passé, vous le savez tous, à la RE 2020.
00:30:28 La RE 2020, c'est donc la réglementation qui ne porte pas uniquement sur le problème de la consommation d'énergie du bâtiment,
00:30:38 mais qui voit la création de gaz à effet de serre sur la durée de vie d'un bâtiment.
00:30:44 Donc aujourd'hui, quand vous voyez un bâtiment neuf, quand il y a un permis de construire déposé,
00:30:49 ce n'est plus du tout de la même façon envisagé les choses.
00:30:52 Parce qu'il faut avoir en tête que la création de gaz à effet de serre sur la durée de vie moyenne d'un bâtiment qui est de 50 ans,
00:31:01 c'est ce que la loi a pris comme référence,
00:31:04 et bien la création de gaz à effet de serre se fait au moment de la construction.
00:31:08 Entre 60 et 90% des gaz à effet de serre sont faits au moment de la construction.
00:31:13 Et donc c'est en train de changer totalement la vision de la ville que l'on a,
00:31:17 parce qu'on s'aperçoit qu'il faut éviter souvent de détruire.
00:31:20 Ce que détruire, c'est au fond ne pas utiliser l'ancien,
00:31:25 et qu'il vaut mieux au contraire essayer de réutiliser l'ancien.
00:31:28 Moi j'ai été très frappé d'une chose.
00:31:31 Je travaille souvent avec la présidente de l'Ordre des architectes nationales, Christine Lecomte.
00:31:36 Elle vient de faire un livre qui s'appelle "Réparer la ville".
00:31:40 Parce que là aussi on se rend compte qu'il faut commencer par repenser l'existant.
00:31:45 Il ne faut pas vouloir tout abattre, il ne faut pas opposer le patrimoine à la modernité.
00:31:51 C'est complètement ridicule parce qu'au fond, cette révolution écologique est en train de redonner un intérêt pour le patrimoine.
00:31:58 Et ça rapproche la question esthétique que Aurélie tu as évoquée.
00:32:02 Je crois qu'effectivement aussi l'esthétique c'est essentiel, ça fait partie de nos vies.
00:32:07 Moi j'ai la chance d'être maire d'une ville qui est belle.
00:32:10 Je peux vous dire que depuis 15 ans, ma préoccupation c'est de rester dans cette tradition de la beauté.
00:32:15 Et pour moi, c'est tout aussi important de planter des arbres, d'en planter encore beaucoup, que de respecter le passé.
00:32:23 C'est vrai qu'on vous dit "on va peindre les toits en zinc, en blanc".
00:32:26 Là je me dis "ouf, non".
00:32:28 Et je ne suis pas dans la logique d'opposer l'architecte du bâtiment de France.
00:32:32 Les architectes du bâtiment de France font un métier de chien extrêmement difficile.
00:32:37 Heureusement qu'ils sont là, parce qu'autrement vous n'auriez pas la beauté aujourd'hui, ni de Paris, ni de Versailles.
00:32:43 Ils sont tout de même protecteurs.
00:32:45 Par contre, il faut qu'on arrive à travailler ensemble.
00:32:48 Et eux sont un petit peu bloqués parce qu'ils sont très peu nombreux.
00:32:52 Et qu'au fond, c'est ce que tu disais, chaque cas est différent.
00:32:56 Chaque bâtiment doit être réfléchi différemment.
00:32:59 Chaque ville doit être réfléchie différemment de l'autre.
00:33:02 Et à chaque fois, il faut s'adapter en fonction de cette transition écologique qui est un impératif.
00:33:07 Et les pauvres sont débordés.
00:33:09 En se faisant, de temps en temps, ils agissent un peu par occasions.
00:33:13 Ils disent "ça on ne peut pas, on ne peut pas mettre de panneaux photovoltaïques nulle part".
00:33:17 Alors qu'on sait très bien qu'il y a des façades, on ne va pas les mettre,
00:33:21 parce que sinon, il y a un petit panneau photovoltaïque au milieu, ça va faire moche.
00:33:25 Mais si vous le mettez du coin de la rue où on ne le voit pas, ça marchera.
00:33:29 Il y a donc tout cet affinement qu'il faut faire.
00:33:32 Et c'est dans un dialogue qu'il faut faire.
00:33:34 Ce que tu rappelais d'ailleurs, nécessité dialogue. Pas deux cases.
00:33:38 Par contre, un objectif commun.
00:33:40 J'entends la déclaration d'intention.
00:33:44 Il faut qu'on travaille tous ensemble.
00:33:46 Mais à un moment, concrètement, si on veut planter des arbres, on les plante où ?
00:33:50 Si je reste sur l'exemple de Notre-Dame, par exemple, 130 arbres c'est bien, c'est beaucoup.
00:33:55 Pourquoi pas 500 ?
00:33:57 Pourquoi garder un parvis et pas laisser...
00:33:59 Je vous taquine un peu, mais...
00:34:01 Concrètement, je vais vous dire.
00:34:03 Je connais ma ville, je sais ce qu'on fait depuis maintenant 15 ans.
00:34:06 Peut-être si vous voulez, on a la chance.
00:34:08 C'est une ville qui a été pensée historiquement avec des grandes allées.
00:34:12 Et je dirais que nous, l'histoire de l'imperméabilisation des sols, elle est fondamentale.
00:34:16 Vous regarderez, si vous allez vers ça, vous verrez.
00:34:19 Nos allées, on les a désimperméabilisées.
00:34:21 Et ce qu'on a fait, c'est exactement ce qu'on évoquait tout à l'heure,
00:34:24 c'est qu'on crée des poches d'eau.
00:34:26 C'est-à-dire que partout, on essaie de créer des poches d'eau
00:34:29 et qu'on va pomper l'eau.
00:34:31 Quand on va arroser, il faut bien arroser de temps en temps,
00:34:33 on va pomper l'eau.
00:34:35 Nos camions vont pomper l'eau dans nos poches d'eau.
00:34:37 Et c'est toutes ces réflexions, ces petites choses stimulées
00:34:40 qui nous permettent de faire une transformation.
00:34:42 Aujourd'hui, vous voyez, on a une rue centrale,
00:34:45 parce que l'historique de notre ville, c'est la Sepp Asdor,
00:34:48 c'est-à-dire ces trois avenues magnifiques,
00:34:50 qui pour le coup ont des armes extraordinaires,
00:34:52 qui sont, au moment des canicules, un endroit,
00:34:55 c'est de gigantesques parasols.
00:34:57 Donc on a hérité de ça.
00:34:59 Et en même temps, nous avons des rues qui n'ont pas ça.
00:35:02 Et dans ces rues, qu'est-ce qu'on fait ?
00:35:04 On est en train de désimpermiser, ça coûte assez cher,
00:35:07 il faut le reconnaître,
00:35:09 et on est en train de planter des armes.
00:35:11 Donc vous voyez, à chaque fois, à chaque lieu,
00:35:14 il y a des réponses différentes.
00:35:16 - Vous vouliez réagir, Alexandre ?
00:35:19 - Je rejoins tout à fait sur le rôle qui me semble impossible
00:35:24 à tenir des architectes des bâtiments de France.
00:35:27 Moi, j'adorerais que ce soit non pas les ABF,
00:35:32 mais les ABBF, les architectes des bâtiments
00:35:34 bioclimatiques de France, parce qu'en fait,
00:35:36 on les met dans une posture d'opposition
00:35:39 par rapport au dialogue qu'on a.
00:35:41 Mais je ne voudrais pas non plus qu'on fasse l'erreur
00:35:44 de parler uniquement de la transition au sens,
00:35:48 de la réduction des émissions de gaz à effet de serre,
00:35:50 comme si on était encore dans les années 70 ou 2000,
00:35:53 parce que là, non seulement on doit gérer ça,
00:35:55 mais on doit aussi gérer le climat qui change.
00:35:58 Or, tous nos systèmes techniques, tous nos bâtiments,
00:36:00 toute notre vie est réglée sur un certain climat,
00:36:03 et c'est ça qui est en train de changer.
00:36:05 Ça change monumentalement la donne.
00:36:08 Et d'ailleurs, la RE-2020,
00:36:12 la réglementation que vous citez,
00:36:14 c'est effectivement un pas qui est bien,
00:36:16 parce qu'on passe de "je pense à l'énergie"
00:36:18 à "je pense à l'énergie plus le carbone".
00:36:21 Par contre, elle nous fait rénover les bâtiments
00:36:23 pour un climat qui n'existe déjà plus.
00:36:26 Et ça, c'est documenté, et c'est extrêmement dangereux,
00:36:29 parce qu'en fait, on est en train de rénover,
00:36:31 non seulement on ne rénove pas comme il faudrait
00:36:33 en termes de volume, mais en plus,
00:36:36 on a une stratégie qui est plutôt celle du thermos
00:36:38 ou du chalet de montagne, où on va essayer
00:36:40 de conserver l'énergie à l'intérieur.
00:36:42 On met une petite source d'énergie,
00:36:44 et puis on veut qu'elle reste.
00:36:46 C'est une stratégie de conservation,
00:36:48 alors que si on a de plus en plus de canicules à gérer,
00:36:50 il faut qu'au contraire, on ait une stratégie de dissipation.
00:36:52 Donc c'est les murs en pierre.
00:36:54 C'est comme les maisons dans le sud.
00:36:56 On les ferme la journée, quand il y a du soleil,
00:36:59 et puis la nuit, il faut aérer au maximum.
00:37:03 Donc ce n'est pas exactement le même design
00:37:05 qu'un chalet.
00:37:07 Pour revenir sur les toits,
00:37:09 moi j'entends bien le côté...
00:37:14 et d'ailleurs, dans la mission, on a auditionné
00:37:16 un architecte des bâtiments de France,
00:37:19 et il parlait des toits parisiens comme d'un paysage.
00:37:21 Je trouve ça génial comme expression.
00:37:23 Moi, c'est les aristochats,
00:37:26 quand vous voulez parler de Paris,
00:37:28 vous montrez la tour Eiffel et les toits parisiens.
00:37:30 Sauf que, moi j'ai aussi une habitante
00:37:33 du 13e arrondissement, qui a plus de 70 ans,
00:37:35 qui a fait l'effort de traverser
00:37:37 tout l'arrondissement pour venir à une concertation
00:37:39 pendant la révision du plan climat,
00:37:42 pour venir parler des canicules.
00:37:45 Et elle me dit, "Mais moi, je m'en fiche
00:37:48 de l'esthétique des toits, je les vois jamais.
00:37:51 Par contre, j'en souffre. J'en souffre."
00:37:54 Et peut-être que, implicitement,
00:37:56 elle sait que vous avez 4 fois plus de chances
00:37:58 de mourir pendant une canicule
00:38:00 si vous habitez sous les toits.
00:38:03 Donc, on a un problème. Je veux bien qu'on ait
00:38:05 une discussion sur l'esthétique,
00:38:07 et moi, je suis partisan des ABF
00:38:09 comme tenant d'une cohérence esthétique
00:38:12 et d'une tradition, mais vraiment,
00:38:14 je vois pas comment on peut nous adapter
00:38:16 au changement climatique
00:38:18 sans venir modifier cette esthétique.
00:38:20 Alors, je parlais des toits blancs,
00:38:22 c'est un exemple, et je suis pas...
00:38:24 J'ai même pas atterri sur une position
00:38:26 tellement le problème me semble compliqué.
00:38:28 Mais est-ce qu'on vient mettre
00:38:30 un toit par-dessus le toit,
00:38:32 ça s'appelle un surtoit, et dans les dom-toms,
00:38:34 c'est une technique qui est déjà utilisée,
00:38:36 ça permet d'avoir une lame d'air en dessous
00:38:38 qui vient venir rafraîchir le toit la nuit,
00:38:41 est-ce qu'on change de matériau,
00:38:43 est-ce qu'on le peint en blanc ?
00:38:45 L'isolation par l'intérieur,
00:38:47 ça résout pas tout le problème,
00:38:49 parce que c'est une stratégie de conservation
00:38:51 et pas une stratégie de dissipation,
00:38:53 ou sinon, l'autre choix,
00:38:55 c'est qu'en fait, on va juste y mettre des pauvres,
00:38:57 ou on va qualifier ça d'insalubre,
00:39:00 et on pourra ne plus y habiter.
00:39:02 Or, les derniers étages,
00:39:04 c'est quelque chose comme...
00:39:06 ça c'est juste un calcul de ma part,
00:39:08 il faudrait le vérifier, mais c'est quelque chose
00:39:10 comme entre 5 et 10% de la surface habitable à Paris,
00:39:13 donc c'est pas rien comme décision.
00:39:15 Parce que ce qui se cache derrière tout ça,
00:39:17 c'est quand même que tout le monde veut s'adapter,
00:39:19 je suis d'accord, il y a un consensus là-dessus,
00:39:21 et comme on est déjà en train d'en pâtir,
00:39:23 les choses vont aller très vite.
00:39:25 Par contre, là où il faut qu'on discute,
00:39:27 on a une vraie discussion,
00:39:29 c'est qui va s'adapter,
00:39:31 et qu'est-ce qu'on va adapter.
00:39:33 Parce que si on doit faire face à la rareté
00:39:35 et au chaos climatique,
00:39:37 les deux ensemble, ça veut dire qu'on va devoir
00:39:39 faire des choix monumentaux,
00:39:41 de qu'est-ce qu'on veut protéger,
00:39:43 et à quoi on renonce.
00:39:45 Et ce que j'espère, c'est que Paris ou Versailles,
00:39:47 ça restera des villes avec une cohérence esthétique,
00:39:49 et pas forcément faire pousser
00:39:51 des vignes vierges
00:39:53 ou d'autres plantes sur des façades,
00:39:55 même haussmanniennes, moi je trouve ça très beau,
00:39:57 je ne sais pas si c'est le cas de la population,
00:39:59 mais je trouve que c'est ce genre de discussion
00:40:01 qu'on devrait avoir très précisément,
00:40:03 sinon malheureusement on reste sur des principes,
00:40:05 et oui, moi aussi j'ai envie qu'on conserve
00:40:07 le patrimoine et l'esthétique,
00:40:09 et en même temps on a tous envie de s'adapter,
00:40:11 mais très concrètement, voilà.
00:40:13 Et je ne sais pas où est-ce qu'on peut avoir cette discussion,
00:40:15 parce que je n'arrive pas à la voir,
00:40:17 vous êtes ancienne ministre de la Culture,
00:40:19 et moi ça m'intéresse vraiment de savoir comment,
00:40:21 où avoir cette discussion-là,
00:40:23 pour pas que ce soit juste 10 personnes à Paris,
00:40:25 ou telle commission
00:40:27 qui ait ce pouvoir-là.
00:40:29 Donc voilà.
00:40:31 Aurélie.
00:40:33 Non mais c'est un sujet,
00:40:35 d'abord c'est un sujet législatif,
00:40:37 parce qu'il faut modifier la loi
00:40:39 sur le patrimoine,
00:40:41 pour, à mon avis,
00:40:43 nous on avait,
00:40:45 à l'époque où j'étais au gouvernement,
00:40:47 on avait modifié la loi,
00:40:49 justement, c'était 500 mètres,
00:40:51 protection des monuments historiques,
00:40:53 et on a transformé ça pour que ce soit co-visibilité,
00:40:55 ce qui permettait déjà un peu plus de souplesse.
00:40:57 Mais en revanche,
00:40:59 il faudrait que désormais,
00:41:01 dans la loi, il soit inscrit,
00:41:03 qu'effectivement il doit y avoir aussi
00:41:05 la prise en compte de l'objectif
00:41:07 de lutter contre le changement climatique.
00:41:09 Et ça, je pense que
00:41:11 il y a plusieurs critères
00:41:13 qui peuvent permettre
00:41:15 de concilier
00:41:17 la lutte contre le changement climatique
00:41:19 et le patrimoine.
00:41:21 C'est par exemple, en ce qui concerne la végétalisation,
00:41:23 le végétal,
00:41:25 c'est quelque chose qui est
00:41:27 réversible en quelque sorte.
00:41:29 C'est un peu le même type de critère que
00:41:31 quand on dit, si on enfouit des déchets
00:41:33 radioactifs, est-ce que c'est réversible
00:41:35 ou pas, etc.
00:41:37 Si on végétalise un mur,
00:41:39 si on plante un arbre, etc.
00:41:41 On pourra toujours couper l'arbre.
00:41:43 Oui, et puis, il faut voir
00:41:45 si les racines, ou si
00:41:47 c'est sur un mur, ça porte pas,
00:41:49 ça va abîmer.
00:41:51 Mais enfin, mis à part l'enceinte de
00:41:53 philopoguste, qui effectivement
00:41:55 peut être abîmée par les racines
00:41:57 des arbres si on plante des arbres juste autour.
00:41:59 Enfin, c'est un bâtiment
00:42:01 d'habitation haussmanien typique.
00:42:03 Si vous mettez une
00:42:05 vigne,
00:42:07 je pense qu'on peut trouver
00:42:09 des végétaux qui n'abîment pas
00:42:11 la surface et qui permettent
00:42:13 de rafraîchir. En ce qui concerne
00:42:15 les toitures, alors, effectivement,
00:42:17 là, pour le coup,
00:42:19 c'est à l'appréciation des
00:42:21 ABF, on a
00:42:23 fait des toitures en zinc pour des questions
00:42:25 de nécessité, historiquement, à Paris.
00:42:27 C'était pas pour d'autres raisons. C'était
00:42:29 pour des raisons de disponibilité des matériaux,
00:42:31 d'économie, et donc
00:42:33 c'était une raison efficacité,
00:42:35 disponibilité des matériaux.
00:42:37 Bon, il n'y avait pas une vision esthétique
00:42:39 là derrière. Et je pense que
00:42:41 pour le coup, sur la question des
00:42:43 toitures, il y a pas une...
00:42:45 enfin, il devrait y avoir,
00:42:47 effectivement, une priorité donnée à
00:42:49 l'isolation de ces toitures, parce qu'on sait
00:42:51 que dans les bâtiments les plus anciens,
00:42:53 c'est vraiment par là
00:42:55 qu'effectivement se font les échanges
00:42:57 thermiques et,
00:42:59 malheureusement, effectivement, que ce soit le chaud
00:43:01 ou le froid, c'est par là que ça passe. Donc, effectivement,
00:43:03 il faudrait une adaptation,
00:43:05 enfin, une modification
00:43:07 législative qui permette
00:43:09 de dire que la lutte contre
00:43:11 le changement climatique et l'isolation
00:43:13 et en particulier pour les toitures,
00:43:15 eh bien, doit permettre
00:43:17 évidemment, on va peut-être pas faire
00:43:19 les toits en rouge ou en verre fluo
00:43:21 ou voilà, mais enfin, en tout cas, avec
00:43:23 des matériaux, avec des isolants,
00:43:25 avec du champ, avec tout ce qu'on peut mettre aujourd'hui,
00:43:27 des couches d'air, etc.
00:43:29 Il faut bien voir que
00:43:31 si vous regardez les quais de Seine aujourd'hui,
00:43:33 vous allez voir
00:43:35 qu'il y a à peu près une ligne
00:43:37 de hauteur
00:43:39 des immeubles parisiens
00:43:41 le long des quais de Seine.
00:43:43 Ça, c'est considéré comme un objectif esthétique
00:43:45 à préserver. Or,
00:43:47 si vous regardez bien,
00:43:49 vous verrez que de plus en plus souvent, il y a des gens
00:43:51 qui ont obtenu le droit de
00:43:53 rehausser leur dernier étage,
00:43:55 de se construire des belles verrières, pas du tout
00:43:57 écologiquement soutenables,
00:43:59 etc. Ils ont eu le droit de faire ça.
00:44:01 Ils le font,
00:44:03 ils ont eu l'autorisation de le faire.
00:44:05 Donc, il y a des gens qui font ça pour des raisons
00:44:07 d'amélioration
00:44:09 de leur habitat. Il n'y a aucune raison
00:44:11 qu'on ne puisse pas demander qu'on change
00:44:13 les toitures avec
00:44:15 certaines préconisations esthétiques
00:44:17 qui pourront être définies collectivement.
00:44:19 Et là, moi, je pense que
00:44:21 effectivement, il y a aussi une réflexion de
00:44:23 démocratie citoyenne
00:44:25 participative à avoir là-dessus
00:44:27 pour savoir comment,
00:44:29 quel type d'esthétique on veut avoir.
00:44:31 Mais il n'y a aucune raison que
00:44:33 on bloque sur cette question des toitures
00:44:35 et de l'esthétique des toitures.
00:44:37 François,
00:44:39 vous vouliez réagir et après Basse.
00:44:41 Oui, alors c'est
00:44:43 un sujet extrêmement important.
00:44:45 Moi, il se trouve que j'étais commissaire général
00:44:47 d'une biennale qui s'appelle
00:44:49 "Architecture et paysage" parce que je voulais justement
00:44:51 qu'on traite les deux sujets en même temps,
00:44:53 ça me paraît essentiel. Mais
00:44:55 en praticien d'une ville, ce que je
00:44:57 remarque, c'est qu'il y a des priorités
00:44:59 à dégager. Et au fond,
00:45:01 ce qui m'inquiète plus, c'est de voir
00:45:03 des bâtiments contemporains que l'on construit
00:45:05 qui ne respectent pas du tout ça.
00:45:07 Et ça, j'en vois des tonnes.
00:45:09 Excusez-moi, mais ça m'inquiète beaucoup plus.
00:45:11 Parce que, malgré tout,
00:45:13 Paris, c'est une histoire patrimoniale
00:45:15 exceptionnelle,
00:45:17 mondialement connue.
00:45:19 Est-ce qu'il faut commencer par le centre
00:45:21 historique ? Moi, dans ma ville, c'est pareil.
00:45:23 J'ai un secteur sauvegardé,
00:45:25 il est très protégé.
00:45:27 On le fait progressivement muter.
00:45:29 Mais par contre, je sais
00:45:31 que tous les bâtiments, parce que ça nous
00:45:33 intéresse beaucoup, contemporains qu'on construit,
00:45:35 là, on les construit très différemment.
00:45:37 C'est normal.
00:45:39 C'est normal, mais c'est pas fait partout.
00:45:41 Il faut regarder ce qui se passe autour de vous.
00:45:43 Donc,
00:45:45 la ville, elle se pense aussi dans le temps.
00:45:47 Le gros problème que l'on a
00:45:49 souvent, c'est qu'on a des urgences
00:45:51 comme ça, et que l'urgence,
00:45:53 il faut la traiter avec l'intelligence du temps.
00:45:55 Et une ville,
00:45:57 elle a des quartiers différents. On a fait une
00:45:59 énorme rénovation d'un très grand quartier
00:46:01 social. On a
00:46:03 transformé absolument tout ce quartier
00:46:05 social par une isolation par l'extérieur.
00:46:07 Ça a été même une occasion
00:46:09 d'amélioration
00:46:11 esthétique très importante. Ce quartier
00:46:13 s'appelle Jussieu à Versailles.
00:46:15 Et ce quartier même, si vous voulez, il en a trouvé
00:46:17 une fierté parce qu'en plus, on a
00:46:19 fait sur des très grands pignons,
00:46:21 des fraises qu'on a fait venir des artistes
00:46:23 un peu du monde entier.
00:46:25 On a fait
00:46:27 des choses et on a fait une isolation
00:46:29 par l'extérieur. Quelque part,
00:46:31 c'était urgent
00:46:33 et compte tenu en plus la crise
00:46:35 de l'énergie, on est drôlement content
00:46:37 de l'avoir fait. Dans les
00:46:39 quartiers historiques, on progresse
00:46:41 mais je veux le faire
00:46:43 en accord avec
00:46:45 une certaine histoire. Parce que
00:46:47 je pense qu'on est détenteur d'un passé
00:46:49 et qu'il faut faire attention tout de même
00:46:51 à ce que l'on fait.
00:46:53 Mais dans ces quartiers
00:46:55 historiques, vous êtes d'accord ?
00:46:57 On est d'accord, je pense là-dessus.
00:46:59 Dans ces quartiers historiques,
00:47:01 c'est vrai qu'on plante énormément d'armes.
00:47:03 Parce que là, on sait,
00:47:05 on parlait tout à l'heure de la pensée d'Haussmann.
00:47:07 Il y a une exposition qui a été
00:47:09 remarquable, qui a été à l'Arsenal.
00:47:11 Le travail d'Haussmann
00:47:13 et effectivement d'Alphand.
00:47:15 Et d'Alphand.
00:47:17 Qui a été le successeur d'Haussmann en réalité.
00:47:19 Parce que Alphand était le pays
00:47:21 où il a été aussi. Je crois que c'était
00:47:23 un ingénieur aussi à un expo.
00:47:25 Mais il était celui qui s'est
00:47:27 occupé des jardins dans le temps où
00:47:29 Haussmann vivait. Et à la mort d'Haussmann,
00:47:31 il a continué.
00:47:33 Et en fait, il a presque autant fait
00:47:35 pour Paris qu'Haussmann lui-même.
00:47:37 Et bien, c'est clair qu'il y avait
00:47:39 une pensée qui était extrêmement intéressante
00:47:41 avec notamment une série de
00:47:43 prototypes successifs des jardins.
00:47:45 Vous savez, le très grand parc,
00:47:47 puis le parc moyen,
00:47:49 puis le petit square proche.
00:47:51 Rien que ça, c'était une pensée
00:47:53 extrêmement subtile. Qu'on a
00:47:55 complètement abandonné.
00:47:57 Et moi, je sais que dans la réflexion qu'on fait aujourd'hui
00:47:59 dans ma ville depuis 15 ans,
00:48:01 on se dit, il faut aussi penser à ça.
00:48:03 On a un immense parc, le château d'Ersay,
00:48:05 mais on va faire des squares.
00:48:07 Et on a rouvert
00:48:09 beaucoup de passages urbains.
00:48:11 Parce qu'on a clivé les quartiers.
00:48:13 Et je sais, dans mon premier mandat,
00:48:15 on a ouvert 8 passages urbains
00:48:17 totalement végétalisés.
00:48:19 Pour retrouver ces couloirs
00:48:21 de biodiversité, etc.
00:48:23 Donc il y a des tas de choses que l'on peut faire.
00:48:25 Et c'est pour ça que je ne mets pas les toits de Paris
00:48:27 en blanc en premier. Par contre,
00:48:29 je mets leur isolation...
00:48:31 Je mets leur isolation...
00:48:33 - Non mais ce que disait Alexandre, c'est que si on n'agit pas maintenant,
00:48:35 les gens, les gens,
00:48:37 les citoyens se saisiront eux-mêmes
00:48:39 pour trouver des solutions,
00:48:41 pour trouver des solutions,
00:48:43 pour trouver des solutions.
00:48:45 - Alors, pour finir là-dessus,
00:48:47 je pense que le rôle, justement, des élus que nous sommes,
00:48:49 c'est qu'il y ait une cohérence.
00:48:51 Qu'on soit très proactif,
00:48:53 mais qu'on donne tout de même
00:48:55 une cohérence, parce qu'une ville,
00:48:57 elle est belle s'il y a tout de même cohérence.
00:48:59 Qui se fait dans le dialogue,
00:49:01 qui se fait dans l'écoute, etc.
00:49:03 Mais si on n'est pas là pour ça,
00:49:05 c'est tout de même la chance d'avoir un PELU.
00:49:07 - Basse.
00:49:09 - En fait,
00:49:11 j'aimerais bien rappeler un constat scientifique
00:49:13 par rapport
00:49:15 au changement climatique, c'est
00:49:17 chaque feuille compte. Chaque feuille,
00:49:19 c'est du gaz carbonique
00:49:21 transformé en matière organique.
00:49:23 Chaque feuille, par la photosynthèse,
00:49:25 produit un évapotranspiration,
00:49:27 ce qui veut dire
00:49:29 qu'il réduit
00:49:31 la température ambiante.
00:49:33 Chaque feuille compte.
00:49:35 Chaque feuille
00:49:37 réduit la cause
00:49:39 du changement climatique
00:49:41 et
00:49:43 lutte contre ses effets.
00:49:45 Et de ce constat,
00:49:47 il faut repenser les villes
00:49:49 comme des lieux d'une nouvelle nature.
00:49:51 En fait, il faut lire
00:49:53 les artifices,
00:49:55 tout ce qu'on a construit,
00:49:57 comme une contrainte naturelle.
00:49:59 Un métro, c'est rien d'autre
00:50:01 qu'un rocher linéaire
00:50:03 où l'arbre n'arrive pas à s'enraciner.
00:50:05 Le toit devient
00:50:07 le reservoir d'eau
00:50:09 comme un lac
00:50:11 en montagne.
00:50:13 Il faut lire la ville,
00:50:15 toutes les constructions consécutives
00:50:17 qu'on a créées,
00:50:19 comme cette nouvelle nature
00:50:21 qui permet de planter
00:50:23 des plantes.
00:50:25 Et du coup, il faut se nourrir
00:50:27 de cet opportunisme
00:50:29 des plantes.
00:50:31 Une plante veut vivre.
00:50:33 Une plante a une force vitale
00:50:35 dont on commence
00:50:37 vraiment à connaître aujourd'hui.
00:50:39 Stéphane Amancourt, Emmanuel Ecoche,
00:50:41 ces dernières dix ans, Susan Simard,
00:50:43 il y a eu une sorte de
00:50:45 science autour
00:50:47 de la façon que les arbres communiquent,
00:50:49 de la façon qui créent des communautés
00:50:51 par les racines
00:50:53 et les mycorhizes.
00:50:55 Et ça va nous permettre
00:50:57 d'imaginer une nouvelle nature
00:50:59 appropriée dans nos villes.
00:51:01 Ce qui m'intéresse beaucoup là-dedans,
00:51:03 c'est qu'on a eu l'époque de l'hygiène,
00:51:05 on a eu l'époque de l'embellissement,
00:51:07 là on est dans l'époque de rendre les villes
00:51:09 résilientes. Ça va produire un autre
00:51:11 esthétisme qui va
00:51:13 être beaucoup plus
00:51:15 proche de ce que la nature
00:51:17 aurait fait. Et du coup,
00:51:19 au lieu de réparer ce qu'il y avait,
00:51:21 je pense qu'il faut
00:51:23 essayer d'aller plus vite dans le futur
00:51:25 en imaginant ce que la nature aurait fait
00:51:27 et d'accélérer ce processus naturel.
00:51:29 Mais plus qu'adapter, il faut l'accélérer.
00:51:31 On a le temps pour 2-3 questions.
00:51:33 Oui.
00:51:35 L'espace des voitures.
00:51:51 50% de l'espace des voitures.
00:51:53 Basse, vous voulez répondre à ça ?
00:51:55 C'est une question historique aussi.
00:51:57 On s'est toujours posé la question
00:51:59 de quelle était la place des piétons, des carrosses,
00:52:01 cette place des voitures,
00:52:03 selon vous ?
00:52:05 Absolument. Depuis
00:52:07 200 ans,
00:52:09 l'espace entre les deux façades,
00:52:11 c'est le même. Au début pour les carrosses,
00:52:13 ensuite pour les voitures. Aujourd'hui,
00:52:15 le vélo et le bus sont arrivés
00:52:17 ou les couloirs, depuis
00:52:19 10-15 ans. Du coup, il faut
00:52:21 radicalement repenser cet espace
00:52:23 libre
00:52:25 et à quel moyen
00:52:27 de transport on donne quoi ?
00:52:29 Évidemment, dans une ville,
00:52:31 d'utiliser l'espace libre pour
00:52:33 stocker des boîtes métalliques
00:52:35 qui ne bougent pas et qui ne permettent pas
00:52:37 de planter un arbre, ce n'est
00:52:39 plus raisonnable. Le parking des voitures.
00:52:41 Oui.
00:52:43 François, vous voulez réagir à ça ?
00:52:45 La place de la voiture à Versailles.
00:52:47 Je suis tout à fait d'accord avec ça.
00:52:49 Moi, j'ai suggéré
00:52:51 au château d'Versailles.
00:52:53 Vous savez, il y a une grande place devant.
00:52:55 Avant, on bénéficiait des recettes
00:52:57 d'aller à la ville de Versailles.
00:52:59 C'était un peu les recettes du parking.
00:53:01 Mais maintenant, ce n'est plus le cas.
00:53:03 Alors, j'ai dit, pourquoi
00:53:05 on ne végétalise pas en partie ?
00:53:07 Parce que c'est énorme.
00:53:09 C'est vrai. On dit,
00:53:11 Aurélie l'a évoqué, là, parfois,
00:53:13 je trouve qu'on est un peu doctrinaire.
00:53:15 Je suis allé chercher des gravures
00:53:17 du 18e,
00:53:19 et on s'aperçoit qu'en réalité, cette place,
00:53:21 elle est quasiment verte
00:53:23 sur toutes les gravures.
00:53:25 Parce qu'en fait, c'était de la terre.
00:53:27 C'est typique, ça.
00:53:29 Et le jour où on pourra, effectivement,
00:53:31 à la place des voitures,
00:53:33 faire la vision de ce château,
00:53:35 un peu comme on a sur
00:53:37 l'espace des Invalides,
00:53:39 je trouve ça formidable.
00:53:41 Je pense qu'effectivement, il faut que peu à peu,
00:53:43 on revoie la place de la voiture.
00:53:45 Ça, c'est très clair.
00:53:47 Et ce sera le meilleur moyen de réintroduire
00:53:49 la nature. Et un tout petit point, je voulais
00:53:51 compléter par rapport à l'évolution
00:53:53 que tu évoquais.
00:53:55 J'étais aussi très frappé, justement,
00:53:57 dans cette dernière biennale. Vous avez tout un
00:53:59 courant d'architectes extrêmement intéressant.
00:54:01 Et je suis d'accord sur l'idée qu'on est
00:54:03 en train d'inventer une nouvelle esthétique.
00:54:05 Et ça, c'est très intéressant.
00:54:07 Mais cette esthétique, je la vois surtout
00:54:09 dans ce que l'on est en train de faire
00:54:11 au 21e siècle.
00:54:13 Je ne voudrais pas qu'on condamne trop le passé,
00:54:15 vous avez compris. Mais je pense...
00:54:17 - À part le 20e siècle.
00:54:19 - On invente une esthétique. Vous voyez, par exemple,
00:54:21 le cabinet Chartier d'Alix,
00:54:23 pendant cette biennale, on a fait,
00:54:25 face au château de Versailles, sur l'Avenue de Paris,
00:54:27 c'était un geste assez fort.
00:54:29 Je leur ai demandé de faire un pavillon.
00:54:31 Et ce pavillon, il était
00:54:33 avec des pierres de récupération de chantier
00:54:35 de Paris. Et on a fait pousser
00:54:37 la végétation dessus.
00:54:39 Et ce qui était assez extraordinaire,
00:54:41 c'est qu'en moins de 4 mois,
00:54:43 c'était venue une forêt végétale.
00:54:45 Alors, Chartier d'Alix,
00:54:47 c'est vraiment une agence importante de Paris
00:54:49 qui travaille sur ça.
00:54:51 Comment, finalement, un bâtiment,
00:54:53 avec toutes ses petites aspiratées,
00:54:55 peut devenir un support de végétation ?
00:54:57 Alors, il y a plein de choses
00:54:59 qui se passent actuellement.
00:55:01 - Alexandre.
00:55:03 - Merci. Il y a non seulement
00:55:07 la question de la place des voitures, mais aussi du revêtement
00:55:09 qui est utilisé. Et ça, je pense que c'est
00:55:11 aussi quelque chose, une direction
00:55:13 dans laquelle on pourrait avancer. Parce que
00:55:15 si on débitumisait toutes les places
00:55:17 de parking pour retrouver
00:55:19 du pavé enherbé,
00:55:21 comme vous avez au centre
00:55:23 de cette Académie du Climat,
00:55:25 on ferait un pas
00:55:27 en avant vers cette ville éponge
00:55:29 qui continue de réabsorber,
00:55:31 se retrouve à réabsorber
00:55:33 de l'eau. Et ça serait peut-être moins
00:55:35 clivant dans un certain temps que
00:55:37 la place de la voiture tout de suite.
00:55:39 On pourrait, je crois,
00:55:41 enherber
00:55:43 les places de parking de vélo.
00:55:45 Parce que ça, c'est pas...
00:55:47 Enfin, ça, on n'a pas besoin,
00:55:49 ça gêne pas le fait de pouvoir
00:55:51 circuler dessus. Mais on
00:55:53 commencerait à avoir une espèce de patchwork.
00:55:55 Peut-être qu'il y a des gens qui diraient, bah tiens, non,
00:55:57 moi je trouvais que c'était mieux quand il y avait du bitume partout,
00:55:59 tandis que là, on aurait du bitume pour la route,
00:56:01 des pavés à certains endroits
00:56:03 parce que c'est adapté,
00:56:05 quelque chose d'enherbé parce que
00:56:07 c'est pas gênant.
00:56:09 Et le dernier argument
00:56:11 pour limiter la place de la voiture, s'il en fallait
00:56:13 un de plus, c'est que
00:56:15 ça apporte, en tout cas les véhicules
00:56:17 thermiques,
00:56:19 apportent de la chaleur supplémentaire en ville.
00:56:21 Dans des rues étroites,
00:56:23 on parle de 2 à 3 degrés supplémentaires.
00:56:25 Et ça va être un sacré
00:56:27 luxe, 2 à 3 degrés de moins
00:56:29 dans les canicules
00:56:31 longues. Donc je sais pas si
00:56:33 demain, et pour des questions de température,
00:56:35 et pour des questions de qualité de l'air,
00:56:37 on pourrait pas avoir des plans de circulation
00:56:39 prévus pour les canicules
00:56:41 et ça, je pense que ça peut être des leviers
00:56:43 de transformation, un peu comme on a fait
00:56:45 les coronapistes juste après le confinement.
00:56:49 Là, on est plus prêts
00:56:53 à avoir une modification.
00:56:55 - Autre question ? Oui, monsieur.
00:56:57 Pardon, je voulais
00:56:59 aller au lieu. - Bonjour.
00:57:01 Je suis le président de l'Académie du Climat,
00:57:03 j'ai ce bonheur là.
00:57:05 Il y a au rez-de-chaussée
00:57:07 un laboratoire d'éco-construction
00:57:09 à visiter, où il y a
00:57:11 toutes les possibilités parisiennes
00:57:13 d'isoler selon
00:57:15 les différents types de bâtiments.
00:57:17 Je vous conseille d'y aller, c'est vraiment remarquable.
00:57:19 Ça a été fait par 2 architectes
00:57:21 de la ville, c'est superbe.
00:57:23 Et il y a un projet de terrasse
00:57:25 fait par, là aussi,
00:57:27 un jeune cabinet d'architectes,
00:57:29 de terrasse en bois au-dessus
00:57:31 des toits en zinc.
00:57:33 À Paris, nous avons pu créer
00:57:35 des cours oasis dans toutes les cours d'école,
00:57:37 dans beaucoup de cours d'école,
00:57:39 on renature les cours d'école
00:57:41 anciennement
00:57:43 macadamisé.
00:57:45 - Merci.
00:57:47 - A vous. Donc ça, c'est
00:57:49 un sujet important. Monsieur le maire, je voudrais
00:57:51 vous demander pourquoi
00:57:53 vous êtes rétif
00:57:55 à la peinture en blanc des toits en zinc.
00:57:57 C'est-à-dire que, imaginons que demain,
00:57:59 les toits en zinc gris
00:58:01 parisiens deviennent blancs,
00:58:03 en quoi vous y seriez opposé ?
00:58:05 - Aurélie a très bien répondu pour moi.
00:58:15 Par contre, je peux reprendre
00:58:17 sur Versailles, parce que j'ai des toits en zinc aussi.
00:58:19 Non, je crois,
00:58:23 au fond, j'ai une forme d'un
00:58:25 peu de respect de ce que
00:58:27 le temps nous a laissé, vous savez.
00:58:29 Je reviens à ce que je disais au départ.
00:58:31 Je trouve que c'est un peu dommage
00:58:33 de vouloir toujours
00:58:35 rejeter un peu
00:58:37 le passé, alors que finalement, ce patrimoine
00:58:39 est tout de même très intéressant d'un point de vue
00:58:41 même préoccupation
00:58:43 environnementale, comme j'ai essayé de le démontrer
00:58:45 à travers la création de gaz
00:58:47 à effet de serre. Je crois que
00:58:49 un toit en zinc, c'est
00:58:51 l'identité des quartiers
00:58:53 historiques de Paris
00:58:55 depuis des années.
00:58:57 Je ne dis pas que ça ne bougera pas,
00:58:59 mais je dirais que
00:59:01 commençons par bien traiter tout ce
00:59:03 que l'on construit autour, et
00:59:05 après, on verra. Mais c'est
00:59:07 vraiment l'image de cette ville.
00:59:09 Ce qui est très intéressant, c'est
00:59:11 je crois beaucoup
00:59:13 à cette notion, si vous voulez,
00:59:15 de, finalement,
00:59:17 harmonie. Une ville, ça doit être
00:59:19 harmonieux. Et nous sommes
00:59:21 des gens qui aspirons à l'harmonie
00:59:23 à travers, bien sûr aussi, le végétal,
00:59:25 parce que c'est aujourd'hui
00:59:27 où tout le monde est favorable
00:59:29 aux plantations d'arbres. Il faut être clair,
00:59:31 tout le monde est favorable. On sent
00:59:33 bien que l'arbre, c'est beau,
00:59:35 c'est magnifique, et donc on y est favorable.
00:59:37 Mais voilà, je pense qu'il faut
00:59:39 faire attention à ce que l'on fait,
00:59:41 pas agir avec tout de même trop de
00:59:43 précipitation. Quand vous dites
00:59:45 il peut y avoir des toits où
00:59:47 effectivement, dessus, on fait une construction
00:59:49 en bois, pourquoi pas ?
00:59:51 Mais soyons délicats.
00:59:53 Soyez prêts du jour au lendemain
00:59:55 en disant, allez, on jette
00:59:57 tout et on recommence autre chose.
00:59:59 Vous aviez une question ?
01:00:01 Comment est-ce possible de renaturer la ville
01:00:03 quand il n'y a pas de sol vivant ?
01:00:05 Comment est-ce possible de renaturer la ville
01:00:07 quand il n'y a pas de sol vivant ?
01:00:09 Comment est-ce possible de renaturer la ville
01:00:11 quand il n'y a pas de sol vivant ?
01:00:13 Alors, à Arles,
01:00:15 nous avons créé un parc
01:00:17 sur une dalle en béton
01:00:19 dans lequel je n'avais pas le droit de creuser
01:00:21 à cause de vestiges archéologiques.
01:00:23 à cause de vestiges archéologiques.
01:00:25 Et on a tout recréé.
01:00:27 On a créé un sol, on a planté
01:00:29 80 000 plantes, on a créé un plan d'eau
01:00:31 et on a réduit
01:00:33 la température ressentie de 45°C
01:00:35 en été à 25°C.
01:00:37 Du coup, aujourd'hui, on sait créer
01:00:39 un milieu naturel
01:00:41 autonome, vivant.
01:00:43 Il faut trois choses,
01:00:47 de l'air, de l'eau et du sol.
01:00:49 De 0 à 3,5 mètres.
01:00:51 De 0 à 3,5 mètres.
01:00:53 Et du coup, on a fait
01:00:55 quelque chose d'assez intéressant,
01:00:57 on a créé des collines
01:00:59 et évidemment, quand on a peu de terre,
01:01:01 on est sur les plantes pionnières
01:01:03 et de plus que l'épaisseur
01:01:05 s'agrandit, plus qu'on est dans
01:01:07 une succession écologique suivante.
01:01:09 Et du coup, quand vous marchez
01:01:11 à côté de cette colline et que vous arrivez à 2 mètres d'hauteur,
01:01:13 vous êtes 200 ans plus tard.
01:01:15 Dans l'idée qu'il faut 400 ans
01:01:17 pour que n'importe quel lieu
01:01:19 arrive à son climax.
01:01:21 Et quand je parle d'accélérer
01:01:23 le processus naturel,
01:01:25 c'est exactement ce qu'on a fait sur ce projet-là.
01:01:27 On a imaginé ce que la nature aurait fait,
01:01:29 que le mistral aurait amené les sédiments
01:01:31 depuis les glaciers
01:01:33 en Suisse, par le couloir
01:01:35 du Rhône, et on a accéléré
01:01:37 les 400 ans en 10 ans.
01:01:39 Du coup, on sait
01:01:41 produire des paysages avec la nature,
01:01:43 on sait créer des microclimats.
01:01:45 Et c'est quelque part cet espoir
01:01:47 peut-être naïf, mais je pense
01:01:49 nécessaire, si chaque
01:01:51 ville devient
01:01:53 cet écosystème
01:01:55 urbain microclimatique,
01:01:57 on peut espérer
01:01:59 un effet planétaire.
01:02:01 - Vous disiez quelque chose avant, très intéressant,
01:02:03 c'était, il y a 10 ans,
01:02:05 on ne se posait pas la question, quand on plantait un arbre,
01:02:07 de savoir s'il allait nous survivre. Aujourd'hui,
01:02:09 on ne sait pas. Et aussi,
01:02:11 vous ne plantez pas les mêmes choses aujourd'hui
01:02:13 qu'il y a encore 2-3 ans. Les arbres
01:02:15 parisiens, qu'on connaît centenaires,
01:02:17 se ressemblent, mais là,
01:02:19 vous expérimentez aussi de la plantation
01:02:21 d'autres arbres.
01:02:23 Pourquoi ? - On est en discussion
01:02:25 avec les grandes pépinières de l'Europe
01:02:27 et on a établi une liste des arbres
01:02:29 climatiques, qui selon nous,
01:02:31 selon les écologues, les pépiniéristes
01:02:33 avec qui on travaille, ont le plus de chances
01:02:35 de survivre d'ici 50 ans.
01:02:37 Et ce n'est pas les mêmes
01:02:39 qu'on a l'habitude de voir.
01:02:41 Du coup, là, on commence dans les projets
01:02:43 à les implémenter. On va voir si
01:02:45 on arrive autour de Notre-Dame
01:02:47 de les planter. Mais c'est
01:02:49 évident que lorsque le climat
01:02:51 change, la végétation
01:02:53 change avec.
01:02:55 Du coup, on peut avoir une liste avec des arbres
01:02:57 indigènes, si le climat n'est plus indigène,
01:02:59 cette liste ne sert à rien.
01:03:01 - Est-ce qu'il y a une liste légale aujourd'hui ?
01:03:03 - La plupart des villes ont des listes
01:03:05 qui étaient encore une fois une pratique
01:03:07 très raisonnable et ça évitait
01:03:09 des erreurs, sauf que cette liste-là
01:03:11 n'est plus à jour. - Elle est obsolète.
01:03:13 Une dernière question,
01:03:15 et après malheureusement le temps de fil.
01:03:17 - La protection du patrimoine
01:03:19 en France, elle est le fruit de
01:03:21 100 ans, 120 ans, 110 ans
01:03:23 pardon, c'est 1913,
01:03:25 première loi de protection du patrimoine.
01:03:27 Après il y a les fameuses lois Malraux
01:03:29 dans les années 60.
01:03:31 C'est des lois qui ont
01:03:33 permis de sauver le patrimoine de nos villes.
01:03:35 Et ces lois, elles ont
01:03:37 eu, elles comprenaient
01:03:39 un certain nombre de dispositifs, notamment fiscaux,
01:03:41 pour permettre par exemple
01:03:43 aux propriétaires des monuments historiques
01:03:45 de défiscaliser les travaux qu'ils faisaient
01:03:47 dans leurs propriétés,
01:03:49 qui ont permis de sauver
01:03:51 des centres-villes historiques
01:03:53 parce que quand on est
01:03:55 en zone classée,
01:03:57 évidemment on peut faire des travaux
01:03:59 justement dans les
01:04:01 zones classées avec des mécanismes
01:04:03 de défiscalisation. Aujourd'hui,
01:04:05 il faut avoir la même chose,
01:04:07 enfin ça existe évidemment, les aides
01:04:09 à la transition énergétique, mais il faut qu'on
01:04:11 arrive à avoir des aides qui soient couplées,
01:04:13 protection du patrimoine
01:04:15 et écologie.
01:04:17 C'est absolument certain.
01:04:19 Mais après c'est vrai, on a beaucoup parlé
01:04:21 des toits en zinc, mais
01:04:23 là où je rejoins François, c'est que c'est vrai que
01:04:25 finalement nos bâtiments historiques
01:04:27 posent des problèmes, ça c'est sûr,
01:04:29 mais le pire c'est vraiment les bâtiments
01:04:31 de la fin du XXe siècle,
01:04:33 c'est ceux-là qui sont catastrophiques
01:04:35 énergétivores
01:04:37 et dont on ne sait pas
01:04:39 aujourd'hui comment les rénover
01:04:41 sauf à très très très grands frais,
01:04:43 ça pose vraiment des problèmes énormes.
01:04:45 Dernière question.
01:04:47 Qui ?
01:04:49 Oui.
01:04:51 Je crois que c'était dans
01:04:59 cet extrait de la revue Nature qui apparemment
01:05:01 fait référence en paysage
01:05:03 où ils expliquaient que 75%
01:05:05 des arbres n'allaient pas supporter
01:05:07 le changement rapide climatique
01:05:09 qui s'annonçait d'ici 2050.
01:05:11 Ça veut dire que 75%
01:05:13 des arbres vont disparaître, on parlait
01:05:15 de patrimoine, donc on va rien laisser
01:05:17 ensuite. Donc qu'est-ce qui est en cours
01:05:19 aujourd'hui et comment on fait pour répondre
01:05:21 à la demande qu'il n'y ait plus de faire des allées
01:05:23 d'arbres, des plantations les unes après les autres,
01:05:25 mais des bosquets pour qu'ils puissent s'auto-protéger
01:05:27 et créer des vraies zones
01:05:29 d'ombre. Il faut prendre
01:05:31 de l'espace sur la rue.
01:05:33 Est-ce que c'est la disparition
01:05:35 du jardin à la française ?
01:05:37 Cette étude est
01:05:43 hyper intéressante.
01:05:45 On a eu toute une
01:05:47 demi-journée d'audition autour
01:05:49 de la question du végétal dans la mission
01:05:51 Paris à 50°. Ce que j'en retiens
01:05:53 c'est qu'il y a
01:05:55 plusieurs éléments de stratégie à avoir
01:05:57 qui vont se mélanger.
01:05:59 Le premier c'est
01:06:01 protection absolue de ce qui existe
01:06:03 déjà en termes de patrimoine végétal.
01:06:05 Et donc ça veut dire que les arbres
01:06:07 qui sont déjà existants
01:06:09 c'est du patrimoine.
01:06:13 Donc j'aimerais bien qu'il y ait
01:06:15 des paysagistes des arbres de France.
01:06:19 Et donc ça par exemple,
01:06:23 si on pousse ce raisonnement là,
01:06:25 ça veut dire par exemple que c'est une stratégie
01:06:27 où il faudrait sans doute débitumiser
01:06:29 autour des arbres existants pour qu'ils aient
01:06:31 accès à plus d'eau.
01:06:33 Peut-être de la même manière
01:06:35 qu'il faut arrêter d'envoyer l'eau loin,
01:06:37 il faudrait peut-être arrêter d'envoyer nos déchets
01:06:39 organiques loin et
01:06:41 l'utiliser pour recréer de l'humus
01:06:43 en ville.
01:06:45 Si c'est pas débitumiser
01:06:47 exactement, ça peut être retrouver
01:06:49 les pavés qu'il y avait avant
01:06:51 avec l'énervement autour.
01:06:53 Donc il y a ça.
01:06:55 Ensuite il y a
01:06:57 quand même laisser
01:06:59 le vivant s'adapter.
01:07:01 C'est quand même assez incroyable que vous puissiez
01:07:03 couper une branche de poirier
01:07:05 et la coller sur un
01:07:07 pommier
01:07:09 et ça fait des fruits.
01:07:11 Donc il y a une capacité adaptative
01:07:13 du monde vivant
01:07:15 qui est assez incroyable et donc
01:07:17 on peut aussi essayer d'utiliser
01:07:19 les plantes, les arbres qui sont
01:07:21 "locaux" parce que
01:07:23 les platanes centenaires
01:07:25 ce n'est pas du bassin parisien
01:07:27 dont ça vient.
01:07:29 Mais ça c'est une stratégie possible. L'autre
01:07:31 c'est d'aller venir chercher des espèces
01:07:33 du bassin méditerranéen,
01:07:35 d'Asie centrale
01:07:37 et
01:07:39 des zones sèches aussi
01:07:41 en Amérique
01:07:43 pour voir comment elles résistent
01:07:45 ici. Il ne faut pas oublier non plus que
01:07:47 la ville c'est extrêmement
01:07:49 dur pour le végétal
01:07:51 donc on n'a pas non plus une palette
01:07:53 extraordinaire et la ville
01:07:55 de Lyon par exemple a une stratégie qui
01:07:57 consiste à ne pas mettre plus de 10%
01:07:59 de la même
01:08:01 sous-espèce
01:08:03 végétale et ça je trouve que c'est la meilleure
01:08:05 stratégie à faire. Paris
01:08:07 est en train de faire un travail justement
01:08:09 pour établir un nouveau
01:08:11 catalogue d'espèces qu'on pourrait utiliser
01:08:13 et je pense que ça fait partie des choses
01:08:17 où, comme
01:08:19 sur le patrimoine, il faut se laisser
01:08:21 un droit à l'expérimentation
01:08:23 avant une
01:08:25 éventuelle massification parce que là il est urgent
01:08:27 de ne pas se tromper. Basse peut-être
01:08:29 le mot de la fin.
01:08:31 Je vais rebondir sur cette
01:08:33 idée
01:08:35 d'expérimentation.
01:08:37 Je pense que si on continue à faire ce
01:08:39 qu'on sait faire, on arrive
01:08:41 à l'état où on est. Ça ne marche pas.
01:08:43 Du coup je pense qu'il faut
01:08:45 qu'on trouve une façon
01:08:47 d'expérimenter, d'aller plus vite
01:08:49 dans cette transformation
01:08:51 de nos villes.
01:08:53 Je pense que ça peut créer
01:08:55 un dialogue très intéressant
01:08:57 entre ce patrimoine
01:08:59 qui pour moi est le choix
01:09:01 des expérimentations réussies
01:09:03 qu'on veut garder et cette nouvelle
01:09:05 expérimentation où on doit
01:09:07 se donner aussi le droit de rater.
01:09:09 Encore une fois, si on fait
01:09:11 ce qu'on sait faire, c'est juste pas assez.
01:09:13 Du coup
01:09:15 la ville devient ce lieu
01:09:17 d'expérimentation
01:09:19 avec une certaine joie
01:09:21 par rapport à ce
01:09:23 catastrophe qui arrive
01:09:25 de dire "ok, on essaye
01:09:27 et on trouve une sorte
01:09:29 d'envie".
01:09:31 Je pense que la même envie
01:09:33 des plantes,
01:09:35 cette envie de vivre,
01:09:37 de pousser malgré tout,
01:09:39 je pense qu'il faut retrouver ça
01:09:41 dans les villes, ensemble.
01:09:43 On termine sur cette note optimiste.
01:09:45 Un petit mot
01:09:47 pour vous rappeler la présence
01:09:49 de la librairie Utopia. Vous allez pouvoir
01:09:51 vous renseigner
01:09:53 des voslivres, les acheter
01:09:55 et vous informer sur l'écologie
01:09:57 notamment. Merci
01:09:59 à l'Académie du Climat, merci à la Mairie de Paris,
01:10:01 au Journal Libération
01:10:03 et puis on accueille tout de suite
01:10:05 Dan Lerp et Alexandra Schwartzbrot
01:10:07 pour conclure ces
01:10:09 plus de deux jours de débat
01:10:11 rencontre.
01:10:13 Merci
01:10:15 [Applaudissements]
01:10:17 [Applaudissements]
01:10:19 [Applaudissements]
01:10:21 [Applaudissements]
01:10:23 C'était super intéressant
01:10:25 cette dernière table ronde.
01:10:27 Restez,
01:10:29 surtout, s'il vous plaît,
01:10:31 essayez de rester, non pas pour
01:10:33 Dan Lerp et pour moi,
01:10:35 encore que, mais c'est que
01:10:37 il y a des jeunes qui vont
01:10:39 venir, vous savez des jeunes étaient réunis
01:10:41 tout le week-end en parlement pour échafauder
01:10:43 des idées, des propositions
01:10:45 et ils sont là, ils ont
01:10:47 bossé et ils vont venir
01:10:49 nous les présenter.
01:10:51 Venez, ça va faire du bien.
01:10:53 [Applaudissements]
01:10:55 [Applaudissements]
01:10:57 [Applaudissements]
01:10:59 Merci beaucoup,
01:11:01 merci à toutes et à tous d'être restés.
01:11:03 On voulait juste prendre
01:11:05 quelques minutes pour vous présenter
01:11:07 les fruits du travail du
01:11:09 Parlement Génération Transition.
01:11:11 Le Parlement Génération Transition, qu'est-ce que c'est ?
01:11:13 C'est une quarantaine de jeunes au total
01:11:15 qui se sont réunis sur ce week-end
01:11:17 pour travailler ensemble à réfléchir
01:11:19 à comment rendre la ville de Paris
01:11:21 plus durable à l'horizon
01:11:23 2040, c'est-à-dire comment réinventer
01:11:25 nos vies, comment
01:11:27 changer nos façons d'habiter,
01:11:29 de se déplacer, de se divertir,
01:11:31 d'éduquer aussi,
01:11:33 de se nourrir, de se mobiliser.
01:11:35 Bref, à travers tout ça,
01:11:37 le travail
01:11:39 qu'ils ont accompli,
01:11:41 ça visait à essayer de réfléchir
01:11:43 comment concrètement faire advenir
01:11:45 ce monde différent, ce monde meilleur,
01:11:47 auquel je pense qu'on aspire toutes et tous
01:11:49 dans cette salle.
01:11:51 Et se dire qu'il y a une quarantaine
01:11:53 de jeunes qui ont pris du temps libre
01:11:55 6 heures sur leur week-end
01:11:57 pour venir avec cette énergie,
01:11:59 cet enthousiasme, cette créativité aussi.
01:12:01 Je pense que ça en dit long
01:12:03 sur l'envie et aussi sur la capacité
01:12:05 des jeunes à faire advenir
01:12:07 ce monde meilleur.
01:12:09 Et je voulais
01:12:11 leur permettre de présenter, ils vont vous présenter
01:12:13 leurs 6 propositions
01:12:15 qu'ils ont retenues sur 6 thématiques
01:12:17 précises,
01:12:19 sur un total
01:12:21 de 24 propositions,
01:12:23 et ils ont ensuite voté sur 6 propositions
01:12:25 qu'ils ont retenues et ils vont maintenant
01:12:27 vous les présenter. Voilà, merci beaucoup pour votre attention.
01:12:29 [Applaudissements]
01:12:31 [Applaudissements]
01:12:33 [Applaudissements]
01:12:35 Ça marche.
01:12:37 Du coup, il y avait plusieurs thématiques.
01:12:39 Moi, je vais vous présenter
01:12:41 la thématique "mobiliser"
01:12:43 ou "se mobiliser".
01:12:45 Donc, je vais vous parler de quelque chose
01:12:47 que vous connaissez sûrement,
01:12:49 même si pour certains et certaines, ça doit faire longtemps
01:12:51 pour vous, le stage de 3ème
01:12:53 en entreprise.
01:12:55 Nous, on s'est dit
01:12:57 on va penser ça
01:12:59 mais de façon différente pour permettre
01:13:01 aux jeunes qui sont actuellement
01:13:03 au collège et au lycée de s'engager.
01:13:05 Et du coup,
01:13:07 on transforme,
01:13:09 on garde le stage de 3ème en entreprise
01:13:11 mais on fait en plus, chaque année,
01:13:13 5 jours qui peuvent se répartir
01:13:15 de façon différente
01:13:17 dans l'année,
01:13:19 dans une association, pour la découvrir,
01:13:21 pour s'engager, pour découvrir
01:13:23 la base de l'engagement,
01:13:25 mais aussi découvrir des associations
01:13:27 plus précises, avec évidemment
01:13:29 des formes de partenariats
01:13:31 pour accompagner les collèges
01:13:33 et les lycées, pour que ça fonctionne au mieux.
01:13:35 Et c'est une façon, on espère,
01:13:37 de réduire un peu
01:13:39 ce manque d'engagement
01:13:41 de la jeunesse, ou du moins
01:13:43 des plus jeunes, et de leur mettre
01:13:45 le plus tôt possible le pied à l'étrier
01:13:47 dans toutes sortes d'associations
01:13:49 et c'est tout aussi bien
01:13:51 si c'est des associations climatiques
01:13:53 qui luttent contre le réchauffement climatique.
01:13:55 Voilà, je vous remercie.
01:13:57 (Applaudissements)
01:13:59 (Applaudissements)
01:14:01 (Applaudissements)
01:14:03 Bonjour à toutes et à tous.
01:14:05 Pour ma part, j'étais chargée du thème
01:14:07 "Se divertir", le divertissement,
01:14:09 quelque chose dont nous sommes empreintes,
01:14:11 notamment en vue de la pluralité de propositions
01:14:13 que nous offre la ville de Paris.
01:14:15 On s'est intéressé à l'économie circulaire
01:14:17 et surtout à la façon dont on allait pouvoir
01:14:19 démocratiser la seconde main.
01:14:21 L'idée, en fait, c'était de rendre
01:14:23 accessible à toutes et à tous
01:14:25 tout le matériel, tout ce qui va être utilisé
01:14:27 dans le cadre artistique, culturel
01:14:29 et sportif. Donc, par exemple,
01:14:31 quand les salles de sport vont complètement changer
01:14:33 tous leurs équipements, les revendre
01:14:35 à bas prix, de façon à ce que les personnes qui n'ont pas
01:14:37 les moyens d'y accéder puissent les utiliser.
01:14:39 Ça crée une économie vertueuse, ça permet de ne pas gâcher
01:14:41 le matériel. De la même façon
01:14:43 que procède la comédie française en revendant
01:14:45 ses anciens costumes à tout petit prix,
01:14:47 et donc en créant des sortes de friperies théâtrales.
01:14:49 Et l'idée, ce serait d'étendre
01:14:51 tout ça à tous les pôles
01:14:53 artistiques, pluridisciplinaires qui existent.
01:14:55 Donc, toujours dans cette idée d'économie
01:14:57 vertueuse, d'économie circulaire
01:14:59 et toujours dans cette optique de protéger
01:15:01 l'environnement.
01:15:03 [Applaudissements]
01:15:09 Bonjour à tous. Donc, moi, je vais vous présenter
01:15:11 la thématique
01:15:13 sur "se déplacer".
01:15:15 Donc, notre proposition, c'était déjà plus de
01:15:17 transports en commun.
01:15:19 Donc, plus de... Ah, ok.
01:15:21 [Rires] Pardon.
01:15:23 Donc, plus de transports
01:15:25 en commun, donc déjà plus de RER
01:15:27 métropolitain notamment.
01:15:29 Ce qui serait le mieux,
01:15:31 ce ne serait pas une disposition, ce qu'on appelle
01:15:33 un peu en étoile, donc très
01:15:35 centralisée sur Paris, mais
01:15:37 qui est plus,
01:15:39 on va dire, décentralisée.
01:15:41 Donc, qui est plus
01:15:43 global, qui relie plus
01:15:45 ses banlieues aux banlieues
01:15:47 et ne passant pas par Paris.
01:15:49 Et aussi, plus de transports après,
01:15:51 par exemple de nuit, parce que ça peut être
01:15:53 très compliqué parfois d'entrer de soirée
01:15:55 et autres.
01:15:57 Donc, ne pas aller chercher un taxi,
01:15:59 il va coûter extrêmement cher.
01:16:01 Donc, plus de transports
01:16:03 de nuit, c'est pas non plus...
01:16:05 Enfin, plus de transports de nuit, oui.
01:16:07 Et aussi, plus dans la durée, donc plus longtemps.
01:16:09 Mais, on pourrait aussi
01:16:11 un peu diminuer, par exemple, transports de nuit,
01:16:13 mais, par exemple, pas un
01:16:15 tous les 20 minutes, mais un tous les 40 minutes,
01:16:17 pour un peu...
01:16:19 Pour plus étaler dans le temps, et donc,
01:16:21 ça coûte aussi un peu moins cher
01:16:23 à la ville de Paris.
01:16:25 [Applaudissements]
01:16:30 Donc, bonjour à toutes et tous.
01:16:32 Donc, nous, on avait...
01:16:34 Enfin, je suis chargée de parler de la thématique
01:16:36 "se nourrir". Il nous a été rappelé,
01:16:38 donc, en début de journée, que le gaspillage
01:16:40 alimentaire représente un repas
01:16:42 par semaine et par personne de mis à la poubelle.
01:16:44 Et sur une année, ça représente
01:16:46 30 kilos, donc, de
01:16:48 mis à la poubelle, en fait, par personne,
01:16:50 de nourriture jetée. Donc, nous,
01:16:52 pour lutter contre ce gaspillage alimentaire,
01:16:54 à l'échelle, donc, de la ville de Paris,
01:16:56 et ça peut être supplanté sur d'autres
01:16:58 villes, sur un peu tout le territoire,
01:17:00 en fait, on propose de développer un réseau, donc,
01:17:02 d'épiceries solidaires locales.
01:17:04 En fait, ces épiceries,
01:17:06 elles rassembleraient un peu tous les invendus
01:17:08 de la nourriture issue de collectes
01:17:10 et également le restant
01:17:12 de la nourriture produite par les cantines,
01:17:14 par la restauration
01:17:16 collective parisienne.
01:17:18 Ça permettrait, donc, de
01:17:20 lutter, justement, contre ce gaspillage
01:17:22 alimentaire et proposerait une solution aussi
01:17:24 plus solidaire parce que les prix seraient bradés.
01:17:26 On imaginait que ça
01:17:28 pouvait être géré à l'échelle, en fait, des mairies
01:17:30 d'arrondissement pour que ça soit un maillage qui soit
01:17:32 assez local,
01:17:34 que ces épiceries, donc, solidaires
01:17:36 récupèrent les denrées alimentaires, donc, sur
01:17:38 des établissements qui sont partenaires et qui sont
01:17:40 proches, donc, de cette épicerie.
01:17:42 Merci.
01:17:44 [Applaudissements]
01:17:49 Bonjour.
01:17:51 Donc, nous, on a réfléchi à la thématique
01:17:53 éduquer
01:17:55 et donc, pour cette thématique,
01:17:57 on s'est penché sur une question de la réorganisation
01:17:59 de l'environnement scolaire
01:18:01 concernant, donc, les écoles et les collèges.
01:18:03 On s'est penché,
01:18:05 en fait, sur la question d'un
01:18:07 besoin de ramener un rapport plus
01:18:09 à l'environnement,
01:18:11 à la nature, mais également à la société
01:18:13 pour les élèves, pour les élèves de tout âge
01:18:15 et également
01:18:17 de leur ramener, un besoin de
01:18:19 ramener ces élèves à
01:18:21 une implication dans des dynamiques
01:18:23 collectives autour, justement, des enjeux
01:18:25 à la fois sociaux et environnementaux.
01:18:27 Et donc, pour ça, on propose une
01:18:29 réorganisation de l'environnement scolaire pour favoriser
01:18:31 ces apprentissages à la fois citoyens
01:18:33 et écologiques. Donc, concrètement, ça passe
01:18:35 par exemple pour une
01:18:37 réorganisation en extérieur des espaces
01:18:39 de, par exemple, la cour de récré,
01:18:41 venir
01:18:43 faire un potager,
01:18:45 des espaces végétalisés pour ramener
01:18:47 un rapport à la nature, à des espaces
01:18:49 végétaux.
01:18:51 Ça peut passer également par des sorties,
01:18:53 faire court autant que possible
01:18:55 en extérieur, dans des parcs,
01:18:57 que ce soit le sport, la SVT,
01:18:59 la physique.
01:19:01 Donc, ouais, soit
01:19:03 dans la cour de récré, s'il s'est végétalisé,
01:19:05 ou sortir dans les parcs, les forêts,
01:19:07 rendre un accès à la nature plus facile.
01:19:09 Et en intérieur,
01:19:11 de pouvoir réorganiser
01:19:13 les salles de classe, voire proposer
01:19:15 des aménagements plus conséquents sur
01:19:17 les budgets des écoles
01:19:19 et de la ville pour encourager
01:19:21 les élèves à entrer dans des dynamiques
01:19:23 de débat, de discussion, de coopération
01:19:25 pour des décisions collectives. Et puis,
01:19:27 pour mettre en pratique les
01:19:29 apprentissages de la citoyenneté,
01:19:31 sortir d'un apprentissage
01:19:33 très théorique de cette citoyenneté.
01:19:35 Ce qui est déjà un petit peu en place
01:19:37 avec les éco-délégués, mais d'essayer de le
01:19:39 généraliser un peu plus
01:19:41 à l'ensemble des élèves.
01:19:43 [Applaudissements]
01:19:49 Bonjour à tous et à toutes.
01:19:51 Je vais vous présenter la proposition du groupe Habité
01:19:53 du Parlement Génération Transition. Celle-ci
01:19:55 porte sur la transition énergétique.
01:19:57 Aujourd'hui, en France, 12 millions de personnes
01:19:59 vivent dans une situation de précarité énergétique
01:20:01 et 2200 d'entre eux
01:20:03 sont morts de ces conséquences.
01:20:05 Pour lutter contre ce phénomène,
01:20:07 atteignant les plus précaires d'entre nous, nous avons
01:20:09 à notre disposition une arme commune, les rénovations énergétiques.
01:20:11 Ces dernières permettent de supprimer
01:20:13 la moitié des pertes énergétiques
01:20:15 liées à une mauvaise isolation.
01:20:17 C'est donc un outil très intéressant, surtout dans un contexte
01:20:19 de crise énergétique
01:20:21 que nous traversons.
01:20:23 Malheureusement, à Paris, seulement
01:20:25 3 à 4% du parc immobilier est
01:20:27 considéré comme efficace énergétiquement,
01:20:29 selon l'agence Paris Climat.
01:20:31 Également, il faudrait 1900 ans à la France
01:20:33 pour atteindre les objectifs qu'elle s'est elle-même fixés
01:20:35 en matière d'isolation des bâtiments
01:20:37 au rythme actuel. Bien que la ville
01:20:39 de Paris s'engage activement pour rénover
01:20:41 en ce moment 300 écoles et 65 000 logements,
01:20:43 nous vous présentons la proposition suivante
01:20:45 en trois phases que nous avons élaborées.
01:20:47 La première est la généralisation des
01:20:49 audits thermiques dans toute la ville pour poser un
01:20:51 premier constat sur la situation
01:20:53 énergétique à Paris. La deuxième est
01:20:55 la hiérarchisation en catégories selon
01:20:57 deux critères, le critère social pour savoir qui en a
01:20:59 le plus besoin et le critère d'efficacité énergétique.
01:21:01 La troisième phase est donc la rénovation
01:21:05 progressive et obligatoire
01:21:07 sur le territoire parisien. Ça permettrait
01:21:09 d'économiser énormément d'énergie
01:21:11 et ça serait financé par, d'une part, les pouvoirs
01:21:13 publics, d'autre part par les individus avec
01:21:15 un impôt progressif sur le revenu
01:21:17 et d'autre part par l'écopropriété. Je vous remercie.
01:21:19 (Applaudissements)
01:21:27 Voilà les six propositions, je voulais juste en profiter
01:21:33 pour remercier vraiment toute l'équipe
01:21:35 d'animation, on est des bénévoles
01:21:37 on a organisé tout ça,
01:21:39 je vois Martin,
01:21:41 Lou, Elsa,
01:21:43 (Applaudissements)
01:21:45 Luc,
01:21:47 Clara,
01:21:49 et aussi tout le soutien de Libération et de l'Académie
01:21:51 du Climat et tous nos pitchers et pitcheuses
01:21:53 et experts qui se sont venus justement épauler
01:21:55 et aiguiller aussi tous ces jeunes
01:21:57 pendant ces deux jours. Donc voilà, merci beaucoup, ça a été
01:21:59 une super aventure je pense pour nous tous
01:22:01 et nous toutes. Donc,
01:22:03 et merci surtout aux jeunes de s'être
01:22:05 libérés sur un week-end
01:22:07 pour accomplir tout ce qu'ils ont accompli. Voilà.
01:22:09 (Applaudissements)
01:22:11 (Applaudissements)
01:22:13 Je vais en profiter pour, à mon tour,
01:22:19 au nom de la ville de Paris, remercier
01:22:21 l'ensemble des jeunes qui se sont impliqués et des bénévoles
01:22:23 qui ont animé le Parlement Génération Transition.
01:22:25 Ce que je voulais vous dire, c'est que
01:22:27 les six propositions sur les 24, parce qu'il y en a
01:22:29 24 qui seront remises
01:22:31 en entier à la ville de Paris,
01:22:33 elles vont intégrer
01:22:35 et elles vont alimenter notre réflexion.
01:22:37 Nous adopterons le plan Climat 2024-2030
01:22:39 de la ville de Paris en juillet
01:22:41 2023 au Conseil de Paris.
01:22:43 L'enjeu, je l'ai décrit dans une précédente
01:22:45 table ronde, c'est que Paris
01:22:47 reste une ville habitable et respirable
01:22:49 pour tous et toutes dans les prochaines
01:22:51 années. C'est ça l'enjeu du plan Climat.
01:22:53 Et donc nous allons nous servir
01:22:55 aussi de vos propres réflexions, de vos propositions.
01:22:57 Évidemment, il y a beaucoup de choses
01:22:59 qui ont été engagées par la ville de Paris,
01:23:01 mais il y a beaucoup de choses aussi à ajuster,
01:23:03 car nous souhaitons évidemment accélérer
01:23:05 la transition écologique du territoire
01:23:07 parisien face au péril climatique
01:23:09 que nous connaissons et qui n'épargne pas
01:23:11 évidemment notre ville. Donc vraiment
01:23:13 un immense merci, parce que
01:23:15 ça fait partie
01:23:17 de ce qu'on appelle entre nous la
01:23:19 mobilisation de tout le territoire parisien.
01:23:21 C'est un peu une course contre la montre.
01:23:23 On a, je crois, pendant ce forum,
01:23:25 avec Libération, avec l'Académie
01:23:27 du Climat, décrit à la fois
01:23:29 l'urgence climatique et l'urgence sociale
01:23:31 qui affectent le territoire
01:23:33 parisien. Nous avons toutes les données climatiques
01:23:35 maintenant sur la violence
01:23:37 de cette accélération du
01:23:39 dérèglement climatique
01:23:41 à Paris et la responsabilité
01:23:43 des élus. Notre responsabilité,
01:23:45 notre devoir, et c'est ce qui
01:23:47 est ressorti de la concertation au niveau
01:23:49 parisien, c'est la demande de protection,
01:23:51 en particulier des Parisiens
01:23:53 les plus fragiles et les plus vulnérables
01:23:55 face au péril climatique.
01:23:57 C'est notre responsabilité et
01:23:59 on a mis en place
01:24:01 depuis très longtemps à Paris un certain
01:24:03 nombre de politiques, mais on doit
01:24:05 quelque part, après les conclusions
01:24:07 aussi du
01:24:09 Climat Libératour,
01:24:11 accélérer, évidemment, changer
01:24:13 d'échelle, lever tous les freins. On a eu
01:24:15 une discussion qui était à l'instant
01:24:17 passionnante sur la question de l'évolution
01:24:19 à Paris,
01:24:21 de l'architecture, de l'urbanisme, etc.
01:24:23 pour pouvoir mettre en place,
01:24:25 mettre en œuvre toutes les solutions d'adaptation
01:24:27 dans un temps qui est maintenant
01:24:29 très court. Je voulais aussi remercier
01:24:31 évidemment
01:24:33 les équipes de Libération
01:24:35 qui ont co-organisé.
01:24:37 Merci beaucoup Yoann, merci Alexandra.
01:24:39 On a
01:24:41 préparé ensemble cet événement et
01:24:43 évidemment on était très contents que
01:24:45 Libération choisisse de faire une étape
01:24:47 à Paris. Pour nous c'est important,
01:24:49 on a besoin de s'alimenter. Voilà, des personnalités,
01:24:51 des intellectuels, des ONG, des associations,
01:24:53 des jeunes, tout ce que vous avez dit
01:24:55 est pour nous très important. Remercier
01:24:57 évidemment l'Académie du Climat
01:24:59 qui a fait, je crois,
01:25:01 encore la preuve durant tout le week-end de sa
01:25:03 pertinence, de son
01:25:05 modèle. D'ailleurs c'est
01:25:07 évidemment la maire de Paris qui a souhaité
01:25:09 le lancement et la création de ce lieu.
01:25:11 On a vu pendant tout ce week-end
01:25:13 la qualité
01:25:15 des équipes de l'Académie
01:25:17 du Climat
01:25:19 de Paris et puis
01:25:21 son rôle dans le paysage parisien
01:25:23 pour nous aider à mobiliser tout le monde
01:25:25 autour de l'enjeu climatique
01:25:27 et de l'urgence sociale. Donc merci
01:25:29 beaucoup à vous tous.
01:25:31 (Applaudissements)
01:25:35 Je vais être très courte
01:25:37 mais juste pour vous remercier
01:25:39 tous. C'était super ce week-end.
01:25:41 Vous avez été plus de 5000
01:25:43 à venir écouter les
01:25:45 débats, venir regarder les livres,
01:25:47 à venir participer aux différentes
01:25:49 activités. Et ça, ça montre
01:25:51 et ça c'est le mot que je retiendrai
01:25:53 ce soir, le mot mobilisation.
01:25:55 On est tous mobilisés, en tout cas
01:25:57 à l'IBE, on est plus mobilisés que
01:25:59 jamais sur ces questions climatiques.
01:26:01 Je rappelle que ce Climat
01:26:03 l'IBE Tour a fait
01:26:05 cette deuxième étape à Paris, mais on a
01:26:07 commencé à Bordeaux. On va continuer
01:26:09 à Lyon, à Marseille, à Dunkerque,
01:26:11 dans différentes villes de France, des grandes, des
01:26:13 moyennes, des petites, car c'est important
01:26:15 d'aller partout, car on a
01:26:17 bien vu tout ce qui a été dit ce week-end,
01:26:19 montre que tout le monde est concerné,
01:26:21 tout le monde. Et je retiendrai
01:26:23 aussi cette phrase qu'a dit
01:26:25 une des personnes avec qui j'animais un débat
01:26:27 hier, qui disait "il faut que l'écologie
01:26:29 meurt pour que vive l'écologie".
01:26:31 Il faut que tout le monde pense écologie
01:26:33 maintenant. Il ne faut plus que ce soit
01:26:35 restreint à un petit milieu.
01:26:37 Il faut que Bercy pense écologie,
01:26:39 il faut que le Medef pense écologie,
01:26:41 il faut que les curés, les imams, les
01:26:43 rabbins pensent écologie, tout le monde,
01:26:45 toute la société doit penser écologie
01:26:47 et c'est à ce moment-là
01:26:49 peut-être, en nous mobilisant
01:26:51 tous, à tous les niveaux, qu'on arrivera
01:26:53 à réussir quelque chose. Et je trouve
01:26:55 que c'est formidable qu'on termine avec
01:26:57 ces jeunes, car évidemment
01:26:59 c'est eux
01:27:01 qui vont peut-être refaire
01:27:03 tout ce que nous avons défait
01:27:05 nous et les générations
01:27:07 précédentes. Donc on y croit,
01:27:09 on est mobilisés
01:27:11 et on recommence l'année prochaine.
01:27:13 (rires)
01:27:15 Merci à tous.
01:27:17 Bye bye.
01:27:19 (applaudissements)
01:27:21 (...)

Recommandations