Avec Dov Alfon, journaliste, directeur de la publication et de la rédaction du quotidien français Libération.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
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00:00 7h21, en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction
00:08 du quotidien Libération, Dov Alfons, bonjour.
00:11 Bonjour Nicolas.
00:12 Dov, le Burkina Faso a expulsé les journalistes de Libération et du quotidien Le Monde ce
00:19 week-end et vous y voyez, Dov, une restriction supplémentaire à la liberté d'informer.
00:25 Oui Nicolas, notre correspondante à Ouagadoudou, Agnès Fèvre, a été expulsée samedi soir
00:29 en même temps que Sophie Douce, correspondante du journal Le Monde.
00:33 Dernièrement, le Burkina a aussi suspendu la diffusion de RFI et de France 24.
00:39 Libération avait publié lundi dernier une enquête sur l'exécution d'enfants et d'adolescents
00:43 dans une caserne militaire au Burkina Faso, fruit d'un mois de travail, de vérifications
00:48 et de recoupements minutieux auprès de multiples sources.
00:51 Le gouvernement n'avait pas réagi avant la publication alors que Libération l'avait
00:57 sollicité et maintenant, il clame que c'est des manipulations à des fins politiques.
01:01 La publication de cette enquête semble donc avoir décidé les autorités burkinabées
01:07 à expulser les deux correspondantes, qui étaient toutes les deux en possession de
01:10 visas et d'accréditation en règle.
01:12 C'est donc sans grande surprise qu'Agnès Fèvre a pris vendredi sa convocation à la
01:17 direction de la Sûreté de l'État.
01:18 Notre consoeur Sophie Douce du Monde était convoquée à la même heure.
01:22 Les deux journalistes ont été auditionnés pendant plus d'une heure, séparément, l'une
01:26 après l'autre, par un lieutenant.
01:28 Le même officier leur a signifié dans la soirée leur expulsion.
01:31 Toutes deux sont arrivées saines et sauves hier matin à Paris.
01:35 Les réseaux sociaux proches de la Junte ont publié ce week-end des accusations anonymes
01:39 selon lesquelles elles auraient infiltré le pays et elles auraient payé de fortes
01:43 sommes d'argent pour de faux témoignages.
01:45 Libération réfute évidemment catégoriquement ces allégations ridicules.
01:49 Mais ce n'est pas tout Nicolas.
01:51 J'ai dû signer ce matin une pétition avec tous les directeurs de journaux français
01:55 demandant la libération immédiate d'Ivan Gershkovitch, correspondant à Moscou du
02:00 Wall Street Journal, arrêté pour espionnage.
02:03 Ivan Gershkovitch fait l'objet d'un traitement arbitraire évident.
02:06 Notre confrère est tout simplement pris en otage par le régime de Vladimir Poutine
02:11 pour intimider les autres correspondants étrangers à Moscou.
02:13 Si on y ajoute l'inculpation en Algérie du journaliste Hirsan El Kadi, victime d'un
02:18 véritable harcèlement politique aux judiciaires, celle de Jimmy Lai à Hong Kong ou celle
02:23 de la journaliste Monia Arfaoui en Tunisie, 2023 s'annonce pour Reporters sans frontières
02:29 comme une année noire pour la liberté de la presse.
02:31 Dov, que peut faire la France ?
02:33 Eh bien tout d'abord donner l'exemple.
02:34 Nicolas a démontré une exemplarité en respectant la liberté d'informer, même quand ce n'est
02:39 pas agréable.
02:40 Lors des dernières manifestations, par exemple, des journalistes ont été empêchés de travailler,
02:44 voire ont été délibérément visés et frappés par les forces de l'ordre.
02:48 Chez nous aussi, l'année 2023 a mal commencé.