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La goélette Tara reprend la mer dimanche, depuis Lorient. L'un des enjeux de cette mission le long des côtes européennes est d'étudier "le transfert de pollution chimique entre la terre et la mer", confie Romain Troublé, le directeur général de la Fondation Tara Océan.

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Transcription
00:00 Voilà tous les deux au pied de la Goëlette Tara face à cette cité de la voile et devant les bateaux d'Eric Tabarly, ses anciens voiliers.
00:08 Romain Troublé, c'est le marathon de Paris aujourd'hui.
00:11 Vous allez vous aussi partir pour un long marathon, deux années de voyages et d'expéditions autour de l'Europe.
00:18 Tout est à peu près prêt ?
00:19 Tout est prêt. Les équipes ont travaillé avec l'AHP depuis 3-4 mois pour préparer ce départ.
00:24 Vivement qu'on parte, on est des marins, on est ravis de partir en mer.
00:28 Il y a des marins à bord mais il y a des scientifiques aussi puisque Tara est un voilier laboratoire.
00:33 Quand on est en mer, comment est-ce qu'on travaille, comment est-ce qu'on fait de la science sur un tel support ?
00:40 Tara est un petit bateau de recherche, il fait 36 mètres de long, la Goëlette Tara.
00:44 À bord du bateau, il y a des scientifiques, il y a des chercheurs, il y a des marins bien sûr.
00:48 Et puis toute cette équipe travaille en fait main dans la main pour faire le maximum de ce qu'on peut faire chaque jour.
00:54 On va s'arrêter le long des côtes européennes, du littoral, à plusieurs reprises pendant ces deux années.
01:00 Avec à chaque fois faire beaucoup de prélèvements d'eau, de sédiments, de plein de choses, de l'air aussi qui est autour de nous.
01:05 Pour mesurer la pollution, plein de petits tubes, plein de petites données récupérées.
01:10 Et à la fin, ça va faire un énorme trésor qu'il va falloir analyser.
01:13 Alors c'est une mission un peu différente de celle que vous menez d'habitude.
01:17 D'habitude, vous êtes seul en mer en train de faire des prélèvements qu'ensuite vous redonnez aux différents laboratoires scientifiques.
01:23 Cette fois-ci, vous allez travailler en double, à la fois des prélèvements qui sont faits en mer, près des côtes avec Tara.
01:28 Ça c'est aussi un élément important parce que cette proximité des côtes en navigation, ce n'est pas simple.
01:33 Et en même temps, parallèlement, il y a des prélèvements qui vont être faits à terre par des équipes d'un grand laboratoire européen qui s'appelle l'EMBL.
01:39 Et tout ça doit être fait en liaison.
01:41 Oui, l'idée c'est de comprendre le transfert de pollution chimique, notamment entre la terre et la mer.
01:47 De comprendre aussi cette biodiversité qui est à terre et qui est en mer et comment elle est affectée par cette pression de pollution.
01:53 Et effectivement, ça va être compliqué d'accorder un bateau qui est en mer, qui est sujet aux tempéries, aux marées, aux courants, aux trafics maritimes.
02:03 Et en même temps, avoir un bateau sur terre qui va être en face de nous en même temps.
02:07 Les équipes vont se suivre comme ça pendant un an et demi, un an et demi presque.
02:11 C'est un beau challenge. Je ne suis pas sûr qu'on arrive à tout faire ce qu'on a prévu de faire.
02:16 Ça demandait beaucoup de travail en amont.
02:18 Oui, ça fait trois ans qu'on prépare un projet pareil.
02:20 Ça fait trois ans qu'on réfléchit à comment faire, trois ans que les équipes travaillent comme ça pour essayer d'imaginer le projet, de le construire et maintenant de le déployer.
02:27 On part dans quelques heures.
02:29 Avec l'idée de réaliser, de documenter ce lien entre la terre et la mer.
02:33 Par exemple, comment une pollution qui démarre à terre peut arriver sur cette bande côtière jusque dans des eaux un peu plus profondes, un peu plus au large.
02:41 De voir comment tout ça interagit à toutes les échelles, de la taille du micro-organisme, du plancton, qui est un peu la spécialité de Tara, jusqu'à l'échelle moléculaire.
02:49 Bien sûr, le littoral finalement condense beaucoup de population, beaucoup d'habitants, beaucoup d'activités.
02:55 Il y a aussi les bassins versants, tout ce qu'on met dans nos vallées, dans nos forêts.
03:01 Tout ça finalement finit un jour par les fleuves à la mer.
03:04 C'est vraiment là où il y a le plus de pression.
03:06 C'est intéressant de voir comment ça marche, comment s'installent les résistances aux antibiotiques, par exemple, qui sont des enjeux de santé publique majeurs.
03:14 Finalement, la qualité de l'eau, c'est la qualité de vie.
03:17 Si on n'arrive pas à mesurer et à se préoccuper de cette qualité de l'eau, non pas de la quantité, mais aussi de la qualité, c'est un sujet majeur de santé publique.
03:25 Cette mission qui s'appelle TREC, avec laquelle Tara participe, avec une mission Tara Europa, le volet à terre fait par le MBL,
03:34 c'est évidemment deux ans de travail de prélèvement, mais c'est des années et des années ensuite de travail et de recherche possibles pour les scientifiques.
03:40 Bien sûr, ces données vont être récupérées. Il y a des analyses qui sont très rapides, pour la chimie notamment, la pollution chimique, ça va très vite.
03:46 Mais par contre, la biologie, la biodiversité, les hygiènes, tout ça, ça prend du temps.
03:50 Je pense que dans deux, trois ans, on aura les premiers résultats.
03:52 CNRS, le MBL, plus les laboratoires vont travailler, il y a plus de 100 laboratoires impliqués, il va y avoir 500 chercheurs qui vont travailler sur ces données.
04:00 Donc c'est énorme, ça nous dépasse complètement. Mais au départ, il faut d'abord aller en mer et mettre les mains dans l'eau pour aller chercher tout ça.
04:06 Le départ, c'est aujourd'hui, cet après-midi, sous un temps qui s'annonce plutôt clément.
04:11 Donc c'est parfait. Et puis, Laurent, cette aventure Tara pendant deux ans, elle fera l'objet d'un podcast sur France Info.
04:17 A un peu de patience, ça sortira à la fin de l'année, mais on vous racontera tout ça, cette aventure à la fois scientifique et humaine.

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