Retrouvez La drôle d'humeur de Camille Lavabre dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-camille-lavabre
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AmusantTranscription
00:00 Et elle voulait parler, ça tombe bien, voici Camille !
00:02 *Applaudissements*
00:06 - Eh ben bonjour à tous !
00:07 - Bonjour !
00:08 - Bon, j'avais quelque chose d'important à vous dire aujourd'hui, quelque chose de très intime.
00:13 Je voulais vous dire que...
00:14 Pardon, c'est pas facile à dire, mais voilà, je voulais vous dire que je suis comédienne, voilà, je le dis, c'est mon métier !
00:21 Non mais voilà, c'est ce qui me rend heureuse !
00:23 Et même si quand on me rencontre, on peut pas s'en douter du tout !
00:25 *Rires*
00:27 Et récemment...
00:28 Récemment, j'ai passé un casting avec une directrice de casting, donc...
00:33 Et comment dire...
00:34 C'est pas qu'elle était misogyne, c'est que quand j'ai raconté mon rendez-vous à un
00:38 pote comédien et à quel point elle avait été assez peu sympathique, ce dernier m'a
00:42 répondu "Ah bon, bah c'est bizarre, pourtant avec moi, elle a toujours été adorable."
00:46 Et d'ajouter "Mais bon, après t'inquiète, c'est normal, elle aime pas les femmes, c'est
00:50 pour ça."
00:51 Et de le banaliser comme si c'était juste un truc factuel, genre "Elle a pas compris
00:56 ta phrase ?"
00:57 "Bah t'inquiète, elle parle pas français, c'est pour ça."
00:58 "Elle t'a traité de pute ?"
00:59 "Bah t'inquiète, elle est capricorne, c'est pour ça."
01:01 "Elle a tenté de poignarder son voisin ?"
01:03 "Bah t'inquiète, elle est HPI, c'est pour ça."
01:05 Vraiment, je suis arrivée, j'ai dit bonjour, et rapport au fait que nous étions au nombre
01:10 de deux dans la pièce, il semblait évident que c'est à elle que s'adressait alors cette
01:13 salutation.
01:14 Puisque je ne salue en général ni les chaises ni les portes.
01:17 Pas quand je suis sobre en tout cas.
01:18 Ce qui était le cas depuis presque 10h du matin.
01:21 Bref, j'entre, je dis bonjour.
01:24 L'a-t-elle seulement relevée ? Non.
01:26 M'a-t-elle seulement répondue ? Non plus.
01:28 Vais-je continuer de poser des questions tout au long de ma chronique ? Probablement.
01:31 Combien de temps ? Je sais pas.
01:33 On peut arrêter maintenant ? Oui.
01:34 Même pas une petite dernière ? Allez, si.
01:37 En plus, je débarquais là, une valise à la main, en sueur, entre deux trains de tournée,
01:42 exténuée.
01:43 Je me sentais pas au top de moi-même.
01:45 Et alors, prenons une déjection canine sur un trottoir.
01:48 Quand tu la vois, qu'est-ce que tu fais ? Tu l'évites.
01:50 Donc tu prends acte de sa présence.
01:52 Et ben là, même pas.
01:53 J'étais à ses yeux moins qu'un excrément de Labrador.
01:56 Alors qu'à ce moment-là, vraiment, j'aurais eu plus besoin d'un câlin.
01:59 Pas grand-chose.
02:00 Un sourire aurait aisément fait office de caresse.
02:03 Alors jamais l'inverse.
02:04 Par contre, il ne marche pas ça pour tous les frotteurs dans le métro qui nous écoutent.
02:07 L'inverse, ça ne marche pas.
02:09 Finalement, après un long silence gênant, elle finit par me briefer en 6 secondes sur
02:13 la scène que je dois jouer.
02:14 Et ce, avec un enthousiasme à faire palir un citoyen français aux prochaines présidentielles.
02:18 Bon, en gros, tu vois le rôle.
02:19 La meuf veut se suicider en se sautant d'une falaise, donc tu te fous debout sur la table,
02:23 je te filme d'en bas pour simuler le vide et toi t'es mal.
02:25 Ok ? Allez go.
02:26 Là, donc, je monte tant bien que mal sur cette table, bancale.
02:29 Je me retrouve à simuler le vide et le "oh là là, c'est terrible, je fais me suicider".
02:34 C'était horrible.
02:35 Horriblement ridicule.
02:36 On fait la scène, puis elle me dit "ok, c'est bon, j'ai ce qu'il me faut".
02:39 En 1 minute 20, c'était plié.
02:41 Fin du rendez-vous pour lequel j'avais donc à la fois traversé la France et les steppes
02:45 insondables de son mépris.
02:46 Avant qu'elle me foute dehors, je pars, je laisse la place au prochain.
02:49 Mathias, 30 ans, 1m85, 80 kilos de charisme.
02:54 "Maaat, comment tu vas ? Ça fait plaisir de te voir.
02:57 Tu connais pas le texte ? Bah, nos preuves, on va se prendre une petite heure pour te
03:00 le faire apprendre".
03:01 Là, je me dis "ah, dommage, mauvais timing, puisqu'à cet instant précis, précis, je
03:05 me serais bien jeté d'une falaise et j'aurais parfaitement été dans le personnage".
03:09 Putain, mais pire que la misogynie, la misogynie féminine quoi.
03:13 Mais quel fléau de notre époque.
03:15 Pourtant, il y a un moyen de lutter contre ce type de misogynie.
03:18 Et d'ailleurs, ça porte un nom.
03:19 Vous savez, c'est ce phénomène dont on a beaucoup parlé ces dernières années.
03:22 Le Covid, non, Daniel, aucun rapport.
03:24 Non, je parle de la sororité.
03:25 La sororité, c'est la solidarité entre femmes.
03:27 C'est l'idée qu'on est toutes des sœurs.
03:29 Donc oui, ça reste une maladie, certes, mais de femmes.
03:32 Donc contrairement au Covid, une maladie avec du goût.
03:34 Et en même temps, je comprends que ce soit dur à intégrer la sororité, puisque ça
03:40 fait pas longtemps qu'on nous a dit que c'était possible d'être ensemble plutôt
03:42 que de se crêper le tempax.
03:44 Et c'est vrai qu'on ne peut pas obliger les femmes à être sœurs entre elles.
03:47 Il n'y a pas de 49-3 de la sororité.
03:49 Et d'ailleurs, on voit bien qu'il y a des sœurs qui n'ont pas le sens de la famille.
03:52 Coucou Elisabeth Born et la réforme des retraites défavorables aux femmes.
03:55 Mais dans l'ensemble, si je t'ai rien fait et que tu m'as rien fait, meuf, viens, on
03:58 essaie.
03:59 Ça commence par se dire bonjour, se sourire entre sœurs.
04:02 Viens, on se met à l'aise.
04:03 Je veux dire, le monde est suffisamment violent par ailleurs pour pas s'en rajouter une couche
04:06 entre nous.
04:07 Je rêve qu'on soit toutes ensemble, qu'on se soutienne, qu'on pense les unes aux autres
04:12 plutôt qu'à soi-même en se tenant la main.
04:14 Et je vous ai dit que j'étais comédienne ?
04:16 Noooooooooooon !
04:18 (Applaudissements)
04:20 Nicolas Demorand : Lucas Camille ! Le jeudi, au Point Virgule, c'était Yass, t'es génial !