Depuis l’adoption du projet d’Emmanuel Macron via l’article 49-3 de la Constitution, le 16 mars, la mobilisation a pris un tournant électrique qui ne semble pas prêt de s’estomper. Notre reporter Pierre Tremblay, qui a suivi la plupart des manifestations depuis le début du mouvement, raconte comment il a vu la rue s’embraser au cours des derniers jours.
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00:00 Quelque chose s'est réveillé dans ce pays.
00:02 En deux semaines, la mobilisation contre la réforme des retraites a basculé.
00:05 Elle était massive, mais aussi prévisible et ronronnante.
00:09 Elle est devenue spontanée, électrique et pour une certaine frange, violente.
00:14 Voici comment en tant que reporter, j'ai vu la rue s'embraser.
00:17 L'étincelle, c'est le 49-3.
00:19 Le 16 mars, une assemblée barricadée adopte de force une loi impopulaire.
00:25 Cet événement cristallise la colère.
00:27 Je le vois à travers la foule qui afflue au fil de la soirée Place de la Concorde.
00:32 Ce rassemblement est un tournant.
00:34 Il est organisé contre l'avis de la préfecture.
00:36 Il rassemble de nombreux jeunes sur une place symbolique à deux pas des institutions.
00:42 La place est finalement évacuée sous les lacrymos, mais le ton est donné pour la suite.
00:47 Dès lors, je n'entends qu'une seule chose en manif.
00:49 Défiler d'un point A à un point B, ça ne sert à rien.
00:52 Emmanuel Macron, par son silence, le prouve chaque jour depuis janvier.
00:56 Des manifestations sauvages sont organisées à Paris et dans d'autres villes chaque soir.
01:01 Le 18 mars, dans le 13e arrondissement,
01:04 j'entends des slogans de plus en plus virulents à l'égard du chef de l'État.
01:08 On dresse des barricades, on incendie les poubelles laissées par les éboueurs en grève.
01:12 Comme les forces de l'ordre, j'ai du mal à suivre le rythme de ces manifs sauvages.
01:17 Mais ce désordre fonctionne.
01:18 Il récolte un écho médiatique et politique aussi important que des semaines de grands cortèges syndicaux.
01:24 Dans ce contexte, le maintien de l'ordre retombe dans ses travers.
01:28 Les images de manifestants poursuivis, matraqués, parfois insultés, sont catastrophiques.
01:33 Dans la rue, la seule présence de la controversée brave M est perçue comme une provocation.
01:38 Je sens les policiers et les gendarmes à cran, y compris envers nous, les journalistes.
01:43 Et dans les manifestations syndicales, les forces de l'ordre, jusqu'ici en retrait,
01:47 renouent avec des interventions en plein milieu des cortèges.
01:51 Ce retour à un maintien de l'ordre plus offensif renforce les tensions.
01:55 Depuis la manifestation, c'est métamorphosé.
01:57 La jeunesse a galvanisé les cortèges, alors qu'en février, je ne croisais qu'une poignée d'étudiants convaincus.
02:02 Le black bloc est devenu massif, ce n'est plus un groupuscule isolé.
02:06 Ce sont des centaines de manifestants cagoulés qui se fondent de plus en plus dans le cortège traditionnel.
02:12 Des manifestants pacifiques, étudiants ou travailleurs marchent à leur côté.
02:16 Bref, les forces de l'ordre font face à une virulence et parfois une violence qui transcende le cortège.
02:22 Personnellement, je n'avais pas vu cela depuis les Gilets jaunes.
02:25 Cette radicalisation n'a pour carburant qu'une seule chose, l'intransigeance d'Emmanuel Macron.
02:30 [Musique]