• l’année dernière
Dans son livre « De l'eau dans ton vin », Olivia Leray raconte son enfance et son adolescence auprès d'un père dépendant à l'alcool.

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#Alcoolisme #Addiction #Dépendance #Alcool

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Transcription
00:00 Je pense qu'on met beaucoup de temps, et parfois ça n'arrive jamais,
00:02 à dire qu'on a un alcoolique dans la famille.
00:05 J'ai été une enfant comme les autres.
00:08 Alors évidemment, j'avais pas parfois les mêmes week-ends quand ils venaient pas
00:11 ou quand on passait des soirées ou des journées dans les bars PMU,
00:16 c'est ce que je raconte dans le livre.
00:17 Il y a des moments où t'es hyper heureuse avec ton père,
00:19 je raconte des épisodes où on part en vacances et où on est dans la normalité.
00:23 C'est pas un état qui est tout le temps comme ça.
00:25 Le plus compliqué pour moi, ça a été à l'adolescence,
00:28 c'est quand tu commences à avoir besoin de repères pour devenir adulte.
00:32 J'avais des situations à gérer
00:33 qu'une adolescente ou une jeune femme ne devrait pas avoir à gérer,
00:36 à savoir s'occuper de son papa.
00:39 Alors voilà, ça peut être "prends tes médicaments pour éviter de boire",
00:43 ça peut être "pourquoi t'as racheté des bouteilles d'alcool",
00:46 ça peut être un peu fliquer au supermarché
00:49 quand tu vois qu'après le rayon pâte, il va directement au rayon bouteille,
00:52 ça peut être l'engueuler quand tu vois qu'il y a des bouteilles dans la poubelle.
00:57 C'est toutes ces petites choses-là qui font que tu deviens un peu le parent de ton père,
01:04 et c'est là où ça a été compliqué,
01:06 parce que du coup, tu peux pas trop t'occuper de ta vie quand t'as tout ça à gérer.
01:09 Je voulais vraiment mettre en lumière toutes les violences mentales que ça implique.
01:15 Ça peut être se rendre compte dans un aéroport
01:17 avant de passer le portique de sécurité
01:19 que ton papa a des canettes de bière dans son sac et pas de vêtements,
01:24 et que ça se soit exposé à la vision du monde et aux gens.
01:27 Ça peut être aussi des soirées où il a beaucoup trop bu,
01:32 et où ça aussi, cet état-là est exposé à la "phase du monde"
01:37 et où toi, tu es obligé de gérer, de l'accompagner, de l'aider,
01:40 parfois de le porter, de le ramener, de le changer, de le mettre en pyjama, etc.
01:45 C'est toutes ces violences mentales-là que je voulais mettre en lumière.
01:48 Des choses qui font que tu grandis plus vite,
01:52 que tu te construis plus vite,
01:54 mais dans une violence quand même mentale.
01:58 Quand t'envoies un message que t'as pas de réponse
02:00 ou que t'as des appels que tu voulais pas avoir en pleurs,
02:03 tardant la nuit parce qu'il va pas bien,
02:05 au début, c'est très dur à gérer mentalement.
02:08 Tu te dis "Mais pourquoi moi ? Pourquoi je dois subir ça ?
02:11 C'est pas à moi de gérer ça."
02:13 Ça a été dur. Après, j'étais très bien accompagnée.
02:16 Ma mère a fait le taf pour deux.
02:18 Ma sœur a été une sœur exceptionnelle
02:20 et elle donnait les repères qu'il fallait qu'elle me donne,
02:22 mais c'est vrai que les appels sans réponse,
02:26 les "moi", sans se parler, à l'adolescence,
02:28 c'était très dur à gérer.
02:30 Je m'en voulais beaucoup,
02:31 parce que je me disais, comme beaucoup se disent,
02:34 "T'es incapable d'arrêter même pour moi."
02:37 C'est à ce moment-là que j'étais très en colère,
02:38 parce que je me disais "Je vois pas la peine que t'arrêtes,
02:40 et nous, on voit pas la peine que t'arrêtes."
02:42 Donc j'étais très en colère et je me sentais surtout impuissante.
02:45 Parce qu'à cet âge-là,
02:48 à part être là et être là le plus possible,
02:52 tu peux pas faire grand-chose,
02:53 parce que c'est plus fort que tout,
02:54 c'est plus fort que l'amour d'un père pour une fille, je pense.
02:57 À partir du moment où il y a une prise de conscience
02:59 de cette maladie, qui est une vraie maladie, une vraie addiction,
03:03 je pense que déjà, on a fait la moitié du chemin.
03:05 Toi, à chaque fois que tu décides de boire un coup,
03:08 et que forcément, tu bois un peu plus que les autres,
03:10 parce que t'as une satiété qui est un peu altérée
03:13 par rapport à toute ton histoire et au fait que ton père boit,
03:17 moi, je trouvais ça injuste.
03:19 Je me suis dit "mais c'est pas normal que moi,
03:20 je remette en question toute ma vie à chaque fois que je bois un verre."
03:24 Parce que c'est vrai, je bois plus que les autres, je pense,
03:27 parce que j'ai ce goût-là de l'alcool, c'est ce que je disais,
03:31 j'ai cette Madeleine de Proust d'aimer la convivialité,
03:33 d'aimer les verres qui tringuent,
03:35 d'aimer les moments d'échange quand on est en train de trinquer.
03:39 Et je remettais beaucoup ça en question en me disant
03:43 "ouais, c'est injuste que moi,
03:45 j'ai pas le droit juste de faire ça en toute légèreté,
03:47 sans pensée, sans arrière-pensée."
03:48 Le lendemain de soirée,
03:50 il y a plein de moments où je me suis dit "tu fais n'importe quoi, arrête,
03:53 tu sais très bien que t'as une vulnérabilité par rapport à ça."
03:58 Et c'était angoissant, c'est angoissant de se dire
04:01 "tu vas être comme ton père", c'est angoissant, vraiment.
04:04 Après, dans une deuxième phase,
04:06 je pense que c'est juste avant de commencer à écrire ce livre,
04:10 il y a un diagnostic qui a été posé sur le syndrome de Korsakoff,
04:15 qui est en fait le fait d'avoir trop bu.
04:18 C'est un syndrome qui est mis en lumière
04:20 parce que t'as une partie du cerveau qui devient grise,
04:24 qui est grisée, qui ne fonctionne plus,
04:25 parce que t'as plus assez de vitamines, tu te nourris pas assez
04:28 et t'as trop d'alcool,
04:29 et du coup t'as une partie de ton cerveau qui est grisée,
04:31 et là c'est un tout autre état.
04:32 Ça veut dire que t'oublies quasiment immédiatement ce qu'on te dit,
04:36 tu peux plus être autonome, tu ne peux plus vivre tout seul,
04:40 tu ne peux plus t'occuper de toi, tu t'en fiches de bien t'habiller,
04:43 tu t'en fiches de ton état, de ce que tu donnes au monde,
04:47 donc c'est très grave,
04:48 et ça je l'ai compris il n'y a pas très longtemps,
04:50 donc juste avant de commencer ce livre,
04:52 et c'est à ce moment-là que j'ai pu commencer à être beaucoup plus indulgente.
04:56 Je me suis dit que c'était comme ça,
04:59 qu'il faisait ce qu'il pouvait, que moi aussi,
05:01 et que finalement, même à travers ses absences,
05:05 il avait réussi à me donner une super qualité
05:08 qui est la résilience et l'abnégation,
05:11 et ça je lui dois,
05:13 donc je suis contente de l'avoir,
05:14 c'est deux qualités hyper importantes pour avancer dans la vie,
05:17 donc j'ai appris à avoir le côté positif.
05:20 Je voulais vraiment lui rendre hommage
05:21 et lui rendre la place qu'il mérite dans la société,
05:25 parce que c'est quelqu'un de bien,
05:26 qui a eu un parcours de vie en dansy,
05:31 qui a eu un parcours de vie un peu cabossé,
05:32 mais c'est quelqu'un de bien,
05:33 et je voulais vraiment lui rendre hommage à lui d'abord.
05:36 J'aimerais qu'il se dise qu'il n'a pas tout raté,
05:38 parce que je pense que quand tu es dans cet état-là
05:40 et que tu ne peux plus travailler parce qu'il est en incapacité de travail,
05:43 qu'à 60 ans tu te retrouves en résidence senior,
05:46 que je pense que même si tu n'es pas capable vraiment
05:49 de te rendre compte de ton état par rapport au syndrome de Corsaca,
05:52 je pense que tu dois quand même te sentir un peu seule et délaissée,
05:56 et j'aimerais qu'il sache qu'il n'est pas seul,
05:58 qu'il y a beaucoup de gens qui vont lire son histoire et à qui ça va servir.
06:00 En deuxième partie, vraiment,
06:02 moi me rendre ma place aussi à moi de juste jeune femme,
06:06 pas juste fille d'eux, pas juste fille d'alcoolique.
06:09 Je me suis toujours vue comme quelqu'un qui aurait toujours des problèmes avec ça,
06:13 quelqu'un qui, à chaque fois qu'on en parlerait, aurait les larmes aux yeux
06:16 et qui ne pourrait pas avancer.
06:17 Et vraiment, écrire ce livre, ça a changé mon regard sur cette maladie.
06:22 En acceptant que je fasse ce livre, il a permis aussi que j'aille mieux.
06:26 Donc vraiment, rien que pour ça, je voudrais vraiment lui dire merci.
06:30 Merci.
06:31 Merci.
06:32 Merci.
06:33 Merci.
06:34 Merci.
06:35 Merci.
06:36 [SILENCE]

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