Dans son édito du 22/03/2023, Florian Tardif revient sur la question de la réforme des retraites et l'appel à «l'union nationale».
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00:00 Florian Tardif avec nous.
00:01 C'est la solution d'Edouard Philippe pour retrouver
00:04 la stabilité politique dans le pays et la concorde nationale.
00:07 Oui, Romain, faisons comme dans les épilogues d'Astérix.
00:10 Organisons un grand banquet, mangeons des sangliers,
00:12 buvons de la cervoise autour d'un grand feu.
00:14 Cela permettra enfin de retrouver une cohésion nationale.
00:18 Cette image presque enviable, Romain, disons-le,
00:20 lorsque l'on regarde l'état du pays actuellement,
00:23 n'est pour l'heure qu'une illusion, car cette idée
00:26 d'un gouvernement, d'union nationale, proposée donc ce matin
00:29 par Edouard Philippe, n'est qu'une vieille rengaine
00:32 qu'on ressort à chaque crise politique.
00:34 Alors certes, il y a bien eu en France parfois des unions nationales
00:37 où les politiques se sont rassemblées sous une même bannière
00:40 en 1914 à l'appel du président Raymond Poincaré,
00:44 puis en 1945 autour du général de Gaulle.
00:47 Sauf que dans ces deux exemples historiques, Romain,
00:49 la France ne faisait pas face à une difficulté politique
00:52 comme le pouvoir à présent, mais à une menace existentielle
00:56 à la guerre. En l'occurrence, c'est tout à fait différent.
00:58 Et d'ailleurs, les opposants politiques à Emmanuel Macron
01:01 ne s'y trompent pas. Un gouvernement d'union nationale,
01:04 c'est déjà le 1er avril, me dit l'un des leaders politiques
01:06 de gauche, plutôt raisonnable et raisonné.
01:09 Comprenez, Romain, qu'il est fort peu probable
01:11 aujourd'hui qu'un gouvernement d'union nationale voit le jour.
01:14 Alors, cette idée est saugrenue, Florian ?
01:16 Oui, Romain, comme je viens de vous l'exposer. Et non.
01:20 Alors, vous allez me dire pourquoi, Florian ?
01:22 Écoutez, la France est un régime semi-présidentiel.
01:25 La cinquième a accru les pouvoirs de l'exécutif, du président,
01:28 mais ce dernier, tout puissant qu'il est, ne peut gouverner
01:31 sans majorité à l'Assemblée nationale.
01:33 On en a un exemple assez parlant en ce moment,
01:35 où faute de majorité absolue au Parlement, l'exécutif se voit
01:38 être contraint de passer en force ses textes s'il n'arrive
01:42 à trouver aucun compromis avec de potentiels alliés,
01:45 notamment les Républicains, vous l'avez compris.
01:47 Suite au résultat décevant pour le camp présidentiel
01:50 lors des dernières élections législatives, Romain Emmanuel Macron
01:53 était conscient de cette difficulté. Il avait d'ailleurs proposé
01:55 à l'époque, tiens donc, un gouvernement d'union nationale
02:00 au leader de l'opposition. L'idée avait été rejetée
02:03 par l'ensemble des opposants politiques à Emmanuel Macron.
02:06 Alors, que faire aujourd'hui ? Faut-il relancer cette idée ?
02:10 Le président ne dissoudra pas l'Assemblée nationale,
02:13 c'est ce qu'il a dit hier aux différents parlementaires
02:16 qu'il a pu rencontrer, parlementaires de la majorité,
02:19 refusant de réagir, vous l'avez compris, sous pression,
02:21 sauf que faute de majorité absolue au Parlement
02:24 et avec un gouvernement menacé par la censure
02:27 à une poignée de voix prêts, on rappelle que seules
02:30 neuf voix manquaient pour pouvoir faire tomber le gouvernement.
02:34 Le pays pourrait bien être ingouvernable, Romain,
02:36 si aucun changement n'est opéré par l'exécutif aujourd'hui.
02:39 Florian Tardif, merci beaucoup Florian.
02:41 [Musique]
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