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Le député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.

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00:00 Bonjour Alexis Corbière, bienvenue dans la matinale de CNews.
00:02 Après le rejet des deux motions de censure, le texte est désormais adopté.
00:06 La loi sera promulguée.
00:07 Est-ce que la bataille est terminée ?
00:09 Non, c'est une étape.
00:10 Et d'un certain point de vue, ce qui s'est passé jeudi,
00:13 à savoir l'utilisation du 49.3,
00:15 est un élément qui a redynamisé le mouvement et je m'en félicite.
00:18 Sur un plan législatif, la bataille est quand même terminée ?
00:21 Moi, vous savez, j'ai l'âge de me souvenir,
00:24 notamment quand il y avait eu le CPE,
00:26 c'était Jacques Chirac président de la République,
00:29 c'était Dominique De Villepin, Premier ministre.
00:31 Oui, mais écoutez, on a un essai d'avoir de la mémoire de tout ça.
00:34 T'as des mobilisations sociales et M. De Villepin,
00:36 qui avait pour autant fait adopter la loi, avait jugé finalement plus sage
00:40 de la retirer parce que la mobilisation continuait.
00:42 Elle avait même été promulguée et suspendue immédiatement par Jacques Chirac.
00:46 On était à peu près à la même période, au mois de mars,
00:47 et puis le 10 avril 2006, je crois finalement tout ça avait été suspendu.
00:50 Ce que je veux illustrer par là...
00:51 Peut-être que vous misez en fait sur cette loi retraite ?
00:53 Ce que je veux dire déjà, partons de l'essentiel,
00:56 et je ne veux pas donner des conseils à M. Macron,
00:58 mais si d'aventure il nous écoute,
00:59 je crois qu'il aime bien écouter votre matinale,
01:01 mais la question elle est politique.
01:03 Bien sûr, les outils que je juge autoritaires de la Constitution,
01:06 de nos institutions, peuvent permettre d'imposer ce texte.
01:09 Parle 49.3, aucun vote à l'Assemblée nationale,
01:12 mais tout le monde sait bien qu'il y a une protestation puissante dans le pays.
01:15 Donc il est temps un peu de calmer les choses.
01:17 C'est un texte qui n'est ni juste, ni justifié.
01:20 Et j'invite le président de la République à ne pas brutaliser le pays.
01:23 Alors ensuite, pour répondre à votre question,
01:25 moi je conseille, je viens d'apprendre que M. le président de la République
01:28 va parler demain, retirer le texte.
01:30 Toutefois, nous avons déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel,
01:33 et le président du Conseil constitutionnel,
01:35 le président Fabius, a déjà fait entendre des critiques,
01:38 et je suis attentif, et ça peut même être une porte de sortie.
01:40 Donc c'est peut-être ça la chance ?
01:41 Peut-être ça, nous avons également une chance,
01:44 mais je parle pour les Français, pas pour moi,
01:46 pour tous ceux qui sont les 70% de la population qui sont contre ce texte.
01:50 Ensuite, il peut y avoir même une demande de référendum.
01:54 Il y a un chemin constitutionnel un peu compliqué,
01:57 mais surtout que tout le monde reste mobilisé.
01:58 Moi je dis bravo à tous ces salariés, à tous ces gens,
02:01 à cette jeunesse qui se mobilise et qui démonte ce rejet.
02:05 Mais j'insiste, il y a à la fois un refus de la retraite à 64 ans,
02:09 mais moi ce que j'ai vu, c'est une colère depuis le 49-3.
02:13 Je vous assure, Laurence Ferrari, ça m'a frappé ce week-end,
02:15 les gens, et ça remonte directement sur le président de la République.
02:18 On a vu tous les soirs des moments de violence.
02:20 Ils n'apprécient pas cette brutalisation.
02:21 Alors la brutalisation doit forcément avoir comme réponse la violence ?
02:25 Non, mais justement…
02:27 Les mots ont un sens.
02:28 Non, mais justement, c'est à partir où vous brutalisez symboliquement,
02:33 politiquement, ce qui est censé être la représentation nationale.
02:36 C'est-à-dire que vous créez l'idée que la démocratie est bloquée.
02:40 Eh bien on vous demande, vous avez des gens qui se disent,
02:41 finalement, seules des actions spectaculaires peuvent faire bouger les choses.
02:45 Moi je lance le message, les amis, notre force, c'est notre nombre.
02:49 Donc continuons à avoir des mouvements qui sont pacifiques,
02:53 qui démontrent une puissance populaire,
02:55 qui démontrent ce caractère majoritaire que nous sommes.
02:58 Pas d'action qui amène à ce que le mouvement se marginalise,
03:01 se casse en morceaux.
03:02 Radicalise.
03:03 Mais moi je suis radical avec les syndicats,
03:06 en disant "retirez le texte, il n'y a pas plus radical".
03:08 Donc ce mot de radicalisation, il est trop général.
03:10 Mais pas de violence minoritaire qui amène à ce qu'au bout d'un moment,
03:14 tous ceux qui sont…
03:15 Mais attention…
03:16 Par exemple, hier à Paris, 300 interpellations des policiers blessés.
03:19 Ça c'est pour vous…
03:21 Attendez, oui alors…
03:22 Non, pas non, il y a des policiers blessés.
03:24 Oui sans aucun doute, il est hors de question qu'un fonctionnaire de police soit blessé.
03:27 Maintenant je peux vous dire, comme parlementaire,
03:29 je suis allé avec mes amis dans des commissariats,
03:31 parce que nous pouvons, dans ces moments-là,
03:33 voir les lieux de suspension des libertés.
03:36 Beaucoup de gens passent 24 heures au poste,
03:38 sortent, on ne leur reproche absolument rien.
03:40 L'autre fois je suis allé chercher des amis,
03:41 on leur reprochait attroupement, et après 24 heures ils sont relâchés.
03:44 Ils n'ont strictement aucun grief.
03:46 Ce que je veux dire, c'est que ça attrape,
03:49 je ne veux pas dire le mot raflé, parce qu'historiquement,
03:50 mais ça attrape beaucoup, beaucoup, 200, 300 personnes,
03:54 et au milieu de tout ça, j'ai encore un ami qui est un élu d'une des villes
03:57 dont je suis député, qui est vraiment, s'il y a de plus pacifique,
04:00 qui est actuellement au commissariat dans le 18e arrondissement.
04:04 Tout ça c'est aussi…
04:05 Bon, et il y a même des images, pardon, je respecte le travail de la police,
04:09 qu'on voit sur les réseaux, ça cogne, ça tape.
04:12 Moi ce n'est pas l'idée non plus que je me fais
04:13 avec ce que doit être un gardien de la paix.
04:15 Et puis je me souviens, en 1986, c'est là où j'ai commencé mon engagement,
04:19 moi je n'aime pas revoir ces voltigeurs, on appelait comme ça à l'époque,
04:22 là c'est un fonctionnaire qui tient la moto,
04:24 et puis l'autre derrière qui matraque, ça c'est mal fini.
04:26 Alors donc, qu'elles m'ont les choses.
04:28 Et je pense que ce pays est très tendu, à juste raison, et je le soutiens,
04:32 et le président de la République, lui son rôle maintenant c'est de dire, je retire.
04:34 - 300 interpellations dans toute la France, hier soir.
04:37 Emmanuel Macron va s'exprimer à 13h demain,
04:39 13h dans les UD2 TF1 et France 2,
04:41 c'est-à-dire qu'il veut parler à la France des régions,
04:44 à la France qui rentre déjeuner chez elle,
04:45 à la France des sous-préfectures.
04:47 C'est une bonne idée ? Et que va-t-il dire à votre avis ?
04:50 - Moi vous savez, la communication, c'est votre métier,
04:52 vous êtes plus forte que moi, je ne sais pas,
04:54 la question c'est qu'est-ce qu'il a à dire ?
04:56 Il peut le dire à 20h, à 13h, quand il veut.
04:58 - Expliquez, pourquoi le 48.3, pourquoi cette réforme,
05:00 pourquoi pour l'équilibre financier de la France ?
05:02 - Là vraiment, là je lui déconseille de faire ça.
05:04 Si c'est une nouvelle intervention, pour dire vous n'avez pas bien compris,
05:07 et moi je vais mieux vous expliquer que les précédents,
05:09 il va se carboniser pendant l'exposition triviale encore plus.
05:13 Les gens ont compris, ça va, ça fait des semaines et des mois qu'on discute.
05:16 Tous les arguments qu'ils ont utilisés
05:18 sont avérés comme des arguments mensongers.
05:20 Il y aura une retraite minimum à 1 200,
05:21 c'est pas vrai, ça va concerner une minorité.
05:23 C'est une retraite qui est bonne pour les femmes,
05:25 ce n'est pas vrai, etc.
05:27 Macron ne fera pas mieux que Mme Borne et M. Dussopt, d'accord ?
05:29 Donc je l'invite à prendre la mesure lui,
05:31 de l'état de tension dans lequel il est,
05:33 de comprendre qu'il a fait une erreur sur le 49.3,
05:35 il fallait être beau joueur, aller au vote,
05:37 il a refusé, il a refusé parce qu'il était minoritaire,
05:40 s'il est minoritaire, il retire.
05:41 S'il a autre chose à dire, franchement, je répète,
05:43 ça va participer à la tension générale dans le pays.
05:45 Et le lendemain, il y a une manifestation,
05:47 j'invite à ce que tout le monde participe.
05:49 Intersyndical.
05:49 Bon, mais s'il refait une espèce de 49.3 verbal,
05:52 c'est-à-dire qu'il revient à la télé pour dire la même chose,
05:55 je m'en fiche de votre opinion, j'impose,
05:57 la manif de jeudi sera encore plus forte.
05:58 Voilà, M. Macron, c'est le moment de faire de la politique,
06:01 pas de vous draper dans la Ve République et dire,
06:03 j'ai le droit, j'ai le droit parce que je peux vous imposer.
06:06 Non, M. le Président de la République,
06:07 vous êtes un citoyen comme un autre, élu, effectivement,
06:10 mais vous ne pouvez pas aller à l'inverse,
06:12 brutalement, frontalement contre le peuple.
06:14 Alors hier, il y a eu des prises de parole
06:16 des présidents de groupes parlementaires à l'Assemblée.
06:18 On vous a beaucoup reproché, à vous, la France insoumise,
06:21 d'avoir théorisé la violence, l'institutionnalisé
06:23 à la fois dans le Parlement et dans la rue.
06:25 Qu'est-ce que vous répondez ?
06:26 Absolument pas. Je ne théorise pas,
06:28 je n'institutionnalise pas la violence.
06:29 Je suis contre la violence, je déteste la violence.
06:31 Mais la violence, elle peut être aussi sociale.
06:33 Quand vous faites travailler deux ans de plus les gens,
06:35 je vais vous dire, la dernière fois, entre 2010,
06:37 M. Sarkozy avait passé la rentée de 60 à 62 ans,
06:40 ça a fait tomber 300 000 personnes au RSA.
06:42 Ça, c'est violent. Ça, c'est de la vraie violence.
06:44 Alors, après que quelqu'un parle fort,
06:46 qu'après quelqu'un prenne une photo,
06:47 TikTok, machin, Twitch, tout ça...
06:50 Hugo Bernalicis a été sanctionné parce qu'il Twitchait.
06:53 On verra s'il sera vraiment...
06:55 C'est un début Twitch.
06:56 Hugo, qui est un homme intelligent
06:58 et qui aime les nouvelles technologies, met en place...
07:00 Il ne peut pas s'abstenir.
07:01 Il n'est pas élu d'adhésion pour autre chose.
07:04 Il met en place une technique nouvelle de compte-rendu,
07:05 en quelque sorte, en plein cours des débats sur les réseaux.
07:08 Vous savez, les débats sont publics.
07:09 Après, on verra, il va plaider auprès du bureau de l'Assemblée nationale
07:12 pour dire qu'il a le droit selon le règlement.
07:14 Comme Hugo est un homme qui connaît parfaitement le règlement,
07:16 je lui fais confiance.
07:17 Mais avouez-là, le péché originel de M. Bernalicis,
07:21 c'est de vouloir que les débats au sein de l'Assemblée nationale
07:24 soient connus des citoyens.
07:25 Mais, Monsieur, ils sont télévisés,
07:26 vous le savez très bien, les débats à l'Assemblée nationale.
07:28 - Pas tous, pas tout, pas exactement.
07:29 Et puis, lui, il fait un compte-rendu détaillé.
07:30 Bon, bref.
07:31 - Avec son point de vue.
07:33 - Laurence Ferrari, à vous.
07:34 - C'est vrai que ce n'est pas le sujet.
07:35 - On est d'accord, ce n'est pas de la violence.
07:36 - Un autre sujet, Éric Coquerel, un policier a porté plainte hier
07:39 contre votre collègue pour violence volontaire
07:41 sur personne ou dépositaire d'autorité publique.
07:43 Les faits se sont passés lundi matin sur le site Veolia de Saint-Denis.
07:46 Le brigadier de police indique que le député
07:48 lui a donné un coup de poing au visage.
07:49 Tout ça a été filmé par sa caméra piétot.
07:52 Un jour dit été pour le policier.
07:53 - On va voir.
07:53 Écoutez, moi, je n'étais pas présent.
07:56 D'accord ?
07:57 On va voir tout ça.
07:58 Je peux vous dire les yeux dans les yeux, comme je connais bien Éric Coquerel.
08:01 Je n'en crois pas un mot.
08:02 Voilà, je crois que ce que dit le policier n'est pas exact.
08:05 Les policiers, le récit qui m'en a été fait, ont poussé fortement.
08:08 Et Éric Coquerel a plutôt été en situation d'être bousculé,
08:11 a demandé au policier de ne pas faire ça.
08:13 Non, non, il n'a pas mis de coup de poing.
08:15 Et je pense...
08:16 Mais ceci dit...
08:16 - Son acte, on verra.
08:17 Non, mais bien entendu, on verra.
08:19 Mais il se trouve qu'il y a un climat à l'heure actuelle.
08:20 Moi, je le vois bien, ça m'est arrivé.
08:22 J'ai même été gazé un jour par des forces de l'ordre,
08:24 uniquement parce que je voulais traverser un barrage.
08:25 Je sais, tout le monde est assez nerveux.
08:27 Et il y a en plus l'utilisation à l'heure actuelle d'une volonté
08:30 de créer une tension et de détourner la conversation.
08:33 Le sujet, c'est une protestation majoritaire contre le projet de loi.
08:36 Tous les autres sujets annexes qu'on veut fabriquer,
08:38 la vitrine de tel parlementaire qui est cassée,
08:40 tel parlementaire qui aurait fait ceci à l'occasion,
08:42 sont selon moi des sujets de diversion.
08:44 Même si le message que je fais passer, c'est pas de violence,
08:46 mais pas de violence aussi de la part du gouvernement contre la population.
08:49 - Mais on peut saccager la permanence d'un député,
08:52 celle d'Eric Ciotti, comme ça ?
08:53 - J'ai dit que je vais désapprouver.
08:54 Maintenant que les choses soient claires,
08:55 pourquoi il ne faut pas saccager la permanence d'un député ?
08:58 Pourquoi il ne faut pas faire pression de plus en député ?
09:00 Pour qu'il puisse voter librement.
09:02 Et qui c'est qui a empêché dernièrement les députés de voter ?
09:05 C'est ceux qui ont utilisé le 49.3.
09:06 Donc vous voyez, il ne faut pas non plus nous prendre pour des nigos.
09:09 Moi, je n'ai jamais aimé casser la permanence.
09:11 Ça ne sert à rien.
09:12 En plus, Ciotti, il a l'air d'être du genre un peu, il est du bois,
09:14 comment dirais-je, qui ne plie pas.
09:15 Donc bon, ça ne m'intéresse pas.
09:18 Par contre, je dis, on ne peut pas s'offusquer du fait que,
09:21 je ne sais trop qui aurait cassé une permanence.
09:23 Et à l'inverse, dans ce coup, ne pas comprendre
09:24 que les députés ont été brutalisés par le 49.3.
09:26 Et au passage aussi, il y a beaucoup de permanences France Insoumise.
09:29 - Brutalisées par le 49.3 qui existe dans la Constitution,
09:31 qui a été utilisé déjà une centaine de fois depuis le début de la cinquième.
09:34 - Mais pas sur ce type de sujet.
09:37 - Brutalisation.
09:38 - Oui, brutalisation.
09:39 Je vais vous dire, l'histoire, la Constitution de 58,
09:41 elle est née dans un moment de quasi-guerre civile avec la guerre d'Algérie.
09:44 Elle a été faite là pour avoir justement un caractère autoritaire.
09:47 Utiliser le 49.3 sur un sujet comme ça, social,
09:50 c'est-à-dire que le Parlement ne peut même plus dire
09:52 s'il est d'accord ou pas avec le fait que les Français
09:53 n'ont travaillé deux ans de plus, selon l'idée que je me fais de la République,
09:56 qui doit être l'expression de la souveraineté populaire,
09:59 c'est une brutalisation.
10:00 Voilà pourquoi d'ailleurs, je suis pour la VIème République
10:02 en finir avec ce présidentialisme, un régime plus parlementaire.
10:05 - Un tout petit mot des motions de censure.
10:07 19 élus LR ont voté la motion de censure,
10:09 qui était la motion de censure transpartisane.
10:12 Ça vous surprend ?
10:13 - Ça ne serait pas ce qu'on peut être plus.
10:15 Il y a une crise extrêmement profonde.
10:17 Et je pense que moi, j'en discute avec mes collègues LR,
10:19 eux qui sont souvent issus de circonscriptions populaires,
10:22 encore, rurales, avec petits commerçants, petits artisans,
10:25 je dis petits au sens noble du mot,
10:27 des gens qui ont commencé à travailler tôt.
10:29 Leur électorat prend frontalement cette réforme des retraites
10:32 et il reste fidèle à leur électeur.
10:33 Donc moi, je les salue.
10:35 Le résultat aurait pu être encore plus serré.
10:36 J'ai vu qu'il y a même des gens, je suis surpris,
10:38 Mme Ménard, elle n'a pas voté la motion de censure,
10:40 alors qu'elle est quand même élue avec l'électorat du RN.
10:43 - Mais sans étiquette.
10:45 - Oui, mais enfin, elle n'a pas d'élue,
10:46 elle n'a pas de candidat RN contre elle
10:48 à l'occasion des élections législatives.
10:50 Peut-être qu'elle en aura d'ailleurs prochainement,
10:51 parce que c'est un peu curieux d'être dans un double discours.
10:54 Moi, je connais bien, c'est ma ville natale, Béziers,
10:56 très opposant au gouvernement pour se faire régner
10:57 et après l'aider quand il s'agit de ne pas voter la motion de censure.
11:01 Enfin, chacun jugera, mais je veux dire que le résultat aurait pu être encore plus serré.
11:04 On en vient à des résultats serrés de manière historique.
11:07 On a quasiment, il y a eu d'autres exemples,
11:08 mais on est vraiment là dans l'épaisseur du trait.
11:11 - Elisabeth Borne hier a dit
11:12 "Le gouvernement n'est jamais allé aussi loin dans le compromis".
11:15 Le 49.3 n'est pas l'invention d'un dictateur.
11:18 Est-ce que ça vous a choqué ?
11:19 Et deux, est-ce qu'elle peut rester premier ministre ?
11:21 - Alors premièrement, on n'a plus le temps, je l'ai dit.
11:23 En 58 états de grande crise,
11:25 donc on peut revenir sur cette Ve République
11:27 qui, selon moi, est un outil usé, etc.
11:31 Deuxièmement, je veux mesurer mes propos parce que
11:35 je ne veux pas que...
11:35 Ce n'est pas une affaire personnelle, mais Mme Borne, c'est terminé.
11:38 Je pense que M. Dussopt, Mme Borne,
11:41 tous ceux qui incarnent cette mauvaise méthode,
11:43 ce double discours, vous venez de le dire,
11:45 on est pour des majorités d'idées.
11:46 Elle n'a cessé de répéter ça et ils ont fait strictement l'inverse.
11:48 Tout de même, toutes les organisations syndicales,
11:51 je dis bien toutes, étaient contre.
11:53 Quel bilan ? Ils n'ont même pas réussi à avoir le groupe LR
11:57 dans la globalité avec eux alors qu'ils ont passé leur temps à faire ça.
11:59 Bref, tout ça est brouillon, mal fait
12:02 et elle incarne désormais cette défaite
12:04 et elle va subir, elle, ce que je suis en train de dire,
12:06 la violence de la Ve République.
12:07 C'est-à-dire que ce président qui a voulu cette réforme
12:09 va l'utiliser, le mauvais d'elle d'ailleurs, comme un fusible.
12:12 Voilà, bon, donc qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
12:14 Je pense que Mme Borne, c'est terminé, ce gouvernement est terminé.
12:18 Là, la seule chose que fait M. Macron,
12:19 c'est voir en termes de communication le bon moment pour changer.
12:23 Bon, après, il ne suffit pas de changer les gens,
12:25 il faut changer de politique.
12:26 La suite, comment s'annonce la suite ?
12:28 Il y a des textes de loi importantes qui vont être débattus.
12:30 Normalement, la loi immigration, normalement, la loi sur le travail.
12:34 Est-ce que vous pensez que le président peut faire comme si ne s'était rien passé
12:36 et les présenter benoîtement à l'Assemblée au Sénat ?
12:39 Ce que je suis en train de vous dire, moi, je ne crois pas.
12:41 Voilà, il y a un avant et un après.
12:42 Ils sont carbonisés, ils sont rejetés par le pays.
12:46 Ils ne pourront plus agir.
12:47 C'est pour ça que c'était très mal fait du point de vue du président de la République
12:50 de commencer ce deuxième quinquennat par quelque chose de mal préparé,
12:53 rejeté par le pays en n'ayant pas de majorité.
12:55 Dans certains points de vue, il s'est coupé toute capacité d'intervention
12:58 pour la suite.
12:58 C'est pour ça que moi, je vous donne des éléments de réflexion,
13:01 mais je pense qu'il s'est auto-bloqué, auto-bloqué.
13:04 Donc, je ne sais pas ce que tout ça va devenir parce que je pense que
13:07 LR n'est pas d'accord avec son texte sur l'immigration
13:09 et je ne crois pas qu'ils vont lui faire un deuxième cadeau.
13:12 Là, vous avez évoqué les 19 qui ont été à la motion de censure, mais les 40...
13:15 - 19 sur 60, ça fait beaucoup.
13:16 - Oui, mais les 40 qui n'ont pas voté ne lui feront pas de cadeau sur ce texte-là
13:19 et ainsi de suite.
13:20 Donc, on a un gouvernement...
13:21 - Donc, on est dans une situation d'impasse.
13:24 - ... qui est désactivé.
13:24 Mais le problème, je le répète, ce n'est pas l'Assemblée nationale.
13:28 J'entends la dissolution.
13:29 Le problème, c'est le président de la République qui n'a pas compris une chose.
13:33 À chaque fois que je le dis, tout le monde s'évanouit quand c'est des amis
13:35 de M. Macron, mais il n'a pas été élu au deuxième tour sur son programme.
13:40 Il a été élu, certes.
13:40 - Il a été élu tout court.
13:41 - Oui, mais attention, quand on est élu par rejet de Mme Le Pen,
13:46 que lui-même, M. Macron, le dit...
13:47 Non, mais c'est important parce que...
13:48 - Il a été élu démocratiquement, M. Corbière.
13:50 - Je ne suis pas Donald Trump.
13:52 Je ne dis pas qu'il faut aller le chasser et qu'il est illégitime.
13:56 Je dis que la politique, c'est comprendre les conditions dans lesquelles vous êtes élu.
14:00 - Il avait dit que le résultat l'obligeait.
14:01 - Exactement.
14:02 Et je le cite, ce résultat m'oblige.
14:03 Je sais qu'un bon nombre de nos concitoyens ont voté pour moi,
14:05 non pour mon programme, mais pour faire barrage à l'extrême droite.
14:08 Fin de la citation.
14:09 Quand vous dites ça, si vous le pensez vraiment,
14:10 eh bien, vous ne menez pas immédiatement une politique
14:12 qui va à l'encontre de quasiment plus de la moitié de votre électorat de second tour.
14:16 Ça, ça fabrique un chaos.
14:17 Ça fabrique même l'idée, d'ailleurs, que face à l'extrême droite,
14:19 il ne faut pas aller voter, ce qui, pour moi, est un petit problème,
14:22 parce que ça finira par mal se terminer et en faire entrer le pays dans une aventure.
14:27 Voyez, le problème, il est politique.
14:29 Et le problème, c'est Macron.
14:30 Ce n'est pas Mme Bande qui est un personnage secondaire de l'affaire.
14:33 Donc, si quelque chose doit être dissous, c'est lui.
14:36 S'il y a une élection à refaire, c'est lui.
14:37 - Il faut qu'il démissionne.
14:38 C'est ce que vous dites, là, carrément.
14:40 - Ou alors qu'il ait le panache de dire, moi, comme président de la République,
14:43 on revient aux urnes.
14:44 Référendum ou lui-même.
14:45 Mais j'espère qu'il n'aura pas...
14:47 - Vous savez très bien qu'il le perdra, le référendum.
14:49 Quel intérêt pour lui ?
14:49 Quel intérêt pour lui ?
14:50 - Alors qu'il retire le texte.
14:52 Voilà, le général de Gaulle avait quand même un petit peu...
14:55 - Il avait fait un référendum.
14:56 Il avait fait un référendum et il l'a perdu.
14:58 Un tout petit mot des blocages.
14:59 Le gouvernement annonce des réquisitions de personnel
15:01 au dépôt pétrolier de fausses surmer, à la raffinerie de Donge,
15:03 a été évacué aussi par les forces de l'or.
15:05 Il va y avoir de plus en plus de tensions sur le terrain du côté des grévistes.
15:08 - Moi, je pense que le droit de grève, c'est la marque de toutes les grandes démocraties.
15:11 Quand on commence à réquisitionner, envoyer les forces de l'or, etc.
15:14 face à un pays, toutes les mesures ne régleront pas une grande colère.
15:18 Et non, à certains points de vue, tout ça ne fait que, chaque fois,
15:20 rajouter encore plus de détermination à la mobilisation.
15:23 Je profite de cette fin d'interview pour dire gloire à tous ceux qui se mobilisent.
15:26 Vous avez raison, les amis.
15:27 Vous avez déjà obtenu ce qui vient d'avoir lieu.
15:29 Il n'y a pas eu de majorité à l'Assemblée nationale, c'est grâce aux grévistes.
15:32 Je dis, il faut être nombreux.
15:34 Il faut qu'un peuple se donne à voir, que la protestation soit puissante.
15:37 Et quand le président de la République, un peu éclairé, se dise,
15:39 "J'arrête, je retire le texte."
15:41 J'espère que ça se passera comme ça.
15:42 - Alexis Corbière, député de la France Insoumise, était notre invité ce matin.
15:45 Merci à vous et à vous, Romain Nézan, pour la suite.
15:47 (Générique)

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