Le Rassemblement National présente également sa motion de censure par le biais de la députée Laure Lavalette.
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00:00 Madame la Présidente, Madame la Premier Ministre, Mesdames, Messieurs les Ministres,
00:04 mes chers collègues, pourquoi sommes-nous là aujourd'hui, le 20 mars 2023, prêts
00:08 à censurer votre gouvernement pour empêcher une réforme des retraites dont personne ne
00:13 veut ? Pourquoi ? La réponse est simple mais elle mérite d'être appelée, parce que
00:18 l'ego gouvernemental n'a d'égal que la contestation qu'il provoque contre lui.
00:22 Cet ego, il a notamment conduit la Première Ministre à utiliser 11 fois le 49.3 depuis
00:27 juin dernier sans que la brutalité ne s'efface au profit de la lassitude.
00:32 Madame la Première Ministre, vous nous avez dit jeudi dernier, en annonçant votre 11e
00:37 49.3 sur cette réforme des retraites, je vous cite « Ce compromis n'est pas le projet
00:42 du gouvernement, c'est le texte du Parlement ». Mais quel culot ! Quel culot, Madame la
00:47 Première Ministre ! L'utilisation que vous faites de la Constitution depuis le début
00:54 de cette législature prouve que vous ne chercherez jamais à trouver le moindre compromis, ni
00:59 avec les parlementaires que nous sommes, ni avec les représentations syndicales et encore
01:03 moins avec les Français.
01:05 Cela a commencé par l'utilisation fortement contestable du 47.1 qui a montré une fois
01:10 de plus votre difficulté à convaincre, préférant ainsi sécuriser un texte que vous saviez
01:15 rejeté par une très large majorité des Français.
01:18 Puis l'utilisation de l'article 44.3 lors des débats au Sénat permettant un vote
01:23 unique sur l'ensemble du texte et sur plusieurs amendements que vous avez daigné retenir.
01:28 Mais les brillants constitutionnalistes que vous êtes ont oublié un article, celui qui
01:33 donne la parole au seul souverain, le peuple.
01:36 Je pense bien sûr à l'article 11.
01:39 Le référendum aurait pu permettre d'éviter de tomber dans cette nouvelle crise politique
01:44 qui illustre qu'aucune leçon depuis les Gilets jaunes n'a été retenue par l'oligarchie.
01:49 En démocratie, vous savez, ça n'est pas honteux de reculer face à la volonté du
01:53 peuple.
01:54 En déclenchant ces 49.3, c'est précisément elles que vous tentez de forcer.
01:58 Mais madame la Première Ministre, il est trop tard.
02:01 Quelle que soit l'issue de ce vote ce jour, vous aurez échoué.
02:04 Échoué à convaincre la représentation nationale.
02:08 Mais surtout échoué, et c'est finalement ça qui compte, échoué à convaincre les
02:12 Français.
02:13 Madame la Première Ministre, si votre brutalité n'étonne plus personne, elle s'est accompagnée
02:18 cette fois-ci d'une propension aux mensonges et aux contournements marqués et remarqués.
02:23 Jusqu'au bout, et dans un cynisme absolu, vous avez tenté de dissimuler les manquements
02:28 de votre projet.
02:29 Cynisme quand le nombre réel de bénéficiaires de la promesse d'une retraite minimale à
02:34 1200 euros est passé de 2 millions à 10 000.
02:38 Cynisme lorsque monsieur Dussopt ose dire à la représentation nationale qu'il n'a
02:43 aucun compte à lui rendre, foulant ainsi au pied de notre Constitution.
02:47 Cynisme encore quand aucun ministre n'a daigné répondre sur votre dispositif carrière
02:52 longue qui tire à pile ou face la durée de cotisation de ceux qui ont commencé tôt,
02:57 43 ans, 44 ans, on ne comprend pas.
03:00 Mais bien loin du juste prix, c'est à la roue de l'infortune que vous jouez.
03:03 Mais rien de moins étonnant, garder le silence et rester ambiguë était le seul moyen de
03:09 tenter de vendre votre réforme, dont tout, jusqu'à la justification même de son existence
03:15 est bancale.
03:16 Souvenez-vous, elle devait être inévitable.
03:18 Imposée par un prétendu déficit qui menacerait notre système de retraite par répartition
03:24 et le conduirait à la faillite, cet argument d'autorité aurait pu vous rendre la tâche
03:28 bien facile, mais tous les économistes du Conseil d'orientation des retraites lui-même
03:32 et parfois quelques membres dévoués du gouvernement l'ont désavoué.
03:37 Nous refusons que la vie des Français soit la variable d'ajustement de votre politique
03:47 désastreuse et nous ne sommes pas dupes sur les raisons qui vous poussent à chercher
03:50 des économies sur leur dos.
03:52 Malgré les redemontades de M.
03:54 Le Maire, le bilan est bien là, plus de 600 milliards d'euros de dettes à l'issue du
03:57 premier quinquennat d'Emmanuel Macron, déficit commercial de 164 milliards, 2 millions d'emplois
04:04 industriels perdus en 30 ans, une natalité au plus bas depuis la seconde guerre mondiale,
04:09 une fraude fiscale et sociale de 80 milliards, dois-je continuer ?
04:13 Alors, Mme la Première Ministre, aux solutions fortes et courageuses, vous avez préféré
04:17 le marasme et l'enlisement dans la précarisation et la diminution des droits de nos compatriotes.
04:23 Vous portez une réforme d'injustice sociale sans commune mesure, un pas en arrière sur
04:29 toutes les aspirations protectrices que notre pays a toujours eu l'honneur de mettre en
04:33 place.
04:34 Alors que nos compatriotes le comprennent bien, le report de l'âge de départ ne les fera
04:38 pas seulement travailler deux ans de plus, y compris ceux qui sont usés.
04:42 Il aboutira à la régression suprême, la baisse des pensions par l'effondrement des
04:46 surcotes et par l'augmentation des décotes.
04:48 Voilà, Mme la Première Ministre, la réalité de votre réforme.
04:52 A l'inverse, notre projet pour les retraites est clair et juste.
04:56 Plus on a commencé tôt, plus on travaille dur et donc plus on part tôt.
05:00 Avec Marine Le Pen, un jeune ayant commencé avant 20 ans ne cotisera pas plus de 40 annuités
05:07 et pourra, s'il le souhaite, bénéficier d'une retraite bien méritée à partir de
05:11 60 ans.
05:12 Et pour ceux ayant commencé après 20 ans, ce sera progressif, sans jamais dépasser
05:17 42 annuités et 62 annuités et pas une année de plus.
05:22 Notre projet s'accompagne de mesures de bon sens, figurez-vous, et qui auraient permis
05:28 de ne jamais voir cette réforme maltraitante à l'ordre du jour.
05:31 Je parle bien sûr ici de productivité et de natalité.
05:38 Car oui, mes chers collègues, oui, ce ne sont pas des gros mots, mais bien les fondations
05:48 d'un système de retraite par répartition juste et efficace.
05:51 Pour une société du plein emploi qualitatif et contre une société du plein emploi ubérisé,
05:56 réindustrialisons le pays, produisons les richesses en France, donnons la priorité
06:01 aux entreprises françaises dans les marchés publics, supprimons la CFE qui pénalise les
06:05 entreprises locales, baissons les impôts de production qui nuisent à la relocalisation.
06:10 Pour une société qui mesure la nécessité vitale d'une natalité forte, soutenons financièrement
06:17 les Français qui souhaitent agrandir leur famille, facilitons l'accès à la propriété
06:21 des jeunes couples et instituons une part fiscale pleine dès le deuxième enfant.
06:25 Votre mission devrait être entièrement tournée vers la défense des intérêts de
06:31 la France et des Français.
06:33 Et cette mission ne peut s'envisager sans une approbation du peuple, je le répète,
06:38 unique souverain de notre pays.
06:40 La tâche qui est celle du législateur n'est pas la plus aisée, mais elle est la plus essentielle.
06:45 Rédiger les lois par lesquelles se manifeste la volonté souveraine.
06:49 En refusant de retirer votre réforme et en refusant de passer par la voie référendaire,
06:55 c'est en votre honneur que n'omission de parlementaire.
06:57 Je vous en conjure, Madame la Première Ministre, prenez un peu de hauteur.
07:00 Emile Durkheim explicitait la pensée de Rousseau ainsi.
07:04 Lorsque le souverain légifère sur les individus, c'est sur lui qu'il légifère et c'est
07:08 en eux que réside cette puissance législative qui s'exerce par lui.
07:12 La loi n'est pas et ne doit pas être issue de la force de quelques-uns sur une masse
07:17 d'individus.
07:18 Il apparaît donc nécessaire qu'Emmanuel Macron et que son gouvernement et que vous,
07:22 Madame Borne, retrouviez la modestie nécessaire à la bonne application de notre Constitution
07:27 qui veut que la souveraineté nationale appartienne au peuple.
07:30 Le 21 mai 1850, lors de son discours en faveur du suffrage universel et contre un projet
07:35 de loi visant à l'empêcher, Victor Hugo à cette tribune disait ces mots.
07:39 Cette loi est invalide, cette loi est nulle, cette loi est morte avant même d'être
07:45 née et savez-vous ce qui la tue ? C'est qu'elle ment.
07:51 C'est qu'elle est hypocrite dans le pays de la franchise, c'est qu'elle est déloyale
07:55 dans le premier pays de l'honnêteté, c'est qu'elle n'est pas juste, c'est qu'elle
07:58 n'est pas vraie, c'est qu'elle cherche en vain à créer une fausse justice et une
08:01 fausse vérité sociale.
08:02 De ces mots, Madame la Première ministre, je n'en effacerai pas un seul au sujet de
08:07 votre funeste réforme.
08:08 Alors nous voilà maintenant à quelques minutes d'un vote décisif et je m'adresse
08:17 à vous, chers collègues de tous bords.
08:18 Votre intégrité de parlementaire n'est-elle pas heurtée par les marchandages en provenance
08:22 de l'Elysée ? Comment tolérez-vous la menace d'une dissolution dès lors que le président
08:27 de la République cherche à vous convaincre ? Acceptez-vous de participer ainsi au délitement
08:31 de notre démocratie ? Sauf ceux de mauvaise foi.
08:34 Nous savons tous ici qu'une motion de censure n'est pas un programme commun, pas plus
08:38 qu'une volonté de gouverner ensemble.
08:40 Mais elle est avant tout l'un des derniers moyens constitutionnels de rejeter cette réforme
08:47 inutile et injuste dont l'immense majorité des Français ne veut pas.
08:51 En unissant nos voix, nous exprimerions uniquement la volonté du peuple de France sur ce texte.
08:56 Chers collègues, cette motion de censure est l'occasion de sortir de certaines postures
09:03 idéologiques qui font tant de mal au vrai débat d'idées, quand l'intérêt supérieur
09:07 de la France et des Français l'exige.
09:09 Nous, députés du Rassemblement National, nous voterons toutes les motions de censure
09:14 car nous ne craindrons jamais les urnes et sommes prêts à y retourner.
09:17 Les Français peuvent compter sur l'ensemble des députés de notre groupe pour exercer
09:25 avec détermination, sérénité et sérieux le mandat qui leur a été confié.
09:28 Et c'est vers eux que je me tourne.
09:30 Mes chers collègues, je suis fière de siéger auprès de femmes et d'hommes dont la seule
09:34 force de conviction et l'amour de notre pays les ont conduits ici, sans jamais dévier,
09:38 sans jamais se compromettre.
09:40 Fière de siéger auprès de femmes et d'hommes qui depuis le début ont fait honneur à leur
09:45 mandat et mesurent quotidiennement l'ampleur des responsabilités qui leur a été confiée.
09:49 Fière de siéger auprès des femmes et d'hommes dont les choix et les actions ne dépendent
09:53 que d'une seule chose, le souci de leur peuple et le bien commun.
09:57 Votre exemplarité, mes chers collègues, ne vous demande aucun effort et prouve que
10:01 rien, strictement rien, ne pourra vous détourner de ce feu ardent nourri de l'amour d'un
10:05 pays et de son peuple.
10:06 Fière enfin et surtout de siéger dans ce groupe porté par une présidente, Marine
10:13 Le Pen, qui n'a jamais eu d'autre boussole que l'intérêt des siens, que l'intérêt
10:16 des nôtres et qui a mené l'opposition de votre réforme délétère avec vigueur, responsabilité
10:23 et dignité.
10:24 Alors chiche, Monsieur Macron, alors chiche, allons à la dissolution et demain nous reviendrons
10:34 plus nombreux encore à l'Assemblée nationale pour donner un groupe plus puissant, voire
10:40 majoritaire à Marine Le Pen.
10:42 C'est en proportion des groupes.
10:43 Allez-y, ma chère collègue.
10:45 Alors chiche, Monsieur Macron, allons à la dissolution et demain nous reviendrons plus
10:49 nombreux encore pour donner un groupe plus puissant, voire majoritaire à Marine Le
10:53 Pen, car plus que jamais, je suis convaincue que nous sommes la véritable alternance,
10:57 convaincue qu'après vous, ce sera nous.
10:59 Et si la tâche est rendue particulièrement ardue par six ans de politique macroniste,
11:05 nous sommes prêts, prêts à rendre à la France sa fierté, celle d'avoir été une
11:09 grande nation sociale, éclairante dans le monde, prêts à donner à ce peuple fier
11:13 et fort le courage de bâtir une France plus grande, une France apaisée à l'unisson.
11:17 Si nous avons désormais beaucoup à réparer, les fondations de la Maison France, son peuple,
11:22 demeurent intactes.
11:23 Et contrairement à ce qu'ils subissent avec vous, les Français savent que nous ne ferons
11:26 jamais rien sans jeu et jamais rien contre eux.
11:28 Bien loin des régressions sociales, économiques, culturelles et diplomatiques, nous rêvons
11:33 d'une grandeur retrouvée, de prospérité et de justice.
11:36 Nous rêvons que notre grand peuple fraternel et épris de liberté ne soit plus jamais
11:40 maltraité chez lui.
11:42 Parce que nous sommes nous-mêmes libres de tout intérêt financier ou étranger, nous
11:46 savons que la fatalité n'existe pas.
11:47 Plutôt que la bassesse de cette réforme, nous proposons aux Français de choisir la
11:54 hauteur d'une vision globale et courageuse pour le pays.
11:58 Vive dans une France où chacun peut trouver le bonheur partout et la justice tout le
12:02 temps, voilà ce que nous voulons.
12:03 Vive dans une France où aucune famille ne doit se priver des choses essentielles.
12:07 Vive dans une France où tous les étudiants mangent à leur faim.
12:10 Vive dans une France où les services publics sont performants.
12:13 Vive dans une France où les infirmières, les policiers, les agriculteurs et les conducteurs
12:18 de bus seraient rémunérés dignement.
12:20 Vive dans une France où tous les quartiers seraient sûrs.
12:23 Vive dans une France où l'école laisse sa chance à tous.
12:27 Vive dans une France qui n'a pas peur de créer, d'innover et qui s'en donne les moyens.
12:32 Enfin, vive dans une France qui mesure ce qu'elle vaut, qui sait d'où elle vient et
12:36 qui n'a pas peur de s'affirmer.
12:38 Alors nous le disons haut et fort à tous ceux qui nous font part de leur sentiment
12:42 d'un acharnement inhumain de la part d'un gouvernement à la dérive, tenez bon, tenez
12:47 bon, 2027 n'est plus si loin.
12:49 Je vous remercie.
12:53 Merci.
12:54 (Applaudissements)
12:54 (...)