Visite atelier bohnert

  • il y a 15 ans
Hervé Bohnert se réapproprie photos anciennes et sculptures en bois ou en marbre, généralement trouvées aux puces. La plupart, en leur état originel, mettent en scène la beauté féminine, la vie en sa pleine maturité, le bonheur du couple, de la maternité, de l'enfance.
Des représentations stéréotypées que l'artiste strasbourgeois soumet à un sort macabre, cherchant sous la plastique humaine ce squelette auquel nous serons tous réduits un jour - ce que dit justement ce thème de la Jeune Fille et la Mort. Une putréfaction des chairs qu'il fait dialoguer avec la plénitude même du corps : du visage sensuel d'une jeune femme, taillée dans le bois ou le marbre, il fait ainsi apparaître partiellement l'horrible rictus de la Camarde, quand il ne s'en va pas gratter la vieille photo d'un couple attendri par sa progéniture, transformant le poupon en vision de cauchemar.
Il y a du grotesque, de la dérision dans ce travail qui prend les accents de la tradition de la Danse macabre, où les figures de la Vie et de la Mort évoluent dans une folle farandole. « La Danse macabre ? Le thème m'a toujours fasciné », indique Hervé Bohnert, évoquant celle de Niklaus Manuel Deutsch à Berne.
Attitude réservée que contrebalance un sourire espiègle : comment cet artiste autodidacte de 40 ans, boulanger de son état, en vient-il à explorer avec ténacité ces images d'une mort saisissant le vivant à la gorge ? « C'est très cloisonné. Je suis à fond dedans quand j'y travaille. Et après je n'y pense plus... »

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