Pour le directeur d’Atlantico, Jean-Sébastien Ferjou, il y a une crise du sens chez les jeunes : «Il y a une crise du sens».
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00:00 Oui, mais je vous en ai déjà parlé sur ce sujet.
00:02 Des gamins de 11 ans qui sont des dépressions.
00:04 C'est un sujet qu'on suit énormément sur Atlantico.
00:06 Et effectivement, je crois qu'il y a deux choses.
00:07 Il y a la réponse de la société, et qu'est calamiteuse,
00:09 parce que la réponse médicamenteuse ne saurait évidemment pas être la bonne réponse.
00:13 Il y a toutes les questions de moyens qui ont été soulignées.
00:15 Puis il y a la question des causes.
00:16 Alors moi, je ne suis pas tout à fait d'accord avec André Comte-Sponville,
00:18 mais pas par l'idée que je m'en fais, mais par les données.
00:20 Parce que quand on regarde les données, ce n'est pas inutile quand même,
00:22 parfois, de s'appuyer sur le réel et pas uniquement sur la sensation ou le ressenti qu'on a.
00:29 C'est que les suicides ont augmenté en flèche quand il y a eu le retour à l'école.
00:31 Quand il y a eu le retour à l'école, pas pendant les confinements,
00:33 quand il y a eu le recours à l'école.
00:34 Ça ne veut pas dire que les confinements étaient bons.
00:35 Qu'est-ce que ça a provoqué le retour à l'école ?
00:36 Vraisemblablement, il y a beaucoup de souffrance, de harcèlement.
00:39 Alors il y a après, effectivement, concernant les garçons...
00:41 Le retour sous la pression du regard de l'autre.
00:43 Oui, c'est un peu ça.
00:44 Parce qu'il y a les réseaux sociaux.
00:46 Alors il y a la même chose.
00:47 Il y a eu beaucoup d'études qui ont été faites.
00:48 Il n'y a pas de lien de causalité absolu qui a été fait.
00:50 Mais il y a à minima une corrélation.
00:52 Parce que ça demande très longtemps avant de pouvoir établir des choses
00:55 sur une société toute entière comme ça.
00:57 Mais on voit très bien que le niveau de souffrance chez les adolescents
01:01 est apparu au même moment qu'il y a eu une densification de l'utilisation des réseaux sociaux.
01:06 Alors quand on dit ça, tout le monde vous tombe dessus.
01:08 Je l'ai dit il y a quelques semaines.
01:10 Toute l'extrême gauche vous tombe dessus en disant
01:12 « Vous êtes réactifs parce que c'est les réseaux sociaux. »
01:14 Bah oui, du coup, tu n'as pas compris que tu faisais le jeu des capitalistes de la Silicon Valley.
01:18 Et puis les autres qui vous disent « Non, vous n'avez pas compris.
01:20 C'est que les confinements, c'est que les confinements. »
01:21 Alors les données, ça n'intéresse personne.
01:23 Alors qu'il y a vraiment des études qui ont été faites sur des dizaines de milliers d'adolescents
01:27 des États-Unis.
01:28 Non, mais réduire ce phénomène aux écrans.
01:33 La faute des écrans.
01:34 Mais ce ne sont pas les écrans.
01:37 La faute, elle est éducative.
01:38 Les écrans remplacent la relation familiale d'une certaine façon.
01:41 Et là, ça ne devient pas les écrans en soi.
01:43 Ce ne sont pas les écrans en soi.
01:45 C'est le genre de relation sociale qui se noue à travers les réseaux sociaux.
01:49 C'est la pression des pères, notamment pour les jeunes filles, sur le physique.
01:52 C'est le fait que vous soyez en permanence en train de vous comparer.
01:55 C'est les effets de meute parce que même si vous n'êtes pas vous sur les réseaux sociaux,
01:58 vous pouvez arriver lundi matin à l'école ou au lycée et que tous les autres de la classe
02:02 se soient défoulés.
02:03 Et dernier point, parce qu'on a publié un truc aussi là-dessus ce week-end,
02:06 les dernières données américaines, vous savez ce qu'elles montrent ?
02:08 Que les adolescents de gauche, le pire du pire, ce sont les adolescentes de gauche
02:12 qui sont bien plus dépressives.
02:13 Oui, mais ça renvoie à la crise du sens.
02:15 Tous les enfants ne sont pas politisés très loin de là.
02:17 Non, mais ils grandissent dans un environnement qui grandit.
02:20 Et ce sont les données du Centre for Disease Control,
02:24 l'équivalent du ministère de la Santé, qui a travaillé là-dessus.
02:29 Ce qui montre bien, et moi je suis d'accord avec ce que disait Alexandre,
02:32 ce que vous disiez tout à l'heure, il y a une crise du sens et nous sommes en panne d'avenir.
02:36 Et quand il n'y a aucune perspective dans laquelle se projeter, forcément,
02:40 parce que soit on vous dit "oui de toute façon c'est fini, vous avez le grand à placer,
02:43 la planète va exploser ou quoi",
02:45 forcément, forcément que ça fait grandir les enfants dans un environnement atroce.
02:49 C'est ça qui est compliqué.
02:51 [Musique]