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Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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Transcription
00:00 Europe 1 Midi, Romain Desarbres.
00:03 Europe 1 Midi, on est avec le professeur Guillaume Bronsard. Bonjour professeur.
00:08 Bonjour.
00:09 Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes pédopsychiatre au CHRU de Brest,
00:13 président de l'Association Nationale des Maisons des Adolescents
00:17 et de l'École des Parents et des Éducateurs d'Île-de-France.
00:21 Alors, je voulais qu'on parle, qu'on revienne sur l'information qui fait la une de mes confrères
00:26 du Parisien aujourd'hui en France, ce matin, dans un rapport du Haut Conseil à la Famille,
00:31 à l'enfance et à l'âge, on découvre que les prescriptions d'antidépresseurs
00:34 augmentent chez les plus jeunes, chez les 6-17 ans. Est-ce que vous le constatez vous aussi ?
00:40 Oui, oui, on constate qu'il y a globalement une dégradation, une augmentation surtout de la demande
00:47 et tous les services de pédopsychiatrie ou les collègues des Maisons des Adolescents,
00:51 des CNPP qui sont des centres médico-pédagogiques, enfin en gros, l'ensemble des gens qui s'occupent
00:57 de la santé mentale d'enfants ont perçu une dégradation depuis au moins 2-3 ans.
01:02 En fait, elle a été bien mise en lumière par la période épidémique qui a impliqué,
01:09 qu'on observe beaucoup mieux et beaucoup plus ce qui se passe.
01:12 Elle existait en fait depuis au moins une dizaine d'années.
01:15 Donc oui, il y a une augmentation et dès que ça se dégrade, les médecins ont tendance à plus stresser.
01:20 On a perdu le professeur Guillaume Bronsard.
01:27 Avec le professeur Bronsard, on parle de cette enquête, de cette étude du Haut Conseil à la Famille,
01:33 à l'Enfance et à l'Âge. Une étude qui est inquiétante.
01:38 Dès que je l'ai vue, je voulais qu'on en parle dans Europe 1 Midi avec vous
01:42 et je voulais avoir vraiment un spécialiste pour qu'on aille un petit peu plus loin.
01:45 Entre 2014 et 2021, je lis la Une d'aujourd'hui en France,
01:50 chez les moins de 20 ans, la consommation d'antidépresseurs est en hausse de 62%.
01:56 Professeur, on vous a retrouvé.
01:59 - Merci.
02:01 - Donc cette augmentation, vous la constatez dans vos consultations.
02:05 - Oui, on la constate. Bien sûr, chez tous les collègues, je vous disais,
02:09 les maisons des adolescents, les CMP, les CMPP, il y a une augmentation.
02:12 Et dès qu'il y a une augmentation de la demande, c'est vrai qu'il y a un petit réflexe
02:16 d'augmenter les prescriptions, alors qu'on préférait faire autre chose.
02:19 Mais il nous faut beaucoup plus de temps pour ça.
02:21 Et donc, c'est souvent un signe aussi de nos difficultés à nous,
02:25 du côté des professionnels.
02:27 - La question que je me pose, professeur, c'est dû à la santé mentale
02:32 des jeunes qui se dégradent ou ce sont des nouvelles pratiques médicales
02:36 qui sont appliquées ? On donne plus facilement des cachets en clair.
02:40 - Il est probable que ce soit les deux à la fois.
02:43 C'est-à-dire qu'on était un pays qui prescrivait assez peu dans les années 80-90.
02:49 Puis il y a eu une augmentation et puis il y avait parfois aussi la résistance
02:54 chez nous pour ça. Et donc c'est vrai que la prescription est plus facile.
02:57 Et parfois, c'est extrêmement utile, extrêmement simple à faire.
03:00 Il faut absolument le faire.
03:02 Cependant, la prescription, c'est souvent par défaut de temps
03:07 pour qu'on accompagne les gens, que ce soit des sujets psychologiques,
03:10 que ce soit accompagner la famille.
03:12 Donc c'est aussi un aveu de nos difficultés.
03:15 Et pour la première question, oui, il y a une dégradation de la santé mentale
03:19 depuis au moins une dizaine d'années.
03:21 Donc c'est les deux à la fois.
03:22 Les pratiques ont un peu changé et puis la santé mentale s'est dégradée.
03:25 - Alors, comment vous l'expliquez ?
03:26 Ce sont des parents qui savent moins bien s'y prendre.
03:32 C'est le rôle des réseaux sociaux qui créent des problèmes, des pressions,
03:37 parce qu'on se compare, parce qu'on est insulté.
03:40 Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui s'est passé ces dix dernières années ?
03:43 - Il n'y a évidemment pas une raison unique qui pourrait expliquer ça.
03:47 L'état de santé mentale.
03:50 Il y a des facteurs évidemment individuels, génétiques, biologiques, constitutionnels
03:55 chez chacun. Donc ça, ça a a priori pas trop de raison d'avoir bougé.
03:59 Il y a par contre des choses qui ont évolué, c'est-à-dire que l'état de santé mentale
04:03 des enfants et des adolescents est très sensible à l'environnement.
04:06 Donc en gros, en premier lieu, bien sûr, l'état de la famille, l'état de l'école,
04:13 ça c'est les deux premiers, on va dire, énormes facteurs d'influence sur l'état de santé mentale,
04:17 même si vous avez des vulnérabilités biologiques.
04:20 C'est pas l'un ou l'autre, c'est les deux.
04:22 Et enfin, c'est aussi quand même, en troisième, l'état de l'accès aux soins
04:28 qui lui s'est aussi détérioré depuis une dizaine d'années.
04:31 Donc je pense que tout ça mélangé peut expliquer cette dégradation.
04:35 Après, on l'a évoqué tout à l'heure, il y a aussi une lumière plus grande
04:41 sur le sujet, ce qui fait qu'on s'en rend peut-être plus compte.
04:44 Et on est dans une politique, et c'est bien, de prévention plus précoce.
04:48 Donc il y a une poussée qui est faite pour intervenir beaucoup plus tôt.
04:51 Avant, on attendait beaucoup que ça se dégrade dans des troubles du comportement,
04:54 que ce soit le suicide, la délinquance, etc.
04:56 Donc là, on fait ça beaucoup plus tôt.
04:58 Donc il y a un peu plus d'énergie de notre part.
05:01 Sur les sujets que vous avez évoqués, les écrans, les réseaux sociaux,
05:04 bien sûr qu'ils y participent.
05:06 Mais on n'arrive actuellement pas à en évaluer la part ou la responsabilité.
05:11 C'est sûr qu'ils sont des vecteurs, ça c'est sûr.
05:13 Mais est-ce qu'ils en sont fautifs ou coupables, c'est beaucoup moins sûr.
05:17 – Qu'est-ce qu'il faut dire aux parents en quelques mots, s'il vous plaît, professeur ?
05:21 – La mission principale des parents, c'est d'abord de rassurer et d'accompagner ses enfants.
05:27 Et quelle que soit la situation, c'est ça qu'il faut qu'ils continuent.
05:30 Il faut qu'ils aient confiance en eux.
05:32 Il faut peut-être qu'on ait confiance aussi en nous,
05:34 de façon générale, envers l'enfance et l'adolescence.
05:37 Il faut faire attention aussi qu'on ne soit pas trop dans un conflit générationnel,
05:40 un petit peu à vouloir rabaisser cette génération.
05:44 Il faut qu'on croie dans cette génération
05:46 et que les parents croient en leurs enfants, c'est ce qui les aidera le plus.
05:49 – Merci beaucoup professeur Guillaume Bronsard,
05:52 pédopsychiatre au CHRU de Brest
05:54 et président de l'Association Nationale des Maisons des Adolescents.
05:58 Merci beaucoup professeur.

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