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Acteur, réalisateur et scénariste, Michel Blanc a les fesses entre deux chaises. Situation inconfortable pour certains, mais pas pour lui ! Il s'en délecte en maîtrisant rire et émotions à la perfection. Michel Blanc est l'invité de Déborah Grunwald dans son émission "Dans le rétro".

▶️ L'intégralité de son interview sur Francebleue.fr : https://www.francebleu.fr/emissions/dans-le-retro/dans-le-retro-michel-blanc-7563240
Transcription
00:00 On pouvait faire et dire des choses qui étaient parfois même des grosses conneries,
00:03 qu'on ne pourrait pas faire maintenant, et parfois c'est bien qu'on ne puisse pas les faire.
00:08 On n'a jamais tenu de propos racistes ni d'imbécilité de ce genre.
00:12 Mais je veux dire par là qu'il n'y avait pas cette bien-pensance qui doucement nous envahit.
00:20 - Et cette bien-pensance, elle est gênante ?
00:24 Elle empêche de travailler, elle empêche de parler, de dire des choses ?
00:28 - Elle empêche d'écrire parfois.
00:30 Parfois, parce qu'on se dit, au lieu d'écrire simplement ce qui vous vient,
00:35 vous vous dites "Ah oui, mais comment ça va être interprété ?"
00:37 Ce n'est pas ce que vous voulez dire qui vous embête, c'est ce qu'on va pouvoir penser.
00:42 Mais est-ce qu'il n'y a pas dit ça parce que... Alors voilà, ça c'est inhibant.
00:47 - Oui, mais c'est qui cette bien-pensance ?
00:50 - C'est le monde actuel. - C'est ça aussi.
00:52 C'est les gens en règle générale ?
00:53 - Oui, oui, oui.
00:54 C'est les gens qui passent à la télé, à la radio, comme moi.
00:58 C'est vous.
01:00 - C'est plus un certain milieu, alors peut-être aussi, non ?
01:02 On ne se briche pas par rapport à un certain milieu ?
01:05 - Dans le petit village où j'ai tourné, la bien-pensance avait moins fait de dégâts.
01:10 Mais qu'on condamne violemment les gens qui se comportent mal, qui disent des choses...
01:17 Voilà, ça oui. Alors là, à fond, d'accord.
01:20 Mais enfin...
01:22 Après, il y a une complicité avec le public et on se dit, ça...
01:26 Je fais confiance à l'intelligence du public, il va comprendre que c'est du deuxième degré.
01:31 - Mais en fait, c'est ça que j'allais vous demander.
01:33 Est-ce que vous faites ça pour le public, finalement, ou pour cette bien-pensance ?
01:36 Parce que si vous faites ça pour le public, il y a moins de barrières, j'imagine.
01:39 - Mais ça ne m'empêche pas de me poser des questions après,
01:42 de relire en me disant "attends, ça peut être ambigu".
01:45 Il ne faut pas que ça soit ambigu.
01:46 Ou alors, il faut l'assumer.
01:48 Mais les choses ne sont pas dans la légèreté, elles sont dans la responsabilité, maintenant.
01:53 - Avec "Le Splendide", vous signez des dialogues devenus cultes.
01:56 Vous êtes d'ailleurs encore aujourd'hui un excellent dialoguiste.
01:59 Vous avez l'amour des mots.
02:00 Aujourd'hui, notre vocabulaire s'appauvrit.
02:02 On a de plus en plus de mal à exprimer des émotions, à élaborer une pensée.
02:05 On simplifie parfois nos idées à l'extrême.
02:07 Il n'y a plus de nuance dans les propos.
02:10 Est-ce que ça, ça vous inquiète ?
02:11 - Oui. Moi, ce qui m'inquiète, c'est d'écouter les chaînes d'information continue
02:17 et de voir l'appauvrissement du français et le remplacement par des anglicismes.
02:21 Maintenant, on n'a plus le déroulement des événements, on a le déroulé des événements.
02:25 Ça me désespère.
02:26 On a une langue qui était la langue de la diplomatie.
02:28 Pourquoi ? Parce qu'elle permettait toutes les nuances, les subtilités.
02:34 Eh bien, elle est en train...
02:36 Alors, je parle comme un vieux con, mais j'ai l'âge.
02:39 Alors, permettez-moi de le faire.
02:40 Même le Trésor public le fait.
02:42 "Veuillez renseigner la ligne suivante."
02:44 Moi, je renseigne une personne dans la rue qui s'est perdue.
02:47 La ligne suivante, j'y réponds.
02:49 La question suivante, j'y réponds. Je ne la renseigne pas.
02:51 Et je suis éligible à tel truc.
02:54 Non, éligible, c'est si je veux me présenter aux élections.
02:58 Et sinon, je ne suis pas éligible.
03:00 Je suis en droit de demander.
03:02 Et petit à petit, il y a un appauvrissement de ce qui était la musique de la langue française.
03:08 Et puis aussi du sens.
03:11 Je ne suis pas là pour dire...
03:14 - Oui, pour dire "c'est bien" ou "c'est mal".
03:16 - Non, je dis simplement, ça me rend malheureux.
03:19 Parce que c'est une langue que je trouve magnifique quand elle est bien parlée.
03:22 - Extrêmement riche.
03:23 - Oui, puis c'est beau quand c'est bien parlé le français.
03:26 Alors, quand j'entends le déroulé, l'éligible à ceci,
03:31 veuillez renseigner la question suivante.
03:34 Sous-titrage Société Radio-Canada
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03:41 Merci à tous !
03:43 [SILENCE]

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