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Retrouvez l'émission Zoom Zoom Zen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen

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Amusant
Transcription
00:00 Pour une émission visant à décrypter notre époque, l'afroféminisme c'est un super sujet.
00:04 Pour quelqu'un qui se pointe à la fin de l'émission et qui doit faire des blagues,
00:07 c'est un guet-apens.
00:08 Qui est ministre ? Là, pour le coup, notre thème est son pire cauchemar.
00:12 Bonjour Marine Mausson !
00:13 Bon Mathieu, qu'est-ce qui s'est passé là ? Me faire venir pour faire des blagues
00:16 sur l'afroféminisme et vous attendez à ce que je dise quoi ? « Je suis féministe,
00:19 j'adore les noirs, je suis donc afroféministe ! ». L'idée n'est pas ouf, surtout que
00:23 je vous rappelle que je m'appelle Marine.
00:24 En plus, pardon, mais cette émission, c'est vraiment pas le meilleur endroit pour se
00:30 lancer sur l'afroféminisme.
00:31 Plus blanc que cette émission, c'est compliqué.
00:33 Plus blanc que cette émission, c'est un concert de Vincent Delaire.
00:36 Ce serait pas écrit France Inter sur la photo du podcast de Zoom Zoom Zen, on croirait que
00:41 c'est une photo de groupe du Sénat.
00:42 Franchement, c'est chaud.
00:43 En revanche, j'ai lu le livre de notre invité, car oui, je travaille.
00:47 Et spoiler alert, j'ai adoré.
00:49 Pas travailler, ah oulala, non, je suis de gauche sur une radio de gauche.
00:51 Pour moi, la valeur travail, c'est comme la grammaire.
00:53 Je sais pas c'est quoi.
00:54 Disons que j'ai vraiment apprécié, vivement apprécié que cette lecture titille mon droit
00:59 à la paresse, comme dirait Sandrine Rousseau.
01:01 Alors que son frère Jean-Jacques Rousseau soutenait lui que les inégalités naissent
01:07 artificiellement des systèmes sociaux.
01:09 Ce qui n'est pas très loin de ce que dit Kiyé Mises dans son livre « Je suis votre
01:12 pire cauchemar » qui a résonné en moi très très fort.
01:14 Pour vous dire, j'ai tellement aimé que pour mieux savourer ma lecture, j'ai même
01:18 éteint l'album de Vincent Delerme que j'écoutais.
01:20 Je me suis reconnue et je voudrais vous remercier Kiyé Mises d'avoir trouvé les mots pour
01:25 parler de mon quotidien de femme, de grosse et de noire.
01:27 Pardon, je me suis un peu enflammée, j'ai senti, j'ai fait une blackface radiophonique
01:33 en été maladresse.
01:34 Dans le livre, vous dites merveilleusement à quel point même une grosse qui milite
01:39 et pense que tous les corps sont beaux tels qu'ils sont peut intérioriser la grossophobie.
01:43 Et c'est vrai que moi, je suis grosse et grossophobe.
01:45 Là, on empêche Melba, comme dirait Rousseau.
01:47 Stéphane, là, cette fois, c'est leur cousin québécois.
01:49 Moi, je suis tellement grossophobe que pendant très longtemps, je pensais que si j'étais
01:52 célibataire, c'est parce que j'étais grosse.
01:54 Alors que l'équipe vous le confirmera, c'est probablement plus à cause de ma personnalité.
01:58 Moi, je me disais que c'était à cause de ça que j'avais pas de mec.
02:01 Et en fait, en réunissant réfléchissant bien, l'explication peut éventuellement
02:03 se trouver dans le fait que je suis lesbienne.
02:05 Bon, c'est vrai.
02:06 En tout cas, dans le livre, vous expliquez que, et là je vous cite, « la grossophobie
02:10 s'est construite pour asseoir les empires naissants.
02:13 Afin de justifier scientifiquement et intellectuellement leur supériorité, il fallait déshumaniser
02:19 les corps de ceux que l'on allait réduire en esclavage.
02:21 Le corps des femmes africaines était jugé trop volumineux ». Et d'ailleurs, vous ajoutez
02:25 qu'en gros, il a fallu construire et contrôler le corps des femmes européennes pour le distinguer
02:29 de celui des « sauvages noirs ». Donc je vous résume l'histoire.
02:33 Au 15e-16e siècle, nous les grosses, on était un peu des « hit girls », genre décomplexés
02:37 du bourrelet.
02:38 Les magazines féminins de l'époque, c'était « Glass », « Junk Food » et « Gaines
02:42 Rambouré ». 10 conseils pour être plus grosse pour l'été et faire tomber en
02:44 pamoison tous les gentils hommes.
02:46 Mais finalement, des colonialismes blancs en trottinette avec des Stan Smith de l'époque,
02:50 pardon temps pour nous, on va dire que vous êtes horribles parce que, hé, l'esclavage,
02:54 non ? Alors attention, là je ne suis pas en train de vous dire que du coup, comme je
02:57 suis grosse et que je subis de la grossophobie, moi aussi je suis une victime du racisme et
03:01 de l'esclavage.
03:02 Non, je ne suis pas Clémentine Sélarier.
03:03 Non, ce que je veux vous dire, c'est que le fait que le regard posé par la société
03:07 sur le corps des femmes noires, afin de pouvoir les rendre esclaves, c'est exactement le
03:10 même que celui qui a décidé que mon corps était dégoûtant, afin de justifier cette
03:14 oppression inhumaine, et bien je trouve que ça, ça prouve bien à quel point toutes
03:17 les luttes féministes sont liées et donc intersectionnelles.
03:20 Et franchement Mathieu, en ce 8 mars, ça fait du bien de s'intéresser à d'autres
03:23 réalités que celles du féminisme blanc pour écouter, notamment celles des afroféministes.
03:27 Merci Kiyemis d'avoir pris le temps de venir nous éduquer et surtout, est-ce que vous
03:31 voulez bien me dédicacer mon livre ?
03:33 Je vous le tends et c'est bien comme ça on a pu parler aussi de ce livre plus précisément.
03:37 Je vous le tends, merci beaucoup Marine Bausson, vous allez repartir heureuse avec votre dédicace.

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