Claude-Emmanuelle Gajan-Maull est une artiste pluridisciplinaire et militante. Elle a commencé sa transition en 2015 et évoque le parcours du combattant que doivent emprunter les personnes transidentaires. Au Micro de Yahoo, elle explique pour quelle raison, dans les cas de transidentités, il faudrait davantage parler de « chirurgie réparatrice » plutôt que de "chirurgie esthétique". D’après elle, le problème vient avant tout de la façon dont les chirurgies de transition sont vues par le grand public, très majoritairement composé de personnes cisgenres. "Les personnes cisgenres n'ont pas forcément pris en compte le terme de "chirurgie esthétique" d'un point de vue des personnes transidentitaires. Quand elles ont un problème lié à leur apparence physique, elles ont ce que l'on appelle de la dysmorphophobie. C'est le fait de se voir difforme, de se trouver laid, et d'avoir un besoin d'esthétisation pour retrouver confiance en soi. Tandis que d'un point de vue des personnes transidentitaires, elles ont ce que l'on appelle de la dysphorie de genre, c'est-à-dire que quand elles se regardent dans un miroir, elles ont l'impression de ne pas se reconnaître. Et donc, s'il y a un besoin qui est créé autour de ces chirurgies, c'est parce qu'elles viennent apaiser."Raison pour laquelle elle milite pour un changement d'appellation, nécessaire selon elle pour que les personnes non-concernées prennent conscience du besoin réel que les chirurgies représentent : "C'est pour ça que le terme de chirurgie reconstructrice est plus indiqué. Le terme chirurgie esthétique est la raison pour laquelle il y a des restrictions d'accès à ces procédures dans l'entreprise médicale française, ne serait-ce que par exemple avec la sécurité sociale.
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00:00 Globalement, on utilise le terme de chirurgie esthétique
00:03 parce qu'on vient toucher justement à l'aspect esthétique du corps
00:08 pour pouvoir l'embellir selon des critères de beauté,
00:12 des standards de beauté, des normes dans lesquelles on est ancré.
00:16 Je pense qu'encore une fois, les personnes cisgenres,
00:21 elles n'ont pas pris le terme d'un point de vue des personnes transidentitaires.
00:27 Pour eux, quand ils ont un problème lié à leur apparence physique,
00:31 les personnes cisgenres, elles ont ce qu'on appelle de la dysmorphophobie.
00:35 Donc, c'est le fait de se voir difforme et de se trouver laid
00:39 et d'avoir un besoin d'esthétisation pour pouvoir retrouver peut-être une confiance en soi,
00:46 sortir d'un syndrome de l'imposteur.
00:48 Tandis que d'un point de vue des personnes transidentitaires,
00:51 elles ont ou elles n'ont pas ce qu'on appelle de la dysphorie de genre.
00:55 C'est-à-dire que quand elles se regardent dans un miroir,
00:58 elles ont l'impression de ne pas se reconnaître.
01:01 Et donc, s'il y a un besoin qui est créé autour de ces chirurgies,
01:06 c'est parce qu'en fait, elles viennent apaiser quelque chose au fond de nous.
01:10 Donc, je trouve que parler de chirurgie reconstructrice,
01:14 c'est le terme qui s'apprête le mieux aux personnes transidentitaires.
01:17 Et c'est sûrement pour ça qu'il y a un gate-keep dans l'entreprise médicale française,
01:22 ne serait-ce que par exemple avec la sécurité sociale.
01:25 Parce que du coup, comme elles sont considérées comme esthétisantes
01:28 et pas comme reconstructrices ou vitales,
01:31 les prises en charge, elles se jouent sur ce mot-là
01:34 pour que les prises en charge ne soient pas respectées.
01:37 Dans les cercles médicaux, les médecins, les chirurgiens, les endocrinologues
01:42 sont complètement désinformés vis-à-vis de la situation des personnes transidentitaires.
01:47 Dans un parcours des études médicales en France,
01:50 il y a littéralement deux heures qui sont accordées
01:53 à ce qu'on appelle les questions de transidentité.
01:56 Du coup, que ce soit d'un point de vue des chirurgiens
01:59 et de la façon dont on finance les chirurgies,
02:01 eux, ils vont le voir comme un appât de monnaie
02:04 plutôt qu'une aide apportée à la personne.
02:07 Eux, ils savent très bien que les personnes trans,
02:09 elles vont se saigner d'une façon ou d'une autre
02:11 pour pouvoir financer ces chirurgies-là.
02:13 Du coup, on a ce qu'on appelle une ALD hors liste.
02:17 L'ALD 31, c'est l'affectation de longue durée,
02:20 ce qui est appelé les maladies incurables.
02:22 Donc, il y en a 30 en France.
02:24 Et donc, quand elles sortent de ces cadres des 30,
02:27 il y en a une dernière qui s'appelle la 31.
02:30 À l'intérieur de l'ALD 31, on demande tous les besoins chirurgicaux,
02:32 tous les besoins médicaux.
02:34 Il faut vraiment tout catégoriser déjà dès l'entrée
02:37 pour pouvoir amener à bien son parcours de transition.
02:40 Et suite après à ça,
02:41 en fait, ça va être vraiment une déprise de rendez-vous,
02:45 plutôt des échanges via des groupes, des discords,
02:48 ce genre de choses entre personnes trans
02:50 pour pouvoir informer sur quel médecin,
02:53 quel practicien est plus safe ou pas.
02:56 Et généralement, les listes d'attente sont très longues.
02:59 Ça prend vraiment beaucoup de temps.
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