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Chroniqueur pour la chaîne L'Equipe, Dominique Grimault rend hommage à Just Fontaine, décédé ce mercredi à l'âge de 89 ans, son idôle et son ami.

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Transcription
00:00 -Oui, c'était d'abord un vrai tueur, tueur de surface.
00:04 Il nous disait toujours,
00:06 il faut jamais manquer... Un véritable attaquant,
00:09 un véritable neuf ne doit pas manquer un face-à-face
00:12 avec un gardien, quel qu'il soit.
00:14 Et Gisto, systématiquement, quand il y avait un face-à-face,
00:18 marquait un but, marquait 8 fois sur 10.
00:20 Moi, c'est un peu particulier, parce que...
00:24 Il a été mon ami, mais avant d'être mon ami,
00:27 il a été mon idole.
00:29 Et si je me suis éveillé
00:31 tant bien que mal au foot,
00:34 et aux choses du foot, c'est grâce à lui,
00:37 grâce à Copa, grâce à Fiontani,
00:39 grâce au stade de Reims.
00:41 J'emmerdais mon père pour qu'il prenne sa vieille Peugeot
00:44 et on allait le dimanche les voir jouer à Reims.
00:46 Il n'y avait pas d'autoroute.
00:48 On allait au stade Auguste de Laune.
00:50 Il serait bien que les Rémois baptisent leur stade Justefontaine.
00:54 Ils ont manqué Copa, c'est à Angers.
00:56 Il serait bien que le stade de Laune devienne le stade Justefontaine.
01:00 Je ferme la parenthèse.
01:01 Et donc, je suis évidemment sous le charme,
01:04 comme tous les boomers le sont,
01:06 parce que Fiontani, Copa, Fontaine,
01:09 ce sont des mythes fondateurs.
01:12 On n'a rien gagné.
01:14 Il y a cette Coupe du monde en Suède.
01:16 On s'arrache les postes de télévision.
01:18 A l'époque, en 58, il y a peut-être 500 000 téléviseurs en France.
01:22 Mais il y en a beaucoup qui sont vendus
01:25 dans cette Coupe du monde, 58.
01:27 Les Bleus partent dans cette Coupe du monde,
01:29 dans cette aventure, mais sans ambition aucune.
01:32 Il y a trois journalistes de l'équipe envoyée spéciaux.
01:35 Aujourd'hui, il y en a 50.
01:37 Aujourd'hui, il y en a trois.
01:39 Ferrand, Urbini, Retaquer, me semble-t-il.
01:41 On s'attend à ce que les Français soient battus.
01:44 Et là, c'est une espèce de miracle qui se produit.
01:47 Paraguay, je le disais tout à l'heure.
01:49 Écosse, Yougoslavie, Irlande, etc.
01:53 Le plus terrible, c'est qu'au terme du premier match,
01:57 7-3 devant le Paraguay,
01:59 Gisto marque trois buts et flingue ses chaussures.
02:03 Et à l'époque, les joueurs embarquaient
02:06 pour une Coupe du monde avec une paire de crampons.
02:09 Et là, à l'issue du match, Fontaine se tourne vers Bateu,
02:12 son entraîneur, à Reims, en équipe de France,
02:15 lui dit "Bébert, monsieur Bateu", pardon,
02:18 il va l'appeler Bébert plus tard,
02:20 "monsieur Bateu, j'ai perdu mes chaussures."
02:22 Et là, par miracle, Stéphane Bruet,
02:25 remplaçant, attaquant jusqu'au danger,
02:27 à la même pointure que Gisto Fontaine,
02:30 lui offre ses chaussures.
02:32 Et c'est avec ces chaussures que Gisto va créer,
02:35 va bâtir sa légende et va rendre à l'issue
02:37 de cette Coupe du monde où il a inscrit trois buts,
02:40 la paire de crampons à Stéphane Bruet.
02:42 Et pour récompense, on va lui offrir,
02:45 non pas un ballon d'or, ça n'existe pas,
02:48 ni un chèque énorme, un fusil.
02:50 Voilà, un fusil.
02:52 Parce qu'il a marqué, il a inscrit trois buts.
02:54 Voilà, donc, pour dire qu'il fut mon idole,
02:58 et ensuite, et jusqu'au bout,
03:01 jusqu'à ses dernières heures,
03:04 il aurait été mon ami, vraiment,
03:06 comme il a été l'ami de tous les journalistes
03:08 de notre génération.
03:10 C'était un mec fabuleux.
03:12 -Il ne refusait jamais une interview.
03:14 -Même avec les jeunes. -Même avec les jeunes.
03:17 C'était un mec absolument génial,
03:19 mais vraiment magnifique, très humble,
03:22 très grand, quoi.
03:25 Dans l'esprit, dans l'élégance,
03:27 dans tout ce qu'il faisait,
03:29 dans tout ce qu'il disait, il était juste.

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