L'avocat pénaliste et ancien magistrat, Olivier Pardo, a réagi à la décision de détention provisoire de Pierre Palmade.
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00:00 Est-ce que vous comprenez la décision d'aujourd'hui ?
00:02 Je crois qu'il y a, au-delà des motifs qui sont évoqués et qui sont affichés,
00:07 il y a un motif que j'appellerais caché de la Chambre de l'instruction.
00:12 Vous savez qu'il y a sept critères, il y en a un qui est le dernier,
00:15 qui est le trouble manifeste à l'ordre public.
00:18 Qui ne s'applique pas en matière intellectuelle normalement.
00:20 Qui ne peut pas s'appliquer parce qu'on est en matière intellectuelle,
00:22 pas en matière criminelle.
00:24 Mais on sent bien que la vraie motivation c'est celle-là,
00:27 parce que tout le monde, toute la communauté des juristes,
00:30 était du côté du juge de la liberté de la détention,
00:33 parce qu'on trouvait que la décision était intelligente.
00:36 Le mettre dans une chambre à l'hôpital Paul-Bruce,
00:39 qui est le meilleur service d'addictologie,
00:41 avec l'idée que s'il ne se soigne pas, s'il sort, il va en prison,
00:47 c'était peut-être le meilleur moyen pour se faire.
00:49 Et je relève que la Chambre de l'instruction prend des motifs qui sont des motifs habituels,
00:56 et j'ai un regret.
00:57 Le vrai regret, c'est que vous savez que la règle, c'est la publicité de ce type d'audience.
01:02 Là, il y a eu un huis clos.
01:03 Mais il y a toujours un huis clos.
01:05 C'est quand même fou.
01:06 Il y a une règle depuis 2005 qui fait que ces audiences sont à la détention de la tête publique.
01:10 Et c'était l'occasion pour la justice de faire un pas de modernité
01:13 dans une affaire où tout le monde parle, où les complotistes sont de tous les côtés.
01:17 Là, au moins, on aurait vu les arguments s'affronter.
01:20 On ne saurait pas aller picorer de ci, de là, les motifs de la décision.
01:25 On aurait eu quelque chose, un vrai débat.
01:27 Et je pense que la Chambre de l'instruction a loupé cette idée de fenêtre de transparence.
01:33 L'idée, c'est d'une fenêtre de transparence dans une instruction qui est secrète.
01:36 C'était ça.
01:37 Et ça, je le regrette profondément parce que ça aurait permis d'avoir la pédagogie de cette décision.
01:43 Au fond, on sent bien que peut-être que l'opinion a sensibilisé l'esprit des magistrats.
01:51 Je ne veux pas dire qu'ils n'ont pas appliqué la loi.
01:53 Mais disons que j'ai l'impression qu'ils l'ont appliquée formellement,
01:56 mais qu'au fond, c'était le trouble à l'ordre public qui était la vraie raison.