Protocole Nord-irlandais : sommet entre Londres et Bruxelles pour des "discussions finales"
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00:00 Bonjour Baptiste. Bonjour.
00:01 Qu'est-ce qui bloque dans le fond ?
00:02 Alors beaucoup de choses.
00:03 Depuis le début en fait des discussions déjà sur le Brexit puis sur le protocole,
00:07 il y a une fronte de la part du DUP, ce sont en fait les unionistes nord-irlandais
00:12 qui sont fidèles à la couronne britannique et qui s'opposent de fond à ce protocole de frontières.
00:17 Cette frontière douanière, on va peut-être le voir d'ailleurs sur la carte,
00:19 entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord qui selon eux les isole un peu plus.
00:24 Alors voilà, on la voit ici, je pensais la voir derrière moi.
00:27 Vous voyez cette zone en pointillé qui se trouve exactement ici entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord,
00:31 c'est là où se passent en fait les contrôles douaniers.
00:33 Et donc les unionistes nord-irlandais fidèles à la couronne estiment
00:36 que ça les isole encore un peu plus de la Grande-Bretagne.
00:39 Derrière cette séparation qui n'est pas que symbolique, il y a aussi tous les ralentissements bureaucratiques.
00:45 Cette frontière est accusée de créer des problèmes d'approvisionnement,
00:48 des problèmes de trésorerie pour les entreprises.
00:50 Et on parle en ce moment par exemple beaucoup des pénuries de médicaments en Irlande du Nord
00:54 qui seraient, selon les détracteurs du protocole, une des conséquences de cet accord.
00:58 Lorsqu'il était encore Premier ministre, Boris Johnson a tenté plusieurs coups de force
01:02 pour sortir l'Irlande du Nord de ce protocole, après l'avoir d'ailleurs lui-même signé deux ans plus tôt.
01:07 Il a été débarqué à temps, il n'a pas eu le temps de le faire,
01:09 mais depuis des mois c'est vrai qu'il y a des discussions qui sont très franches entre Londres et Bruxelles
01:14 pour tenter de trouver une sortie de crise et de plancher sur des façons d'alléger ce protocole.
01:19 C'est un dossier qui est très technique.
01:21 Londres veut des exemptions de contrôles, par exemple pour un certain nombre de produits
01:25 qui viennent de la Grande-Bretagne vers l'Irlande du Nord,
01:28 quand il est attesté que ces produits resteront en Irlande du Nord,
01:30 qu'ils ne partiront pas après dans le reste de l'Union Européenne.
01:32 Et il voudrait qu'il n'y ait en fait plus de contrôles,
01:34 quitte à avoir des contrôles différenciés selon les marchandises.
01:37 Et puis il y a aussi le rôle de la Cour de Justice de l'Union Européenne,
01:40 qui est censée être compétente pour trancher en cas de conflit.
01:42 Et là vous avez le Royaume-Uni qui veut clairement que ça ne soit plus un pouvoir
01:46 de la Cour de Justice de l'Union Européenne ou qu'au moins que ces pouvoirs soient amoindris.
01:50 Donc voilà, là on est vraiment dans l'établissement des virgules sur le texte,
01:53 a priori, avant peut-être un compromis, donc plus tard dans la journée,
01:56 mais ce n'est pas encore fait.
01:57 Alors enjeu économique, bien sûr, on l'a bien compris en vous entendant.
02:00 Enjeu également pour la stabilité politique et pour la paix en Irlande du Nord d'une manière plus large.
02:04 Oui, alors d'abord stabilité politique, parce que depuis le mois de mai,
02:06 il n'y a plus de gouvernement en Irlande du Nord.
02:08 Il y a une assemblée locale également qui ne fonctionne plus.
02:11 Pourquoi ? Parce que le DUP, le parti dont je vous parlais précédemment, unioniste,
02:15 refuse de siéger tant qu'il n'y a pas eu une abrogation de ce protocole nord-irlandais.
02:19 C'est une situation qui est très précaire, puisque les cendres de ce conflit
02:23 qui a embrasé l'Irlande du Nord pendant 30 ans jusqu'en 1900, dans les années 90,
02:27 ne sont pas complètement éteintes.
02:29 Vous avez notamment chez les groupes les plus radicaux des unionistes,
02:33 qu'on appelle plutôt les loyalistes, qui menacent d'un retour à la violence
02:37 s'il n'y a pas une solution définitive qui est trouvée sur ce protocole.
02:40 De l'autre côté, vous avez aussi des extrémistes côté républicain
02:44 qui montrent, en tout cas certains groupes paramilitaires, qu'ils existent encore
02:47 en menant des actions qui sont sporadiques mais réelles sur le territoire nord-irlandais.
02:52 Rappelons-le tout de même, aujourd'hui, la plupart, la grande majorité des nord-irlandais,
02:57 qu'ils soient républicains, qu'ils soient unionistes, sont complètement opposés à la violence
03:01 et donc ne veulent pas rentrer dans ce jeu de la surenchère de la violence.
03:05 Rapidement, on peut s'attendre à quoi aujourd'hui entre Richie Sounak et Ursula von der Leyen-Baptiste ?
03:09 Ça a été dit dans le reportage.
03:11 Rencontre près de Windsor, conférence de presse si accord est trouvé.
03:14 A priori, Richie Sounak pourrait aller à la Chambre des communes pour présenter le texte
03:18 et c'est là où les choses vont peut-être se compliquer pour lui
03:20 parce qu'il fait face quand même à une fronde d'une partie de l'aile droite de son parti,
03:24 le Parti conservateur, qui ne demande presque aucune concession à l'Union européenne.
03:30 Et parmi ces fondeurs, il y a notamment l'éternel revenant, Boris Johnson,
03:33 qui aujourd'hui, il n'est plus Premier ministre mais il est député,
03:36 qui lui, effectivement, ne veut pas qu'il y ait de concessions majeures à faire.
03:40 Et même s'il n'est plus aujourd'hui Premier ministre,
03:42 il convient encore de se faire entendre sur ce dossier
03:44 qu'il avait négocié en grande partie quand il était Premier ministre.
03:47 Et on y voit désormais un peu plus clair.
03:49 Merci beaucoup Baptiste.