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00:00On revient maintenant à la Tunisie. Le coup d'envoi de la campagne électorale démarre officiellement ce samedi.
00:05Le scrutin est prévu le 6 octobre prochain, le sortant Kayser Desper briguer un nouveau mandat face à lui deux autres candidats,
00:12Ayat Chizamel et Zohail Marzahoui. On en parle avec vous Karim Yahya.
00:16Oui bonjour Karim, merci d'être avec nous.
00:18Ce scrutin, il apparaît déjà comme verrouillé. On sait que les candidatures doivent être approuvées par l'ISI, l'instance électorale.
00:25Certains prétendants à la fonction suprême ont été évincés et on apprend aujourd'hui qu'un tribunal administratif ordonne la réintégration de ces candidats.
00:34Alors pour l'instant il n'y a que deux candidats face à Kaïs Saïed et c'est vrai qu'un tribunal entend faire revenir dans la course à la présidentielle d'autres candidats.
00:45Il faut souligner que ces candidats avaient déjà déposé un recours devant ce tribunal et qu'ils avaient déjà obtenu gain de cause,
00:53ils avaient été à nouveau évincés par cette instance électorale.
00:56Vous l'avez dit, il y a deux candidats face à Kaïs Saïed, Zohail Marzahoui qui est un ancien député,
01:01chef du mouvement du peuple qui est un parti pas particulièrement influent sur l'échiquier politique tunisien
01:08et puis Ayat Chizamel qui est lui l'ancien leader d'un petit parti également ancien député
01:13qui lui a été interpellé dans une affaire de falsification présumée des parrainages.
01:19Ça nous rappelle l'élection d'il y a cinq ans où un des candidats a fait quasiment campagne depuis sa cellule de prison.
01:27Alors aujourd'hui certains pourraient revenir je vous le disais dans la course,
01:31Abdellatif Mekki qui est une figure un petit peu plus connue sur l'échiquier politique tunisien,
01:37c'est un ancien dirigeant d'Ennahda.
01:39Il y a aussi Monder Zenaydi qui est un ancien conseiller de Monsef Marzouki, donc Ennahda aussi.
01:48Il y a aussi un troisième homme qui lui n'a pas manifesté encore sa volonté de revenir dans le jeu,
01:53il s'appelle Hemed Daimi.
01:55Donc c'est vrai que l'ISI a en quelque sorte les pleins pouvoirs,
01:59elle est régulièrement pointée du doigt notamment par la puissante centrale syndicale l'UGTT
02:05qui a été particulièrement virulente.
02:07Elle a donc entre les mains les cartes, c'est à dire que c'est elle qui serait en capacité de faire revenir dans le jeu ces candidats.
02:16C'est assez peu probable, d'autant plus que l'un d'entre eux a demandé à ce que le calendrier électoral soit modifié
02:23pour que la campagne puisse avoir lieu de façon juste.
02:27C'est Abdellatif Mekki qui a fait cette demande.
02:29Il faut savoir qu'il a été condamné il y a quelques semaines à huit mois de prison,
02:33encore une fois dans une affaire supposée de traficotage des parrainages.
02:39Donc on sent bien que les choses sont assez verrouillées,
02:43on l'a vu au niveau politique, mais même en ce qui concerne ceux qui ont accompagné Kaïs Saïed ces derniers temps.
02:50On a vu une table rase cet été avec un certain nombre de ministres qui ont été limogés,
02:55notamment le ministre des Affaires étrangères ou encore celui de la Défense.
02:59Plus récemment, en ce début septembre, on a vu des gouverneurs qui ont été à leur tour limogés,
03:05un très grand nombre d'entre eux dont certains défendent, défendaient la politique de Kaïs Saïed.
03:11L'étau d'un sentiment se resserre sur le champ politique mais aussi dans l'espace public.
03:16On a vu aujourd'hui une manifestation appelée à plus de liberté, notamment du côté de Tunis.
03:22Ils étaient 1000 à 3000 selon les organisateurs, 1000 à 1500 selon le correspondant de l'AFP qui était sur place.
03:30Ce n'est pas un raz-de-marée, on le sent bien.
03:33Moi je suis allé ces dernières années en Tunisie et on a constaté au fur et à mesure des années d'élections
03:39en anniversaire de la révolution qu'il y avait une forme d'usure même chez les militants qui avaient chevillé au corps
03:47cette révolution tunisienne qui avait créé évidemment beaucoup d'espoir.
03:52Mais il faut tout de même rappeler que la société civile tunisienne reste extrêmement puissante, active,
03:58même si elle est parfois muselée, elle reste tout de même à la manœuvre et on l'a vu aujourd'hui du côté de Tunis.
04:07Interessons-nous maintenant au mode de gouvernance du président sortant.
04:12Quelle stratégie a-t-il mis en place pour tenter de maintenir à semblant popularité ?
04:18Avant son arrivée au pouvoir, il était devenu, après la révolution tunisienne, une figure assez importante,
04:24une figure publique, pas une figure politique, qui était régulièrement invitée en tant que constitutionnaliste
04:30et qui donnait régulièrement son avis sur le champ politique tunisien qu'il rendait responsable de tous les maux du pays.
04:38Clairement une forme de dégagisme dans ses propos et c'est ça qui a séduit une partie de l'opinion tunisienne
04:45qui avait le sentiment d'avoir déjà tout essayé entre les bénalistes, ceux qui voulaient tourner la page de Ben Ali, les islamistes.
04:52Et il a réussi à s'imposer grâce à ce discours.
04:55Alors ce discours évidemment a fini par être un peu usé et là il est rentré dans une nouvelle logique
05:00en pointant du doigt la responsabilité souvent de l'étranger, le complot, le complot international.
05:07Notamment c'est ce qui affaiblirait l'économie tunisienne.
05:11On a vu aussi les dégâts qu'ont pu causer un certain nombre de théories de grands remplacements
05:17avec ces migrants et ces réfugiés qui avaient gagné la Tunisie.
05:20Qaïs Saïd a expliqué qu'il y avait un grand plan pour changer le visage démographique de la Tunisie
05:27qui aurait été mis en place il y a des dizaines d'années.
05:30Et tous ces discours continuent de séduire une partie de l'opinion.
05:34Alors il y aura peut-être une abstention importante mais il y aura tout de même un certain nombre d'électeurs
05:39souvent loin des villes qui vont sans doute à nouveau voter pour Qaïs Saïd
05:43parce que ce discours les séduit ou en tout cas les rassure.
05:46Merci beaucoup Karim, merci pour ces éléments de compréhension.

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