Le climatologue, Jean Jouzel, invité de l’émission Les visiteurs du soir sur CNEWS, rappelle qu’il n’y a aucun secteur d’activité qui peut dire que le réchauffement climatique, ce n’est pas son affaire : «Il n’y a pas un secteur d’activité qui peut dire que le réchauffement climatique, ce n’est pas son affaire».
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00:00 -Oui, ce qui peut me faire plaisir, c'est peut-être que ce que nous vivons aujourd'hui,
00:04 c'est ce que nous avions anticipé depuis 30 ou 40 ans.
00:08 Ça, quand on parle en termes de rythme de réchauffement,
00:12 d'intensification des événements extrêmes,
00:15 ou même d'élévation du niveau de la mer,
00:18 dont le rythme a doublé depuis 50 ans, et ça, c'était prévu,
00:22 c'est des choses qu'on anticipait.
00:24 Donc on peut se dire, d'une certaine façon, en tant que scientifique,
00:28 d'avoir une certaine satisfaction, d'avoir correctement,
00:31 je parle bien de notre communauté, dans son ensemble,
00:34 envisagé le futur.
00:35 Mais ça ne me réjouit pas du tout, par contre,
00:38 que ce futur soit celui auquel on peut penser,
00:43 et de façon légitime, on va y venir,
00:45 un futur à +4 degrés en France.
00:47 Pas +4 degrés par rapport à aujourd'hui,
00:49 plutôt +2 degrés par rapport à aujourd'hui.
00:52 Pourquoi ? Parce que c'est la trajectoire sur laquelle nous sommes.
00:55 C'est tout à fait raisonnable.
00:57 Actuellement, à l'échelle planétaire,
00:59 nous sommes sur une trajectoire qui, dans la 2e partie de ce siècle,
01:03 nous emmène vers +3 degrés.
01:05 On a déjà pris 1 degré ou 1,1.
01:07 Et le constat est là, Frédéric, vous l'avez dit, il est bien connu,
01:10 globalement, les continents se réchauffent plus vite
01:13 que la moyenne globale, les océans se réchauffent moins vite,
01:17 et c'est particulièrement vrai pour l'Europe de l'Ouest.
01:20 En France, on est à, disons, 1,7 degré par rapport à 1,1.
01:24 Et c'est tout à fait logique, dans un contexte
01:26 où, à l'échelle planétaire, nous allons collectivement,
01:29 si nous ne changeons pas, vers 3 degrés.
01:32 Effectivement, Christophe Béchut l'a dit,
01:34 d'avoir un plan d'adaptation qui regarde
01:38 comment protége-t-on les Français si nous allions vers 4 degrés.
01:41 Donc c'est tout à fait raisonnable.
01:43 Ce n'est pas forcément une satisfaction,
01:44 parce que mon souhait serait vraiment que nous prenions des mesures.
01:47 Et c'est tout le souhait de l'accord de Paris.
01:49 Et je crois que c'est important, bien sûr,
01:53 pour plutôt aller vers 2 degrés à l'échelle planétaire.
01:56 Parce qu'un degré 5, c'est difficile, ce serait idéal.
01:59 Mais l'idée, c'est quand même qu'un dixième de degré, ça compte.
02:02 On voit bien qu'il y a des effets du réchauffement climatique.
02:05 Et plus on s'éloigne d'un degré et demi,
02:07 de 2 degrés, plus ce sera difficile.
02:10 Et donc, oui, il y a des conséquences importantes dans tous les domaines.
02:14 Il n'y a pas de secteur d'activité qui puisse se dire
02:16 "le réchauffement climatique, ce n'est pas mon affaire".
02:18 C'est ça.
02:19 Bien sûr, on va parler, Sylvie Brunel va parler de l'agriculture.
02:22 Mais c'est vrai pour le tourisme, pour tous les secteurs d'activité,
02:26 pour notre vie de tous les jours.
02:28 Et voilà, on ne peut pas dissocier le réchauffement climatique
02:33 du mode de fonctionnement de société.
02:34 C'est quand même, ce n'est pas simplement une transition écologique.
02:37 C'est aussi, on le voit bien, toute l'activité économique,
02:39 c'est culturel, c'est bien sûr social.
02:42 - L'habitat. - Tout le problème des emplois, l'habitat.
02:44 C'est toute notre vie, toute notre...
02:47 Disons, aller vers une neutralité carbone, ce qui est nécessaire,
02:49 puisque ne pas aller vers une neutralité carbone,
02:51 c'est accepter que le réchauffement se poursuive indéfiniment.
02:55 Donc, je crois, il faut se placer dans cette hypothèse
02:58 qu'on arrivera à une neutralité carbone,
03:00 peut-être trop tard par rapport à 1,5°C.
03:01 Mais on voit bien que c'est, quand on le regarde dans tous les domaines,
03:04 c'est quelque chose d'énorme, d'une certaine façon.
03:06 ...
03:10 [SILENCE]