Le président de la république, Emmanuel Macron, répond aux questions des médias lors de sa visite au Salon de l’Agriculture : «C’est par le dialogue et le respect que l’on arrive à construire des solutions».
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00:00 et d'ailleurs par le dialogue et le respect,
00:01 qu'on arrive à construire des solutions.
00:04 Parce qu'on ne peut pas vivre dans une société où d'un côté
00:07 vous avez des jeunes, à gare d'ailleurs dans leur manière
00:10 de vous aborder, qui disent "on va tous mourir,
00:12 on est foutus, j'ai 26 ans", ce qui m'a été dit tout à l'heure,
00:15 et qui ne veulent pas du tout dialoguer.
00:16 Et vous faites 10 mètres et vous avez des jeunes agriculteurs ou
00:20 des plus anciens qui vous disent "moi je vais mourir,
00:22 on change les règles tout le temps, je ne peux plus vivre".
00:24 C'est la même société.
00:26 Vous ne pouvez pas d'un côté avoir quelqu'un qui vous dit "vous ne
00:28 faites rien parce que vous n'allez pas assez vite",
00:30 et de l'autre quelqu'un qui vous dit "vous m'empêchez de vivre
00:31 parce que vous changez les règles trop vite".
00:32 C'est pas ça, mais c'est bien le policier du GR qui essaie de vous protéger.
00:35 Non, je ne suis pas là, je ne suis pas chef de la police.
00:37 Donc je vous dis, en tant que président de la République,
00:39 ce que je pense.
00:40 Ensuite, il faut toujours remettre les choses en condition.
00:43 On a tôt fait de vilipender les gens, de les pointer du doigt.
00:47 On a les policiers qui font leur travail,
00:49 ils doivent les faire dans les meilleures conditions et les
00:50 conditions de déontologie.
00:51 Voilà, et moi je réprouve toute forme de violence.
00:53 Monsieur le Président, Léopold Leber pour BFM TV.
00:57 Dites-moi, est-ce que c'est un salon particulier pour vous cette année ?
01:00 Contexte de réforme des retraites, évidemment.
01:02 Alors ça attise évidemment les avis, que ce soit positif ou négatif,
01:04 mais comment vous le ressentez, que vous ayez un salon dans ce contexte ?
01:07 Parfois il y a de la colère qui s'exprime.
01:08 Moi, je n'ai pas trouvé de la colère chez nos compatriotes.
01:11 Non, mais je vous le dis très sincèrement.
01:12 Je vois, nous avons aujourd'hui de l'inquiétude,
01:17 et c'est aussi ça qui s'exprime dans les manifestations sur les retraites.
01:20 Quand on écoute les gens, je parlais à une dame qui est infirmière,
01:22 quand en fait vous creusez, ce n'est pas la retraite le sujet,
01:26 c'est le travail et les conditions de travail.
01:27 Beaucoup de gens qui manifestent, c'est la perspective de leur carrière,
01:31 c'est est-ce que mon travail me paye assez ou pas ?
01:32 Beaucoup de gens m'ont interpellé en disant "moi,
01:34 vous allez me faire travailler plus longtemps,
01:35 mais vous ne demandez pas aux gens qui ne font rien aujourd'hui et qui
01:38 sont payés de ne pas travailler plus longtemps."
01:40 Il y a un sentiment d'injustice, il y a un sentiment qu'on demande
01:43 trop à ceux qui travaillent, il y a un sentiment que le travail
01:45 ne paye pas assez, il y a un sentiment que les carrières
01:47 ne permettent pas d'assez progresser dans la vie,
01:49 il y a un sentiment que les fins de carrières ne sont pas
01:52 réaménagées suffisamment.
01:53 Et je trouve que le continent qu'il y a derrière cette réforme
01:55 des retraites, c'est au fond la grande question du travail.
01:58 Je l'ai ouverte il y a cinq ans, on n'a pas arrêté de faire des réformes,
02:00 on en a à continuer avec l'assurance chômage,
02:02 et c'est aussi ça qu'on va lancer derrière.
02:04 C'est la question du travail dans notre société,
02:06 du sens qu'on lui donne, de sa juste rémunération et de la carrière.
02:09 Et donc c'est ça, pour moi, le cœur du débat.
02:11 Maintenant, je trouve que nous sommes dans une société qui a
02:14 cette inquiétude, qui a besoin d'avoir un cap,
02:16 parce que sinon on voit des désespoirs contradictoires.
02:19 On ne va pas assez vite sur l'écologie,
02:22 on va tous mourir, et de l'autre côté on va trop vite et vous changez
02:24 trop mes règles.
02:25 Et nous cohabitons dans cette société.
02:27 Allez dans le monde rural, beaucoup de nos compatriotes ont
02:30 le sentiment qu'ils perdent tous leurs repères,
02:31 qu'on leur demande chaque jour de changer les règles parce qu'on
02:34 les empêche de prendre la voiture,
02:36 demain on va leur dire qu'ils ne pourront plus aller dans la
02:38 grande ville parce qu'ils ont telle ou telle voiture.
02:39 C'est ça, et ça crée du stress.
02:41 Donc on a des gens qui sont perdus,
02:42 angoissés, qui perdent leurs repères,
02:45 qui ne comprennent pas le cap.
02:46 Et de l'autre côté, on a une jeunesse qui nous dit que ça ne va
02:48 pas assez vite, on va tous mourir si on n'interprète pas tout
02:49 tout de suite.
02:50 Et donc il faut bâtir un cap commun,
02:53 il doit se faire sur le respect, la concorde,
02:54 et ça va être aussi à moi dans les prochains mois,
02:57 de le donner, de le réaffirmer.
03:00 Et c'est plutôt ça que je sens.
03:02 Moi, je ne sens pas de colère,
03:03 je sens une inquiétude, une inquiétude sur où vont nos
03:08 économies, nos démocraties dans un monde où la guerre revient,
03:11 où on sent qu'on ne peut pas changer les règles tout le temps,
03:13 et où on a beaucoup de messages anxiogènes.
03:16 Donc il faut simplement dire qu'il y a un cap,
03:17 on ne fera pas tout faire en un jour,
03:18 mais on a un chemin et on peut améliorer les choses concrètement.
03:22 Je le disais aussi aux agriculteurs ici,
03:24 franchement, il y a trois ans,
03:27 on était heureux d'avoir un tel salon.
03:29 Et on est en guerre.
03:30 Et malgré tout, les revenus étaient au rendez-vous.
03:33 Il y a des sujets dans telle ou telle filière,
03:35 mais il y a beaucoup de ces filières et de ces agriculteurs,
03:38 quand vous êtes dans le blé, dans le colza et même dans beaucoup
03:41 de filières animales, leur revenu de l'année 2022 est bien
03:44 meilleur que celui de l'année 2019.
03:46 Il y a des choses qui vont bien.
03:48 Si j'en suis votre raisonnement, le problème, c'est le travail,
03:52 pas la rentaine.
03:53 Est-ce que vous n'avez pas mis la charrue avant les boulots ?
03:55 Mon pauvre, ça fait six ans qu'on s'en occupe du travail.
03:59 On n'est pas passé par la grâce du Saint-Esprit,
04:01 de neuf points de chômage à sept points.
04:03 Ordonnances, travail, réforme de la fiscalité,
04:07 réindustrialisation du pays, plan de soutien en Covid pour le
04:12 travail, contrat d'engagement jeune,
04:14 plan d'apprentissage qui nous a fait passer de 210 000 apprentis
04:17 maintenant à 800 000, chiffre qu'on pensait inatteignable en France.
04:21 Réforme de l'assurance chômage pour remettre les gens justement
04:25 davantage vers le travail, plan de formation des chômeurs
04:27 de longue durée avec des résultats extraordinaires.
04:29 Tout ça, c'est des chantiers qu'on a faits avant.
04:31 La retraite, c'est aussi travailler davantage.
04:33 Et il faut le faire parce qu'il faut que le régime s'équilibre
04:36 par le travail et pas par l'impôt,
04:39 sinon vous ne pouvez plus investir dans l'éducation.
04:42 Vous ne pouvez plus investir dans la santé, ce qu'on doit faire.
04:44 Et on va continuer derrière avec le lycée professionnel,
04:46 avec France Travail et une loi de plein emploi.
04:48 On fait les choses dans le bon ordre.
04:50 Qu'est-ce que vous attendez du Sénat dans les prochains jours ?
04:53 D'abord, mon rôle est d'être le garant des institutions,
04:56 j'ai le respect de chacun.
04:57 Donc je sais que le Sénat va saisir ce texte.
05:00 J'ai vu, j'ai pu parler avec le président...
05:03 [Musique]
05:06 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]