BFMTV.COM vous propose de découvrir en avant-première le documentaire exceptionnel réalisé par les équipes de Ligne rouge retraçant un an de couverture du conflit ukrainien par nos reporters. Dans ce cinquième extrait, les reporters font face aux premiers potentiels crimes de guerre, après la libération de Boutcha, dans la banlieue de Kiev.
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00:00 Nous avons pu entrer dans cette cave et nous étions, je crois, les premiers à constater
00:08 cette horreur.
00:09 L'armée ukrainienne vient d'annoncer qu'elle a repris une ville stratégique dans les faubourgs
00:26 de Kiev qui s'appelle Bucha.
00:27 Tout d'un coup, on voit un véhicule de la police ukrainienne où il y a marqué "des
00:40 mineurs" et on suit ce véhicule jusqu'à l'entrée d'un sanatorium.
00:46 Ils sont rentrés dans un bâtiment où il y aurait des corps et des corps qui seraient
00:55 potentiellement minés.
00:56 Donc les hommes du déménage ukrainien se sont rendus dans ce bâtiment, nous ont demandé
01:02 de nous abriter derrière les véhicules.
01:03 Regardez où vous marchez.
01:06 C'est la cave où quatre hommes ont été exécutés par des balles dans la nuque.
01:25 Ils étaient sur les genoux, les mains ligotées.
01:28 Il y avait une chambre de torture et une chambre où ils ont été tués.
01:34 C'est la chambre de torture.
01:51 À ce moment-là, avec Juan, on va se dire qu'il faut aller chercher les corps des
02:21 militaires.
02:22 On doit absolument que l'on documente tout ce qu'on est en train de voir parce que potentiellement
02:27 ce à quoi on assiste, c'est les premières preuves de crimes de guerre et que notre registre
02:34 est plus seulement d'être journaliste mais de documenter les exections qui ont été
02:39 commises par l'armée russe.
02:40 À ce moment-là, on est face à des images très choquantes, très perturbantes.
02:51 Il y a un moment qui a été particulièrement éprouvant, c'était celui-ci.
03:00 On est à l'approche d'une maison à l'intérieur de Bucha où des habitants nous amènent.
03:08 Il y a une vieille dame qui se trouve sur le palier de sa porte.
03:11 Elle a été exécutée par les Russes selon la version des riverains qui nous explique
03:15 qu'elle n'aurait pas ouvert assez rapidement.
03:17 À ce moment-là, je suis avec ma fixeuse, donc Oksana, et je lui demande de m'accompagner
03:24 à l'intérieur de la maison parce qu'il y a potentiellement d'autres victimes.
03:29 Je crois que c'est dans cette journée, c'était une seule fois où j'ai vraiment un peu perdu
03:40 la possession de moi.
03:41 Le fait qu'il fallait entrer dans cette maison, marcher au-dessus du corps, c'est là que
03:46 je me rappelle que j'ai eu une crise, une panique.
03:51 Je crois que c'était une journée la plus difficile de tout ce que j'ai vu depuis tous
04:03 ces mois-là.
04:04 De l'autre côté de la rue, je vois un jeune garçon absolument seul avec son petit bonnet.
04:14 Je me rapproche pour aller discuter avec lui.
04:16 Il voit que sur mon gilet pare-balles, il y a marqué « Press » et il commence à me
04:20 parler en anglais.
04:21 C'est le premier jour où ce petit garçon qui s'appelle Timofai, qui a 9 ans, peut
04:27 sortir parce que la ville vient d'être libérée.
04:29 Il me propose de l'accompagner pour me montrer où il a vécu pendant les 30 jours d'occupation
04:35 de Butcha et on descend dans le sous-sol de son immeuble.
04:39 Je suis avec Timofai dans la cave parce qu'on discute.
05:09 Je remonte, je sors de la cave et là, je vois mon collègue Juan Palencia en train
05:15 de danser la salsa avec une des voisines de Timofai.
05:19 Les gens sourirent alors qu'ils viennent de vivre 30 jours d'occupation, de bombardement.
05:36 On se dit tout simplement qu'avec le courage de ces Ukrainiens, la vie est là et qu'on
05:42 n'a qu'une chose à faire, c'est de continuer à faire notre travail de journaliste pour
05:45 raconter l'horreur qu'ils sont en train de vivre.
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05:54 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org