Retraites : ""Avec sa commission mixte paritaire, Gérard Larcher est le plus fort du pays, il imposera ce qu'il souhaite pour faire en sorte qu'il y ait une loi adaptée à sa sensibilité personnelle pour l'intérêt de la France" selon R. Muselier, président (Renaissance) du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur
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TVTranscription
00:00 [Générique]
00:01 – Et notre invité politique ce matin c'est Renaud Muselier, bonjour.
00:04 – Bonjour.
00:05 – Merci beaucoup d'être avec nous Renaud Muselier,
00:07 président de la région Sud-Provence-Alpes-Côte d'Azur.
00:09 Membre de Renaissance, on est ensemble pendant 20 minutes
00:11 pour une interview en partenariat avec la presse régionale
00:14 représentée par Stéphane Vernet de West France.
00:16 Bonjour Stéphane.
00:17 – Bonjour, bonjour.
00:18 – Et on commence en parlant de la réforme des retraites.
00:20 Renaud Muselier et Emmanuel Macron étaient à Rungis ce matin à l'aube
00:23 pour défendre sa réforme des retraites, notamment dans l'ensemble.
00:26 Les gens savent qu'il faut travailler un peu plus longtemps, a-t-il dit.
00:29 Et il en appelle au bon sens des Français.
00:31 Est-ce que le bon sens c'est pas de retirer cette réforme ?
00:34 – Non, je crois qu'il a parfaitement raison.
00:35 Tout le monde a bien compris que de toute façon il fallait travailler plus longtemps.
00:39 Alors est-ce qu'on doit travailler plus ?
00:41 Est-ce qu'on travaille mieux ?
00:42 Est-ce qu'on travaille pour gagner plus de moyens ou pour vivre mieux ?
00:45 De toute façon on ne peut pas être les seuls en Europe à 62 ans,
00:51 pendant que tout le monde est à 65.
00:53 Certains pays comme aux Etats-Unis c'est 71.
00:55 Donc il y a quand même un moment où il faut réaliser que…
00:59 Enfin c'est des arguments de bon sens.
01:00 Le bon sens c'est qu'on vit beaucoup plus longtemps et mieux, tant mieux.
01:03 – Ça veut dire que les Français qui s'opposent à cette réforme
01:05 ils n'ont pas de bon sens ?
01:06 – Ça veut dire que… Non, ceux qui ont du bon sens c'est-à-dire
01:09 si je peux rester comme j'étais avant sans travailler moins
01:12 et partir à la retraite plus tôt, c'est du bon sens.
01:14 Vous savez quand vous faites vos sondages et qu'il y a 30% de gens qui disent
01:17 "moi je veux la réforme de la retraite", c'est quand même un vrai miracle
01:20 qu'on ait 30% de gens qui disent "je veux travailler deux ans de plus".
01:22 Enfin ça c'est la réalité.
01:24 Néanmoins, si on regarde un peu l'état des lieux du pays, des pays,
01:30 la façon de travailler, notre qualité de vie,
01:32 voilà, tout le monde a bien compris qu'il fallait quand même prolonger un peu,
01:35 mais différemment sûrement.
01:36 – C'est une bonne idée et c'est une bonne méthode
01:38 de la part du Président de la République d'aller à Rungis
01:40 pour faire passer ce type de message où on n'est pas dans une action
01:43 de communication un peu décalée ?
01:45 – C'est une action de communication incontestablement si c'est un message…
01:49 – Est-ce que c'est une bonne action de communication ?
01:51 C'est la bonne manière de faire ?
01:52 – En tout cas, il parle à ceux qui se lèvent tôt et qui travaillent,
01:55 voilà, et qui se donnent du mal.
01:57 Et ça va à l'encontre de…
01:59 C'est un message très positif par rapport à ceux qui ne se lèvent pas tôt
02:02 et qui ne travaillent pas.
02:03 – Mais vous pensez que sur la réforme des retraites,
02:05 ce qu'on appelle la bataille de l'opinion peut encore être gagnée
02:08 par le gouvernement ou c'est perdue ?
02:09 – Non, je crois qu'elle est perdue.
02:11 – Quand est-ce que le gouvernement l'a perdue cette bataille ?
02:13 Sur quel point ?
02:14 – Je crois qu'elle a perdue à partir du moment où,
02:16 si vous posez une question à celui qui est pour la réforme des retraites,
02:18 qui est absolument incapable de vous expliquer pourquoi ou comment
02:21 et qu'est-ce qu'il y a dedans.
02:22 En fait, personne n'est plus au courant de rien.
02:23 Alors nous, ici, au Sénat ou à l'Assemblée,
02:26 ou ceux qui sont des observateurs éclairés,
02:29 ils peuvent voir ce qui se passe au niveau de la lignée,
02:32 je ne sais pas quoi, de l'article 1,
02:34 on ne s'est même pas allé jusqu'à l'article 7.
02:35 – Oui, mais donc il y a eu un problème de pédagogie,
02:37 de méthode de la part du gouvernement, c'est ce que vous dites.
02:39 Il s'y est mal pris, il a mal expliqué.
02:40 – Je pense qu'il y a un problème de l'Assemblée dans sa globalité.
02:44 Gouvernement et Parlement.
02:47 Le Parlement a été en dessous de tout,
02:49 l'Assemblée nationale a été en dessous de tout.
02:51 – Tous ? Ou vous ciblez un groupe en particulier ?
02:55 – Non, je cible en premier la lupesse,
02:58 qui quand même… moi j'ai été parlementaire pendant 20 ans,
03:01 et Dieu sait si j'ai assisté à beaucoup de débats.
03:04 Ce qu'on a vu est absolument invraisemblable, incroyable,
03:07 et inqualifiable en fait, par rapport à nos concitoyens.
03:11 Alors après, vous avez des postures,
03:13 on ne sait pas s'ils veulent ou ils ne veulent pas.
03:18 Le Rassemblement national, ils sont tous bien habillés,
03:21 propres sur eux, mais ils sont contre tout en étant pour,
03:23 enfin on ne sait plus très bien ce que veulent ni les uns ni les autres.
03:25 À la sortie, la seule chose qui compte dans l'opinion publique,
03:28 c'est les 64 ans en fait.
03:30 Et là on n'est même pas allés, donc heureusement, échec total.
03:33 – Vous parlez de l'Assemblée, mais pas que de l'Assemblée,
03:34 si je vous comprends bien, vous évoquez une certaine impréparation,
03:39 une forme d'amateurisme de la part du gouvernement,
03:41 vous pensez à quoi précisément ?
03:43 Sur les 1200 euros par exemple de pension minimal,
03:46 sur les carrières hachées pour les femmes, des choses comme ça ?
03:49 Ça a été mal expliqué, mal préparé ?
03:51 – En tout cas, ça a été mal compris.
03:52 – Donc ça a été mal expliqué ou ça a été mal amené ?
03:56 – Ou ça a été perturbé, donc on ne sait plus très bien,
03:58 puisqu'on ne sait plus très bien qui a dit quoi,
04:00 à quel moment et comment ça a été interprété.
04:02 – Donc on n'y comprend plus rien.
04:03 – Non mais la cristallisation de l'opinion, elle s'est faite avant le début.
04:05 – Si il y a quelqu'un qui est capable de m'expliquer
04:07 ce qu'ils ont voté ou pas voté, voilà, il faut me le présenter.
04:11 – Mais l'opposition de l'opinion,
04:12 elle s'est faite avant le début de l'examen à l'Assemblée ?
04:15 Elle était déjà perdue la bataille avant même le début de l'examen.
04:18 – Elle est perdue pour la durée, mais elle est gagnée dans la compréhension.
04:22 C'est ça qui est particulier.
04:23 C'est ce qu'a dit un peu le président ce matin quand même,
04:25 c'est-à-dire que tout le monde a bien compris
04:26 que de toute façon il fallait y passer.
04:29 Mais on n'a pas envie d'y passer.
04:30 [Rires]
04:31 Donc on essaie d'y passer de la manière la plus convenable possible.
04:34 Et c'est là qu'on ne comprend plus rien.
04:35 – Est-ce que c'était le bon moment pour la faire
04:37 et est-ce que c'était la bonne méthode ?
04:38 Vous nous avez dit tout à l'heure qu'il aurait peut-être fallu la faire différemment.
04:41 – Non, est-ce que c'est le bon moment ?
04:43 Enfin, pour avoir participé, c'est toujours le mauvais moment.
04:46 Alors attention, il faut y aller.
04:48 Donc…
04:49 – Non mais là on est dans une période inflationniste,
04:52 est-ce que c'était vraiment le bon moment de faire ?
04:53 – Oui c'est inflationniste, mais en même temps l'économie va bien,
04:58 il y a de l'emploi pour tous.
05:00 Enfin je veux dire, on nous a expliqué toute la journée
05:02 qu'on n'allait plus avoir d'électricité, ce n'est pas le cas.
05:04 Qu'il y avait un désastre économique, ce n'est pas le cas.
05:08 Donc globalement l'économie française va bien quand même, très bien même.
05:13 Mieux que les autres européens.
05:14 Donc si on n'y va pas là maintenant, on y va quand ?
05:17 – Donc pour le moment oui.
05:18 Est-ce que c'est la bonne réforme ?
05:20 Est-ce que vous auriez fait cette réforme telle qu'elle ?
05:23 Ou est-ce qu'il y a des choses à changer sur la pénibilité,
05:25 sur les carrières longues, sur les femmes ?
05:26 – C'est la difficulté d'exercice dans ce Parlement.
05:32 Moi j'étais député et député européen.
05:35 Parlement européen, vous pouvez ne pas être du même bord politique
05:39 et amender pour améliorer.
05:41 Et ici en France, on n'a pas cette maturité-là en fait.
05:44 C'est, on est en face, on est pour, on est contre.
05:47 Ce qui fait que là, aujourd'hui en plus avec ce nouveau Parlement
05:50 et ces nouveaux députés qui ne connaissent pas les règles du jeu en fait,
05:54 ils font n'importe quoi.
05:55 Donc on se retrouve dans une démarche où on ne peut plus améliorer.
05:59 Et donc on est en frontal systématiquement.
06:01 Quand vous avez une majorité relative en frontal, on ne comprend plus rien.
06:04 Donc cette maturité politique, et moi je l'ai bien gagnée au niveau européen,
06:09 et je pense qu'elle doit venir dans notre système français,
06:12 où on est bien entendu dans un camp politique,
06:15 mais dans lequel avec ce camp politique et notre philosophie politique,
06:18 on peut abonder, améliorer.
06:20 Et on voit bien la difficulté de LR au Parlement de la République,
06:23 où là, ils sont retrouvés en porte-à-faux tout le long.
06:26 – Là, vous parlez de l'Assemblée,
06:27 mais la maturité politique que vous évoquez, elle existe au Sénat,
06:30 et le Sénat va pouvoir reprendre la copie et la travailler sur le fond,
06:34 dans un vrai esprit de dialogue et d'amendement pour le coup,
06:37 et que ce ne soit pas de la base d'obstruction et de…
06:39 – Vous avez parfaitement raison.
06:41 – Donc il va se passer quelque chose quand même.
06:42 – J'espère.
06:43 – Il peut se passer quelque chose.
06:44 – Mais très honnêtement, la maturité de LR au Sénat,
06:48 qui est d'ailleurs pilotée par un LR, ce sont des gens de gouvernement,
06:53 ils ont une expérience, j'étais au gouvernement avec M. Larcher,
06:55 ce sont des gens qui sont des gens modérés, qui sont raisonnables,
06:58 qui pour autant sont très déterminés et très forts dans leur conviction.
07:01 Là, ils vont en faire un travail de parlementaire
07:03 qui va faire grandir à mon avis le texte.
07:06 – Donc vous saluez Gérard Larcher, et Bruno Retailleau,
07:08 vous dites qu'il a une attitude responsable, Bruno Retailleau.
07:11 – Moi, Bruno Retailleau, je veux dire,
07:12 ce n'est pas ma sensibilité politique à l'intérieur de LR.
07:15 Bon, mais Bruno Retailleau, je le respecte, il a une ligne, il a une évolution,
07:19 il est capable de discuter, d'échanger, de dialoguer, de se battre,
07:23 mais il y a un échange permanent.
07:24 Ce sont des gens qui ont une culture de gouvernement,
07:27 donc ils sont dans l'opposition, mais néanmoins au Sénat,
07:30 c'est eux qui le pilotent, et dans cette culture d'opposition
07:32 par rapport au gouvernement, ils vont améliorer, me semble-t-il,
07:35 dans ce débat sénatorial, la qualité du texte.
07:38 – Et ce n'est pas le cas ?
07:39 – Donc là, c'est des LR que j'aime.
07:40 – Et il y a des LR que vous n'aimez pas ?
07:42 – Non, moi je n'aime pas ceux qui sont toujours contre tout.
07:45 – Lesquels ?
07:45 – Vous savez, je suis là pour regarder ce qui se passe.
07:48 Regardez, à l'Assemblée nationale, je vais aller sur le fond.
07:53 Certains nous ont expliqué, sous l'air Fillon,
07:55 qu'il fallait à 67 ans pour la retraite.
07:58 Je ne parle que de l'âge, comme ça on ne va pas dans les détails trop loin,
08:00 mais après on a expliqué, sous l'air de Mme Pécresse, qu'il fallait 65 ans.
08:05 M. Pradié était quand même le supporter de Mme Pécresse,
08:07 et là maintenant il n'est plus d'accord pour 64 ans.
08:10 Vous croyez que l'électeur de base de droite, il peut s'y retrouver ?
08:12 C'est impossible.
08:14 Et en plus, vous vous retrouvez avec un schéma très particulier,
08:16 vous avez le nouveau président de LR, M. Sciotti,
08:19 qui dit toute la journée "non à Macron, non à Macron, non à Macron",
08:22 tac, il vient de se faire élire président de LR,
08:24 et immédiatement il vote la première loi de M. Macron.
08:27 Vous voyez la cohérence ?
08:28 – Ah, Iris Sciotti non plus, il n'est pas cohérent pour vous ?
08:30 – C'est-à-dire qu'il a toujours dit non à tout,
08:32 la première fois qu'il vote c'est pour dire oui à M. Macron,
08:35 ce qui veut dire qu'il vaut mieux qu'il rentre dans la culture européenne,
08:37 voire celle du Sénat, qu'il aille dire "attendez, là il y a des choses positives,
08:40 là c'est pas tout noir ou tout blanc".
08:42 Et l'opposition c'est pas ça maintenant, c'est plus ça.
08:45 L'opposition c'est d'arriver à faire grandir les textes,
08:47 et voir l'intérêt général.
08:49 C'est pas de se retrouver coincé par une démarche caricaturale,
08:53 et se retrouver cornerisé.
08:54 – Et là c'est ce qui se passe ?
08:55 Eric Sciotti s'est retrouvé dans une démarche caricaturale et cornerisé pour vous ?
08:58 – Bien sûr, c'est évident.
09:00 – Il a eu raison pour…
09:02 – Il soutient 65 ans, puis après il veut pas soutenir 64 ans,
09:04 puis après il dit "il faut 64 ans", et puis il dit "je soutiens le gouvernement",
09:07 Pradier lui dit "non mais je veux pas 64 ans", alors que lui voulait 65 ans,
09:10 et puis finalement ils vont voter pour, mais il vire son numéro 2.
09:13 – Il a eu raison, il a eu raison de virer son numéro 2,
09:18 pour reprendre votre expression,
09:19 et est-ce qu'il aurait pas dû le faire plus tôt par exemple ?
09:21 – Ça aurait été plus simple de ne pas le nommer,
09:23 mais s'il ne le nommait pas il aurait eu le problème.
09:24 Donc il a su qu'en le nommant, il se retrouvait croisé,
09:27 donc s'il ne le nommait pas, il aurait eu le problème à l'entrée,
09:30 et là il a le problème à la sortie.
09:31 – Valérie Boyer, que vous connaissez bien, qui est sénatrice des Bouches du Rhône,
09:33 nous a dit hier que le fait qu'il ait limogé Aurélien Pradier de son poste de numéro 2,
09:37 ça montre qu'il y a un chef, et que c'est un chef à LR, vous êtes d'accord ?
09:40 – Je parle plus de LR.
09:41 – Non mais là, vous nous en avez parlé quand même.
09:44 – Non mais je parle, là c'est la salade interne, c'est leur tambouille interne.
09:48 – Mais c'est un chef pour vous ? C'est un chef Éric Ciotti à LR ?
09:53 – Je suis parti de LR, tant mieux, voilà.
09:54 – Est-ce que ça clarifie la ligne aussi, ce qu'il a fait ?
09:57 Est-ce que ce débat sur la réforme de la retraite, ça clarifie la ligne chez LR ?
10:01 – On verra bien la position de Pradier derrière.
10:03 Est-ce que Pradier est les siens ? Je ne sais pas combien ils sont,
10:06 certains disent qu'ils sont 4, d'autres qu'ils sont plus, je ne sais pas moi.
10:09 Tout ça n'a pas de sens en fait, c'est la tambouille interne de chez LR,
10:13 ça n'intéresse pas les Français pour leur retraite en réalité.
10:15 Ça nous amuse nous les contacteurs ici.
10:17 – Oui mais pas que, parce que le gouvernement aura besoin des Républicains
10:19 pour faire passer cette réforme.
10:21 – Là non, parce qu'on va passer par le Sénat, le Sénat va donner son truc.
10:24 On a quand même un Sénat qui aujourd'hui, le Président Larcher
10:26 avec sa commission mixte paritaire, c'est lui qui est le plus fort du pays en fait.
10:31 Et donc il imposera ce qu'il souhaite dans le cadre de sa démarche.
10:34 Et je connais si fort bien M. Larcher qui était ministre du Travail
10:37 sous Jacques Chirac à l'époque pour faire en sorte qu'il y ait une loi adaptée
10:41 à sa sensibilité personnelle pour l'intérêt de la France.
10:44 – Mais sur le fond, vous ne m'avez pas vraiment répondu tout à l'heure,
10:45 est-ce que sur le fond il y a des choses à changer dans cette réforme ?
10:48 Est-ce que tout va ?
10:50 – Tout va…
10:52 – Sur les carrières longues par exemple, parce que c'est un débat.
10:55 Sur les carrières longues par exemple, parce que c'est un débat.
10:56 Est-ce que vous dites qu'aucun Français ne doit travailler au-delà de 43 ans
11:00 s'il est dans un dispositif carrière longue ?
11:02 – Ça me paraît cohérent, mais là-dedans, l'enjeu c'est quoi ?
11:08 C'est de se retrouver dans une démarche où on fasse en sorte…
11:12 En fait, c'est quoi le problème de fond qui se pose ?
11:15 Que ça soit sur les carrières longues, que ça soit pour LR,
11:18 c'est qu'avant, sous l'ère Sarko, en quelque sorte,
11:20 on disait "il faut travailler plus pour gagner plus".
11:23 Ça c'est il y a 15 ans, c'est une démarche qui est dépassée.
11:25 Aujourd'hui les jeunes, ils veulent savoir comment je travaille mieux
11:28 et comment je vis mieux.
11:29 Voilà, et ce n'est pas du tout la même mécanique.
11:32 Alors après il y a un problème d'équité, ça se comptabilise,
11:35 il faut regarder l'état des lieux,
11:36 il faut bien clarifier aussi la façon dont c'est fait
11:39 puisqu'on voit bien qu'aussi quand on fait la liste de la carrière
11:43 pour toucher sa retraite, même l'administration peut se tromper parfois.
11:46 – Non mais c'est ça, donc il faudrait que personne ne travaille au-delà de 43 ans
11:50 parce que là, selon l'âge auquel vous avez commencé,
11:51 un coup c'est 43, un coup c'est 44…
11:53 – Ça dépend quel métier, c'est le débat parlementaire à ne pas finir,
11:55 mais ça dépend quel métier, si vous commencez très tôt,
11:58 vous avez un métier très pénible, mais à quel moment c'est pénible ?
12:00 Vous croyez que celui qui fait de la microchirurgie,
12:05 un microchirurgien qui toute la journée est debout
12:07 et fait de la microchirurgie, ce n'est pas pénible son travail ?
12:10 Faites comme on a l'air.
12:11 – David Lissard, il est favorable à l'introduction d'une dose de capitalisation,
12:14 vous aussi ?
12:16 – Euh… ça ne va pas dans la démarche quand même
12:21 qui est celle de la droite depuis toujours,
12:23 nous on est plutôt dans le système social en fait,
12:25 qui fait la répartition, donc c'est une démarche de répartition
12:31 entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas,
12:32 et donc c'est une équité sociale, la capitalisation c'est l'ouverture
12:36 aux plus riches qui vont avoir les meilleurs moyens pour avoir la meilleure retraite,
12:40 ce n'est pas le sens de la vie des choses,
12:43 enfin en tout cas, ce n'est pas le vote convenant.
12:45 – Sur les syndicats, vous avez évoqué la bataille de l'opinion,
12:47 la bataille du Parlement, il y a aussi la bataille de la rue,
12:49 les syndicats veulent mettre la France à l'arrêt le 7 mars prochain,
12:53 vous êtes le président d'une grande région avec des raffineries,
12:56 est-ce que ce mouvement ou cette annonce de blocage vous inquiète ?
12:59 Qu'est-ce qui va se passer par chez vous ?
13:00 – Ben ils vont tout bloquer, c'est toujours les mêmes qui bloquent
13:04 et qui pénalisent ceux qui ont envie de travailler en fait,
13:07 c'est toujours la même histoire.
13:08 – Donc vous appréhendez le 7 mars ?
13:09 – Non, je n'appréhende pas parce qu'on l'a déjà vécu plusieurs fois
13:13 et on sait s'organiser.
13:14 – Comment ça a l'air ?
13:16 – Mais ce qu'il y a c'est que, regardez dans ce qui vient de se passer jusqu'à maintenant,
13:20 les syndicats ont gagné la bataille de l'opinion,
13:23 par rapport au Parlement en tout cas, et au gouvernement,
13:26 grâce à des grèves qui n'étaient pas pénalisantes pour la population,
13:30 c'était des grèves qui ne bloquaient pas le pays,
13:33 et donc globalement les Français ont dit "bon ben ils sont corrects avec nous
13:37 et très honnêtement je n'ai pas envie de travailler plus donc je soutiens".
13:40 À partir du moment où ils sont bloqués dans leur propre démarche,
13:43 qu'ils ne peuvent plus aller travailler le matin,
13:44 que les femmes de ménage ne peuvent pas se déplacer,
13:46 que ceux qui se lèvent tôt ne peuvent pas se déplacer,
13:47 que ceux qui sont dans le métro, le train, ne peuvent plus le prendre,
13:50 ça pose énorme difficulté.
13:51 Les raffineries, c'est un autre débat,
13:53 c'est-à-dire les raffineries sont des moyens d'approvisionnement des stations de service,
13:59 on fait le plein avant puis on va venir,
14:01 on s'en est très bien sorti la dernière fois,
14:02 même si la queue est un peu longue.
14:04 – Il y avait des queues…
14:05 – Il y a plus de problèmes à Paris que chez nous.
14:06 – Il y a des raffineries du côté de chez vous,
14:09 est-ce que si les raffineries du côté de l'Étante-Berre sont bloquées,
14:11 vous allez demander des réquisitions ?
14:13 – Mais la dernière fois vous aviez des kilomètres de queue chez vous, pas nous.
14:17 – Donc vous ne demanderez pas de réquisition ?
14:18 – C'est compliqué là-bas la réquisition,
14:21 l'application de la loi dans la réquisition est compliquée.
14:23 – C'est compliqué, il y a les sénateurs, une quarantaine de sénateurs,
14:27 dont Stéphane Le Rudulier qui est sénateur des Bouches-de-Rhône,
14:29 qui veut déposer une loi pour empêcher les grèves, les week-ends de vacances
14:33 et les jours fériés, vous y êtes favorable ?
14:36 – Moi je crois que la loi la plus intelligente qu'on ait pu voter,
14:38 c'est quand on était au gouvernement et qu'on avait fait en sorte que
14:41 le jour de grève était décompté de son salaire.
14:44 – Donc pas eut là ?
14:45 – Et donc non, non, parce que…
14:49 je veux dire, moi je rends hommage quand même au syndicat là,
14:53 parce que jusqu'à maintenant ils ont été très raisonnables
14:55 dans le cadre de l'ordre du casse, il n'y en a pas eu de casse,
14:58 ils ont manifesté pacifiquement et légitimement
15:01 et démocratiquement, respectant les autres,
15:03 donc moi, c'est pas ça qu'il faut toucher, et le problème il n'est pas là,
15:07 c'est les casseurs qu'il faut combattre,
15:09 et ce poumon démocratique de la manifestation fait partie de la démocratie,
15:13 et donc les pays où on ne manifeste pas
15:16 sont des pays qui ne sont pas des pays démocrates,
15:18 c'est des pays autocrates, donc moi j'aime bien quand même
15:20 qu'il y ait la possibilité et la liberté de passer par la rue aussi
15:22 pour s'exprimer sans rien casser.
15:23 – On va passer au reste de l'actualité, on parle de l'Ukraine Stéphane.
15:26 Oui, on est à un an du début de la guerre en Ukraine cette semaine,
15:30 est-ce que vous pensez qu'il faut que la France
15:31 devrait faire plus en termes de soutien militaire,
15:34 et notamment est-ce que c'est une bonne idée
15:36 de passer à la livraison d'avions qui est demandée ?
15:39 – D'abord il y a un principe, je crois qu'il est un principe
15:41 très important à poser pour les formations politiques,
15:45 que ce soit pour le Rassemblement National, que ce soit pour la NUPES,
15:48 et je pense qu'un débat au Parlement peut être intéressant.
15:50 – Mille fois qu'il faut un débat au Parlement, tout le monde l'a dit.
15:52 – On soutient ou on soutient pas l'Ukraine,
15:54 moi dans ma région où j'ai un Rassemblement National très fort,
15:57 où j'avais un candidat contre moi qui est pro-russe,
16:00 j'aimerais bien savoir en un moment ce qu'ils pensent ces gens-là,
16:02 parce que là, il y a un enjeu civilisationnel,
16:04 il y a nous le bloc de l'Occident, avec nos défauts, nos travers,
16:07 nos libertés, nos grèves, nos manifestations,
16:09 la liberté des femmes et des différences, très bien,
16:13 c'est notre système, on peut dire que c'est le grand Occident,
16:16 et dans ce grand Occident avec les Américains, les Canadiens, tout ça,
16:19 on n'est pas forcément majoritaire face aux autocrates,
16:23 qui aujourd'hui par l'intermédiaire de M. Poutine,
16:25 essayent de péter la totalité de notre système à nos frontières.
16:29 Alors moi je ne suis pas pour un bat en guerre,
16:31 et donc il faut faire très attention, c'est une puissance nucléaire,
16:33 mais c'est elle qui a attaqué,
16:34 et donc il faut quand même absolument défendre les Ukrainiens,
16:36 parce que si on ne défend pas les Ukrainiens,
16:37 et que les Ukrainiens perdent,
16:39 à ce moment-là on se retrouve avec notre civilisation qui tombe,
16:41 d'où l'importance du débat avec les différentes forces,
16:44 et vous savez c'est comme pendant la Deuxième Guerre mondiale…
16:45 – Vous doutez encore du positionnement du Rassemblement National, clairement,
16:48 vous doutez encore du positionnement du Rassemblement National.
16:50 – Vous l'avez vu clair vous ?
16:51 Si vous l'avez vu clair, je serais content de le savoir,
16:53 mais qui le dit au Parlement alors ?
16:54 Parce que jusqu'à maintenant ils n'ont pas été clairs,
16:56 ils ont été très ambigus,
16:57 et leur passé montre bien qu'ils sont très ambigus.
17:00 – Vous évoquez M. Poutine, il n'y a pas que M. Poutine,
17:02 est-ce qu'on n'est pas en train de voir émerger un axe clairement anti-occident,
17:07 qui allie la Russie, mais aussi la Chine,
17:09 et un certain nombre d'États, d'autres États autocratiques,
17:12 l'Iran etc. – Afrique.
17:13 – Qui veulent mettre à bas et l'Europe et les États-Unis.
17:17 – Bien sûr, donc là on n'est plus simplement dans la défense d'un territoire
17:23 qui est les Ukrainiens, c'était pas quand même le peuple le plus démocrate,
17:28 enfin démocrate oui, mais en tout cas plus organisé,
17:31 respectueux des règles qu'il soit au niveau européen,
17:33 sauf qu'ils ont choisi l'Occident, parce qu'ils aiment vivre libre,
17:38 et ils payent très cher cette liberté,
17:40 et ils en durent des moments qui sont épouvantables,
17:42 parce que les Français seraient capables d'endurer un truc pareil.
17:44 Moi je pense que oui dans le sursaut général d'un peuple,
17:48 mais pour autant on voit bien que c'est civilisationnel l'histoire,
17:51 et donc là-dessus, je me méfie un peu quand même des Américains,
17:54 même si je suis pour Américains,
17:55 qui nous expliquent que les Chinois sont susceptibles de donner des armes aux Russes,
17:58 M. Biden qui vient là-bas,
17:59 j'aimerais qu'on évite une guerre mondiale sur le continent européen quand même,
18:02 c'est mieux. – Il y a un risque ?
18:04 – Oui, il y a tous les risques.
18:05 – La France, elle peut être encore une puissance d'équilibre,
18:07 on a entendu Emmanuel Macron, il était au téléphone avec Volodymyr Zelensky,
18:10 il dit qu'il ne faut pas écraser la Russie,
18:12 elle peut encore jouer cette voix, ce rôle de puissance.
18:15 – Oui, parce qu'elle est membre du Conseil de sécurité,
18:17 et elle est membre permanente du Conseil de sécurité.
18:19 Vous savez que j'étais aux Nations Unies avec Jacques Chirac
18:22 et Dominique de Villepin pendant la guerre d'Irak,
18:25 et le fait d'être membre permanent du Conseil de sécurité fait deux fêtes,
18:29 au-delà de la puissance du pays,
18:30 que l'on peut discuter avec sa puissance militaire,
18:33 on est une puissance militaire, on est une puissance nucléaire,
18:36 et on est une puissance diplomatique parce qu'on est membre du Conseil de sécurité.
18:39 – Autre sujet d'actualité, c'est la Convention citoyenne pour la fin de vie,
18:42 qui a voté dimanche premier vote,
18:44 disant qu'il faut faire évoluer la loi à une traînage majorité,
18:47 et trois quarts des citoyens se sont prononcés pour une aide active à mourir.
18:50 Vous y êtes favorable ?
18:51 – Alors j'ai deux volets en moi, je suis médecin,
18:55 et le médecin il est fait pour soigner,
18:58 il est fait pour repousser la mort, pour repousser le cancer,
19:00 pour prolonger la vie, et globalement ça marche bien quand même,
19:04 puisqu'on voit que la durée de vie, la moyenne de vie, elle a bien augmenté,
19:07 ça veut dire que la médecine avec ses médecins a fait le travail nécessaire.
19:10 Donc le médecin que je suis, il n'est pas très favorable,
19:13 mais l'homme, le père de famille, ou l'enfant de personnes âgées,
19:18 il fait en sorte qu'à un moment ou un autre, il faut arrêter.
19:20 Donc quelle est la démarche ?
19:21 Donc si on peut sortir la médecine de ça, et faire entre guillemets un suicide assisté,
19:26 ou une réglementation qui fait son sort,
19:28 c'est pas les médecins qui sont occupés en fait, c'est la loi qui s'en occupe,
19:31 de façon à ce que dans le cadre de la loi on apporte une réponse
19:33 à ces pauvres gens qui souffrent, qui veulent partir, qui sont nécessaires.
19:35 – Donc il faut faire évoluer la loi ?
19:36 – Mais l'évolution de cette loi, à mon avis, il ne faut pas y mettre les médecins,
19:39 les médecins ils sont là pour prolonger la vie, pas pour la supprimer.
19:43 – Autre actualité, ça fait un mois, plus d'un mois,
19:46 qu'il n'y a pas plus dans le pays, une sécheresse d'hiver qui est préoccupante,
19:50 alors que 2022 a été marquée par une situation climatique exceptionnelle,
19:52 est-ce que vous êtes inquiet pour votre région sud ?
19:55 – Je suis très attentif, mais en même temps très optimiste.
19:59 Pourquoi ? Parce que nos aînés, ils avaient un problème d'eau.
20:02 Pagnol, avec Manon Dessources,
20:04 à 6 rembourses à plus tôt, Napoléon III nous a amené l'eau au Palais Longchamp à Marseille.
20:09 Si on va plus loin, les Romains, ils ont fait des actes d'hupe partout,
20:12 parce qu'il n'y avait pas d'eau, et c'était hier.
20:15 Donc à partir du moment où on réalise qu'il y a un vrai problème,
20:18 et que l'eau ce n'est pas une ressource simple,
20:20 non mais ce n'est pas comme le gaz ou le pétrole,
20:23 l'eau c'est, on a 80% de notre corps c'est de l'eau, on a besoin de l'eau.
20:27 Et donc si on a pu faire un travail sur l'électricité,
20:30 on a bien vu qu'on a fait des contingences,
20:33 qui a fait en sorte qu'on a fait 9 ou 10% d'économies d'électricité avec un peu d'efforts,
20:39 on doit largement pouvoir le faire au niveau de la région,
20:42 des régions pour nos piscines, pour nos bateaux, etc.
20:44 Mais parallèlement à ça, il y a une organisation structurelle à voir,
20:47 et nous on présente ici à la région un plan bleu,
20:50 qui est une organisation spécifique pour le goutte à goutte,
20:54 pour nos vergers, pour nos arbres,
20:56 pour nos, enfin cet été on a souffert sur le lac de Sainte Croix,
21:01 où il n'y avait plus d'eau, c'est un problème pour notre tourisme,
21:04 tout ça s'adapte, mais il faut y réfléchir.
21:05 – Dernière question sur la réforme des institutions Stéphane.
21:07 – Oui la réforme des institutions, le Président de la République
21:09 a entrepris de consulter les anciens Présidents de la République,
21:11 le sujet est remis sur la table,
21:14 on parle d'un redécoupage de certaines grandes régions éventuellement,
21:19 qu'est-ce que vous en pensez ?
21:21 – Alors il y a plusieurs choses là-dedans,
21:22 est-ce qu'on découpe parce qu'il y a des endroits où ils ne s'entendent pas,
21:26 ils ne veulent pas travailler ensemble,
21:27 je parle par exemple du Grand Est,
21:29 ou est-ce qu'on découpe parce que, ou on redécoupe parce que,
21:32 ou on veut redécouper parce qu'on pense qu'on est inefficace,
21:36 moi je ne parle pas des derbies locaux, les derbies locaux c'est plus chaos.
21:40 – C'est potentiellement les deux aussi dans ce cas-là.
21:42 – La réalité, je suis clair là-dessus,
21:44 c'est que si on ne sait pas à quoi sert une région,
21:46 c'est que l'acte de décentralisation pour valoriser les blocs de compétences
21:50 entre les mairies, les départements et les régions n'est pas clair,
21:52 c'est pas avec un coup de ciseau qu'on va régler le problème de la décentralisation,
21:56 et donc il peut y avoir des territoires qui ne s'imparent pas entre eux
22:00 et qui ont besoin de se découpler,
22:02 mais moi je pense qu'il faut faire comme ça existe
22:05 dans les régions espagnoles ou allemandes,
22:07 où il y a des blocs de compétences qui sont clairement affichés,
22:10 et on a pu voir, et le président de la République l'a dit à l'époque,
22:13 dans la crise du Covid, les régions à la manœuvre ont été très efficaces
22:16 pour les masques, pour l'économie, etc.
22:18 Donc pourquoi y retoucher ?
22:19 – Merci Renaud Miselier, merci beaucoup d'avoir été notre invité,
22:22 la une de "Ouest France, quand Biden défie Poutine"
22:24 en se rendant en Ukraine, c'est à la une de votre journal.
22:27 Merci Stéphane, merci Renaud Miselier, on parle régionalisme tout de suite.