Samuel Dumoulin au micro de Cyclism'Actu. Il est aussi l'une des victimes collatérales du fiasco B&B Hotels-KTM. Directeur sportif de l'écurie continentale française depuis 2020, Samuel Dumoulin (42 ans) a ainsi perdu son emploi, en même temps que la formation dirigée par Jérôme Pineau ne disparaisse en décembre dernier. L'épilogue d'une histoire qui s'est terminée en fiasco ... La faute à qui, à quoi ? Pour quelles raisons l'équipe a été dissoute ? Voici les questions que Cyclism'Actu a posé dans un entretien avec l'ancien coureur pro (qui a mis un terme à sa carrière fin 2019), vainqueur d'une étape sur le Tour de France 2008 (30 victoires professionnelles au total). Les dernières semaines chez les Men In Glaz, les sorties médiatiques de Jérôme Pineau, sa nouvelle vie hors des pelotons et dans l'entreprenariat, l'actualité du cyclisme, la progression d'Axel Laurance ou encore son avis sur Kévin Vauquelin qui vient de se faire remarquer sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var... le natif de Vénissieux, actuellement au chômage, n'a éludé aucun sujet. "Je ne suis pas là pour taper sur Jérôme Pineau mais qu'il s'exprime, qu'il s'explique maintenant, je pense que cela n'a plus trop d'utilité (...) Cela ne redonnera pas une équipe aux coureurs et ça n'enlèvera pas le chômage à ceux qui l'ont. (...) De toute façon, je n'ai jamais pas trop aimé ce rôle de directeur sportif dans cette équipe. Cela manquait d'humain... " Entretien et confidences de Samuel Dumoulin.
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00:00 Jérôme et son frère disaient d'être confiant et que ça allait arriver et au final c'est
00:10 pas arrivé.
00:11 Après je pense qu'on lui a assez tapé dessus.
00:13 Jérôme, moi je suis pas là pour lui taper dessus.
00:16 J'ai jamais eu trop de contact, même dans l'équipe avec Jérôme, il était peu présent.
00:21 Après qu'il s'explique, je sais pas si ça a une vraie utilité.
00:28 C'est médiatisé parce que c'est le cycliste, peut-être aussi pour lui faire un peu payer
00:34 ses propos.
00:35 Des fois il affirmait un peu des grandes choses de par son côté un peu rêveur.
00:43 Maintenant qu'il s'exprime, ça redonnera pas d'une équipe au coureur et ça enlèvera
00:49 pas le chômage à ceux qui l'ont.
00:54 Comment allez-vous ? Comment ça va ?
01:10 Bonjour à tous, ça va très bien.
01:17 La santé, je fais toujours du sport donc c'est que ça va.
01:22 Et puis voilà, petit moment de calme on va dire.
01:29 Après la reconversion cycliste plus l'arrêt de la carrière avant de voir un petit peu
01:39 la suite des événements.
01:40 Rappelez-nous déjà, ça fait combien de temps que vous avez arrêté déjà parce
01:43 qu'on se souvient plus ?
01:44 C'est pas si vieux mais la fin de mon contrat c'était au 31 décembre 2019 mais ma dernière
01:53 course a été le championnat de France à la F1 hier donc en mois de juin 2019 donc ça
02:00 fera 4 ans là prochainement.
02:02 Ça fait pas si longtemps que ça et puis là sans remuer le couteau dans la paix il
02:07 y a eu un nouvel arrêt puisque vous étiez directeur sportif chez BNB, Hôtel, KTM.
02:11 Comment on le vit tout ça ? Parce que oui on a pensé aux coureurs mais il y a aussi
02:15 tout le staff, le directeur sportif, les mécanos etc.
02:18 On voulait savoir tout simplement comment ça va, comment ça se gère psychologiquement.
02:22 C'est vrai que c'est différent de l'arrêt d'une carrière où quand on arrête le sport
02:30 cycliste en l'occurrence, on a un autre rythme de vie, on n'est plus autant connecté à
02:38 soi-même et on n'a plus toutes ces sensations qu'on peut avoir au quotidien de par l'effort
02:45 sportif.
02:46 Après le fait d'être directeur sportif, c'était un peu le prolongement et le même
02:53 style de vie avec pas mal de déplacements et d'absence.
02:57 Et voilà le fait que l'équipe se soit arrêtée, on se retrouve au point mort et c'est vrai
03:08 que c'est un petit peu particulier mais il faut accepter.
03:13 Et puis faire des choses pour soi, c'est vrai que moi après avoir arrêté il y a peu de
03:22 temps et puis en plus j'avais pas vraiment eu de période off, on va dire, parce que
03:27 j'avais enchaîné directement avec ce poste de directeur sportif chez BNB Hotel.
03:31 Voilà ça m'a permis de prendre le temps de souffler et puis je me projette pas forcément
03:39 sur un nouveau challenge pour l'instant mais voilà je le vis bien et d'avoir du temps
03:48 pour soi et pour faire un peu d'autres choses à côté, juste vivre sans pression on va
03:55 dire c'est aussi quelque chose d'agréable et de précieux.
03:58 Dans cet arrêt de l'équipe BNB Hotel, ce qui était frappant c'est que les anciens
04:03 coureurs de cette équipe là qui ont retrouvé une équipe comme Axel Laurence, comme Franck
04:08 Bonamour pour ne citer qu'eux, il n'y avait pas d'aigreur à l'égard de Jérôme Pinault
04:14 qui ne l'a pas forcément ménagé concernant la gestion du dossier BNB Hotel KTM la suite.
04:20 Je pense qu'après vu l'atmosphère qui a régné autour de l'arrêt de l'équipe
04:29 par rapport à Jérôme c'est vrai que dans la presse et sur les réseaux il n'a pas
04:34 été épargné, les coureurs n'ont peut-être pas senti forcément le besoin de se décharger
04:43 encore plus sur les réseaux ou dans la presse pour faire le procès de Jérôme.
04:49 Après moi je n'ai pas été en contact avec eux pour être honnête, depuis ma dernière
04:56 course je n'ai eu aucun contact avec eux.
05:00 C'est vrai que chacun a un peu rejeté son frein comme le staff dans l'attente de la
05:07 décision qui devait venir où on devait repartir avec ce budget plus conséquent où Jérôme
05:16 et son frère disaient d'être confiant et que ça allait arriver et au final ce n'est
05:19 pas arrivé.
05:20 On était un peu tous terrés dans notre coin à attendre la bonne nouvelle qui n'est
05:27 pas venue.
05:28 Je pense qu'il doit y avoir une part de déception chez les coureurs parce qu'il
05:38 y a quand même pas mal d'entre eux qui ont arrêté leur carrière.
05:41 Je n'ai pas fait le bilan exact mais ça doit être une bonne dizaine.
05:45 C'est toujours difficile à vivre mais dans le fond du dossier, je sais ce qu'on m'a
06:03 communiqué, je n'ai pas forcément regardé tous les réseaux, tous les articles.
06:08 Je savais que ça n'allait pas faire avancer la situation.
06:13 C'est sûr que quand on se retrouve au chômage, on ne peut pas rebondir dans le sport qu'on
06:23 aime et qu'on est obligé de faire une croix dessus.
06:29 C'est toujours rageant mais c'est comme ça.
06:33 Malheureusement, la vie, il faut rebondir parce que c'est en allant de l'avant que
06:39 ça peut fonctionner.
06:40 Vous ne lui en voulez pas, vous, personnellement, ce manque de transparence, peut-être ce manque
06:44 d'information ? Parce que comme vous l'avez dit, vous vous retrouvez au chômage sans
06:47 rien alors que la saison 2023 commence.
06:50 Oui, après, je pense qu'on lui a assez tapé dessus.
06:55 Jérôme, moi, je ne suis pas là pour lui taper dessus.
06:58 Par rapport à la gestion du dossier, je n'en sais pas plus.
07:02 Lui, il avait pris le parti d'un peu se cacher de ses transactions envers nous dans l'espoir
07:11 que ça réussisse.
07:12 Après, est-ce qu'il a trop cru aux gens qui l'entouraient ? Sûrement.
07:20 Ce n'est pas évident de dégager de l'argent pour une équipe comme ça rapidement.
07:32 Il a sûrement été trop optimiste, un peu rêveur.
07:36 Après, quand on monte des projets, il faut une part de rêve parce que sinon, on ne peut
07:41 pas avancer.
07:42 Il a peut-être eu un couac à ce moment-là, mais je pense qu'il a fait quand même pas
07:51 mal d'efforts.
07:52 Ça n'a pas marché.
07:54 Il n'a sûrement pas tout fait bien, mais ce n'est jamais évident.
08:01 Il a pris position.
08:03 Il s'est détourné des entrepreneurs bretons qui étaient autour de l'équipe.
08:10 Il a voulu prendre la direction de Paris.
08:13 Il n'a pas pu rentrer.
08:15 Ils lui ont tourné le dos.
08:16 Après, il n'a pas pu faire machine arrière.
08:19 Il a sûrement fait des erreurs.
08:22 Qui n'en fait pas ? Après, c'est sûr que c'est dommageable qu'on n'ait pas pu sauver
08:26 au moins une partie de l'équipe et la structure.
08:32 On aurait peut-être pu rétrograder pendant une ou deux saisons pour ne peut-être qu'une
08:39 seule saison et puis, césoriser sur ce qui avait été fait cette année au niveau des
08:43 démarches pour pouvoir rebondir progressivement.
08:47 C'est vrai que c'est vraiment dommage que ce groupe, cette famille-là, elle se soit
08:54 dissolue de cette manière et ça se soit évaporé.
08:56 Il y avait une bonne ambiance de travail.
08:59 Je pense qu'il y avait un esprit dans ce groupe.
09:03 C'est peut-être aussi pour ça que les coureurs n'ont pas canardé dans tous les sens à
09:09 la suite de cette décision.
09:10 Peut-être qu'ils l'ont fait sûrement en off, mais on ne peut que constater ce qu'il
09:22 y a.
09:23 De toute façon, maintenant, la saison est repartie.
09:26 On n'y sera pas.
09:27 Il faut que chacun regarde son avenir et essaye de le tracer de la meilleure façon possible.
09:35 Plus de nouvelles aujourd'hui.
09:36 Sam de Jérôme Pinault qui a dit il y a quelques jours qu'il allait parler début mars avant
09:41 Paris-Nice pour s'expliquer.
09:43 Notre chroniqueur Cyril Guimard nous disait dernièrement dans sa chronique qu'il n'attendait
09:48 rien.
09:49 Vous vous attendez peut-être quelque chose ou peut-être que vous l'aviez au téléphone
09:52 pour explication ? On n'en sait rien.
09:53 Non, non.
09:57 Jérôme, on a eu des nouvelles quand il communiquait en interne, quand on a eu quelques réunions
10:02 ou des mails.
10:04 Je n'ai jamais eu trop de contacts, même dans l'équipe avec Jérôme.
10:08 Il était peu présent.
10:09 Après, qu'il s'explique.
10:12 Je ne sais pas si ça a une vraie utilité.
10:15 Des sociétés qui arrêtent, il y en a tous les jours.
10:17 C'est médiatisé parce que c'est le cycliste peut-être aussi pour lui faire un peu payer
10:25 ses propos.
10:27 Des fois, il affirmait un peu des grandes choses de par son côté un peu rêveur.
10:33 Il avait de l'ambition.
10:36 Maintenant qu'il s'exprime, ça ne redonnera pas d'une équipe aux coureurs et ça n'enlèvera
10:42 pas le chômage à ceux qui l'ont.
10:47 Peut-être que pour le milieu du cycliste, ça peut être intéressant.
10:53 Peut-être pour lui aussi, ça peut lui être salvateur.
10:56 Après, ça n'a pas fonctionné.
10:59 Ça n'a pas fonctionné.
11:00 Ça ne sert à rien non plus de s'acharner.
11:03 Comme je dis, il faut que chacun essaye de trouver son bonheur dans son chemin.
11:10 La saison est repartie.
11:13 Quand on était sportif de haut niveau, on a forcément toujours cette adrénaline de
11:19 le vivre maintenant à côté, vraiment à côté.
11:22 Plus au sein du peloton en tant que coureur, plus au sein du peloton en tant que directeur
11:25 sportif.
11:26 Quelque petit pincement au cœur finalement ou pas du tout ?
11:29 C'est vrai que c'est un petit peu particulier quand on voit le calendrier repartir, les
11:37 courses s'enchaîner.
11:40 Pendant plus de 20 ans, ça a toujours été mon quotidien.
11:45 C'est vrai que je regarde toujours les résultats un petit peu pour voir ce qui se passe.
11:54 Ce week-end, j'ai suivi le tour des Alpes-Maritimes.
11:59 C'est une passion, je pense, éternelle.
12:04 Quand on a été connecté comme ça pendant toute sa vie à quelque chose, je pense que
12:11 c'est compliqué de tourner la page et je n'en ai pas forcément envie.
12:14 Je resterai toujours un fan de cyclisme.
12:18 Avec les émotions que j'ai pu vivre, ce que ça m'a apporté, j'ai toujours l'œil
12:29 pour m'intéresser à ça.
12:31 Je connais très bien ce milieu, donc je m'y raccroche tout le temps facilement et
12:38 avec plaisir.
12:39 Vous connaissez très bien ce milieu, vous parlez du tour des Alpes-Maritimes et du Var.
12:43 On voit l'émergence d'un petit jeune, Kevin Vauclin.
12:46 Étonnant pour vous ?
12:47 Ce qu'il a fait, c'est très bien, surtout pour encourager son âge.
12:53 Hier, il m'a bien épaté quand même dans le tout final, quand Aurélien Paré-Pintre
13:00 s'attaque et il est virtuellement dépossédé de son maillot.
13:03 Il a su rester calme.
13:06 Peut-être qu'il était à fond aussi et qu'il ne pouvait pas réagir, mais il est
13:12 resté au contact, présent.
13:14 On sait que, notamment comme le final était tracé, c'était quand même moins difficile
13:20 dans les tout derniers kilomètres.
13:21 Il y a toujours des équipiers qui viennent pour essayer de boucher l'écart.
13:29 Il a su rester présent, venir faire un beau sprint derrière, prendre des bonifs et pouvoir
13:38 conserver son maillot jaune.
13:40 Il a vraiment eu une belle attitude sur ces trois jours.
13:43 Dans le final de la deuxième étape, il se permet aussi d'attaquer dans le final.
13:47 Il n'a pas de complexe, il a assumé son statut de leader et il n'a pas flanché.
13:55 C'est assez remarquable.
13:56 Après, ça reste le Tour des Alpes-Maritimes.
13:59 C'est une très belle performance pour un coureur de 21 ans.
14:05 De là à cristalliser toutes les ambitions françaises pour le Tour de France, il ne
14:10 faut pas s'emballer, il ne faut pas faire de comparatif avec non plus un Evenpool, un
14:16 Pogacar, tous ces champions qui sont hyper jeunes et hyper talentueux et qui ont des
14:22 résultats incroyables.
14:24 Il faut laisser suivre son chemin, s'aguerrir et continuer sa progression physique.
14:31 On voit que mentalement, il est déjà solide parce qu'il aurait pu flancher de par l'enjeu
14:39 et le stress, ce qui ne s'est pas produit.
14:42 Il faut qu'il franchisse les échelons.
14:46 Peut-être que ça peut être le coureur français qu'on attend, mais il faut qu'il se détache
14:53 de ça, qu'il suive le cours de sa carrière.
14:56 Ce qui devra se passer.
14:59 Le cyclisme d'aujourd'hui, Sam, il a vachement changé.
15:03 Vous avez arrêté fin 2019, les jeunes sont plus aguerris et déjà prêts à 20-21 ans.
15:10 Vous le sentiez venir tout ce changement-là ? Parce que c'est une autre époque alors
15:14 que vous avez juste arrêté fin 2019, non ?
15:16 C'est vrai que dans le dernier tiers de ma carrière, avec tout ce qui a pu être mis
15:22 en place autour de l'entraînement, notamment avec les capteurs de puissance et toutes les
15:28 personnes dans le staff des équipes qui sont là pour analyser et conseiller les coureurs
15:36 avec ces outils pour l'entraînement, ça s'était déjà bien instauré et on avait
15:42 calibré et maîtrisé l'entraînement.
15:44 Ce qui n'était pas le cas quand j'ai commencé.
15:48 C'était l'expérience et la connaissance de soi qui faisait qu'on arrivait à se connaître
15:56 et à ne plus faire d'erreurs, notamment au niveau du surentraînement.
16:00 On n'avait pas un cheminement cadré de cette manière pour arriver à progresser.
16:07 On faisait quand même pas mal d'erreurs, mais c'est là où il y avait un aspect un
16:14 petit peu plus sur le facteur de l'intelligence, de la connaissance de soi, de savoir prendre
16:26 du recul, de s'analyser.
16:27 Alors que là, je pense que maintenant les coureurs font moins parce qu'on le fait pour
16:32 eux.
16:33 On ne peut pas leur jeter la pierre, c'est le système qui est conçu ainsi.
16:36 Mais du fait que les jeunes coureurs aient accès à toutes ces méthodes et à tous ces
16:43 outils très jeunes, ça leur permet d'avoir une progression rapide.
16:48 On s'aperçoit qu'il y a des talents très précoces qui sont immédiatement opérationnels
16:55 chez les pros.
16:56 En même temps, ces deux ou trois dernières années, on a pu vivre des moments un petit
17:05 peu particuliers avec un Valverde qui avait plus de 40 ans qui était toujours présent,
17:10 un Ibali aussi qui arrivait à tirer son épingle du jeu.
17:15 On a vu qu'un ancien champion du monde comme Rui Costa, il est encore présent, il a fait
17:20 un bon début de saison.
17:21 Donc, on se retrouve un peu avec des coureurs de toutes les générations.
17:26 Je pense que c'est sympa à observer.
17:32 Ça met quand même du beau spectacle sur la route avec des coureurs qui courent un peu
17:38 à l'ancienne et d'autres qui n'ont aucun complexe.
17:41 Vous parliez des jeunes coureurs, Sam.
17:43 Il y en a un qu'on attend quand même peut-être en 2023, c'est Axel Lorentz, que vous connaissez
17:47 bien.
17:48 Son choix de partir chez Alpecin, c'est le bon choix pour vous ?
17:50 Moi, je pense que c'est assez judicieux.
17:53 Comme est articulé le règlement où il peut se permettre de monter sur des grandes courses
18:03 et puis être dans l'équipe de développement en même temps, il aura moins de pression.
18:08 C'est vrai que l'année dernière, en fin de saison, tous les RIS y staient.
18:14 Le fait de ne pas se retrouver catapulté directement dans une équipe Grand Le Tour
18:19 où il ferait beaucoup de courses World Tour et où il perdrait sa confiance, ça peut
18:25 être une bonne chose.
18:26 Il l'a dit très justement en interview.
18:29 C'est un garçon intelligent, clairvoyant, qui sait très bien s'analyser et faire confiance
18:39 à ses qualités et vraiment être en adéquation avec celles-ci.
18:45 Je pense que ça peut lui permettre, comme il est encore très jeune, de pouvoir enchirer
18:51 progressivement les échelons et ne pas se brûler les ailes rapidement.
18:55 Vous l'avez dit, vous êtes au chômage.
18:57 Je crois que c'est la première fois de votre jeune carrière professionnelle, de votre
19:01 vie que vous êtes au chômage.
19:02 Comment le viez au quotidien ? On a peur ou comme vous l'avez dit tout à l'heure,
19:06 vous avez besoin de souffler de toute façon, vous vous laissez un peu de temps avant de
19:09 repartir sur un projet ? C'est ça l'idée ?
19:11 Oui, un projet, je n'en vois pas trop dans ma tête pour le moment.
19:18 Souffler, je pense que c'est toujours bon pour l'être humain de ne pas toujours être
19:28 sous pression.
19:29 La vie de cycliste professionnel, ce n'est pas un métier où on fait plus d'heures que
19:39 dans un autre, ce qui est difficile c'est d'être tout le temps sous pression, de faire
19:44 attention à son repos, à son alimentation, à toute l'hygiène de vie.
19:50 J'ai souvent l'habitude de dire qu'on y pense 365 jours par an.
19:55 On ne peut pas, on ne sait pas, on s'y met quand on part à 10 heures le matin et on
20:00 n'y pense plus à 13 heures quand on est rentré.
20:03 C'est ça qui est difficile et usant.
20:07 Le fait de ne pas avoir d'activité, mentalement on n'est pas sollicité, c'est assez confortable.
20:18 Après, ce n'est pas non plus une vie de faire tout le temps ça.
20:23 On a besoin d'activité, de se sentir utile, de pouvoir apporter aux autres et à soi-même.
20:32 C'est une parenthèse, il faut vivre le moment présent.
20:39 Ça ne sert à rien de se morfondre sur le fait qu'on n'a pas d'emploi, mais après
20:45 repartir sur une autre dynamique.
20:48 A ceux qui vous écoutent, qui vont vous entendre sur Cyclisme Actu, vous êtes sur le marché
20:53 ou pas du tout ?
20:54 Pour l'instant, non, pas forcément.
20:58 Je sais que c'est assez bouché au niveau de ces postes-là.
21:04 Après, je n'ai pas non plus trouvé quelque chose d'extraordinaire dans ce poste de directeur
21:13 sportif.
21:14 Déjà, c'est vrai que de conduire les nombreux kilomètres, les nombreuses heures en voiture,
21:20 c'était assez pesant.
21:21 C'est un petit décalage par rapport à ce qu'on peut vivre en tant que cycliste professionnel.
21:28 Après, au-delà de ça, le cyclisme comme il est articulé dorénavant, les équipes
21:38 bétonnent leur stratégie, elles roulent pour mettre en meilleure position leur leader.
21:48 C'est difficile de pouvoir exister dans ces circonstances quand on a un budget qui est
21:55 assez réduit et où on ne peut pas s'offrir des coureurs de très grande qualité.
21:59 Pour exister, c'était compliqué.
22:01 On l'a vu ces dernières saisons, on avait gagné peu de courses.
22:04 Dernièrement, par rapport aux relations qu'on peut avoir avec les coureurs, je m'attendais
22:13 plus à retrouver un rôle plus proche de ce que je pouvais avoir mes dernières années
22:20 de coureur.
22:21 J'étais un peu l'intermédiaire entre la direction, le staff et les coureurs.
22:29 Je gravitais un peu au niveau des deux de par l'expérience et ce que j'avais pu prouver
22:35 sur le terrain.
22:36 Je n'ai pas retrouvé cette proximité avec les coureurs qui sont naturellement plus proches
22:42 des entraîneurs parce qu'ils sont en contact permanent, quotidien avec eux de par l'organisation
22:48 qu'on évoquait plus tôt.
22:49 Après, c'est peut-être une faute aussi de ma part où je n'ai pas su créer ce lien,
22:57 mais je n'ai pas trouvé les moments pour le faire en stage ou en course.
23:03 Je ne jette la pierre à personne, mais c'est vrai que les jeunes et même les moins jeunes
23:11 sont beaucoup connectés, les écrans, les séries, etc.
23:15 On perd ces moments de relations humaines où je pense que ça aurait été intéressant
23:22 de pouvoir évoquer la vie de cycliste, comment appréhender telle ou telle situation à l'entraînement,
23:30 dans la vie, dans une course.
23:31 D'avoir des moments d'échange.
23:35 J'ai lu ce week-end, il y avait un article sur Romain Bardet à DSM où il évoquait
23:41 ça.
23:42 Je pense que c'est vraiment quelque chose d'intéressant que j'aurais aimé vivre et
23:48 partager et ça ne s'est pas passé.
23:50 C'est pour ces raisons que ce poste de directeur sportif ne m'a pas emballé plus que ça.
24:02 Dans le vélo, j'ai quand même pas mal d'expérience et de connaissances.
24:07 Pourquoi pas un autre rôle de conseil, plus posé chez moi, avec du recul, pour essayer
24:20 d'amener quelque chose, une structure.
24:22 Sam, quand on a 42 ans, on rêve de quoi désormais ?
24:27 Même au niveau de ma vie, je l'évoque parfois.
24:34 On me demande ce que je vais faire, où je vais aller.
24:40 J'ai toujours voulu faire le Tour de France.
24:45 J'ai atteint mon objectif et quelque part mon rêve.
24:49 J'ai vécu une riche carrière qui a été longue de 18 saisons.
24:53 Ça aussi, c'est quelque chose de fort.
24:58 Maintenant, je ne sais pas trop dans quoi me lancer.
25:06 Avec l'entreprenariat, j'avais monté la boulangerie avec mon frère.
25:11 Maintenant, ce n'est plus d'actualité.
25:13 Même si la boulangerie existe toujours, mais plus avec moi.
25:17 Ce sont des choses difficiles à mettre en place.
25:24 Une carrière cycliste, ça demande de la rigueur, de l'amnégation, du courage, de se
25:30 battre chaque jour pour atteindre le meilleur niveau possible.
25:33 L'entreprenariat, ce n'est pas simple.
25:37 Il faut se battre aussi pour décrocher des marchés, gérer du personnel, toutes les
25:43 démarches autour.
25:44 Pour l'instant, je n'ai pas forcément envie de… Je ne sais pas si j'ai assez d'énergie
25:55 pour me lancer dans un projet.
25:57 Pas pour l'instant, je pense.
26:00 Je veux profiter un peu sereinement avec une activité normale.
26:09 Maintenant, les carrières sont longues.
26:14 J'ai eu le débat des retraites, il y a encore très peu de temps.
26:17 Même si j'ai 42 ans, il y a encore pas mal d'années à faire.
26:22 La vie n'est pas linéaire.
26:26 Peut-être que dans 2, 3 ou 5 ans, je parlerai différemment.
26:32 Il faut savoir apprécier le moment.
26:34 J'ai profité de cette période qui était creuse pour faire autre chose.
26:42 Il y a quelque chose d'autre qui va venir.
26:45 Il faut faire confiance dans la vie et toujours être positif pour l'apprécier.
26:52 Et pourquoi pas devenir consultant comme votre compère Pierre Roland ?
26:57 C'est vrai que consultant, il n'y a pas de place.
27:02 Si on n'est pas basé près de Paris, c'est un peu compliqué.
27:04 Même si je pense qu'il y a des moyens pour travailler autrement,
27:12 à la preuve, là on se parle en réunion vidéo.
27:16 C'est quelque chose que j'aime bien.
27:20 De toute façon, je suis les courses.
27:21 Ça peut être intéressant.
27:24 Je ne suis pas du tout fermé à ce genre de proposition.
27:29 Mais après, il faut qu'on ait besoin de moi et qu'on ait envie de partager cela avec moi.
27:38 Qu'est-ce qu'on peut souhaiter à Samuel Dumoulin pour cette année 2023 qui ne fait que commencer ?
27:45 Quelque chose de simple, je pense déjà.
27:47 Si on est en bonne santé, la famille également, avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps.
27:54 On a vu avec le Covid, c'était compliqué.
27:57 La santé, c'est un bien précieux.
27:59 Je le vois.
28:01 Je suis heureux à chaque jour de pouvoir aller skier, courir, faire du vélo.
28:06 Donc ça, c'est déjà important d'être heureux avec ceux qu'on aime, d'être heureux avec soi-même.
28:12 C'est déjà bien.
28:14 Et voilà, trouver une activité où je me sens bien, pas forcément le challenge de fou.
28:24 J'en ai déjà fait quelques-uns et je ne cours pas après ça.
28:29 C'est de me sentir bien, d'être en paix avec moi-même, on va dire.
28:35 Pour le moment, c'est le cas.
28:37 Et pourvu que ça continue.
28:40 Merci Sam, pour cet entretien.
28:42 Merci à vous.
28:43 !