Philippe Guibert, enseignant, consultant, concernant les raisons de l’omerta sur la cocaïne : «Les drogues n’ont pas fait l’objet des mêmes politiques publiques de prévention que le tabac et l’alcool, parce que c’est sensé être interdit. C’est une hypocrisie totale.»
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00:00 Evidemment que c'est une catastrophe,
00:02 mais de ce point de vue-là, l'alcool peut aussi l'être...
00:05 Voilà, donc...
00:07 Je pense qu'il y a nécessité qu'un jour, on en parle,
00:11 et qu'on en parle autrement qu'en disant
00:14 "c'est une horreur" ou "c'est la solution"
00:16 au problème énorme,
00:18 qui est plus qu'un problème qu'un cancer,
00:20 qui existe dans la société,
00:21 parce qu'on est en situation d'échec.
00:24 Cette affaire palmade tragique
00:27 nous amène, comme vous disiez, à parler enfin de la cocaïne.
00:31 C'est vrai que ça a été une drogue
00:34 avec un effet de mode à la fin des années 80, début des années 90,
00:38 dans le milieu de la mode, de la pub, dans le showbiz.
00:41 Mais là, comme vous l'avez dit, la cocaïne devient un marché,
00:45 je mets plein de guillemets, "démocratisé",
00:47 compte tenu de la baisse des coûts, de l'exposition du marché,
00:50 des filières qui remontent notamment par les Pays-Bas.
00:54 Il y a une mafia marocaine, d'origine marocaine,
00:57 qui est en train de transformer les Pays-Bas en narco-États
01:00 avec des personnalités qui vivent sous protection.
01:03 Quelle est la raison de l'OMERTA ?
01:05 La raison première de l'OMERTA
01:07 est que depuis 30 ans, 40 ans,
01:10 l'État mène des campagnes agressives, comme vous dites,
01:13 de prévention sur le tabac et sur l'alcool,
01:16 parce que ce sont des produits qui tuent
01:18 et que les drogues n'ont pas fait l'objet,
01:20 les drogues, ont tout autant le cannabis que la cocaïne
01:23 et que les autres drogues,
01:24 n'ont pas été l'objet
01:27 des mêmes politiques publiques de prévention
01:29 pour une raison fondamentale,
01:33 qui est qu'on est censé le réprimer,
01:35 que c'est censé être interdit, c'est une hypocrisie totale,
01:38 parce que c'est évidemment interdit,
01:40 mais la consommation explose.
01:42 La France est devenue un des pays,
01:44 parmi les premiers consommateurs, en tout cas sur le cannabis,
01:48 je crois, le premier consommateur d'Europe.
01:50 Et donc, on a laissé ça, effectivement, sous le tapis.
01:53 Je peux raconter une anecdote personnelle rapide.
01:56 Il y a dix ans, quand mes filles étaient au lycée,
01:58 dans un bon lycée public d'un bon quartier parisien,
02:02 ma fille aînée me racontait que sa dîle est à côté du lycée.
02:06 Excellente réputation, un lycée, d'ailleurs, excellent lycée.
02:09 Et un beau jour, dans une réunion de parents d'élèves
02:11 avec l'approviseur,
02:12 j'ai fini par intervenir sur le sujet,
02:14 on m'a regardé comme un malpoli
02:17 et comme quelqu'un qui avait parlé d'un sujet
02:20 dont il ne fallait pas parler.
02:22 Donc, à partir du moment où on a fermé les yeux,
02:25 dans la mesure où c'était interdit,
02:27 et on n'a pas pris conscience de ce qui se passait
02:30 dans la société française,
02:32 que ce soit sur le cannabis ou la cocaïne.
02:34 Sous-titrage ST' 501
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