• l’année dernière
Depuis près d’un an, l’«armée numérique» d’Ukraine, l’IT Army, lance régulièrement des attaques informatiques contre des sites russes. Un regroupement de volontaires dont les contours, les activités et les rapports avec les autorités du pays restent opaques. Et qui soulève des questions juridiques épineuses.

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00:00 Bonjour, notre armée IT.
00:02 Je suis de nouveau avec des mauvaises nouvelles pour vous.
00:05 Nous avons construit cette infrastructure simplement pour trouver un moyen d'aider notre pays à survivre.
00:11 L'armée IT ne nous consacre pas.
00:14 Aucun homme qui s'occupe de la guerre ne sera en sécurité,
00:18 ni pendant la guerre, ni après.
00:21 Vous me dites bien que l'armée IT n'a aucun lien avec l'armée ou le renseignement ukrainien ?
00:26 Non, absolument aucun.
00:29 Absolument.
00:30 Oui, vous avez raison.
00:33 Le jour où l'armée IT va se débarquer
00:37 Ça, c'est la chaîne Telegram de l'Armée IT de l'Ukraine.
00:48 Elle a été lancée dès le début de la guerre à l'initiative du ministre ukrainien du numérique,
00:54 Mikhailo Fedorov.
01:00 Elle compte ces temps-ci un peu moins de 200 000 inscrits.
01:03 L'Armée IT de l'Ukraine se présente comme un rassemblement de civils volontaires du monde entier,
01:09 indépendant des autorités.
01:11 Une armée numérique donc, qui s'est fixée pour l'objectif de déstabiliser l'Internet russe.
01:16 Nous étendons les sanctions pour que les gens qui sont de l'autre côté, en Russie,
01:22 se rendent compte qu'une guerre est en cours.
01:24 Ce sera certainement désagréable pour eux.
01:26 Alors est-ce que ces gens pourraient contribuer à mettre un terme à cette guerre ?
01:29 Peut-être que oui, peut-être que non.
01:31 Mais quoi qu'il en soit, c'est notre façon de combattre.
01:34 Celui qui nous parle, on l'a contacté via l'adresse mail de l'Armée IT.
01:39 Il ne nous a donné ni son nom, ni son âge, ni sa profession.
01:42 Tout ce qu'on sait, c'est qu'il est quelque part en Ukraine.
01:45 Bien sûr, on a des lignes rouges.
01:48 On n'attaque pas là où ça peut faire des victimes.
01:50 On ne vise pas de structure de santé, par exemple.
01:56 Depuis les premiers jours de son existence, l'Armée IT mène ce qu'on appelle des attaques
02:00 par déni de services distribués.
02:02 On parle aussi d'attaques DDoS ou DDoS.
02:05 L'idée, c'est de saturer un serveur sous un afflux de connexions.
02:08 A l'origine, les modérateurs publiaient les coordonnées des cibles à attaquer dans la chaîne Telegram.
02:13 Nous vous encourageons à utiliser tous les vecteurs cyber et DDoS pour attaquer ces infrastructures.
02:18 Mais en un an, la tactique s'est affinée.
02:21 Aujourd'hui, les cibles sont directement intégrées au logiciel d'attaque.
02:25 Elles sont moins nombreuses et les attaques durent plus longtemps.
02:28 L'idée reste la même, perturber des institutions, des grandes entreprises, des grandes banques.
02:33 Par exemple, ces derniers jours, l'Armée IT a ciblé des transporteurs de colis et de courriers.
02:38 Mais apparemment, ils ne font pas que des attaques par déni de services.
02:41 Il y a aussi eu des revendications pour des piratages et même des vols de données.
02:45 Nous avons réussi à attaquer les réseaux énergétiques de St-Petersburg et de l'arrière-plan de l'Ouest.
02:52 Oui, les récentes dégâts électroélectriques dans l'Ouest sont notre travail.
02:58 Pour traverser les réseaux, c'était simple et plus simple.
03:02 Décoller tous les fichiers qui étaient là-bas.
03:05 Nous avons trouvé des passeports, des documents, des données de base, des employés et des clients.
03:10 Nous avons mis tous les données, les documents, les passeports et les ordres sur Internet.
03:15 Maintenant, chaque utilisateur peut les télécharger et faire ce qu'il veut avec eux.
03:21 C'est difficile d'évaluer l'impact de leurs actions.
03:23 En période de guerre, c'est très compliqué de savoir ce qui a abouti ou pas et avec quelles conséquences.
03:28 De manière générale, en matière de cyberattaques, c'est aussi compliqué de savoir qui a fait quoi.
03:33 Ce qu'on sait, c'est qu'au mois de mai, quand l'Haiti Army a affirmé avoir attaqué Rutube, l'équivalent du YouTube,
03:39 les médias russes ont parlé d'une panne de trois jours.
03:46 Alors, ça ne change pas le cours du conflit, c'est certain, mais ça perturbe l'adversaire.
03:51 C'est un élément supplémentaire du brouillard de guerre.
03:54 Ça permet à n'importe qui, en Ukraine ou ailleurs, d'avoir le sentiment de participer à l'effort de résistance.
04:00 Et donc, ça renforce le soutien à la cause ukrainienne.
04:03 Ce type de phénomène, ça n'est pas inédit.
04:05 On a déjà pu le voir avec Anonymous ou avec des groupes de hackers patriotes.
04:09 La différence ici, c'est que le gouvernement est à l'initiative de ce projet.
04:12 Nous sommes en train de créer une armée numérique.
04:14 Nous avons besoin de talent.
04:16 Depuis qu'il a lancé la chaîne Telegram, Mikhail Ofedorov a relayé dans sa propre chaîne
04:20 certaines des actions les plus spectaculaires de l'Haiti Army.
04:23 L'Haiti Army of Ukraine a réussi à accéder au réseau de la Banque centrale de la Fédération de Russie.
04:28 Ça pose évidemment la question des relations entre cette armée numérique et les autorités ukrainiennes.
04:33 Par contre, quand on essaie d'en savoir plus, c'est une autre histoire.
04:39 Est-ce que vous avez la notion précise des liens entre l'Haiti Army of Ukraine,
04:44 le ministère de la Transformation numérique et le détail ukrainien de l'Ordre général ?
04:48 Et notamment, qui précisément définit les signes ?
04:51 On saura répondre à cette question après notre victoire, s'il faut seulement y répondre.
04:56 Un chercheur de Zurich, Stéphane Sosanto, a beaucoup travaillé sur l'Haiti Army.
05:04 Il a publié un rapport en juin très fourni.
05:07 Une présence de l'armée ou des services de renseignement ukrainien au sein de cette entité est plus que probable.
05:13 Parmi les indices troublants, cette vidéo, par exemple, qui date d'avril, un mois et demi après le début de l'invasion russe.
05:18 Le logiciel de reconnaissance faciale dont il est question ici, c'est très manifestement celui de l'américain Clearview AI,
05:25 qui avait trois semaines avant annoncé avoir offert un accès à sa plateforme au ministère de la Défense ukrainienne.
05:33 Autre élément, en septembre, un quotidien néerlandais, De Volkskrant, a publié un long portrait d'un homme
05:38 qui se présente comme un cadre de l'Haiti Army et qui vit aux Pays-Bas.
05:41 Et bien cet homme affirme que ce sont des membres du SBU, le service de sécurité intérieure de l'Ukraine,
05:46 qui forment la colonne vertébrale de l'armée numérique.
05:49 Notre interlocuteur au sein de l'Haiti Army, lui, est formel.
05:52 Vous me dites bien que l'Haiti Army n'a aucun lien avec l'armée ou le renseignement ukrainien ?
06:01 Non, absolument aucun.
06:03 Et s'il y a autant de flou, autant d'opacité, autant de contradictions autour du périmètre des activités de l'Haiti Army
06:14 ou de ses relations avec l'état ukrainien, et bien c'est sans doute aussi parce que ces actions ne sont ni sans risques ni sans conséquences.
06:21 Dans le droit international humanitaire, les civils sont protégés, sauf quand ils participent directement aux hostilités.
06:29 Pour les populations ukrainiennes qui participent à ces opérations, là, clairement, il y a une perte de la protection,
06:35 pas de possibilité de revendiquer le statut de prisonnier de guerre,
06:38 et donc la possibilité, pour le temps où elles agissent, d'être visées par des attaques, par la fédération de Russie.
06:45 Donc c'est vraiment le principe même de protection de ces populations qui est en jeu.
06:50 La question qui se pose aussi d'un strict point de vue juridique, c'est celle de la responsabilité des états
06:55 d'où partiraient des attaques informatiques menées sous la bannière de l'Haiti Army.
06:59 Si jamais il était établi que des français participaient aux activités de l'Haiti Army,
07:03 et que la France ne faisait rien pour arrêter ces activités,
07:07 la Russie serait juridiquement fondée à agir contre la France,
07:12 comme par exemple en expulsant des diplomates, en adoptant des sanctions économiques.
07:16 Maintenant, ça nécessiterait évidemment une analyse au cas par cas.
07:20 Évidemment, ces questions, ces enjeux-là ne semblent pas peser bien lourd aujourd'hui alors que la guerre fait rage.
07:25 On a construit cette infrastructure simplement pour trouver un moyen d'aider notre pays à survivre.
07:30 D'autant que la Russie, elle, ne s'est jamais privée de mener des attaques informatiques contre l'Ukraine, et ça depuis des années.
07:36 Oui, sans doute qu'après la guerre, l'Haiti Army of Ukraine disparaîtra.
07:40 La question, c'est est-ce que cette construction d'une armée numérique bénévole,
07:44 où la frontière entre le civil et le militaire est brûlée,
07:47 est-ce que ça ouvre la porte à des répliques dans les guerres de demain ?
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07:54 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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