L'Heure des Livres : Rachel Arditi

  • l’année dernière
Anne Fulda reçoit Rachel Arditi pour son livre «J’ai tout dans ma tête» dans #HDLivres

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Transcript
00:00 Bienvenue à l'Heure des livres, Rachelle Arditi.
00:02 Alors, vous êtes comédienne, vous êtes en ce moment au théâtre,
00:06 dans une pièce de Shakespeare et bientôt pour l'une de vos créations,
00:10 qui s'appelle Punk.
00:12 Et vous venez surtout de publier votre premier roman qui explique
00:15 votre présence ici.
00:16 J'ai tout dans ma tête.
00:18 C'est paru chez Flemarion.
00:20 Alors, c'est un livre tendré, drôle, avec des personnages bien croqués.
00:27 Et évidemment, comme le personnage, l'un des personnages principaux du livre,
00:32 est une comédienne qui raconte comment elle adapte,
00:35 elle s'affronte, elle est confrontée à l'adaptation
00:40 d'une pièce, d'un roman de Pushkin, Eugène Deguin,
00:44 et parle en même temps de son père.
00:46 On se demande si c'est autobiographique.
00:48 Alors, évidemment, c'est complètement d'inspiration autobiographique.
00:52 Ça faisait très longtemps que j'avais envie d'écrire sur mon père,
00:54 qui m'a toujours semblé être un personnage sorti tout droit
00:56 d'un roman.
00:58 Et donc, je ne l'ai fait que le remettre dans une fiction.
01:03 Mais voilà, effectivement, j'avais très envie d'écrire sur lui
01:10 parce que c'est un personnage, enfin, c'est une personne qui m'a énormément inspirée.
01:13 Mais il est aussi tout à fait romanesque.
01:16 Il était peintre, il est mort il y a une dizaine d'années.
01:20 Il était absolument passionné par son travail
01:24 et il s'est battu contre vents et marées.
01:26 Et jusqu'à la fin de sa vie, quand il est mort à 97 ans,
01:29 vraiment, il avait des rêves plus grands que lui encore.
01:31 Alors, vous dites que c'est un personnage romanesque,
01:33 parce qu'un personnage de théâtre, il a des enfants qui ont choisi le théâtre.
01:37 Absolument.
01:38 Mais l'acteur de la famille, c'était lui.
01:39 Un sacré personnage.
01:40 Alors, vous le décrivez, un peintre érotomane.
01:43 Et vous parlez, vous dites, donc, qu'il est atteint d'Alzheimer,
01:46 mais plutôt joyeux.
01:47 Ah oui.
01:48 Ce n'est pas toujours le cas pour cette maladie.
01:51 Non, c'est une maladie qui est, par son principe, assez triste
01:55 puisqu'on perd petit à petit le contact avec la réalité.
01:57 Mais en réalité, ça, ça peut être quelque chose qui vous fait décoller
02:01 de terre d'une manière extrêmement joyeuse.
02:03 Et dans son cas, ça a été,
02:05 ça s'est avéré
02:07 de cette façon,
02:10 puisqu'il a tout à coup accédé à tous ses rêves les plus fous.
02:13 Oui, et en même temps qu'il accède à ses rêves les plus fous,
02:17 il est de plus en plus désinhibé, comme souvent dans cette maladie,
02:20 ce qui l'amène à avoir des jugements assez cruels
02:24 et drôles sur ses voisins d'EHPAD, par exemple,
02:26 parce qu'à travers ça, il y a aussi un peu une description de la vie d'un EHPAD.
02:31 Un EHPAD particulier, c'est la maison des artistes.
02:33 Donc, c'est un peu à part, mais quand même.
02:35 Oui, je ne les vois pas tout à fait comme des jugements cruels,
02:38 puisque finalement, cette sorte de désinhibition
02:41 à laquelle vous faites Alvision, elle a toujours été à l'œuvre chez lui.
02:45 Enfin, il était...
02:46 Bon, la première fois qu'il m'a vue sur scène, il m'a dit...
02:48 Il est arrivé en tête de cortège de toute la famille qui le suivait,
02:53 tel le patriarche, il est entré dans la loge et il m'a dit
02:56 "Oui, ma biche, c'est pas mal ce que tu fais,
02:58 enfin, tu as une voix très fluette, on t'entend à peine".
03:00 Donc, cette désinhibition, elle existe depuis toujours.
03:06 Est-ce que c'est plus difficile, parce que bon, avoir un père qui est malade,
03:10 qui a ce type de maladie, est-ce que c'est plus difficile quand on est comédien
03:13 et qu'on est en vie dans un monde un peu de fiction,
03:15 d'être comme ça, tout d'un coup, confronté à une réalité plus rugueuse ?
03:19 Oui et non. C'est-à-dire qu'en fait, moi, ça a été...
03:23 Moi, ça m'a fait rêver, enfin, d'une certaine manière.
03:27 J'ai été spectatrice de ce délitement
03:33 qui s'est fait, encore une fois, d'une manière assez joyeuse,
03:37 en fait, c'est ça qui est fou.
03:38 Mais ça m'a emmenée souvent loin
03:44 et c'est un petit peu ce que raconte le livre aussi,
03:46 c'est-à-dire que ça démarre comme ça.
03:48 Finalement, je suis toujours entrée dans son jeu par goût du jeu moi-même.
03:53 Par goût de la fiction, par goût du rêve.
03:55 Je voulais savoir jusqu'où il allait aller et je n'ai pas été déçue.
03:59 Alors, en fait, un jeu auquel vous faites allusion,
04:02 vous faites allusion à votre métier, évidemment,
04:05 mais finalement, je retiendrai ce livre surtout
04:08 comme une jolie déclaration à votre père.
04:10 Déclaration d'amour, bien sûr, pardon.
04:12 Et ça s'appelle "J'ai tout dans ma tête", c'est paru chez Flemarion.
04:16 Merci beaucoup, Rachel Ardith.
04:17 Merci, Anne.
04:18 Merci.
04:20 [Musique]
04:23 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]