Le développement de la retraite par capitalisation collective n’est presque jamais évoquée en France. Notre journaliste Raphaël Legendre détaille son fonctionnement et explique les raisons d’un tabou bien français.
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00:00 On oppose traditionnellement la retraite par capitalisation à la retraite par répartition.
00:05 La retraite par répartition, c'est prendre de l'argent dans la poche des actifs
00:13 pour financer directement les pensions des retraités.
00:17 Le problème, c'est qu'au fur et à mesure que le nombre de retraités
00:24 augmente et augmente plus vite que le nombre d'actifs,
00:26 le poids sur le pouvoir d'achat des actifs est de plus en plus lourd à porter.
00:32 Alors pour lever un peu de ce poids sur les épaules des actifs,
00:35 on peut faire de la retraite par capitalisation.
00:38 La retraite par capitalisation, ce sont les actifs qui épargnent eux-mêmes en vue
00:44 tirer une rente pour leur retraite.
00:46 Le grand débat qui devrait s'ouvrir et qui est absent aujourd'hui à l'Assemblée,
00:50 c'est celle d'une capitalisation collective,
00:53 puisque aujourd'hui seul un actif sur quatre a les moyens de mettre cette épargne de côté.
00:59 En l'imposant à l'ensemble des actifs,
01:02 encore une fois au travers d'une cotisation collective et solidaire,
01:06 cela permettrait d'avoir une petite rente supplémentaire,
01:09 notamment pour les plus modestes.
01:11 Alors il y a deux grands tabous autour de la retraite par capitalisation en France
01:18 qu'il est finalement assez facile de déconstruire.
01:21 Le premier, c'est sur le mythe de la fin de la solidarité intergénérationnelle.
01:28 Notre système de retraite est issu du Conseil national de la résistance
01:31 et permet cette solidarité.
01:33 Ce sont les actifs qui payent pour les seniors qui ont aujourd'hui le droit de se repeser.
01:39 Ces deux arguments sont facilement opposables.
01:41 D'abord parce qu'il n'a jamais été question d'abandonner le système de retraite par répartition.
01:47 Le système par capitalisation ne viendrait qu'en complément d'un système par répartition.
01:53 Bien sûr, encore une fois, pour ôter un peu du poids des cotisations actuelles
01:57 sur le coût du travail sur les actifs.
02:00 Une petite dose de 10, 15 ou 20 % de capitalisation
02:03 laisserait un régime de 80 à 90 % par répartition.
02:08 Et pour répondre aux craintes d'un crash sur les marchés financiers
02:11 qui viendrait obéir les retraites futures,
02:14 des solutions existent.
02:16 D'abord diversifier un maximum les placements entre obligations,
02:21 pourquoi pas souveraines, très sûres, et actions,
02:24 voire d'autres segments.
02:25 Et puis, il existe des systèmes avec des garanties publiques
02:28 qui font que, quoi qu'il en soit sur le long terme,
02:31 la retraite par capitalisation est toujours beaucoup plus rentable
02:35 en moyenne historique autour des 8 %
02:38 que la retraite par répartition dont le rendement est plutôt autour de 2 %.
02:42 [Musique]
02:46 Oui, on peut le dire, c'est une réussite franche.
02:48 Aucun des cotisants suisses ou des Pays-Bas ne se plaint de ce système.
02:53 Ce sont des systèmes qui sont construits de la même manière sur trois piliers.
02:58 Le premier, celui d'une retraite minimale assurée par l'État,
03:03 qui oscille en général entre 1 000 et 2 000 €,
03:06 complétée par une tranche de capitalisation,
03:09 ça c'est en fonction des rendements dans chacun des pays.
03:12 Et puis, un troisième pilier qui est une épargne privée
03:16 pour compléter sa retraite.
03:18 Les résultats sont plutôt très très bons
03:20 comparés à ce qu'on peut avoir en France.
03:22 Prenons l'exemple des Pays-Bas.
03:24 Les Pays-Bas dépensent deux fois moins d'argent public que la France
03:28 pour payer les retraites.
03:29 C'est 14 points de PIB en France d'argent public contre 7 % aux Pays-Bas.
03:33 Alors que les retraites des Pays-Bas sont 30 % supérieures
03:37 au niveau des retraites françaises.
03:39 On entend ce chiffre par rapport au taux de remplacement,
03:42 c'est-à-dire le niveau de pension par rapport au salaire quand on était actif.
03:45 Il est de 30 % supérieur aux Pays-Bas de ce qu'il y a en France.
03:49 La solution vaut donc le compte qu'on s'y intéresse.
03:52 [Musique]