Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur, le 13 février 2023 sur franceinfo.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 C'est l'un des angles morts de la sécurité routière et pourtant la consommation de drogue au volant est la troisième cause d'accidents en France.
00:06 Derrière la vitesse et derrière l'alcool.
00:08 Vendredi soir, c'est à la cocaïne que Pierre Palmade a été testé positif après avoir fait une embardée et percuté de face une autre voiture.
00:16 Bilan, quatre personnes dans un état grave dont l'humoriste qui pour l'instant n'a pas pu être interrogé par les enquêteurs.
00:23 Bonjour Camille Chaise.
00:24 Bonjour.
00:24 Vous êtes la porte-parole du ministère de l'Intérieur.
00:26 Un mot si vous le permettez sur l'enquête tout d'abord puisqu'on est toujours sans nouvelles des deux hommes qui se trouvaient à bord de la voiture de Pierre Palmade.
00:33 Est-ce que vous leur demandez ce matin de se rendre pour savoir ce qui s'est passé précisément ce soir-là ?
00:38 Bien sûr, l'enquête judiciaire est en cours et il me convient de ne pas la commenter.
00:42 En revanche, tout ce qui va permettre aux enquêteurs de rassembler des éléments de preuve est important et il nous manque ces deux personnes.
00:48 Et il faut effectivement qu'on puisse les entendre pour vraiment reconstituer les faits.
00:52 Donc bien sûr, je les appelle à se rendre dans n'importe quel commissariat ou brigade de gendarmerie pour expliquer les faits.
00:57 Cela est important dans le cadre de l'enquête judiciaire.
01:00 Trois personnes se trouvaient dans la voiture qui a été percutée.
01:02 Une femme d'une trentaine d'années qui a perdu son futur bébé, son beau-frère qui était là lui aussi et puis son garçon de 6 ans.
01:08 Comment vont-ils ce matin ? Est-ce que vous avez de leurs nouvelles ?
01:11 Alors, ils ont été héliportés très rapidement après l'accident dans différents hôpitaux parisiens où ils sont pris en charge.
01:16 Ils sont encore dans un état grave et je crois savoir que l'enfant est toujours dans un état très grave, pronostic vital engagé comme on le dit.
01:24 Après, je n'ai pas d'éléments médicaux récents de ce matin.
01:28 Ces éléments datent d'hier, donc peut-être, je l'espère, cet enfant va-t-il mieux ou ira mieux dans les jours à venir.
01:36 Je rappelais il y a quelques instants ce chiffre, la consommation de drogue au volant c'est 700 morts par an.
01:40 Et pourtant, on a l'impression qu'on en parle beaucoup moins que l'alcool, par exemple, pour quelle raison ?
01:44 Alors, on en parle avec l'alcool, je dirais. On parle de psychotropes au volant en général, tout ce qui va altérer en fait sa conscience.
01:53 C'est vrai que la vitesse et l'alcool sont les principales causes de décès sur la route, mais la drogue arrive juste après, effectivement.
02:00 On estime qu'un décès sur cinq sur la route est impliqué par un conducteur qui a consommé de la drogue, c'est énorme.
02:05 Et quand on associe l'alcool et la drogue, on multiplie par 30 le risque d'accident mortel, c'est énorme.
02:11 Ça veut dire que des drames comme celui qui s'est produit vendredi en Seine-et-Marne, il y en a chaque jour en France.
02:16 Il y en a un très grand nombre chaque jour et chaque mois, effectivement.
02:21 Alors, comment on travaille, en fait, pour déterminer la cause principale de l'accident mortel ?
02:28 C'est l'enquête judiciaire qui va le déterminer.
02:30 Et donc, on estime que pour l'année dernière, 12% des conducteurs ont été contrôlés au stupéfiant à la suite d'un accident mortel. C'est énorme.
02:37 Est-ce que vous mettez toutes les drogues dans le même panier ou est-ce que vous faites par exemple une différence entre un consommateur de cannabis et un consommateur de cocaïne, comme ça a été le cas vendredi ?
02:48 Alors, on ne fait pas de distinction de par la loi. C'est les mêmes risques encourus par la loi et c'est le même niveau de danger.
02:56 En revanche, les réactions sur l'organisme sont différentes.
02:59 Avec le cannabis, par exemple, ça va entraîner de la somnolence, ça va ralentir finalement la conduite, réduire le champ de vision du conducteur.
03:06 L'ecstasie, au contraire, ça va plutôt masquer l'assensation de fatigue, donner cette impression trompeuse qu'on maîtrise la cocaïne.
03:15 Au contraire, ça va être encore différent, ça va donner une conduite agressive.
03:18 Un sentiment de puissance ?
03:19 Un sentiment de puissance. L'effet sur la personne est différent. Par contre, au regard de la loi, c'est exactement la même chose.
03:24 Les peines sont lourdes. C'est des circonstances bien entendu aggravantes que de provoquer un accident en étant sous l'emprise de stupéfiants.
03:31 Comment vous luttez contre la consommation de drogue sur le terrain ? Combien de tests, par exemple, pratiqués chaque année ?
03:36 On réalise des dépistages, plus de 500 000 par an. On a l'objectif d'en faire encore plus, jusqu'à 800 000.
03:42 C'est soit des dépistages qui sont vraiment ciblés, par exemple, sur des soirées de fêtes particulières,
03:48 ou quand on a un établissement de nuit, par exemple, où on sait qu'il peut y avoir de la consommation de stupéfiants.
03:53 Et puis aussi, tout simplement, de manière aléatoire, vous pouvez tout à fait être arrêté et devoir vous soumettre à ce test salivaire.
03:59 Combien de tests sont positifs quand vous en faites une centaine, par exemple ?
04:02 Alors, sur les tests positifs, ça reste quelques pourcents, c'est minime. Par exemple, sur l'alcool, on est à peu près autour de 3%.
04:11 C'est un peu moins sur les stupéfiants. C'est pour ça qu'il faut aussi accroître le nombre de tests mécaniquement.
04:16 Plus on réalise de tests et plus il y en a qui sont positifs, donc plus cette prévention, finalement, des accidents est importante.
04:21 Est-ce que tout ça permet de dessiner, finalement, un profil du consommateur de cocaïne, aujourd'hui ?
04:25 En France, on dit beaucoup que c'est une drogue qui n'est plus réservée aux riches. C'est le cas ?
04:29 Alors, c'est le cas. Elle est assez présente dans différents strates de la société et dans différentes classes.
04:37 Pour nous, c'est vraiment une lutte permanente, les stupéfiants en général et la cocaïne en particulier.
04:43 Et les services de police travaillent même au niveau européen à ce sujet.
04:47 Il y a quelques semaines, au niveau européen, grâce à Europol, on a démantelé un méga cartel, on va l'appeler comme ça,
04:53 qui a à peu près alimenté un tiers du marché de la cocaïne en Europe.
04:59 Donc, c'est énorme. On travaille vraiment maintenant au niveau international pour démanteler ce type de trafic.
05:03 Oui, la principale porte d'entrée en Europe, aujourd'hui, c'est le port belge d'Anvers.
05:06 Le patron de la police judiciaire belge disait, il y a quelques jours, "notre pays, aujourd'hui, est face à un tsunami de cocaïne".
05:12 Est-ce que ce tsunami est arrivé ou va arriver en France ?
05:15 Alors, c'est déjà le cas et c'est pour ça qu'on travaille maintenant au niveau européen sur toutes ces questions.
05:19 On sait bien que tout seul, la lutte ne sera pas aussi efficace.
05:24 Donc, on travaille avec nos voisins européens et sous l'égide d'Europol, qui est très présent pour nous soutenir
05:30 et pour partager l'information, le renseignement criminel et permettre de démanteler justement toute la filière
05:36 et pas seulement les ramifications en France.
05:38 Les trafiquants n'auront pas toujours nécessairement une ou deux longueurs d'avance sur la police ?
05:42 Non, je pense, grâce une fois de plus au soutien international et à Europol, on est vraiment dans l'innovation,
05:47 on est vraiment dans le partage d'informations, dans le partage aussi des modes opératoires.
05:51 Pour une fois de plus, pas seulement être en granularité, même si c'est important,
05:55 mais vraiment remonter l'ensemble des filières.