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Fabrice Luchini, comédien, répond aux questions de Marie Gicquel. Il est à l’affiche du film "Un homme heureux" en salles le 15 février 2023.
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NewsTranscription
00:00 A voir en salle cette semaine le dernier film de Fabrice Luchini, ça s'appelle « Un homme heureux »,
00:05 c'est l'histoire d'un maire en campagne pour sa réélection qui découvre que son épouse,
00:09 incarnée par Catherine Fraud, fonde son être sans qu'elle ait un homme.
00:13 Grand bazar en perspective, Marie Gickel a rencontré Fabrice Luchini pour Europe 1.
00:19 « Quand je pense que le fils d'Eva, sœur, veut prendre ma mairie, je t'ennuie ? »
00:23 « J'ai quelque chose à te dire Jean. »
00:25 « T'as rencontré quelqu'un ? Edith, quand une femme déclare à son mari qu'elle veut assumer ses désirs profonds,
00:32 c'est qu'il y a un homme derrière tout ça, je me trompe ? »
00:34 « Un homme, si tu veux, on peut dire ça comme ça. »
00:37 « C'est qui ? »
00:38 « Il est assis en face de toi. »
00:41 Bonjour Fabrice Luchini et bienvenue sur Europe 1.
00:44 Bonjour madame, bienvenue.
00:46 J'avais une première question, vous incarnez de nouveau un maire, le maire d'une commune dans le Nord,
00:51 on vous confie souvent ces rôles d'homme politique.
00:54 C'est votre verbe, c'est votre aisance, l'art de l'ajoute verbale ?
00:58 Dans Alice et le maire, je faisais un homme de gauche perdu.
01:01 Là, je fais un conservateur dépassé par ce qui lui arrive,
01:05 parce que quand même sa femme qui lui annonce qu'elle va devenir un homme, c'est légèrement perturbant.
01:11 Donc je pense que Séguella a voulu appuyer sur le côté conservateur.
01:16 Pourquoi maire ?
01:18 J'ai jamais réfléchi à ça.
01:21 En tout cas, je suis passé de maire de droite, avant j'étais maire de gauche,
01:26 donc voilà, je me déplace comme dit Jean Carmet, même politiquement.
01:31 C'est la première fois que vous jouez avec Catherine Fraud ?
01:33 Oui, donc c'est la première fois que je joue avec cette grande actrice Catherine Fraud.
01:38 Et alors, comment ça s'est passé ?
01:40 C'est quand on est dans le bâtiment, on reconnaît tout de suite le plombier, le peintre et le chauffagiste.
01:47 Notre métier, c'est pas intellectuel.
01:50 À la seconde où on a fait la première scène de la table, j'ai quelque chose à te dire.
01:56 Quoi ? Il y a un homme ?
01:58 Quand une femme dit qu'elle est passée à côté de sa vie, c'est qu'il y a un homme.
02:02 Oui, on peut dire ça.
02:03 C'est qui ? Tu l'as en face de toi.
02:06 À la seconde, on savait ce qu'on allait vivre.
02:08 Quand on faisait l'amour, est-ce que tu simulais ?
02:11 S'il y a un domaine où je n'ai jamais simulé, c'est bien celui-là.
02:15 À un moment, il y a un truc que je comprends pas.
02:17 Si tu es un homme,
02:19 comment tu peux avoir envie de faire l'amour avec moi ?
02:22 C'est parce que je suis gay.
02:24 Il y a un côté très théâtral dans ce film, je trouve, presque parfois du vaudeville.
02:30 C'est fait pour faire...
02:32 Oui, c'est plutôt un film comique, clair et net.
02:35 C'est ce qui vous a plu aussi ?
02:37 C'est qu'il y a une situation à défendre.
02:40 Et puis, c'est une situation absolument assez remarquable.
02:45 Imaginez le séisme.
02:47 Là, quel que soit le bord politique,
02:50 eh bien là, il y a un ahurissement universel.
02:53 Si tu es un homme, nos enfants n'ont plus de mère, alors ?
02:56 Ils ont toujours une mère.
02:58 Seulement, leur mère est un homme.
02:59 C'est pas plus compliqué que ça.
03:01 Oui, mais pas sûr que nos enfants le prennent aussi facilement.
03:04 Tu veux que je te dise ?
03:05 Tu vas vite être renseigné.
03:07 Edith !
03:09 Je t'interdis de leur annoncer.
03:10 Est-ce que vous, vous vous êtes déjà interrogé sur votre identité ?
03:16 Non, t'es bien, très bonne question.
03:18 Putain, là, ça a de la gueule.
03:21 On va dire que les 40 ans d'analyse m'ont montré
03:24 qu'on ne pouvait pas réussir grand-chose
03:26 si on n'acceptait pas la grande partie féminine en soi,
03:29 surtout quand on est comédien.
03:31 Voilà.
03:32 Comment elle se traduit alors, cette part féminine ?
03:34 Par une sodomie constante, partout, dans les lieux les plus excessifs.
03:39 Maintenant, ma partie féminine, elle se révèle dans mon métier.
03:44 J'ai un métier où je dois enfanter.
03:48 Tu sais, il y a une très belle phrase de Nietzsche,
03:50 il y a des natures féminines et masculines.
03:53 Les natures féminines se laissent imprégnées par la pensée
03:57 et après, elles les restituent.
04:01 Vous qui êtes un amoureux de la langue française,
04:02 dans ce film, on revient sur des termes
04:05 qui font leur apparition de plus en plus dans notre société,
04:09 comme cisgenre.
04:10 Quel regard vous portez sur ces nouveaux mots ?
04:13 Je répondrais ce que Roland Barthes m'avait répondu.
04:17 Roland Barthes, c'est pas votre génération ?
04:18 C'était une star de la sémiologie.
04:21 Il s'avère que j'ai eu une rencontre pendant quelques mois avec lui
04:26 et je me promenais à Saint-Germain-des-Prés
04:29 et je lui posais tellement de questions qu'il avait des moments,
04:32 j'étais tout jeune, et je lui demandais, Cuba, le marxisme,
04:36 pourquoi Staline, c'est un échec ?
04:38 Pourquoi le communisme crée les horreurs ?
04:41 Etc.
04:42 Et puis à un moment, au bout d'une heure,
04:44 il m'a dit une phrase qui m'a marqué, il m'a dit,
04:46 Fabrice, accordez-moi de ne pas avoir d'opinion.
04:50 Surtout.
04:51 Je m'en fous, moi, de cisgenre.
04:52 Pas que je m'en fous, je n'ai pas d'opinion.
04:54 Mais pour moi, c'est un drame.
04:55 Enfin, tout ce que j'ai construit est en ruine, Francis.
04:58 Tout. Tout. Mon couple, mon futur mandat, ma vie.
05:01 Non, ne te traumatise pas.
05:03 C'est sûrement pas sagé.
05:04 Et toi, je la connais, Edith.
05:06 Elle doit faire un espèce de burn-out, là, de la femme au foyer.
05:09 Si j'ai lu un papier là-dessus, je suis...
05:11 Un burn-out ?
05:12 Ou alors c'est la ménopause.
05:13 C'est très violent pour les femmes.
05:15 Il y en a beaucoup qui pètent les plombs.
05:17 Regarde la femme de Pouillard, le notaire.
05:20 Elle a tout plaqué du jour au lendemain
05:21 pour aller s'occuper des girafes au Botswana, tu sais ça.
05:24 Il a du bol, Pouillard.
05:25 Moi, à choisir, j'aurais préféré être plaqué pour une girafe.
05:28 Est-ce qu'il y a une anecdote, un souvenir que vous retenez de ce tournage ?
05:32 Non, j'ai pas d'anecdote.
05:33 Une cocasserie ?
05:34 Une cocasserie.
05:35 Alors là, j'aime beaucoup le mot "cocasserie".
05:38 Il y en a tellement que j'arrive pas à faire le tri.
05:41 Oh, mais vous êtes trop dans Roland Barthes, là.
05:44 Non, je vous assure, pas de cocasserie particulière.
05:47 Bon, mais vous avez aimé tourner ce film.
05:49 J'ai adoré tourner ce film.
05:51 Je passe, en plus du théâtre, tous les soirs,
05:55 je quitte le théâtre Montparnasse,
05:57 je fonce dans toutes les villes de France.
05:59 L'accueil est extrêmement bon.
06:03 Les gens rient, les gens sont sidérés.
06:06 Catherine Fraud fait un tabac.
06:08 Tout est merveilleux.
06:09 Jouer, pour moi, est miraculeux.
06:11 Jouer, c'est une merveille.
06:13 C'est essayer d'être un musicien et d'interpréter une partition,
06:17 quelle qu'elle soit.
06:18 En début de semaine, j'interprète La Fontaine, Pascal,
06:23 des trucs extrêmement compliqués, extrêmement élaborés.
06:27 Et puis, je tourne un film qui lui est sur une rythmique fait d'eau.
06:32 Et c'est la même exigence, c'est la même obsession.
06:36 Il faut respecter la partition et faire surgir le rire ou l'émotion.
06:41 C'est mon boulot et je suis content de le faire.
06:43 On finira sur ce rythme Ternaire.
06:45 Merci beaucoup, Fabrice Lucchini.
06:48 Très bon Ternaire, parce que c'est la phrase de Flaubert
06:51 qu'il a toujours incarnée.
06:52 Vous savez, il avait une passion, Flaubert,
06:57 pour une phrase de Montesquieu qui était la suivante,
07:00 qui était l'exemple même de la phrase Ternaire.
07:03 "Lévis d'Alexandre était extrême comme ses vertus,
07:08 il était terrible dans ses colères,
07:11 il était terrible dans la colère, elle le rendait cruel."
07:16 Pour Flaubert, c'était l'exemple le plus absolu d'une phrase Ternaire.
07:20 Je vous embrasse.
07:21 Merci beaucoup, Fabrice Lucchini, au micro de Marie Gickel.
07:24 Entretien à retrouver dans votre appui européen sur européen.fr.