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00:00 -Je suis diabétique depuis que j'ai l'âge de 11 ans, donc j'ai 32 ans.
00:03 Et...
00:04 Je suis diabétique de type 1, comme je disais...
00:06 -Pour expliquer, parce que je comprends pas.
00:09 C'est quoi, type 1 ?
00:10 -Type 1, c'est insulino-dépendant.
00:12 Type 2, tu peux encore faire fonctionner un peu ton pancréas
00:16 avec des comprimés, du glucophage, des trucs comme ça.
00:20 Tu peux stimuler... -Donc type 1, c'est le plus grave ?
00:22 -C'est plus grave, mais c'est un peu moins chiant,
00:25 parce que c'est toi qui décides, tu deviens ton...
00:29 Ton propre diabétologue, et tu te gères.
00:32 T'as ton petit appareil, tu prends en permanence ta glycémie.
00:35 -Pour expliquer rapidement, docteur. -Oui.
00:37 Alors, le type 1, effectivement, c'est quand le pancréas a arrêté
00:40 de fonctionner. C'est un organe qui produit l'insuline.
00:44 Quand il arrête de fonctionner, il va falloir supplémenter
00:48 l'organisme en insuline. Et donc, comme le dit Jean-Marie,
00:50 il y a des systèmes, soit des pompes, soit des piqûres
00:53 qu'on fait plusieurs fois par jour, qui permettent de faire en sorte
00:57 que le taux de glycémie, c'est-à-dire le taux de sucre dans le sang,
01:00 reste dans la normalité. Ne descende pas trop et ne monte pas trop.
01:03 Donc ça, c'est le diabète de type 1. Le diabète de type 2,
01:06 c'est quand le pancréas fonctionne moins bien.
01:09 Donc il manque un peu d'insuline. Et donc, à ce moment-là,
01:12 on va donner des médicaments qui vont stimuler le pancréas
01:15 pour fabriquer de l'insuline. Et dans certains cas,
01:18 on a des types de insulino requérants. C'est-à-dire que malgré les médicaments,
01:21 on n'arrive pas à atteindre des taux de glycémie corrects,
01:25 mais on peut atteindre des taux de glycémie corrects.
01:28 - Et le nombre de diabétiques en France ? - 5 millions.
01:31 - 5 millions, c'est énorme. - C'est énorme.
01:34 - Alors Amina, vous êtes nouvelle diabétique depuis l'âge de 11 ans.
01:37 Votre traitement, exactement, c'est le même depuis l'âge de...
01:41 - Depuis toujours, de l'insuline rapide. - Donc comment ça se passe ?
01:44 - Après, il y a plusieurs... - C'est vous qui vous faites la piqûre ?
01:47 - C'est ça. Vous avez des systèmes de pompe aussi, maintenant.
01:50 Mais la base de ce qu'il y a à l'intérieur, c'est l'insuline.
01:54 - Les jambes, les cuisses. - D'accord.
01:57 - Et c'est de l'autogestion, de la contrainte,
02:00 parce qu'on n'a pas le choix que de se soigner avec cette insuline-là.
02:03 - Vous êtes obligés de vous soigner, parce que les risques,
02:06 si vous ne soignez pas... - C'est la mort.
02:09 - On meurt. C'est vital. - Parce que l'autoglycémie est trop élevée.
02:13 - Et donc on finit par faire un coma et mourir.
02:16 - C'est ça. - D'où l'importance de ce médicament.
02:19 Il est extrêmement important, il est vital.
02:22 - Depuis 21 ans, pas de problème ?
02:25 Tout se passe bien ? - Pas de problème.
02:29 - Vous trouvez votre traitement facilement ?
02:32 - Oui, par rapport au traitement, il n'y a pas de souci.
02:35 En général, quand il y a de l'insuline, on y va régulièrement
02:38 en pharmacie, on a nos ordonnances. C'est quelque chose
02:41 qui fait partie de notre quotidien, parce qu'on ne peut pas vivre sans.
02:45 C'est inconcevable de ne pas avoir d'insuline.
02:48 Et là, depuis la pénurie... - Vous sentez vraiment une pénurie ?
02:51 - Oui, j'habite dans le 91 à Corbeil-Essam.
02:54 - D'accord. - Et oui, je suis partie
02:57 à la pharmacie avec mon ordonnance. - Votre pharmacien n'a plus d'insuline ?
03:01 - Il n'y a plus de NovoRapide, donc c'est l'insuline à carburant.
03:04 - Oui, d'accord. C'est ça ou l'Himalog. - Après, il y a des équivalences.
03:07 Il y a toujours un équivalent. Par exemple, la Fiasp,
03:10 vous ne connaissez pas, mais certaines personnes le connaissent,
03:13 ça va être aussi une insuline rapide, mais elle, par exemple,
03:17 agit beaucoup plus vite. Et du coup, ça nous chamboule
03:20 dans les moments de tous les jours. - On vous a expliqué pourquoi
03:23 il n'y en avait plus ? - Non. - Pas du tout. On vous a dit,
03:26 en ce moment... - Il n'y a pas d'insuline. Donc, quand on va
03:29 à la pharmacie, on n'a plus votre insuline. Il nous renvoie
03:33 vers notre médecin pour avoir une autre ordonnance, parce que
03:36 c'est des médicaments qui se donnent sous ordonnance.
03:39 Donc, après, on va voir le médecin. Il nous donne des équivalents,
03:42 mais des fois, qui ne conviennent pas. Et puis, des fois,
03:45 même, on fait plusieurs pharmacies pour trouver l'insuline
03:49 et on a du temps un peu à trouver la bonne insuline pour traiter
03:52 le diabète. Donc, ça met 1, 2, 3 mois. Du jour au lendemain,
03:55 si vous voyez qu'il y a une pénurie d'insuline sur laquelle
03:58 vous êtes depuis plusieurs mois, plusieurs années, comme la
04:01 mademoiselle, là, on a un peu pris... On a des problèmes
04:05 de délivrance et de trouver le bon médicament. Donc, il faut
04:08 qu'elle retourne voir son diabétologue et de retrouver,
04:11 en attendant la pénurie, un nouveau produit, un nouveau médicament
04:14 qui puisse régler. - Sachant que les médecins ne seront
04:18 pas là pour vous faire des problèmes d'approvisionnement.
04:21 Donc, nous, on va prescrire quelque chose. On peut se retrouver
04:24 dans la même situation. C'est-à-dire que le pharmacien
04:27 n'en a pas parce que le médicament qu'il avait quelques jours
04:30 avant, il n'en a plus parce qu'il n'en a plus.
04:33 - Alors, Bruno, vous êtes pharmacien. Qu'est-ce qui se passe
04:37 actuellement avec les médicaments ? On en avait parlé lors d'une
04:40 précédente émission, mais là, sur l'insuline, ça fait extrêmement
04:43 peur parce qu'il y a énormément de gens qui doivent nous regarder
04:46 et nous, on est en train de faire des choses.
04:49 - C'est un des problèmes majeurs depuis le début. Vous l'avez vu
04:53 pendant le Covid. En réalité, on devrait tout fabriquer en France.
04:56 - Exactement. On n'est pas autonome. On dépend d'autres pays.
04:59 - On dépend d'autres pays pour la matière première.
05:02 Alors, il y a l'insuline, mais le problème, aujourd'hui, c'est
05:05 qu'il n'y a pas que l'insuline. Vous allez retrouver, il y a
05:09 les paracétamols, le doliprane qui est en rupture, les antibiotiques.
05:12 Vous réalisez qu'il n'y a plus d'antibiotiques en pharmacie.
05:15 Il y a eu le Covid qui est passé en octobre à décembre.
05:18 Les demandes, la grippe, donc il y a eu une forte demande.
05:21 Et à la base, il y a eu une pénurie de matière première,
05:25 plus un problème de transport, plus les personnes qui se sont
05:28 basculées sur d'autres produits parce que un était en rupture.
05:31 Donc, quand vous avez ce problème-là, ça monte et vous tombez
05:34 sur des ruptures. Et les labos ne peuvent plus produire autant
05:37 que ce qu'on leur demande, sachant aussi, et ça, c'est un autre
05:41 problème, c'est que le prix des médicaments en France sont très,
05:44 très bas. Et ça n'intéresse pas les laboratoires à vendre
05:47 des médicaments en France.
05:49 - En priorité ailleurs.
05:50 - Quand vous voyez un clamoxyle, un sirop clamoxyle avec la bouteille
05:54 en verre, le carton, le bouchon en plastique, la matière première,
05:57 le principe actif, tout ce que vous avez, et qu'ils achètent ça,
06:00 moins de 50 centimes, le médicament, le labo, qu'est-ce
06:03 qu'il a intérêt à vendre en Italie, en Belgique, en Hollande,
06:06 où le prix est beaucoup plus cher ?
06:10 - Deux fois, trois fois plus. 40 % moins cher.
06:13 - Et c'est ce qu'a fait l'Allemagne.
06:16 - 33 % moins cher qu'en Allemagne.
06:19 - Et l'Allemagne, il y a quelques mois, a augmenté ses prix pour
06:22 pouvoir récupérer le marché du médicament.
06:26 - Pourquoi on n'augmente pas les médicaments ?
06:29 - Vous savez comment ça se passe en France.
06:32 - Les gens ne peuvent pas boire.
06:35 - Il y a des commissions sur commission sur commission.
06:38 - Les gens sont d'accord qu'ils arrêtent de payer leurs médicaments
06:42 pour les gens.
06:45 - Le problème qu'il y a, c'est que tu vas augmenter les médicaments,
06:48 ça va retomber encore sur l'Etat.
06:51 - La sécurité sociale, le prix...
06:54 - Là, il y a un problème de système.
06:58 - Il y a un problème de confiance avec les autres pays.
07:01 - C'est des labos français.
07:04 - C'est la partie émergée d'Anna Eisberg d'une faillite complète
07:07 d'un système de soins.
07:11 - On a la même chose avec les médecins à l'hôpital,
07:14 avec les médecins en ville qui sont en greffe parce qu'il y a
07:17 une négociation qui se fait avec un Etat qui n'entend pas.
07:20 C'est juste le résultat de tout ça.
07:23 J'avais espéré que pendant la période du Covid,
07:26 nos autorités, y compris qu'il fallait changer un système,
07:30 qu'il fallait le réformer, travailler différemment,
07:33 il ne s'est rien passé.
07:36 C'est même pire aujourd'hui puisqu'on a accumulé,
07:39 on a eu une pandémie de Covid, vu qu'elle avait libéré
07:42 les Chinois et donc ils ont attrapé le Covid.
07:46 Elle a besoin de médicaments aussi.
07:49 C'est logique, elle se serve avant de vendre à l'extérieur.
07:52 C'est une vraie faillite du système de santé.
07:55 - Il faut revenir à Amina.
07:58 Aujourd'hui, vous avez eu extrêmement peur.
08:02 Vous avez dit comment faire s'il n'y a plus d'insuline,
08:05 vous allez peut-être devoir changer votre traitement.
08:08 - Oui, c'est ça le truc.
08:11 - C'est vital pour moi.
08:14 Avant toutes les choses de la vie, la base de tout,
08:18 si je pars en voyage, si je sors de chez moi,
08:21 quand je me réveille, c'est toujours l'insuline.
08:24 C'est une surveillance constante, c'est de l'autogestion.
08:27 De tous les jours, de chaque minute de ma vie,
08:30 je prends plus de 100 décisions par jour juste pour survivre.
08:34 Pour me dire que je vais pouvoir passer ma journée normalement.
08:37 - Et ça crime si couteux dans la peau.
08:40 - J'ai peur. Je suis un cas un peu particulier
08:43 parce que je suis diabétique depuis longtemps.
08:46 J'étais dans une période de déni.
08:50 Je ne faisais pas mes traitements comme il fallait.
08:53 J'étais en manque d'insuline indirectement
08:56 vu que je ne mettais pas tout ce qu'il fallait comme il fallait.
08:59 Le diabète est une maladie silencieuse
09:02 et peut causer beaucoup de complications avant la mort.
09:06 Le pire, les reins. Je suis en attente de greffe.
09:09 Mon diabète est très compliqué.
09:12 J'ai tout ça sur les épaules. C'est mon combat de tous les jours.
09:15 Je ne dois pas vivre, mais survivre.
09:18 Quand je vois qu'il y a une pénurie d'insuline,
09:22 j'ai peur de mourir.
09:25 J'ai peur que demain, tout s'arrête
09:28 parce que je ne vais pas trouver mes traitements.
09:31 - Avec zéro d'insuline, on meurt en 3 semaines.
09:35 - On fait un coma.
09:38 - Pour nos téléspectateurs,
09:41 quels sont les symptômes ?
09:44 Comment on sait qu'on est diabétique ?
09:47 - Le syndrome polyeuropolite psychique.
09:50 Ce sont des gens qui vont se mettre à boire énormément d'eau,
09:54 ils urinent beaucoup et ils maigrissent.
09:57 Dans le dépistage qu'on va faire,
10:00 on va faire une glycémie à Jean
10:03 et on va aller chercher et on va voir ce qui se passe.
10:06 - Quand on boit énormément d'eau...
10:10 - Ça ne rend pas polyeuropolite psychique.
10:13 Il faut boire beaucoup et maigrir.
10:16 Quand on voit les patients, on fait des examens sanguins.
10:19 C'est un examen hyper simple.
10:22 Ça se fait au laboratoire et ça permet de faire le diagnostic.
10:26 - On a parlé de troubles de la vue.
10:29 - C'est quand tu as atteint un stade.
10:32 - Les complications du diabète, comme disait Amina,
10:35 souvent les diabétiques de type 1 sont assez jeunes.
10:38 Il y a toujours cette phase de déni en préadolescence
10:42 où c'est très compliqué de faire suivre un traitement
10:45 parce que c'est un traitement à vie.
10:48 C'est compliqué d'accepter.
10:51 Il y a une phase de refus.
10:54 La maladie a commencé à faire son effet.
10:58 - Pour nos téléspectateurs qui se disent
11:01 que ce n'est pas possible,
11:04 qu'ils ne trouvaient plus d'olibra,
11:07 qu'ils ne trouvaient pas d'antibiotiques,
11:10 qu'ils se disent que c'est l'insuline qui fait défaut en pharmacie,
11:14 est-ce que vous nous confirmez tout ça ?
11:17 - C'est une évidence au quotidien dans la pharmacie.
11:20 On arrive à recevoir 2 ou 3 boîtes de clamoxy,
11:23 2 ou 3 boîtes d'augmentin.
11:26 Même les génériqueurs n'ont pas ces produits.
11:30 Ce n'est pas du clamoxyline,
11:33 c'est amoxycyline.
11:36 - La matière première est en rupture.
11:39 On n'arrive pas à trouver de l'alternative.
11:42 On peut changer le traitement,
11:46 on peut prendre un équivalent de la même famille,
11:49 mais c'est compliqué d'être face à des personnes
11:52 qui doivent prendre leur médicament.
11:55 - Qu'est-ce qui manque aujourd'hui ?
11:59 - Il y a 4 pages de listes écrites en tout petit.
12:02 Il manque de tout.
12:05 Vous enlevez toutes les antibiotiques,
12:08 les paracétamol, il n'y a plus de sirop, il n'y a plus rien.
12:11 Le doliprane, ils ont eu un problème de matière première,
12:14 surtout d'un excipient pour les enfants.
12:18 Il n'y a plus de doliprane, de sirop.
12:21 Ils ont des problèmes d'approvisionnement,
12:24 de matière première peut-être.
12:27 On a besoin de la matière première.
12:30 - C'est un problème de matière première.
12:34 - C'est un problème de matière première.
12:37 - C'est un problème de matière première.
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