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00:00 Cette route en terre ne paye pas de mines.
00:02 Pourtant, elle est responsable de la destruction de la forêt amazonienne au Brésil.
00:06 Son nom ? La BR-230.
00:08 Mais elle est plus connue sous le nom de transamazonienne.
00:11 Une route longue de 4200 km, soit la distance à vol d'oiseau entre Paris et Dakar.
00:17 Et qui traverse l'Amazonie de bout en bout.
00:19 Faciliter l'accès à la forêt, c'est ouvrir la porte à l'exploitation de ses ressources,
00:23 comme ses essences de bois et ses minerais précieux.
00:26 Découvrez comment cette route a rongé petit à petit la plus grande forêt tropicale de la planète.
00:32 La construction de la transamazonienne a commencé le 9 octobre 1970.
00:39 Elle doit relier le port de Cabo Delo au nord-est du Brésil
00:42 et la ville de Bajamaconstant à la frontière péruvienne.
00:45 Avec cette route qui s'enfonce dans la jungle, la dictature militaire brésilienne a plusieurs objectifs.
00:50 Relier l'Amazonie au reste du pays,
00:52 exploiter ses ressources naturelles avant que les puissances étrangères ne le fassent,
00:56 et résoudre les problèmes de pauvreté des populations du nord-est,
00:59 en les installant le long de la route avec un terrain à cultiver.
01:03 Cette conquête du territoire est résumée par un slogan,
01:06 "des terres sans hommes pour des hommes sans terre".
01:10 50 ans plus tard, les terres qui bordent la transamazonienne portent indéniablement les traces de l'activité humaine.
01:16 La preuve à Altamira, la plus grande ville traversée par la transamazonienne.
01:20 Elle détient le record du plus fort taux de déforestation de toute l'Amazonie.
01:25 Ces stris qui partent de la route, ce sont tous les endroits où les arbres tropicaux ont été arrachés.
01:31 Rien qu'en 2020, la municipalité a perdu 620 km² de jungle, soit 6 fois la taille de Paris.
01:37 Autour de la ville, il n'y a quasiment plus de jungle dans un rayon de 50 km.
01:42 Mais pourquoi abattre la forêt ?
01:44 Pour ça.
01:46 Le Brésil est le premier exportateur mondial de bœuf.
01:49 70% de la déforestation en Amazonie serait causée par l'élevage.
01:54 Illustration à Uruara, à 200 km d'Altamira.
01:58 45 000 habitants pour 350 000 bovins, soit 8 par personne.
02:03 A partir de la transamazonienne, les éleveurs ont construit des routes secondaires
02:07 et renié la forêt pour installer leurs exploitations.
02:09 Là, c'est une fazenda, un domaine agricole consacré à l'élevage de bétail sur de grands espaces.
02:15 Pour produire du bœuf, il faut toujours plus de pâturage, donc moins de jungle.
02:20 Et pour défricher et stériliser les sols, la solution, c'est le feu.
02:24 Le mois de septembre 2022 a été le pire depuis 10 ans en termes de feu de forêt.
02:32 En 3 semaines, 1120 km² de jungle sont partis en fumée, soit la taille de la ville de New York.
02:38 Et en Amazonie, quand le bois n'est pas brûlé, il est vendu.
02:43 Car la transamazonienne, en facilitant l'accès à la jungle, est aussi devenue l'autoroute du trafic de bois.
02:49 Tout au long du trajet, on aperçoit des ciries
02:52 et aussi des parcelles fraîchement défrichées avec des milliers d'arbres à terre.
02:56 Parmi eux, l'hippée, qui peut se vendre jusqu'à 2500 $ le mètre cube.
03:03 Et il est très difficile de garantir que ce bois provient d'activités forêtières légales.
03:07 Les exploitations ont une technique,
03:10 elle surévalue les stocks de bois précieux prélevés sur leurs parcelles
03:13 pour aller en chercher dans des zones non autorisées.
03:15 Et dans le Paras, 70% du bois exploité entre 2017 et 2018 proviendrait de secteurs protégés.
03:22 Mais le bois n'est pas l'unique ressource que les hommes pient illégalement le long de la transamazonienne.
03:27 Exemple avec la petite ville de Puerto Rico, à 700 km d'Uruara.
03:32 Ici, c'est le territoire des chercheurs d'or et des mines illégales.
03:37 Ces racines qui semblent émerger de la forêt, ce sont des mines d'or.
03:41 Elles s'étalent sur des dizaines de kilomètres.
03:44 Là, on aperçoit des bassins.
03:46 Ils sont imbibés de mercure, utilisés dans l'extraction de l'or.
03:50 Au Brésil, seulement un tiers de l'or a une origine légale certifiée.
03:54 Ces installations illégales se sont encore plus développées ces dernières années.
03:59 Le responsable, Jair Bolsonaro, l'ex-président brésilien, dont le père était torpailleur.
04:04 L'intérêt de l'Amazonie n'est pas dans les Indes ni dans la p**** de la forêt, c'est dans le minierie.
04:09 Car oui, il y a des Indiens.
04:12 Le slogan de la dictature des années 70 était faux.
04:17 Il y avait des hommes sur ces terres.
04:19 Et ils subissent les conséquences de cette exploitation effrénée de l'Amazonie.
04:23 Les Munduruku vivent le long du fleuve Taparos, en aval des mines illégales.
04:28 Dans leur territoire, les mines ont augmenté de 363% en deux ans.
04:32 En 2020, 100% des Munduruku testés avaient des traces de mercure dans leur organisme.
04:38 Près du Ruará, le paradis du boeuf brésilien, les Arara ont perdu 68 607 hectares de forêt.
04:45 C'est l'équivalent de 100 000 terrains de football.
04:48 Cette transe amazonienne a brutalement bouleversé l'équilibre de la forêt et de ses habitants.
04:53 Et cette route s'arrête de façon tout aussi brutale.
04:56 En Cutsac, dans la ville de La Brea, à 900 km de Porto Rico.
05:01 À cause du choc pétrolier, les travaux se sont arrêtés en 1974, faute d'argent.
05:06 Ils n'ont jamais repris.
05:08 Mais l'exploitation de l'Amazonie, elle, ne s'est jamais arrêtée.
05:12 En 50 ans, un cinquième de la forêt a disparu.
05:16 Mais les choses pourraient changer.
05:17 Le nouveau président brésilien Lula a promis de faire de la lutte contre la déforestation
05:22 une priorité de son mandat.
05:23 Et en décembre 2022, l'Union européenne a interdit l'importation de produits
05:27 qui contribuent à la déforestation, comme le soja, la viande bovine ou le bois.
05:32 Une décision sans précédent, alors que l'Union européenne,
05:35 à cause des produits étrangers qu'elle importe,
05:37 est la deuxième responsable de destruction des forêts tropicales au monde.
05:41 Sous-titrage Société Radio-Canada
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