Les 4 vérités - Marine Le Pen

  • l’année dernière
Chroniqueur : Thomas Sotto 




Ce matin, Thomas Sotto reçoit Marine Le Pen, président du Rassemblement National à l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités. 

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Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Marine Le Pen. Hier mardi aura été une nouvelle journée de manifestation, encore moins mobilisée.
00:09 Le prochain rendez-vous est d'ores et déjà fixé pour samedi prochain. Qu'est-ce que vous retenez du message de la rue ce matin ?
00:14 Le message de la rue, c'est celui qui nous est rapporté dans les circonscriptions, à savoir que l'immense majorité des Français sont opposés à cette réforme des retraites
00:23 et 94% des actifs sont opposés à cette réforme des retraites. Il faut donc les entendre comme il faut entendre les grands mouvements politiques
00:33 qui combattent à l'Assemblée nationale cette réforme qui est particulièrement injuste.
00:39 Le retrait de la réforme ou juste de la mesure d'âge de 64 ans ?
00:42 Si on retire la mesure d'âge de 64 ans, il n'y a plus de réforme et c'est tant mieux si je puis me permettre.
00:46 Donc oui, nous souhaitons le retrait de cette réforme. Non seulement elle est inutile, elle est inefficace, elle est injuste, mais en plus elle tombe,
00:55 il faut bien le dire, au pire moment. Il faut rappeler que les Français sont confrontés à des difficultés majeures,
01:02 que le gouvernement semble nier, puisqu'ils passent leur vie à aller sur le plateau dire que tout va bien, que l'économie est florissante.
01:09 Enfin les chiffres du commerce extérieur qui sont tombés hier démontrent que c'est dramatique en réalité,
01:15 que la situation de l'économie française est très mauvaise et elle a des répercussions sur la vie quotidienne des Français.
01:21 Si le gouvernement persiste, il faudra monter d'un cran des grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives, a dit Philippe Martinez.
01:26 Vous le comprenez, vous partagez ce point de vue ?
01:28 Moi je considère qu'il est naturel que les Français, comme ils ne sont pas entendus, puissent exprimer leur désaccord.
01:36 Si on pouvait éviter d'en arriver aux violences et aux blocages, ce serait une bonne chose.
01:40 Le gouvernement devrait tirer la leçon des Gilets jaunes.
01:43 Souvenez-vous que si le gouvernement avait entendu la colère des Français avant, très certainement on n'aurait pas assisté à des dérives.
01:52 Il faut qu'il sorte de son aveuglement et qu'il respecte encore une fois la démocratie,
01:58 puisque la démocratie c'est quand même la volonté majoritaire du peuple, je le rappelle.
02:02 Sauf que le gouvernement, Gabriel Attal, le ministre du budget, dit que c'est la réforme ou la faillite. Vous l'avez entendu ça ?
02:07 Oui, mais tout le monde sait que c'est totalement faux.
02:10 D'ailleurs le président du COR, le conseil d'orientation des retraites, l'a dit à plusieurs reprises.
02:15 Il a dit que les dépenses de retraite étaient globalement stabilisées et qu'il n'acceptait pas, il n'adhérait pas à cette argumentation dramatisante
02:26 que nous avons déjà connue d'ailleurs.
02:28 Souvenez-vous, pour le débat sur la constitution européenne, c'était la même chose.
02:32 On nous expliquait que le monde allait s'arrêter si on ne votait pas la constitution européenne en 2005.
02:36 Et puis la réalité c'est que les Français se sont opposés à cette constitution.
02:40 Alors après, leur parole a été trahie, mais ce n'est pas le sujet.
02:43 Lorsqu'un gouvernement se met à dramatiser à ce point, c'est qu'en réalité il sait qu'il n'a pas d'argument solide sur le fond.
02:49 Il y a un problème démocratique, comme le disait là encore Philippe Martinez et Sina Mia deux jours ou pas ?
02:53 Il y a un problème de légitimité ?
02:55 Il y a un problème démocratique. Disons qu'il y a un problème toujours de représentativité de l'Assemblée nationale.
03:01 Parce qu'il y a 64% des Français qui sont contre et il se trouve qu'aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
03:06 il semblerait que certes une courte majorité, mais une courte majorité tout de même...
03:11 En tant que simpleur, vous êtes la première à dire que ce ne sont pas les sondages qui gouvernent.
03:14 Non, mais vous avez raison. Mais s'il y avait la proportionnelle, si les élections à l'Assemblée nationale se faisaient à la proportionnelle,
03:19 il y aurait 64% de députés à l'Assemblée nationale qui seraient contre cette réforme des retraites.
03:24 Donc on voit quand même la limite du mode de scrutin.
03:26 Et puis il y a aussi des gens comme les LR qui sont en train de faire des négociations avec les macronistes
03:34 et ils sacrifient en quelque sorte les Français sur le tel de ces négociations.
03:38 Alors Gabriel Attal, encore lui vous a accusé d'être dans le camp du mensonge et des privilèges Marine Le Pen.
03:42 Est-ce qu'il est vrai, comme le dit le ministre du Budget, que vous voulez supprimer le compte pénibilité ?
03:47 Je n'en ai plus besoin avec la réforme que je porte. Si vous voulez, puisque moi la pénibilité, elle est incluse dans ma réforme.
03:53 Puisque tous ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans partent à 40 annuités et 60 ans.
04:00 Donc si vous voulez, mieux que le compte pénibilité, mieux que ce qu'apporte le compte pénibilité du gouvernement.
04:05 Ou quand même les gens qui vont travailler...
04:07 Juste pour que ce soit clair, c'est dans le cadre de la réforme que vous proposez vous de votre projet et non pas dans le cadre de la réforme qui est en ce moment.
04:12 Bien sûr, bien sûr, et évidemment que non.
04:14 Je rappelle quand même qu'avec le gouvernement, même aujourd'hui, c'est-à-dire après que le gouvernement ait fait une concession,
04:20 ceux qui commencent à travailler à 20 ans vont tout de même cotiser pendant 43 ans.
04:25 Est-ce que vous voulez maintenir les régimes spéciaux de retraite ?
04:28 Je pense que ce n'est pas le sujet aujourd'hui, les régimes spéciaux de retraite.
04:32 Ce n'est pas le sujet parce qu'il y en a un certain nombre qui doivent être maintenus.
04:36 On pense aux marins-pêcheurs, on pense aux militaires, on pense aux policiers.
04:40 Au moment où on n'arrive plus à recruter dans la police nationale, c'est-à-dire ceux qui apportent une aide directe au quotidien des Français,
04:47 on va leur expliquer qu'on va encore diminuer les avantages qu'on leur avait accordés.
04:53 Ce n'est pas une bonne politique au moment où nous nous parlons.
04:55 Mais c'est déjà fait, c'est déjà fait.
04:57 En 2017, le statut des députés a été fixé sur le statut général.
05:03 En revanche, les sénateurs ont encore quelques efforts à faire.
05:06 Ce qui est sûr, c'est que vous avez beaucoup changé d'avis ces dernières années sur les retraites, Marine Le Pen.
05:10 Vous étiez pour les 65 ans avant 2017.
05:12 Non, c'est faux.
05:13 C'est ce que vous disiez à l'époque.
05:14 On est 60 ans, maintenant c'est plutôt 62 ans.
05:16 Vous êtes un peu dure à suivre. Il y a des convictions, il y a de l'opportunisme électoral.
05:19 Non, écoutez, c'est totalement faux.
05:21 Et M. Attal, d'ailleurs, le sait, mais le mensonge est devenu une manière de gouverner.
05:26 La réalité, c'est qu'à partir du moment où j'ai pu défendre mes propres idées, j'ai été porte-parole de Jean-Marie Le Pen.
05:33 Tout le monde sait que j'avais un désaccord avec Jean-Marie Le Pen sur les retraites.
05:36 Tout le monde le sait, tout le monde l'a dit, tout le monde l'a écrit.
05:38 Non, on n'est pas d'accord, vous n'êtes pas d'accord à le dire.
05:40 Il était, pour 65 ans, oui, mais j'étais sa porte-parole. Il a eu le problème de loyauté.
05:44 Mais en 2012, j'ai proposé la retraite à 40 annuités, 60 ans.
05:48 En 2017, j'ai proposé la retraite à 40 annuités, à 60 ans.
05:51 Vous le savez bien, vous m'en avez fait le reproche pendant 10 ans.
05:54 Et après 600 milliards d'euros de dettes d'Emmanuel Macron, j'ai été obligée d'amodier un peu ma proposition.
06:02 40 annuités, 60 ans pour ceux qui ont commencé avant 20 ans, puis progressivement jusqu'à 42 annuités et 62 ans, et pas plus.
06:09 Ça reste beaucoup plus intéressant pour les travailleurs français que ce qu'est en train de proposer le gouvernement.
06:14 Est-ce qu'on votait les socialistes avec la loi Touraine qui oblige à 43 ans d'annuité ?
06:18 Marie de Le Pen, on a l'impression qu'il y a plus de dignité dans la rue en ce moment que dans l'hémicycle de l'Assemblée
06:22 où les débats tournent aux grands cirques, aux Pugilas, aux empoignades.
06:25 Est-ce que ça vous pose un problème ou est-ce que c'est le jeu démocratique ?
06:29 Ça pose un problème à ceux qui se comportent ainsi, si je puis me permettre.
06:34 Parce que la réalité, c'est que les comportements indignes viennent toujours du même côté.
06:38 C'est-à-dire du côté de la nuppesse, qui prennent l'Assemblée nationale pour une manifestation,
06:44 effectivement, pour une agée de tolbiac. Ils ne respectent rien.
06:48 Et ce sont des hurlements permanents qui, je crois, donnent une image de l'Assemblée nationale
06:52 que n'apprécient pas beaucoup les Français.
06:55 Ça va parfois plus loin. Vous avez dénoncé des messages qui ont été adressés à certains et certaines de vos députés
06:59 pour leur faire quitter l'hémicycle au moment du vote sur la motion référendaire.
07:03 Des messages dans lesquels on leur disait que certains de leurs proches ou leurs enfants étaient hospitalisés.
07:08 D'abord, est-ce que vous en savez davantage sur cette affaire ?
07:10 Non, nous avons déposé une plainte.
07:12 Vous avez déposé, ça y est ?
07:14 Bien sûr, nous avons déposé une plainte. Ces faits sont très graves.
07:17 Et ils peuvent être sanctionnés lourdement par le Code pénal.
07:20 J'espère que nous allons trouver le bandit qui a commis cette ignominie,
07:26 parce que humainement, c'est une ignominie.
07:28 Vous en avez reçu un, vous ?
07:30 Oui, et c'est une manœuvre qui visait effectivement à ce que nos députés,
07:33 ces trois femmes qui ont été visées, sortent de l'hémicycle pour faire tomber notre motion référendaire.
07:39 Il fallait bien connaître quand même la procédure pour utiliser cette méthode.
07:43 Alors, dès avant-hier soir, Jordane Bardella, le président du Rassemblement national,
07:46 a accusé à demi-mot la nupèce. Et d'ailleurs, tout ça, ce sont des accusations assez graves.
07:49 Vous les maintenez, vous ? Vous les assumez, ces accusations ?
07:51 Non, mais moi, je ne m'accuse personne. J'attends que la justice fasse son travail.
07:56 Certains journalistes aussi ont cherché à qui profiter le crime.
08:00 Je pense qu'il faut laisser les services de police travailler et remonter les appels qui ont été passés.
08:05 Vous avez une petite idée, semble-t-il.
08:06 Non, mais même si j'avais une idée, je ne vous la donnerais pas, parce que je suis avocate, vous le savez.
08:11 Vous êtes plus prudente que Jordane Bardella, que le président de votre parti.
08:13 Non, mais je respecte des principes, y compris quand ces principes sont au bénéfice de mes adversaires.
08:19 Dans ce drôle de climat, Olivier, il y a un indice.
08:21 Olivier Dussopt a été vivement pris à partie lors des questions au gouvernement hier après-midi.
08:25 Le ministre du Travail est soupçonné de favoritisme.
08:27 Il est visé par une enquête du parquet national financier.
08:30 C'est une vraie affaire ou c'est une boule puante, saint Marine Le Pen ?
08:32 Je ne peux pas vous le dire. Encore une fois, je n'ai pas eu connaissance de la procédure.
08:36 Ce qui est sûr, c'est qu'il y a en tout cas assez d'éléments, semble-t-il,
08:42 pour que cette enquête aboutisse à un renvoi devant le tribunal correctionnel.
08:46 Et les faits semblent assez différents de ceux qui ont été évoqués par monsieur Dussopt.
08:50 Mais politiquement, est-ce que ça le disqualifie pour porter la réforme ?
08:53 Ce n'est jamais très bon d'avoir un ministre qui porte une réforme et qui est dans la tourmente.
08:57 Mais je ne voudrais pas non plus que ce soit un certain nombre d'organes de presse
09:01 qui décident du moment de la révélation de ce type d'affaires.
09:06 Je trouve ça toujours un peu désagréable.
09:08 J'ai toujours un peu l'impression que l'on est instrumentalisé dans ces cas-là.
09:12 Soit il y a une affaire et on aurait pu en avoir connaissance avant,
09:15 mais en avoir connaissance juste comme ça, en plein milieu du débat des retraites...
09:18 En tout cas, vous ne demandez pas sa démission, Olivier Dussopt ?
09:20 Non, mais moi je crois à la présomption d'innocence.
09:23 C'est un principe général.
09:25 Tout le monde a le droit d'en bénéficier.
09:27 Après, si le gouvernement considère que monsieur Dussopt est affaibli,
09:31 eh bien, il n'a qu'à l'écarter.
09:33 Mais vous voyez, on n'est en train de parler que de la forme
09:35 et on ne parle pas du fond de cette réforme des retraites
09:39 qui va obliger les Français, et notamment ceux qui travaillent dur,
09:44 à travailler deux ans de plus.
09:46 Ce qui est considérable.
09:48 Avec une mise en œuvre qui est d'une brutalité inouïe,
09:51 puisque des gens qui devaient prendre leur retraite en 2025,
09:55 c'est-à-dire l'année prochaine,
09:57 dans deux ans, vont être obligés de travailler deux ans de plus.
10:00 La fin de quelques mois plus tard, parce que ce sera progressif.
10:02 Marine Le Pen, ça va bientôt faire un an que la Russie a attaqué l'Ukraine.
10:05 Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky,
10:07 va sans doute venir participer à un sommet européen demain à Bruxelles.
10:11 La nature du soutien de la France à l'Ukraine doit-elle évoluer ?
10:14 Non, si elle évolue, ça veut dire qu'on envoie des troupes.
10:17 Ça peut être en plus ou en moins.
10:19 Non, mais il n'est pas question, si vous voulez.
10:22 Je crois, enfin, en tout cas, moi, j'exprimerai mon désaccord avec l'envoi de troupes,
10:27 car envoyer des troupes, ça veut dire entrer dans une troisième guerre mondiale.
10:31 Alors, je crois qu'il faut tout faire au contraire pour développer les chemins de la paix.
10:36 Et je regrette que ce mot de paix ait quasiment disparu,
10:41 et de la bouche de nos gouvernants, et des plateaux de télévision.
10:45 C'est tout de même ce que nous espérons tous.
10:47 Il faut essayer de reparler à Vladimir Poutine.
10:49 Mais il faut évidemment trouver une sortie négociée.
10:51 Parce que si l'OTAN, par exemple, entre aux côtés de l'Ukraine dans cette guerre,
10:56 ce qui est à peu près une des seules chances de l'Ukraine de gagner militairement cette guerre,
11:00 alors c'est la troisième guerre mondiale.
11:02 Dernière question, est-ce qu'il faut céder à la demande du président ukrainien Zelensky,
11:05 toujours lui, de ne pas accueillir d'athlètes russes aux Jeux Olympiques de Paris en 2024 ?
11:09 Anne Hidalgo a changé d'avis sur le sujet, et désormais elle dit non,
11:11 pas un seul athlète russe à Paris l'an prochain.
11:13 Si on ouvre cette boîte de Pandore, alors qu'on a toujours considéré que les Jeux Olympiques
11:17 étaient précisément un moment où on devait être préservé, en réalité, des conflits,
11:23 des guerres entre les pays, alors demain, pour X ou Y raisons,
11:30 car il y en a beaucoup des pays qui sont en conflit dans le monde, y compris en conflit armé,
11:34 eh bien on les écartera des Jeux Olympiques.
11:36 Je ne suis pas sûre que ce soit véritablement un bon signal.
11:39 Sous drapeau russe ou sous bannière neutre ?
11:41 Si on leur impose une bannière neutre, ils ne viendront pas dire les choses.
11:46 C'est comme ça qu'ils ont participé au dernier Jeux Indochinaux.
11:49 Merci beaucoup Marine Le Pen politique et aussi avocate ce matin dans les 4V.
11:52 Merci à vous, bonne journée.
11:53 Merci à vous deux.

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