Il a réussi à truquer son CV pour arriver jusqu'à l'UFC, c'est l'histoire délirante du light-heavyweight Askar Mozharov.
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SportTranscription
00:00 Oui, mentir sur son CV pour arriver jusqu'à l'UFC, c'est possible.
00:03 Et c'est l'histoire délirante de Askar Mozarov.
00:06 Mais comme vous vous en doutez, le problème c'est que tromper le système c'est une chose,
00:10 mais quand la récompense c'est de se retrouver en cage avec un monstre,
00:13 il y a peut-être une grave erreur de calcul quelque part,
00:15 et d'ailleurs ça n'a pas loupé, vous allez le voir.
00:17 Mais laissez-nous vous raconter tout ça.
00:18 À 27 ans aujourd'hui, notre protagoniste fait sa première partie de carrière à Odessa, en Ukraine,
00:24 bien que lui ait assuré qu'il l'ait faite à Minsk, en Biélorussie.
00:28 Pour déjà à peine commencer, il se passe déjà des trucs bizarres dans cette histoire,
00:31 mais croyez-nous, ça n'est que le début.
00:33 Et il fait donc toute sa première partie de carrière sous son nom et prénom de naissance,
00:37 Arthur Sadkov, ou Arthur Shadkov, ou Arthur Sadakov selon les translittérations locales,
00:42 ce qui a d'ailleurs participé à la confusion de certains référencements de combat, même dans ses débuts.
00:47 Sa carrière commence par trois défaites par soumission d'affilée,
00:49 avant de se construire un palmarès en affrontant que des débutants avec zéro combat,
00:54 ce qui lui permet d'enquiller 7 victoires d'affilée ensuite sur le circuit ukrainien.
00:57 Mais lorsqu'il retente sa chance contre des combattants un peu plus corsés,
01:00 à chaque fois c'est beaucoup plus compliqué,
01:02 et il retombe à 5 défaites sur 7 combats sur sa série suivante.
01:05 Bon maintenant, imaginez-vous,
01:07 vous rêvez de l'UFC, mais vous êtes à 9 victoires pour 8 défaites sur des circuits régionaux.
01:11 Bon, pas besoin de sortir Excel pour calculer que ça va être compliqué.
01:13 Alors quelle solution il va utiliser pour commencer sa remontada virtuelle ?
01:17 Et bien la plus spectaculaire, il va d'abord commencer par changer de nom légalement.
01:22 Et à partir de ce moment-là, il va essayer de faire croire par tous les moyens que ses défaites précédentes,
01:27 c'était pas lui.
01:28 Et ce, sur les 5 années qui suivront jusqu'à son arrivée à l'UFC.
01:33 Les instances de contrôle des sites de MMA n'étaient pas dupes,
01:35 et ont juste notifié sur son palmarès qu'il avait changé de nom.
01:38 Mais malgré ça, tout était tellement opaque ou trafiqué de tous les côtés,
01:43 qu'ils auront bien du mal à trouver son palmarès réel avant très longtemps.
01:47 Son nombre de victoires ou de défaites fluctuera ainsi sur les sites officiels en fonction du temps.
01:52 Bon par contre, ce qui est sûr évidemment, c'est qu'il y avait eu Magouille.
01:54 Le site de référence Mon Cher Dog raconte ainsi que lui ou quelqu'un de son entourage
01:58 a contacté les équipes de Fight Finder,
02:01 qui s'occupent en fait du référencement de tous les combats pros autour du monde pour les archiver,
02:04 pour leur expliquer que soit certains combats n'avaient pas existé,
02:07 soit qu'il allait falloir corriger la base de données.
02:09 Et il donne l'exemple du combat de Mozaroff au Full Metal Dojo en Thaïlande.
02:12 Combat où Mozaroff s'était incliné par clé de bras en 42 secondes.
02:16 Quelques temps après l'événement, les équipes de Fight Finder ont ainsi reçu un mail
02:20 des officiels du Full Metal Dojo leur tenant à peu près ce langage.
02:24 "Bonjour monsieur, dans mon tournoi ils ont ajouté un combat qui n'y était pas,
02:28 s'il vous plaît, corrigez, c'est Marcelo Tenorio vs. Askar Mozaroff,
02:33 ce combat n'a pas eu lieu, effacez s'il vous plaît."
02:36 Le mail est signé d'un certain Jormur Bangkongkong, promoteur du Full Metal Dojo.
02:42 Alors les équipes reçoivent ce mail, mais immédiatement il y a trois gros problèmes.
02:46 Le premier, c'est qu'après quelques courtes recherches,
02:48 il apparaît que Jormur Bangkongkong, promoteur du FMD, n'existe pas.
02:53 Le deuxième problème, c'est que l'email est envoyé depuis une adresse terminant par .ru,
02:58 ce qui indiquerait donc une provenance russe, plutôt curieux pour une organisation thaïlandaise.
03:02 Et le troisième problème, et pas des moindres,
03:04 c'est que le fameux combat Askar Mozaroff vs. Marcelo Tenorio,
03:08 il est disponible sur Youtube et la dite clé de bras est en Full HD 1080p.
03:13 Bon, pour ce coup-ci, raté.
03:15 Quelques temps plus tard, rebelote, un nouveau mail est reçu par l'équipe
03:19 à propos d'un combat en Chine au Legend King Championship.
03:22 Il est écrit qu'Askar Mozaroff y aurait affronté un certain Fan Rong
03:26 et qu'il aurait perdu par étranglement arrière en 1 minute 30.
03:29 Mais là encore, c'est bizarre. C'est bizarre parce que regardez,
03:31 alors nous avons le poster du combat que nous avons envoyé en pièce jointe là, regardez,
03:36 et comme vous pouvez le constater, l'adversaire de Fan Rong, c'est pas Askar Mozaroff, c'est lui,
03:40 c'est Hassan Ataghaïef avec son sourire de tombeur et son pouce en l'air.
03:43 Si, si, si, si.
03:45 Bon, là encore, trois nouveaux problèmes.
03:47 Premièrement, le logo de l'organisation sur le poster fourni en pièce jointe du mail n'est pas le bon.
03:52 Deuxièmement, rebelote, il existe une vidéo du combat
03:55 et le fameux Hassan Ataghaïef ressemble quand même très étrangement à Askar Mozaroff.
04:00 Et troisièmement, le mail provient une nouvelle fois d'une adresse en .ru indiquant des provenances russes,
04:05 mais cette fois c'est encore plus suspect puisque la Chine, elle, du fait des restrictions gouvernementales,
04:10 ne permettrait sûrement pas à une orga chinoise d'utiliser des adresses mail russes.
04:15 Bon déjà, à ce stade, vous imaginez bien que le truc commence à devenir un running gag
04:19 au sein des équipes du Fight Finder.
04:20 Mais alors blague à part, comment a-t-il réussi à trafiquer son record
04:23 au point où même les plus gros sites recensant les combats se sont fait rouler dans la farine ?
04:27 Alors en fait, le problème c'est que, comme vous l'imaginez,
04:29 il existe tellement d'organisations de combats et de combattants chaque semaine dans le monde
04:34 qu'il est extrêmement difficile de garder un œil attentif partout.
04:37 Et ce, encore moins pour des événements régionaux avec des combattants qui sont peut-être de 3e division.
04:41 Donc garder le même degré de méticulosité pour Askar Mozaroff que personne ne connaissait à l'époque
04:47 que par rapport à John Jones par exemple, forcément vous imaginez que c'est un peu compliqué.
04:50 Et c'est ça qui ouvre la possibilité à tout un tas de dérives parce qu'il est impossible de tout filtrer.
04:55 Et c'est ainsi que des combats peuvent officiellement avoir lieu
04:58 alors que l'organisation en question a mis la clé sous la porte quelques jours plus tôt avant l'événement,
05:02 ou alors que des combats en règle spéciale peuvent devenir des combats officiels de l'EMA,
05:05 ou alors que de fausses organisations mêlant les initiales des vrais
05:08 revendiquent d'avoir organisé un événement.
05:10 Mais alors on vous raconte tout ça, mais pourtant ça ne nous aura pas échappé que,
05:13 malgré tout ce qu'on vient de vous dire,
05:14 le protagoniste de cette histoire a bel et bien combattu à l'UFC.
05:18 Et en effet, il a combattu lors de l'UFC Fight Night 56 contre Alonzo "Atomic" Manifield,
05:23 combattant qui lui est un tueur à gage parfaitement légitime de l'UFC.
05:28 Et malgré tout ce qu'on sait maintenant et que savaient les équipes de SherDog,
05:31 il a quand même donc réussi à se retrouver officiellement sur une carte de l'UFC,
05:35 ce qui est complètement hallucinant.
05:37 Il a donc réussi visiblement à tromper la vigilance des matchmakers et des équipes de vérification de l'UFC
05:43 pour se retrouver face au monstre Manifield,
05:45 lui vétéran de 7 combats dans l'organisation à ce moment-là avec un record de 11-3
05:49 et connu pour sa puissance de feu.
05:51 Alors après, même si ça semble bizarre,
05:52 il est possible aussi que ça ait été une volonté de l'UFC d'avoir voulu le garder,
05:56 même une fois qu'ils se sont rendus compte de la supercherie.
05:59 Peut-être pour ne pas risquer une mauvaise presse au vu de la nationalité du combattant,
06:03 ou peut-être aussi tout simplement dû au manque de sang-frais de la catégorie des -93kg,
06:07 qui les a conduits à vouloir garder et tester, malgré tout,
06:10 ce jeune combattant au striking explosif et au highlight impressionnant.
06:14 Mais bon, là, on n'est sûr de rien.
06:16 En tout cas, après qu'il ait paradé un palmarès de 25 victoires pour 7 défaites,
06:20 il semble malgré tout que les équipes de l'UFC avaient pris conscience de la fourberie
06:24 puisque le jour du combat, eux-mêmes l'ont finalement annoncé avec un palmarès de 19 victoires pour 12 défaites.
06:31 Et alors, comment s'est déroulé le combat ?
06:33 Bon déjà, il faut savoir qu'Allan The Manifield, lui, toute cette petite supercherie,
06:36 ça ne l'a pas fait rigoler du tout et il l'a bien fait comprendre à son adversaire du jour.
06:41 Pendant le combat, Atomic utilise immédiatement sa lutte et son grappling pour dépasser Mozaroff
06:45 et lui mettre un crucifix qui sonnera la fin du combat à 4.40 du premier round.
06:50 C'était le chemin le plus rapide vers la victoire et Manifield ne se prendra même pas la tête,
06:54 ne voulant probablement pas non plus risquer de devenir le dindon de la farce
06:58 en prenant un mauvais coup face à un combattant dont tout le monde moquait le palmarès,
07:01 mais qui, malgré tout, restait très dangereux debout.
07:04 Néanmoins, il faut quand même rendre à notre star de ce récit une chose,
07:07 c'est qu'il était venu sans peur et pour combattre, que ce soit par folie ou par courage.
07:12 Toujours est-il qu'en un round à l'UFC, il montrera du caractère,
07:15 une belle mécanique de frappe sur les quelques secondes passées debout.
07:18 Et malgré la fumisterie de toute sa carrière avant le combat,
07:20 il faut bien avouer que le jour J, il était venu pour faire mal et pour marquer les esprits.
07:24 C'est simplement qu'il n'avait, surprise, pas le niveau.
07:28 Sur son Instagram, qui est lui-même un bel indice sur le côté
07:30 « faire semblant d'avoir percé jusqu'à y arriver » au volant d'une voiture de luxe différente chaque semaine,
07:34 les rares vidéos de lui aux pattes d'ours sont plutôt plaisantes à regarder,
07:37 et puis il envoie salement la purée debout.
07:39 Mais malheureusement pour lui, comme lui a rappelé Alonso, l'UFC, c'est du MMA.
07:43 Et dans le MMA, à moins d'être un monstre physique comme on en voit rarement,
07:47 ce qui peut pallier à certains manques techniques, sinon c'est binaire,
07:50 soit tu sais faire, soit tu ne sais pas.
07:52 Et quand tu ne sais pas, les conséquences sont désastreuses et potentiellement terribles.
07:56 Voilà, c'était l'histoire de Askar Mozarov, la fraude du MMA.
08:00 On espère que ça vous a plu, si c'est le cas, mettez un pouce bleu et puis abonnez-vous,
08:03 ça aide énormément la chaîne.
08:05 Et puis sinon, prenez soin de vous, à bientôt, et ciao !
08:08 [musique]