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00:00 entreprises gardent leurs seniors à emploi, attention, à emploi équivalent, on ne sait pas,
00:05 reléguer dans un placard.
00:07 - Bien sûr. En fait, il y a deux choses à regarder. La première, c'est que lorsque vous regardez les
00:11 chiffres, vous voyez que les entreprises ont un peu mieux appris à les garder.
00:15 Ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.
00:17 Par contre, elles n'ont pas vraiment encore appris à les embaucher.
00:20 Le vrai drame des seniors, c'est plutôt que lorsque vous, malheureusement, vous perdez votre
00:26 emploi, quelle qu'en soit la raison, à 56, 57, 58, en retrouver, c'est extrêmement compliqué.
00:32 - Attendez, juste d'abord sur le premier point, on arrive à les garder.
00:35 - Aujourd'hui, on les garde plus.
00:36 - Oui, mais plus jusqu'à la fin.
00:38 Normalement, sur le papier, quand je signe, c'est...
00:41 - Oui, les chiffres se sont améliorés, mais en revanche, il est exact qu'on reste un mauvais élève de l'Europe.
00:46 - Mais attendez, alors du coup, on arrive à les garder.
00:48 Encore une fois, Benoît Serres, est-ce qu'on arrive à les garder jusqu'à la fin à l'emploi sur lequel
00:55 ils sont, j'allais dire, au pinacle ? Est-ce que jusqu'à, je ne sais pas moi, à 52 ans, j'arrive à un poste
01:00 qui est un poste ultra intéressant dans mon entreprise ? Est-ce qu'à 61 ans, je suis encore à ce poste ?
01:06 Ou est-ce qu'on m'a relégué à un poste qui est moins intéressant et peut-être moins payé ?
01:11 - Exactement.
01:12 - Parce que parfois, on dit, la société traverse des soubresauts, il faudrait que tu fasses un effort au même titre que tout le monde.
01:17 - Bon, oui, ça, c'est plus difficile que ce qu'en droit français, vous ne pouvez pas baisser le salaire de vie.
01:21 - Je sais, mais on peut demander.
01:22 - Vous pouvez toujours demander, mais on vous dit rarement oui, honnêtement, dans ces situations-là, mais peu importe.
01:27 Mais le point que vous pointez, il est très juste.
01:31 C'est-à-dire que l'enjeu, et c'est pour ça que je pense que dans ce potentiel index senior, c'est sans doute cela qu'il faut le regarder aussi.
01:39 Lorsque quelqu'un a 53, 54, vous constatez deux choses.
01:42 La première, c'est qu'il y a moins de mobilité professionnelle.
01:45 Autrement dit, il n'est plus vraiment dans l'entreprise, dans une dynamique de carrière.
01:50 Et la deuxième, c'est que son accès à la formation chute.
01:54 Alors, il chute pour deux raisons, à la fois du fait de l'entreprise, à la fois du fait du seigneur lui-même, qui dit
01:58 "En fait, quand je n'ai pas de perspective, à quoi vous voulez me former ? Ça fait dix ans que je fais ce métier-là, etc."
02:03 - C'est pas un vieux singe qu'on va faire grimace, qu'on va apprendre à faire la grimace.
02:07 - Donc ça, je pense que, vous voyez, ces deux sujets, l'accès à la formation et le taux de mobilité à l'intérieur de l'entreprise,
02:13 mettons à partir de 55 ans, sont sans doute des indicateurs intéressants à suivre dans l'index.
02:17 Pourquoi ? Parce que lorsque quelqu'un, si je prends votre exemple, il a 52 ans,
02:22 puis en fait on lui propose plus rien, donc il va essayer de tirer jusqu'au bout.
02:25 Alors après, vous avez des dispositifs qui permettent d'être à mi-temps, vous avez des temps partiels seniors,
02:30 vous avez des tas de choses qui se mettent en place.
02:31 Ça, peut-être qu'on en parlera, parce que ça, c'est un vrai problème.
02:34 - Mais non, on ne va pas en parler au calendrier, on va en parler maintenant, Benoît Serre, le président de la NDRH.
02:42 C'est maintenant qu'on va en parler.
02:43 - Ce que je veux dire par là, c'est que je pense qu'il y a des dispositifs qui ont été mis en place, le temps partiel senior,
02:47 des possibilités de partir un peu avant, qui sont assez positifs.
02:52 Mais je trouve aussi que c'est dangereux, à chaque fois qu'on parle des seniors, ce que j'entends depuis quelques temps,
02:57 on parle mentora, tutora, mécénate compétente.
03:01 Très bien, pour certains, c'est très bien.
03:03 - On a l'impression qu'on a besoin de leur inculquer une formation supplémentaire, au lieu de capitaliser sur leur expérience.
03:11 - D'une part, si tout de suite on leur parle de tutora, de mentora,
03:15 leur réaction c'est que, on leur dit un petit peu, vous n'êtes plus vraiment des salariés comme les autres.
03:21 Alors que la plupart veulent rester salariés comme les autres, évaluer, éventuellement sanctionner quand ça va pas,
03:26 et compenser quand ça va bien, enfin des salariés comme les autres.
03:29 C'est pour ça que la mobilité professionnelle, et regardez quelles sont les entreprises qui vont à 55, 56,
03:35 proposer un autre poste à quelqu'un, quitte à le mettre dans un parcours de formation dédié,
03:39 c'est une meilleure garantie d'aller jusqu'au bout, parce que ça veut dire qu'il est toujours dans la bonne dynamique de carrière.
03:43 Donc il faut faire attention à ne pas réduire la question de l'emploi des seniors, à celle du tutora ou de la transmission.
03:49 Parce que d'abord on sait que le problème se pose à partir de 56, 57,
03:52 vous allez pas transmettre pendant 7 ans, 8 ans, il y a un moment où ça s'arrête quoi.
03:56 Donc ça c'est sans doute, je pense que c'est presque plus utile de suivre ça,
04:00 que de sanctionner celles qui embauchent, celles qui embauchent pas, etc.
04:04 Parce que d'une entreprise à l'autre, les capacités sont pas les mêmes.
04:07 Vous êtes une entreprise de BTP, votre capacité à recruter des seniors est certainement plus faible qu'une entreprise purement de service.
04:12 Donc je trouve qu'un index un peu monolithique, ce serait pas très utile.
04:17 Je rappelle qu'on est sur Europe 1, avec Benoît Serres, le président de l'association nationale des DRA.