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Sa vie a radicalement changé quand en 1963, elle épousa Edmond de Rothschild, riche héritier d'une grande dynastie de banquiers. À 90 ans, Nadine de Rothschild publie "Très chères baronnes de Rothschild", portraits de femmes qui ont marqué l'histoire de cette famille.

Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
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Transcription
00:00 Bonjour Nadine de Rothschild ! Bonjour mademoiselle !
00:03 Doit-on dire bonjour madame la baronne ou bonjour baronne ?
00:07 Non, on dit bonjour madame.
00:09 On dit bonjour madame, madame la baronne c'est réservé au personnel de la maison qui travaille pour vous.
00:14 Et je crois que non, non, c'est madame simplement.
00:18 Bonjour madame !
00:20 Alors je suis heureuse de recevoir donc Nadine de Rothschild qui vient de publier
00:24 "Très chère baronne de Rothschild" que vous avez co-écrit avec votre amie Érice Janssen.
00:30 Amie depuis 30 ans.
00:31 Amie depuis 30 ans et que vous publiez chez Gourcuff-Gradénigo.
00:35 Alors voilà, c'est un petit livre d'histoire, bourré d'anecdotes, bourré de photos.
00:41 Et on va commencer par votre histoire parmi les baronnes.
00:46 Moi je l'ignorais en me plongeant dans votre passé Nadine de Rothschild.
00:51 J'ignorais que vous veniez d'un milieu ouvrier.
00:55 Ah oui, on ne l'avait jamais supposé là.
00:57 C'est bien, c'est bien, c'est que j'ai fait face à beaucoup d'inconvénients en entrant dans cette famille,
01:02 beaucoup d'avantages que j'ai captés.
01:05 Mais c'est vrai que je viens d'un milieu tout à fait simple.
01:09 J'étais élevée à Putot et je me souviens, en sortant de l'école primaire où j'étais,
01:17 on m'avait mis une faucille et un marteau sur le bras.
01:22 Car j'allais à la grande fête communiste avec mes parents.
01:25 Voyez-vous ?
01:25 Votre maman était ouvrière ?
01:27 Ma mère était ouvrière, mon père, mon beau-père pardon, était dans la police.
01:31 Donc des gens simples.
01:33 Et donc vous alliez à la grande fête, vous alliez à la fête de l'Humain ?
01:36 À la fête de l'Humain.
01:38 Alors vous voyez que les Rothschild ont un esprit très ouvert quand même parce qu'ils ne l'ignoraient pas.
01:42 Ils étaient prêts à accueillir quelqu'un qui leur plaisait, peu importe de là où ils venaient.
01:47 Vous avez vécu l'immédiate avant-guerre dans la région parisienne.
01:51 Vous avez connu les petits immeubles sans confort, avec même pas l'eau courante,
01:58 avec toutes les populations immigrées qui convergeaient vers la capitale pour trouver du travail.
02:04 Dans les années 30, c'est les grandes périodes de l'immigration italienne, espagnole.
02:08 Complètement. Polonaise aussi.
02:10 Polonaise.
02:10 Polonaise. L'eau était dans la cour.
02:13 Et nous étions effectivement dans très peu de mètres carrés.
02:16 Quand j'ai dit très peu, c'était vraiment très très très peu.
02:19 Aujourd'hui, les logements me paraissent extrêmement larges par rapport à ce que j'ai pu vivre.
02:26 Et vous ne parliez même pas de votre château.
02:29 Ah non, pas pour l'instant.
02:34 Alors c'est quoi ce manuel de savoir-vivre que vous avez découvert très tôt ?
02:40 Qui était Louise Dalk ?
02:42 Pardon, attendez, je n'ai pas compris.
02:43 Qui était Louise Dalk qui a écrit ce manuel de savoir-vivre ?
02:47 Je l'ai trouvé dans un tiroir lorsque j'ai commencé au Théâtre de l'Olympia.
02:53 Au Théâtre de l'Olympia, il y avait la loge pour la présentatrice.
02:57 Ils avaient donc ouvert ce placard et dans le fond du placard avait été oublié ce manuel.
03:03 Je suppose que c'est quelqu'un qui devait le lire parce que Mme Dalk était morte depuis je ne sais pas combien de temps.
03:08 En plus, c'était un surnom.
03:12 Ça n'était pas son nom.
03:13 Elle devait s'appeler peut-être Madame Dupont, mais elle avait trouvé très élégant de prendre ce titre qui lui a fait horbien d'ailleurs.
03:21 Alors qu'est-ce qu'il y avait dans ce manuel de savoir-vivre ?
03:22 Il y avait déjà quelques règles de savoir-vivre, si vous voulez, concernant sa tenue à table.
03:28 Ça m'a beaucoup impressionnée parce que je me suis dit « Tiens, ça je sais faire, ça je sais faire, ça je sais faire ».
03:34 Je me suis demandé comment est-ce que j'avais pu interpréter et réaliser sans connaître vraiment ce qu'on appelait les bonnes manières.
03:43 Ma mère me disait « Ne mets pas les coudes sur la table, tiens-toi droite, ferme la bouche quand tu manges ».
03:49 Mais cela étant dit, ça n'était pas ce qu'on pouvait appeler les bonnes manières.
03:52 J'ai regardé ce livre que j'ai toujours gardé.
03:56 Et puis quand j'ai été capable, bien longtemps après, de pouvoir donner des conseils, je me suis permis de pouvoir donner des conseils.
04:04 On va vous écouter en 1958, vous aviez 26 ans.
04:08 * Extrait de « Dans un ruisseau menu » de M. Le Pen *
04:10 Dans un ruisseau menu, il y avait un carabinier qui était venu frousse-baigner et qui était tout nu.
04:22 Sur le bord, un tendron jouaient les belles lavandières et l'avait au fil de l'eau claire, sa chemise de coton.
04:35 La lavandière, hélas, n'avait en tout qu'une chemise, sa robe séchant sur la brise, elle n'avait que ses bas.
04:46 Lui était plein d'ardeur, il revenait de Palestine et elle était passée en cline à donner sa candeur.
04:57 Ils étaient donc tous deux tout nus, tous deux pleins de désirs fous.
05:02 On pouvait donc s'attendre à tout.
05:05 Hélas, ils ne se sont pas vus. * Applaudissements *
05:14 * Extrait de « Dans un ruisseau menu » de M. Le Pen *
05:17 J'ai chanté dans beaucoup de revues à l'ABC avec Pierre Dac, Francis Blanche, Henri Salvador.
05:24 Il est certain que je trouve que j'étais absolument divine.
05:29 C'était trop mignon, cette voix était charmante.
05:33 Ce qui est assez incroyable dans votre histoire, Nadine de Rothschild,
05:38 c'est qu'en réalité vous filez de chez vous très très jeune, juste après la guerre, à la fin de la guerre.
05:44 Alors, la fin de la guerre, effectivement, j'ai commencé à...
05:48 D'abord, je suis partie de la maison, j'avais 14 ans.
05:50 Je ne m'entendrais pas du tout avec mon beau-père.
05:52 J'ai préféré vivre mon premier départ sans personne, uniquement avec moi-même.
06:01 Et j'ai décidé de mener ma vie tout à fait calmement, mais sûrement.
06:07 Et à ce moment-là, je suis allée dans une chambre au huitième étage d'un ravissant immeuble.
06:14 J'habitais une chambre de bonne, sans eau, sans rien, mais ça comme beaucoup de jeunes.
06:19 Ça n'était pas extraordinaire.
06:23 Et puis, j'ai commencé à travailler chez Peugeot,
06:27 où je mettais les boutons de pression sur les housses de voiture.
06:34 - Donc, vous voici ouvrière. - J'étais une ouvrière.
06:36 - Comme l'a été votre mère. - Mais ça a duré trois mois.
06:39 Parce que j'ai enregistré là, comment dirais-je, un malentendu entre toutes les ouvrières.
06:48 Et ça m'a beaucoup surpris, car je croyais qu'il y avait une atmosphère
06:52 et une ambiance chaleureuse de solidarité, ce que je n'ai pas trouvé.
06:56 C'est bizarre, non ?
06:58 - C'était des métiers très durs. C'était des filles qui avaient des vies très dures.
07:01 - Absolument, mais entre les ouvrières.
07:05 Et je y suis restée très peu de temps.
07:06 Après, je suis allée mettre des pelotes de laine dans les rayons d'un magasin de laine.
07:12 Et c'est là où la jeune femme avec qui je travaillais avait trouvé une annonce dans un journal
07:19 où Jean-Gabriel Domergue, le peintre, cherchait des modèles.
07:23 Et nous nous sommes allés toutes les deux nous présenter.
07:26 C'est moi qui ai été choisie. Et ça a été le début de ma carrière.
07:30 - Donc vous êtes modèle, vous êtes muse ?
07:32 - Absolument. Et j'ai réalisé que peut-être je valais quelque chose dans le domaine de la séduction.
07:41 - Vous devenez sa maîtresse ?
07:42 - Ah non, pas du tout. C'était pas le style.
07:46 Non, il avait une dame près de lui qui était son épouse, très sérieuse.
07:51 Et je ne pense pas qu'il pouvait mettre un doigt en dehors du foyer.
07:56 - Il vous a ouvert les portes ?
07:57 - Il m'a surtout guidée, il m'a surtout montré qu'il y avait plusieurs catégories de femmes.
08:02 Celles qui réussissaient et celles qui ne réussiraient jamais.
08:06 - Ah ! Et quel était le critère de la réussite ?
08:08 - Le critère c'était le charme. Il m'a dit "la beauté n'a rien à voir".
08:12 Il m'a dit "c'est le sourire, la bonne humeur et le charme".
08:15 Et quand on me dit "mais pourquoi est-ce que vous êtes toujours de bonne humeur ?"
08:18 Je pense à lui. Parce que ça a été une forme de discipline.
08:21 Je me lève de bonne humeur, je me couche de bonne humeur.
08:24 Peu importe les problèmes que j'ai pu avoir.
08:26 - Mais moi je suis immensément convaincue que le charme,
08:29 et en effet ça n'a rien à voir avec la beauté,
08:31 - C'est 15 jours de gagnés sur la beauté.
08:35 On regarde d'abord une très jolie femme,
08:38 on essaie de voir ce qu'il y a derrière,
08:40 mais la femme qui a du charme est gagnante à tous les coups.
08:43 - Mais pas que la femme Nadine de Rothschild.
08:45 L'homme qui a du charme, les enfants qui ont du charme.
08:47 Il y a des êtres dans la vie qui ont du charme et d'autres qui n'en ont pas.
08:51 Après, comme critère de réussite dans la vie,
08:53 aujourd'hui on aurait tellement envie de dire à une jeune fille
08:56 "Sois toi-même, travaille, cultive-toi,
09:00 crois en ton intelligence, crois en ton destin plutôt qu'en son charme".
09:04 - Non, je ne suis pas d'accord.
09:06 Parce qu'effectivement, on fait faire des études aujourd'hui aux jeunes femmes
09:11 qui ont la chance de pouvoir les faire.
09:13 Ça, je suis tout à fait d'accord.
09:15 Travailler, je suis tout à fait d'accord puisque j'ai moi-même travaillé très jeune.
09:19 Mais je crois qu'on obtient tout ce que l'on veut avec le charme,
09:25 avec la gentillesse, avec le sourire, je vous le répète, je me répète,
09:30 avec la bonne humeur.
09:31 Vous avez des femmes qui ont tous les diplômes de la terre et qui n'arrivent pas.
09:35 Parce qu'elles sont de mauvais caractère, elles font la gueule dès le matin.
09:41 - Donc le charme, ce n'est pas la séduction sexuelle ?
09:44 - Ah non, ça n'a rien à voir.
09:47 Il ne faut pas mélanger les choses, ça, ça vient après.
09:52 - Vous faites vos débuts comme jeune actrice.
09:56 Écoutez ce petit reportage sur un tournage sur lequel vous avez travaillé, Nadine de Rothschild.
10:03 - À l'encontre d'une opinion couramment répandue, un film est pensé avant d'être réalisé.
10:07 Maurice Régamet et son "Brain Trust" vous en offrent l'image sous le ciel de Cassis.
10:12 Les loisirs eux-mêmes sont d'une haute tenue.
10:14 Vous voyez plutôt Micheline Garry et sa broderie anglaise avec l'approbation de Nadine Talley.
10:20 Et si le robuste Pierre Mondy est entouré de la sorte, c'est que le scénario l'exige.
10:24 Un scénario titré "Cigarette, Whisky, Petite Pépé", évidemment tout un programme.
10:29 - "Cigarette, Whisky et Petite Pépé" ?
10:38 - Ah mais j'étais déjà dans le monde du cinéma, là.
10:40 C'était, je crois, mon trentième film à peu près.
10:43 - Alors qu'est-ce que c'était qu'une petite pépé ?
10:46 - Ben c'était moi, ça aurait pu être vous.
10:49 Mais aujourd'hui vous avez un travail qui vous met en valeur.
10:54 Le théâtre, le cinéma ne mettait pas forcément les femmes en valeur, voyez-vous.
10:58 On les jugeait comme des petites pépés.
11:01 Mais ce qui n'empêchait pas de réussir.
11:03 Alors est-ce que dans votre carrière, vous avez, vous, aujourd'hui l'impression de réussir,
11:09 mais depuis combien de temps ?
11:11 Est-ce que vous n'avez pas été une petite pépé à un certain moment ?
11:15 - Je crois pas.
11:16 Je crois pas, mais parce que j'étais pas, moi j'ai commencé dans la presse écrite
11:20 et j'étais pas dans des métiers où on jouait...
11:21 - A quel âge ?
11:22 - À 24 ans.
11:23 - 24 ans ?
11:24 - Ouais, mais je crois pas.
11:26 J'étais pas dans des métiers où on joue beaucoup sur l'image, sur la séduction,
11:30 sur le regard des autres.
11:31 C'est aussi les métiers du cinéma, les métiers du théâtre, les métiers de modèles,
11:37 où justement toute la question c'est à quoi sert le charme d'une femme ?
11:41 - Et quand vous entrez dans le bureau d'un directeur qui va vous engager, c'est ce qu'on
11:45 voit d'abord, c'est votre charme, madame.
11:47 C'est pas autre chose, votre métier vient bien après.
11:50 Je vous dis, si vous entrez avec un moment où vous regardez ce monsieur en vous disant
11:56 "c'est lui mon futur patron, qu'est-ce que je vais en faire ?" mais sans le sourire
12:01 qui va avec, c'est quand même...
12:04 Je vous donne moi des conseils qui ne sont plus du tout, du tout à la mode.
12:08 C'est comme le savoir-vivre, c'est plus à la mode.
12:10 Mais si à 90 ans je peux me permettre de vous dire que ça fait partie de la réussite,
12:17 ça fait partie.
12:18 - Je vous écoute.
12:19 Vous avez tourné avec Brigitte Bardot, vous avez tourné avec Louis de Funès, vous avez
12:23 même été la doublure de Martine Carole.
12:25 Vous avez connu ces années folles, juste après la guerre, du renouveau du cinéma
12:31 français.
12:32 Vous vouliez épouser un homme puissant ?
12:36 - Puissant, non.
12:38 Un homme qui pouvait effectivement être un homme qui m'aurait donné ma chance.
12:46 Alors dans quelle catégorie était-il ? Je me suis dit que ça n'était sûrement pas
12:52 le plombier, voyez-vous.
12:53 - Vous vouliez vous élever socialement ?
12:56 - Exactement.
12:57 - Et ça passait forcément par un mari ?
13:00 - Ah non, je me suis mariée à 30 ans, vous savez, j'ai eu le temps de faire le tour
13:05 de ce que je voulais, de ce que je ne voulais pas.
13:08 Mais la vie a fait que je n'ai rencontré que des hommes importants.
13:12 - Allons bons.
13:13 - Oui, allons d'eau, comme vous dites.
13:15 - C'est que vous les aviez cherchés ?
13:17 - Non, parce qu'on ne cherche pas, c'est eux qui vous trouvent.
13:21 Attention, je ne me suis pas posée devant la porte de Monsieur Drotschild, devant la
13:26 banque en attendant qu'il passe.
13:28 Je l'ai rencontrée dans un dîner tout bêtement, voyez-vous.
13:31 Et tous les hommes importants que j'ai pu rencontrer, que ce soit dans le cinéma, que
13:35 ce soit dans le théâtre, que ce soit n'importe où, c'était vraiment le hasard.
13:40 Mais le hasard peut-être d'une rencontre où je devais me présenter.
13:44 Dans le théâtre, c'était le directeur du théâtre des Capucines, Monsieur Bruno
13:49 Cocatrix, qui était venu me voir au théâtre jouer et qui m'a dit « c'est tel que je
13:53 veux pour mon prochain spectacle ».
13:55 Edith Constantine, qui m'avait vue dans un tout petit rôle et qui m'a dit « Nadine,
14:00 il faut que vous alliez en Angleterre, c'est là où vous avez votre chance.
14:04 Est-ce que vous parlez anglais ? » Je ne parlais pas.
14:06 Bon, il m'a dit « voilà, le professeur c'est Mademoiselle Guyot, vous y allez de
14:10 minuit à deux heures du matin ». C'est ce que j'ai fait pendant six mois.
14:15 Je suis partie pour Londres et j'ai fait toute une série de films en Angleterre.
14:19 Nadine de Drotschild sur France Inter.
14:22 Nadine de Drotschild qui publie très chère Baronne de Drotschild.
14:27 Oui, c'est une histoire les Baronnes de Drotschild.
14:29 Ce sont des histoires de femmes, ce sont des histoires absolument passionnantes et extrêmement
14:36 riches.
14:37 La légende veut que Georges Brassens ait écrit pour vous une chanson.
14:42 C'est vrai ou c'est pas vrai ? Bien sûr que c'est vrai.
14:45 Je le présentais à l'Olympia et bien entendu, Georges me dit « Nadine, est-ce qu'on
14:50 peut dîner demain soir ? ». Je lui dis « oui, demain soir avec grand plaisir ». Et
14:55 puis il me dit « vous êtes sûre que c'est demain soir ? ». Je dis « non Georges,
14:58 ça ne sera pas demain soir mais après demain soir ». Et ça a toujours été après demain
15:02 soir.
15:03 Toujours, toujours.
15:04 Donc la peau de vache c'était vous ? C'était moi.
15:05 La fameuse peau de vache de Georges Brassens c'était vous ?
15:08 La peau de vache c'était moi et c'était normal parce que je le faisais rêver.
15:11 Voyez-vous, en lui disant « demain ». Et ce demain n'a jamais été demain parce
15:16 que ça a toujours été demain.
15:17 Je raconte une confidence aux auditeurs.
15:20 Avant que cette interview ne commence, vous m'avez demandé, vous les filles de votre
15:24 génération, comment faites-vous rêver les hommes puisque vous arrivez en jean, vous
15:29 repartez en jean et vous ne quittez jamais votre jean.
15:33 Ce qui est un peu vrai d'ailleurs.
15:34 Ce qui est un peu vrai d'ailleurs.
15:35 Il n'y a pas eu que Georges, attention.
15:41 Non, non, j'en suis sûre.
15:43 Nous on a choisi pour vous Dalida.
15:45 Vous l'avez connue Dalida ?
15:46 Oui, j'ai été avec elle à Quiberon.
15:51 Elle finissait sa cure, je commençais ma cure et elle m'a dit Nadine, lundi nous déjeunons
15:57 ensemble, je rentre à Paris et le dimanche elle s'est suicidée.
16:00 Et on devait déjeuner ensemble le lundi.
16:03 C'est fou.
16:04 Oui, c'est fou.
16:05 Alors, est-ce que j'aurais pu l'aider parce qu'elle était très amoureuse d'un
16:10 médecin qui apparemment devait être marié et n'a jamais voulu divorcer pour elle.
16:14 Je suppose parce que j'avais vaguement entendu ce bruit.
16:17 Mais c'était une femme qui, je crois qu'il y avait quelque chose qui manquait puisque
16:23 tous les hommes avec qui elle a vécu quand même sont morts, se sont suicidés.
16:27 Attention.
16:28 Il y avait sûrement une triste âge chez elle qu'elle faisait passer dans sa vie et
16:33 qui ne plaisait pas sûrement.
16:35 Dalida.
16:36 Tu n'as pas très bon caractère, après tout qu'est-ce que ça peut faire ? Je t'aime
16:48 avec tous tes défauts, tu en as pourtant de bien gros.
16:53 Pour rien tu as des colères qui me crispent et qui m'exaspèrent.
17:00 Mais tu as des petits à côté qui m'obligent à te pardonner.
17:06 Depuis toujours j'avais rêvé d'un ange mais avec toi vraiment cela ne change.
17:17 Et lorsque je suis prête à te maudire, tu prétends que je pourrais trouver pire.
17:26 Alors je n'ai plus rien, plus rien à dire.
17:34 Tu n'as pas très bon caractère, après tout qu'est-ce que ça peut faire ? Maintenant
17:43 je suis résignée, tu peux tranquillement tout casser.
17:48 Je dois faire tes petits caprices ou subir les pires injustices.
17:54 Cependant c'est plus fort que moi, je m'ennuie quand tu n'es pas là.
18:02 Lorsque tu fais parfois trop de tapage, je deviens la risée du voisinage.
18:11 Au lieu de me dire bonjour quand je m'avance, tous les voisins rient qu'un temps en silence.
18:20 Ça fait toujours plaisir quand on y pense.
18:27 Tu n'as pas très bon caractère, après tout qu'est-ce que ça peut faire ? Maintenant
18:37 je suis habituée et j'arrive à te supporter.
18:42 Et d'ailleurs quand je me désole, je l'avoue ce qui me console, c'est qu'avec ce caractère-là,
18:53 tes petits flirts ne résistent pas.
18:56 Moi je reste quand même, parce que je t'aime.
19:10 *Saskia de Ville* Dalida en 1957, tu n'as pas très bon caractère.
19:14 Et c'est sûrement pas à vous qu'elle s'adressait Nadine de Rothschild.
19:19 Nous sommes vendredi, alors avant qu'on ne se quitte pour le week-end, je remercie
19:23 toute mon équipe, Lucie Lemarchand, Redouane Tella, Grégoire Collet et Elisabeth Rouvet.
19:29 *Saskia de Ville* Vous connaissez mon invitée, elle s'appelle Nadine de Rothschild, elle
19:39 publie aux éditions Gourcuff-Gradénigo avec son ami Eric Janssen, elle publie « Très
19:49 chère baronne de Rothschild ». Vous connaissez Nadine de Rothschild car
19:53 Nadine de Rothschild est devenue, ce qu'on appelle dans notre jargon, une créature médiatique,
19:58 immensément médiatique au début des années 2000.
20:01 Il y a d'abord ce mariage, bien longtemps auparavant, avec le baron de Rothschild.
20:08 Vous l'avez dit tout à l'heure, vous le rencontrez à un dîner, elle est là.
20:13 C'est le coup de foudre ?
20:14 *Nadine de Rothschild* Non, pas du tout.
20:15 Lui, paraît-il, lui me dit « vous allez être la femme de ma vie ». Je l'ai pris
20:21 bien entendu par-dessus la jambe.
20:24 Mais une semaine après, on vivait ensemble.
20:27 On ne s'est jamais quitté depuis, ça a duré 40 ans.
20:31 Et ça, cet homme parlait vrai, moi pas, mais lui oui.
20:35 J'ai fait mes classes, je dois dire, de femme auprès de lui, car ça n'était pas
20:41 l'homme à se laisser faire.
20:43 J'avais toujours eu la main, si vous voulez, très légère dans le domaine de la domination.
20:49 J'arrivais à dominer plus ou moins.
20:52 Avec lui, il n'en était pas question.
20:54 C'est lui qui imposait, c'est lui qui assumait.
20:57 Et dès le début, j'ai su que c'était l'homme qui allait sûrement changer ma vie.
21:02 Je ne pensais pas du tout que j'allais être son épouse, n'étant pas de religion juive.
21:07 Donc, ça a été, si vous voulez, pour moi, je me suis dit « il va épouser un jour une
21:12 jeune femme de sa religion ».
21:16 Et le temps a fait que nous sommes tombés l'un et l'autre très amoureux.
21:21 Vous vous êtes convertie.
21:23 Je me suis convertie au judaïsme.
21:25 Vous étiez catholique ?
21:26 J'étais catholique.
21:27 Et je me suis dit, lorsque j'ai eu mon fils Benjamin, qu'il ne pouvait pas y avoir
21:30 deux directions.
21:31 Il fallait qu'il y en ait qu'une, et c'était celle-ci.
21:34 Donc, le grand rabbin a été, si on peut dire, la personne qui m'a emmenée dans ce
21:39 monde fantastique d'une communauté juive.
21:42 Je suis très vite devenue présidente d'une grande organisation de femmes qui s'appelle
21:47 l'Aviso.
21:48 Et avec un très grand respect, ces femmes m'ont accueillie.
21:52 Et ça, ça a changé complètement ma vie parce que j'ai vu que je devenais vraiment,
21:57 à ce moment-là, une baronne de Rothschild.
21:59 Oui.
22:00 Je vais vous faire écouter une très belle archive.
22:03 C'est le père de votre mari, au moment de son enterrement avec son épouse.
22:12 C'est au moment où les corps sont rapatriés en Israël.
22:14 Le vœu formulé par le richissime baron Edmond de Rothschild s'est réalisé.
22:22 La frégate Mifta, venant de Marseille, a amené à Haïfa les restes du baron et de
22:26 son épouse, mort en France voici 20 ans.
22:29 Les honneurs militaires ont été rendus à celui qu'Israël appelle le père des colons.
22:34 Le jeune état a fait de grandioses funérailles à son bienfaiteur, qui a voulu reposer en
22:40 terre promise.
22:41 Le baron de Rothschild va reposer dans le mausolée creusé au sommet de la colline
22:46 qu'il avait choisi comme lieu de sépulture et qui s'appellera désormais la colline
22:49 du baron.
22:50 Et c'était le grand-père de votre époux, le grand-père du baron de Rothschild qui
22:58 est devenu votre époux.
23:00 C'est aussi toute l'histoire de la famille Rothschild.
23:03 C'est l'histoire, quand on entre dans la famille Rothschild, on entre dans une famille
23:08 qui par tradition se doit de contribuer à la protection de la communauté juive.
23:14 Non absolument, c'est indispensable.
23:18 En ce qui me concernait, il a fallu vraiment que pas à pas je me documente.
23:25 J'ai fait deux ans avec une étudiante en théologie et quand je me suis convertie à
23:29 la synagogue de la rue de la Victoire à Paris, j'ai été, si je peux employer ce mot,
23:35 interviewée par six rabbins sur tout ce qu'était la Bible, de tout ce qui était l'Ancien
23:40 Testament.
23:41 Et moi qui n'avais fait pratiquement rien comme étude puisque je suis partie avec un
23:45 certificat d'études primaires, ça partait, ça sortait comme si ça avait été toute
23:50 ma vie.
23:51 Et après ça a été toute ma vie.
23:52 Je suis entrée vraiment avec, comme je vous l'ai dit, des femmes magnifiques avec qui
23:58 j'ai travaillé pendant presque 60 ans quand même.
24:02 Je travaille moins mais je suis toujours près d'elles.
24:06 Et je dois ouvrir une parenthèse, les Rothschild m'ont appris à être généreuse, ce que
24:12 je ne savais pas.
24:13 Et la grande générosité...
24:15 C'est-à-dire que quand on a manqué de tout, quand on est très jeune, on ne sait pas être
24:20 généreux vraiment.
24:21 On gagne de l'argent parce qu'on en a toujours eu besoin.
24:24 Exactement, tout à fait.
24:25 Et là j'ai appris ce qu'était la grande générosité grâce à ces femmes.
24:28 D'ailleurs, toutes les baronnes dont je parle ont été des femmes, ou nées Rothschild
24:32 ou devenues Rothschild, extrêmement généreuses.
24:35 C'est-à-dire que...
24:36 Des mécènes, des philanthropes.
24:38 Complètement.
24:39 Elles ont ouvert, la baronne Betty a ouvert aujourd'hui ce qui est encore le grand hôpital
24:44 Rothschild au Bichaudmont et qui est notre grande spécialité aujourd'hui, c'est la
24:50 neurologie dans tous les domaines.
24:53 Vous-même.
24:54 Mes gorges-oreilles.
24:55 Moi je m'en suis occupée pendant 40 ans.
24:56 Et vous-même, vos oeuvres.
24:59 Exactement, j'avais mes propres oeuvres, j'avais des maisons qu'avait créées ma
25:02 belle-mère pour les enfants juifs qui malheureusement avaient les parents qui étaient morts en déportation.
25:08 Aujourd'hui, la maison est ouverte pour toutes les nationalités, toutes les religions et
25:14 ça continue aujourd'hui.
25:16 Et c'est vraiment...
25:17 Et j'en suis ravie.
25:18 Et dans le domaine de la médecine également parce que vous vivez à Genève.
25:21 À Genève, là, j'ai cette année sept projets très importants pour l'hôpital de Genève.
25:29 J'ai alors une chose qui me tient à cœur, qu'une de mes amies journalistes qui est
25:35 rédactrice en chef du Match et de Elle à Genève, c'est son idée et je vais la poursuivre
25:41 avec elle.
25:42 Nous allons créer la Légion d'honneur du cœur.
25:45 C'est-à-dire que tous les patrons qui vont ne pas empêcher les femmes qui ont soit un
25:50 cancer de venir travailler.
25:53 Vous voyez ? Et ça, elle m'a dit que c'était quelque chose qui existait dans toutes les
25:56 entreprises où une femme qui a un cancer du sein, un cancer, ne peut plus avoir le
26:02 même rapport avec ses patrons.
26:04 Non, c'est très stigmatisant d'être malade.
26:06 Exactement.
26:07 Alors nous allons créer, nous avons déposé le titre, la Légion d'honneur du cœur.
26:10 Et chaque année, nous remettrons un patron, la Sa Légion d'honneur du cœur.
26:14 Je sais que ça existe sous une autre forme.
26:16 Mais on suit, je crois que c'est Monsieur Lévy d'ailleurs de Publicis qui avait déjà
26:21 pensé à cette chose.
26:22 C'est ça, et Arthur Sadoun qui est l'actuel patron de Publicis, qui lui-même a été
26:26 malade d'un cancer, qui lance un plan mondial d'incitation justement auprès des entreprises
26:33 pour que les malades du cancer soient mieux pris en charge dans le domaine du travail.
26:36 Vous avez raison.
26:37 Et là, nous le faisons sur un pied bien entendu moins important.
26:40 On peut peut-être se joindre à eux d'ailleurs.
26:42 Mais ça s'appellera la Légion d'honneur du cœur.
26:45 Ce qui est un joli, très joli titre.
26:47 Nadine de Rothschild, on revient à vos coups d'éclat médiatiques.
26:51 Vous voilà invitée, réinvitée sur les plateaux de Thierry Ardisson.
26:55 Au point que Laurent Bafi, son sniper préféré, au début vous regarde en chien de faïence
27:00 et à la fin, vous devenez les meilleurs copains du monde.
27:03 Absolument.
27:04 J'accueille maintenant Nadine de Rothschild.
27:06 Bonsoir Madame.
27:07 Bonsoir Monsieur.
27:08 Parce que je sais que vous n'aimez pas beaucoup quand on dit bonsoir.
27:11 Non.
27:12 Alors Nadine, est-ce qu'on peut saucer avec son pain ?
27:14 Non.
27:15 Est-ce que saucer c'est tromper ?
27:16 Est-ce que saucer c'est tromper ? Ils ont tout osé avec vous.
27:27 C'est-à-dire ?
27:28 Enfin, c'est-à-dire qu'on vous devait quand même un certain respect.
27:33 D'abord, vous n'étiez plus très jeune déjà à ce moment-là.
27:36 Vous avez 90 ans aujourd'hui.
27:38 Vous portez un titre.
27:39 Vous représentez une famille prestigieuse.
27:42 Et vous voilà vous encanaillant sur les plateaux de Thierry Ardisson.
27:47 Avec le recul, vous en gardez un souvenir très joyeux, très positif.
27:51 Ou vous avez eu l'impression d'être quand même moquée, d'avoir été caricaturée ?
27:56 Non, pas du tout.
27:58 Alors là, je reviens un peu en arrière.
28:00 Il n'y a pas d'âge pour plaire, Mademoiselle.
28:03 Donc la télévision, c'est de la séduction aussi ?
28:07 Bien entendu.
28:08 Et puis c'est surtout une partie de mensonges, de non-vérité.
28:13 Bien entendu.
28:14 C'est du théâtre ?
28:15 C'est du théâtre.
28:16 Heureusement d'ailleurs.
28:17 Je le répète, il faut faire rêver les gens qui vous voient et qui vous écoutent.
28:20 Alors donc, M. Ardisson, adorable, charmant.
28:24 J'ai fait beaucoup d'émissions avec lui.
28:26 Et j'adorais qu'il me mette, si on peut dire, en boîte.
28:29 Et c'est vrai que la séduction, là, je l'ai employée à mort.
28:35 Et vous assumez parfaitement ?
28:37 Mais j'assume parce que je suis une femme et c'est un métier que d'être femme.
28:41 Mais c'est un métier que d'être d'homme aussi.
28:44 Ah ben sans aucun doute.
28:45 Et Thierry Ardisson a joué la séduction à sa façon lui-même toute sa carrière.
28:50 Mais oui, mais heureusement.
28:51 Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas le propre de la femme que de séduire.
28:55 Mais bien entendu, c'est un échange.
28:57 Qu'est-ce que c'est que le coup de foudre ? C'est quand vous regardez quelqu'un
29:01 et tout à coup, vous n'êtes plus la même personne.
29:03 C'est ça la séduction.
29:04 Vous l'avez séduit, il vous a séduit.
29:06 Bon ben c'est ça.
29:07 Sinon, vous ne partiriez pas avec lui.
29:09 Il ne faut pas dénier ça.
29:10 C'est important.
29:11 Vous avez reçu ce don.
29:13 Et des femmes ne l'ont pas.
29:15 Pas toutes.
29:16 Vous l'avez reçu, servez-vous de ce que vous avez reçu.
29:19 La beauté, vous n'allez pas détruire votre visage parce que vous êtes une jolie femme.
29:24 Alors pourquoi refuser ce que l'on vous donne en supplément ?
29:27 Nadine Rauchil, vous avez vécu une vie absolument phénoménale.
29:32 Une vie de jet set, comme on peut dire vulgairement.
29:35 Une vie d'aristocrate d'un autre siècle.
29:38 Parce que c'est le XXe siècle que vous racontez.
29:40 Dans les barones de Rauchil, vous remontez bien avant le XXe siècle.
29:43 Oui, depuis 1800.
29:44 Mais il y a votre génération de barones.
29:47 Il y a Marie-Hélène de Rauchil.
29:50 Il y a Philippine de Rauchil, que vous avez si bien connue.
29:53 Il y a toutes vos photos.
29:54 Donc d'une certaine manière, il y a le XXe siècle dans ce livre.
29:58 Un certain XXe siècle.
30:00 Oui, le XXIII est encore plus incertain aujourd'hui.
30:04 Mais cela étant dit, j'en ai vraiment profité.
30:07 Ces femmes, que ce soit Philippine, que ce soit Marie-Hélène, Liliane,
30:11 Cécile de Rauchil, qui était la grande amie de Greta Garbo.
30:17 Et nous avions, si vous voulez, un modèle toutes les deux.
30:21 Elle recevait Greta Garbo très fréquemment chez elle.
30:25 Et Greta était une femme qui se levait très très tôt.
30:28 Très très tôt.
30:29 Donc Cécile ne se levait pas tôt.
30:32 Elle m'appelait, elle me disait "Est-ce que tu veux t'occuper de Greta ?"
30:35 Bon, alors j'ai promené Greta pour marcher avec elle, pour la rendre après à Cécile,
30:42 en lui disant "Bon, ben maintenant, je te la rends pour déjeuner."
30:46 Et puis après, ça a été Massimo Garcia, que vous devez connaître.
30:51 Oui, qui était un grand chroniqueur mondain.
30:53 Absolument.
30:53 Lui aussi, qui a donné tout ce qu'il a pu à la télé en se moquant de lui-même
30:58 et qui a été beaucoup caricaturé.
30:59 Oui, mais tant mieux, c'est qu'on existe si on est caricaturé.
31:02 C'est vrai, c'est vrai.
31:04 Est-ce que vous pourriez, juste pour finir et nous faire rêver, nous raconter ce que
31:08 ça a été que ce bal Proust, donné par vos cousins Guy et Marie-Hélène, probablement
31:13 au château de Ferrière en 1971 ?
31:16 Alors, j'ai été invitée au bal Proust.
31:19 Je me suis précipitée sur les madeleines bien entendu.
31:22 Bon, parce que je suis très gourmande.
31:24 Mais cela étant dit, tout le monde, il y avait Cécile Bitton qui était là pour faire
31:28 les photos.
31:29 Un immense, immense photographe.
31:31 Immense photographe.
31:32 Malheureusement, il y avait tellement de monde qui attendait pour se faire tâcher.
31:36 Je n'ai pas eu la patience.
31:37 Je n'ai pas eu la patience d'attendre.
31:39 Vous vous souvenez de votre toilette ?
31:40 Je crois que j'avais une robe de chez Givenchy en tulle noire ravissante, mais absolument
31:47 ravissante, que j'ai toujours d'ailleurs.
31:48 Et ravissante.
31:49 Mais toutes les femmes étaient d'une grande, grande élégance.
31:52 Très grande élégance.
31:53 Alors, décrivez-nous ce bal.
31:55 Alors, il y avait Hélène Rochas.
31:56 Il y avait, bien entendu, Marie-Hélène était la reine de la décoration.
32:01 Il y avait des plantes vertes partout parce que ça représentait quand même une époque
32:05 où les femmes adoraient leur intérieur et mettaient beaucoup de charme dans leur intérieur.
32:10 On ne dînait pas à la cuisine, voyez-vous.
32:12 C'était fini.
32:13 Il n'y avait pas de jeans non plus.
32:15 Bon, je reviens toujours sur cela, mais j'aimerais tellement vous mettre en valeur, mesdames.
32:19 Cela étant dit, le bal Proust a été l'élément du siècle.
32:24 Tout le monde voulait être invité.
32:26 Il y avait toute une liste, bien entendu, de personnages qui ne l'étaient pas.
32:30 Est-ce que tu y vas ?
32:31 Néo Tredeburn, on était.
32:32 Yves Saint Laurent, on était.
32:33 Tout le monde était là.
32:35 Tout le monde était là.
32:36 Et puis, il y a ceux qui n'y étaient pas.
32:37 Alors, ça, ils partaient tous en voyage ce jour-là.
32:40 Je ne peux pas, je refusais, bien entendu.
32:42 Voilà.
32:43 Il fallait se donner une contenance.
32:45 Oui.
32:46 Et alors, il y avait le clan Marie-Hélène de Rothschild sur Paris et le clan Nadine de
32:50 Rothschild à Genève.
32:51 Car j'habitais le château de Preny et j'avais fait, moi aussi, pas à la même époque,
32:56 un grand bal Bonny.
32:57 Un contrebal ?
32:58 Exactement.
32:59 Qui était le bal Boldini.
33:00 Alors là, moi, j'avais plutôt…
33:02 Boldini, c'était un grand peintre italien.
33:04 Un grand peintre italien avec des femmes ravissantes, parfumées.
33:08 C'est ça.
33:09 C'était très Proustien, les peintures de Boldini.
33:12 Complètement.
33:13 C'était les femmes de la belle époque avec des tenues incroyables, des éventails, des
33:17 chignons magnifiques.
33:18 Des plumes partout.
33:19 Et vous aviez donné un bal Boldini ?
33:21 Absolument.
33:22 J'avais accroché tous les tableaux Boldini que mon mari avait dans la collection.
33:26 Et c'était absolument somptueux.
33:30 Les femmes n'avaient pas la même robe.
33:32 Elles s'étaient refaites faire une robe.
33:33 Elles auraient pu utiliser la robe.
33:35 Non.
33:36 Elles s'étaient refaites faire une robe.
33:37 Les hôtels étaient remplis d'invités.
33:39 Il y avait les Kennedy.
33:40 Il y avait tous ces gens qui brillaient.
33:42 Il y avait la princesse… La princesse… Comment s'appelle-t-elle ? La reine Sophie
33:47 qui était venue avec le roi d'Espagne.
33:49 Enfin, toute la G7 était là.
33:51 Et ça, ça a été aussi le grand succès.
33:54 Marie-Hélène a été furieuse parce que je ne l'avais pas invitée.
33:57 Elle m'a bien entendu.
33:58 Vous ne saviez pas inviter Guy et Marie-Hélène de Rothschild ?
34:01 Non, absolument pas.
34:02 Mais quelle punaise vous étiez !
34:03 Je n'étais pas ce qu'on appelle une femme gentille.
34:06 Attention ! Non, non, non.
34:07 Je savais aussi, apparemment, mon trait et mes griffes.
34:11 Merci beaucoup Nadine de Rothschild.
34:13 Merci d'être venue à Paris nous voir.
34:16 Très chère baronne de Rothschild, parait donc aux éditions Gourcuff, Grès-Dénigaud.
34:21 Et il est co-signé d'Éric Janssen.
34:22 Vous vous connaissez depuis très longtemps.
34:24 Il y a une immense complicité entre vous.
34:26 Complètement.
34:27 Il pourrait être mon petit-fils.
34:28 Voilà.
34:29 Il se moque beaucoup de vous et vous lui rendez bien.
34:33 Je le lui rends bien.
34:34 Voilà, exactement.

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