Hommage à Philippe Tesson : l'intelligence d'un journaliste inclassable

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il souhaite rendre hommage à Philippe Tesson, disparu cette semaine.
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Transcript
00:00 - 7h, 9h, Dimitri Pavlenko. - Il est 7h53 sur Europe 1, l'édito politique sur Europe 1. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:07 - Bonjour Dimitri. - Du Figaro ce matin, Vincent, édito un peu particulier. Vous voulez nous parler d'un journaliste qui nous a quitté hier, un homme de culture, d'esprit, qui fut aussi un grand journaliste politique.
00:17 - Oui, je voudrais vous parler de Philippe Tesson. Philippe Tesson, c'était d'abord un œil. Un œil bleu, vif, dans lequel pétillait l'insolence et la vivacité.
00:27 C'était un œil et c'était un corps, des épaules larges, une grâce naturelle dans l'attitude des mouvements de comédiens.
00:32 Et puis ensuite venait le verbe, une langue incisive et brillante, un torrent de culture, d'humour, de férocité et de liberté.
00:39 Journaliste sorti tout droit du balzac d'illusions perdues, il donnait à notre métier une patine de talent, de culot et d'anticonformisme qui nous manque beaucoup trop souvent.
00:48 Je vous donne un exemple qui parlera dans cette maison. C'était au début des années 80, Pierre Moroy était Premier ministre et il était l'invité du grand rendez-vous d'Europe 1.
00:57 Moroy avait été particulièrement bousculé pendant son émission et Tesson avait mis comme titre à la Une du quotidien de Paris qu'il dirigeait alors, "Europe 1, Moroy 0".
01:06 Il avait apporté la Une le soir même à Matignon où il était reçu à dîner et Moroy, en découvrant le titre, l'avait pris dans ses bras.
01:15 Il faut dire que les deux hommes avaient été ensemble à la communale en Picardie et figurez-vous qu'à l'époque il n'y avait pas eu de polémique débile parce qu'un directeur de journal dînait chez le Premier ministre.
01:23 - Oui, autre temps, autre meurtre, c'est tellement vrai que la vie de Philippe Tesson s'étend sur près d'un siècle.
01:29 - Oui, je crois que je ne suis pas né pour mourir, a-t-il murmuré il y a quelques semaines à l'hôpital. Et oui, sa vie est un roman.
01:37 Enfant, il a connu la guerre, l'occupation, la libération. Il a 30 ans dans l'effervescence de la vie intellectuelle.
01:43 Il devient rédacteur en chef à Combat, directeur de collection pour les éditions de la Table Ronde. Il croise Albert Camus, Antoine Blondin, Françoise Sagan.
01:50 En 1974, il fonde le quotidien de Paris, Pépinière de Talens où se croiseront, écoutez bien, Claire Chazal et Philippe Manière, Eric Zemmour et Eric Neuf,
01:58 Georges Magnanamou et Martin Pelletier, Jean-Marie Rouart, Judith Vintraub, Dominique Jammet, Bertrand de Saint-Vincent et bien d'autres.
02:04 A 83 ans, il a racheté le théâtre de Poche à Montparnasse dont il s'occupait jour et nuit avec sa fille Stéphanie.
02:10 Philippe Tesson, jusqu'à 94 ans, allait au théâtre tous les soirs et toutes les semaines jusqu'au bout, il envoyait sa chronique hebdomadaire au Figaro magazine.
02:18 Pendant le Covid, il s'était battu comme un lion pour que les théâtres restent ouverts. C'était un homme qui a défendu sans relâche la liberté, le talent et la culture, le travail aussi.
02:27 Alors l'idée de prendre un jour sa retraite lui était absolument étrangère.
02:30 - Bon, disons les choses franchement, Vincent, Philippe Tesson, c'était aussi un homme de droite.
02:34 - Ben disons qu'il n'était pas de gauche, mais un journaliste n'a ni carte, ni parti. Et en fait, Tesson était inclassable. Il était tout bêtement français.
02:43 Et c'est la leçon qu'il nous laisse, l'art d'être français. C'est-à-dire préférer le clair-obscur de la littérature à la transparence vétilleuse de la société de surveillance.
02:51 C'est-à-dire choisir de rire de tout pour ne pas être obligé d'en pleurer. C'est-à-dire s'inquiéter quand le conformisme écrase tout sur son passage.
02:58 C'est-à-dire répondre à l'esprit de sérieux par les charmes de la légèreté, au tragique de l'existence, par la puissance comique de la vie.
03:04 - Une vie entière aussi aux premières loges, et pourtant ce journaliste n'a jamais écrit un livre.
03:09 - Oui, et c'était pour lui comme une fierté. Un journal comme la vie ne dure qu'une journée.
03:13 C'est ce que pensait cet homme de l'éphémère, du quotidien. Il avait le génie du présent, de l'instant.
03:18 Mais comme c'était aussi un homme prévoyant et d'une grande élégance, Tesson l'Ancien, pour que l'on se console, nous laisse son fils Sylvain, Tesson le Jeune.
03:26 On passe ainsi des hauts de cime du journalisme au sommet de la littérature.
03:29 On reste en altitude, mais on a le cœur triste et plein de reconnaissance.
03:33 - Oui, une pensée pour toute la famille Tesson. Vincent Trémolet de Villers sur Europe 1.
03:37 Et on retrouve Philippe Tesson d'ailleurs à la Une du Figaro, qu'il partage ce matin avec La France face au défi des islamistes.
03:44 Et voilà, il y a un double page magnifique dans le Figaro.
03:47 - Magnifique papier de Bertrand de Saint-Vincent, d'Armel Elio et beaucoup d'hommages, oui.
03:50 - A voir, merci. Je suis né aussi à la Une. Feel good du Figaro Magazine cette semaine, spéciale escapade au soleil. Ça change.
03:55 Nous sommes le vendredi 3 février. Bon week-end Vincent, merci à vous.

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