• l’année dernière
Le harcèlement scolaire continue de sévir dans les cours de récré et les salles de classe faisant une nouvelle victime. Lucas, tout juste âgé de 13 ans, s’est donné la mort après avoir été victime de moqueries, d’insultes à caractère homophobes de la part de quatre de ses camarades, qui seront bientôt jugés. Cette lutte contre le harcèlement scolaire, Nora Fraisse en a fait le combat d’une vie, depuis que sa fille, elle aussi âgée de 13 ans, s’est suicidée pour les mêmes raisons il y a maintenant 10 ans. Invitée sur le plateau de Télématin, cette porte-parole et fondatrice de l’association « Marion la main tendue » poursuit sa campagne de prévention pour lutter contre ce fléau qui gangrène les établissements scolaires.  

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Dès 8h14, un interview d'actualité, la mort du jeune Lucas harcelé au collège nous a réveillé une nouvelle fois sur le drame du harcèlement scolaire.
00:07 Ce matin, Julia, vous recevez Nora Fresse dont la fille a vécu le même drame que Lucas et qui a fait de ce combat celui de toute sa vie.
00:13 Bonjour et bienvenue à vous.
00:14 Bonjour Nora Fresse, merci d'être avec nous ce matin.
00:17 Thomas le disait une fois de plus, le harcèlement scolaire a tué Lucas, un jeune homme de 13 ans, s'est suicidé.
00:22 C'était début janvier, il avait été victime de moqueries, d'insultes à caractère homophobe et de manière répétée
00:28 de la part de quatre de ses camarades qui seront bientôt jugés.
00:32 Le 13 février prochain, ça fera dix ans que votre fille Marion a disparu, dans les mêmes circonstances que Lucas.
00:38 Comment vous avez réagi face à ce nouveau drame ?
00:43 J'ai déjà dit, j'ai réagi plutôt mal parce que c'est un aveu d'échec collectif, c'est de se dire qu'encore des enfants mettent fin à leur jour.
00:51 Je suis un petit peu émue parce qu'il y a Thomas Soto pas très loin et j'avais fait ma première interview avec lui en 2013.
00:58 Et j'évoquais déjà ce sujet-là et je me dis que dix ans après, on est encore en train de pleurer de nos enfants qui mettent fin à leur jour.
01:07 Donc c'est assez compliqué, mais voilà, il faut rendre hommage à toutes les familles qui se battent et à tous ces enfants
01:12 parce qu'évidemment, il y a Lucas, Marion, Dina, Ambre et tellement d'enfants.
01:16 Donc je pense aux familles, aux mamans, aux frères et aux sœurs parce que c'est un tsunami dans la famille et pour la nation en général.
01:22 Je vous propose justement d'écouter la maman de Lucas qui a pris la parole, c'était il y a deux jours, lundi.
01:27 Écoutons ce qu'elle a dit justement à propos des quatre enfants qui sont mis en cause dans le suicide de Lucas.
01:32 Qu'ils reconnaissent déjà et que ça les fasse réfléchir, qu'ils ne recommencent pas, vraiment qu'ils ne recommencent pas.
01:41 Après, ça reste des enfants, ça reste des enfants.
01:47 Il faut juste que je veuille qu'ils réagissent à ce qu'ils ont fait.
01:50 Je ne leur veux pas de mal, je ne veux pas qu'ils...
01:53 Voilà, ça reste des enfants.
01:57 Ils n'ont peut-être pas vu ça comme du mal ou quoi, mais voilà, c'était récurrent.
02:02 Donc, juste qu'ils mesurent leur parole à chaque fois qu'ils parlent à quelqu'un.
02:07 Mais c'est des enfants, malheureusement, ce ne sont que des enfants.
02:13 Laura Fraisse, qu'est-ce que vous pensez de ce qu'on vient d'entendre ?
02:16 D'abord, il faut respecter la parole de la maman.
02:19 C'est le sentiment qu'elle a au moment où elle le dit et peu de temps après le décès de Marion.
02:23 C'est vrai que moi, j'avais pris la parole de Lucas.
02:26 C'est un lapsus, pardon.
02:29 Ces histoires de...
02:30 En fait, ça me ramène, bref.
02:33 Ce ne sont que des enfants.
02:34 Je pense que...
02:35 Alors, je ne vais pas parler en son nom.
02:36 Moi, compréhension en tant que maman et déléguée générale d'une association nationale,
02:44 c'est qu'on veut croire que ce ne sont que des enfants et c'est pour ça...
02:46 C'est plutôt un message...
02:47 Moi, je le ressens si j'étais...
02:49 C'est de la prévention.
02:51 N'oubliez jamais qu'un enfant doit rester un enfant et ne pas entrer dans la spirale de la violence
02:55 qui peut conduire jusqu'à la mort,
02:57 mais aussi une mort liée à la santé mentale, au décrochage scolaire.
03:00 Et c'est très fort.
03:02 Qu'est-ce que risquent, Noraphrez, ces quatre enfants qui vont être jugés,
03:05 deux garçons et deux filles qui sont mis en cause ?
03:07 Parce que depuis mars 2022, il y a une loi qui dit que le harcèlement scolaire est un délit.
03:11 Oui, il y a un délit spécifique qui vient changer la loi qui était le délit général de 2014.
03:17 Ça, ce sera au juge d'en décider.
03:19 On est avec des enfants qui ont, je crois, pour l'un 12 ans et l'autre 13 ans.
03:22 Donc, c'est la justice des mineurs.
03:24 Il faut travailler aussi sur ce qu'on appelle la justice restaurative et réparatrice,
03:28 comprendre ce qu'on a fait, pourquoi on en est arrivé là.
03:32 Et puis, éviter la récidive et qu'on arrive dans des conduits délictuels à répétition.
03:36 Donc, ça demande un accompagnement de ses enfants, de la famille.
03:40 Il faut penser aux fratries et à toute la famille qui est concernée.
03:43 Aux enfants qui restent parfois.
03:45 Oui, parce qu'il faut penser aux frères et aux sœurs, mais on pense aussi aux camarades.
03:48 Je l'ai vu pour Marion.
03:50 Les vrais amis ont des traces aujourd'hui.
03:52 Marion n'est plus là, leur ami n'est plus là.
03:54 Donc, c'est une partie de leur adolescence et de leur enfance qui est gâchée aussi.
03:58 Noraphrez, on va revenir sur ce qu'est le harcèlement.
04:01 Je pense aux parents qui nous écoutent.
04:02 Quel est le profil des enfants qui sont harcelés ?
04:04 Comment le reconnaître ?
04:05 Comment savoir que son enfant est dans une situation inextricable ?
04:11 C'est très compliqué.
04:12 Quand je vais vous quitter, je vais réaliser une formation auprès des enseignants.
04:15 Ça va durer une journée pour essayer de détecter les signaux faibles, ces petits signes qu'ils font.
04:20 Moi, ce que je veux dire aux parents qui nous regardent ou aux enfants,
04:22 votre enfant peut être harcelé, mais n'oubliez jamais qu'il peut être harceleur.
04:27 Et je pense que c'est là qu'on va changer la donne.
04:28 Pour qu'il y ait un enfant harcelé, il faut parler avec eux de la violence
04:33 et de leur dire si on a un comportement inapproprié.
04:36 C'est de la colère qui est transformée en violence.
04:38 Rappelez la définition, si je puis me permettre.
04:40 Des violences répétées, verbales, physiques, psychologiques.
04:43 Il n'y a pas de profil type.
04:44 Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que les garçons, d'après notre enquête de Marion Lamain-Tendu,
04:49 ont plutôt accès à des violences physiques, des bousculades, des coups.
04:53 C'est comme ça qu'ils verbalisent cette violence.
04:55 Les jeunes filles seraient plutôt dans la violence psychologique,
04:58 les mises à l'écart, les rumeurs.
04:59 Et puis cette balisation de la violence verbale.
05:01 Surtout parler à son enfant des conséquences.
05:03 Et sachez que dans une classe, il y a à peu près trois enfants par classe
05:07 qui sont victimes de harcèlement,
05:08 cinq ou six qui sont des agresseurs avec une meute.
05:11 C'est une dynamique de groupe.
05:12 Si on doit retenir une chose, c'est une dynamique de groupe.
05:14 Il faut casser cette dynamique.
05:16 Et des enfants témoins.
05:17 Des enfants témoins qui peuvent aussi aller voir.
05:19 Depuis septembre 2021, il existe le programme Phare
05:22 dans tous les établissements scolaires de la République.
05:24 Ces enfants témoins peuvent aussi aller voir des ambassadeurs
05:27 et dire ce qui se passe.
05:28 Est-ce que vous pensez que ça peut se passer justement entre enfants ?
05:31 Est-ce que le harcèlement peut se régler aussi de cette manière-là ?
05:34 On a travaillé avec le programme Phare à se dire
05:36 comment on peut aider à casser cette dynamique de groupe
05:38 et empêcher le harcèlement.
05:40 Et en effet, alors pas tous les établissements de France,
05:42 parce que ça concerne l'école primaire et le collège,
05:44 mais n'importe quel établissement peut se lancer dans ce programme,
05:47 il est gratuit.
05:48 C'est de se dire la résolution par les pairs PERS.
05:51 On sait que nos enfants voient en l'autre son alter ego
05:54 et l'appartenance au groupe.
05:56 Donc un groupe positif, 10 élèves par établissement,
05:59 une équipe ressource, c'est-à-dire des personnels de l'éducation
06:02 qui sont formés pour prendre en charge la parole, l'accompagner,
06:05 et surtout les familles.
06:06 N'hésitez pas à poser des questions, à être reçus.
06:09 Demandez au chef d'établissement et puis à votre association
06:13 également qui existe, un lieu de parole aussi.
06:15 La maison de Marion.
06:16 Où vous recevez les familles Marion,
06:18 exactement la maison de Marion, ainsi que votre application,
06:21 on va le voir, Colibri, C-O-L-I-B-R-I.
06:24 Et puis évidemment, Nora Fress, on le rappelle,
06:25 des numéros dédiés, le 30-20 contre le harcèlement scolaire
06:28 et le 30-18 contre le cyberharcèlement.
06:31 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
06:33 Merci Nora.
06:34 Merci Nora Fress.
06:35 Je voulais juste vous dire que je me souviens très bien
06:36 de la lettre des mots de Marion que vous aviez lue,
06:39 c'était sur Europe 1 à l'époque.
06:40 Absolument.
06:41 C'était très, très émouvant.
06:42 Je partage votre émotion, je partage votre colère.
06:44 Et le papa que je suis vous remercie pour le combat que vous menez.
06:47 On est plusieurs.
06:48 Merci au bénévole et à notre équipe, on n'est pas seuls.
06:50 Merci, bon courage Madame.
06:51 Merci à vous.

Recommandations