Marine Le Pen, députée du Pas-de-Calais, présidente du groupe RN à l’Assemblée, était mercredi 1er février l’invitée du 8h30 franceinfo.
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00:00 Le projet de loi immigration est présenté aujourd'hui en Conseil des ministres.
00:03 Il prévoit notamment la création d'un titre de séjour "métier en tension"
00:06 mais aussi l'accélération des expulsions des délinquants étrangers.
00:10 Vous avez déjà dit que le RN allait voter contre. Pourquoi ?
00:13 Parce que je pense que les mesures qui pourraient aller dans le bon sens,
00:17 qu'on votera d'ailleurs, les mesures individuelles qui peuvent aller dans le bon sens,
00:20 ne sont pas au niveau du problème qui est le nôtre en matière de dérégulation totale
00:24 d'une immigration devenue anarchique, qu'on ne maîtrise plus du tout.
00:29 Alors qu'en revanche, et ça ne compense pas si vous voulez,
00:32 la création d'une forme de campagne de régularisation de clandestins
00:37 qui est un appel d'air, je le crois, à une immigration clandestine d'ailleurs nouvelle
00:42 qui espèrera demain une autre régularisation.
00:45 Ça ne résout pas le problème des métiers en tension d'ailleurs.
00:50 Au passage, ça ne fait que peser à la baisse sur les salaires.
00:54 Et donc c'est l'ensemble de la société française qui paye les conséquences
00:58 de cette politique que l'on mène depuis 40 ans et dont on a pu constater
01:02 que les résultats sont mauvais pour l'économie.
01:06 Sur votre accusation de régularisation massive, Gérald Darmanin répond en disant
01:09 "mais attention, il y a des conditions pour avoir ce type de séjour,
01:12 il faut avoir séjourné depuis 3 ans dans le pays, travailler,
01:15 et puis aussi il propose de mettre sur la table des quotas par secteur,
01:20 s'il y a des quotas, est-ce que vous pourriez voter ?
01:23 Non, mais non. Donc il faut avoir été clandestin pendant 3 ans
01:26 pour avoir le droit d'être régularisé et travailler clandestinement
01:29 pour avoir le droit d'être régularisé. Vous croyez que c'est cohérent ça ?
01:32 Moi d'abord, les employeurs qui emploient des travailleurs clandestins,
01:36 moi je serais d'une fermeté totale avec eux.
01:39 Deuxièmement, il y a des peines normalement, quand on fait travailler un clandestin,
01:46 normalement on doit avoir des peines, y compris d'ailleurs des peines pénales.
01:49 Deuxièmement, moi je me mets à la place de l'étranger qui a respecté les règles.
01:53 Il a demandé l'autorisation de venir, il a demandé l'autorisation de travailler,
01:57 il travaille légalement, et il voit qu'en réalité il n'aurait peut-être pas dû faire ça,
02:01 puisque à côté il y a des gens qui viennent de manière clandestine
02:03 et qui vont obtenir le même statut.
02:05 Ça ne peut pas fonctionner comme ça une société.
02:07 Je veux dire, il y a des règles, il faut les faire respecter,
02:09 et moi la première des choses que je ferais, c'est que je repénaliserais la situation clandestine.
02:14 La clandestinité dans un pays est quelque chose d'inadmissible, voilà.
02:19 C'est inadmissible, et ça doit donc être condamné,
02:22 et les clandestins qui sont dans notre pays doivent être renvoyés chez eux,
02:26 et quand ils seront chez eux, ils feront une demande auxquelles on répondra positivement
02:30 ou non compte tenu de leur passé.
02:33 Est-ce que vous entendez Marine Le Pen, l'argument de l'UMI par exemple,
02:36 le syndicat de la restauration et de l'hôtellerie, qui dit "aujourd'hui ces emplois,
02:40 les français les refusent, ces emplois sous-qualifiés notamment en..."
02:43 Mais oui, bien sûr, le grand discours de l'UMI...
02:45 C'est pas vrai ?
02:46 Mais ça fait 40 ans qu'on nous vend ça, 40 ans !
02:50 Il n'y a pas de problème de main-d'oeuvre aujourd'hui dans la propriété,
02:53 dans les restaurants, il n'y a pas de problème de main-d'oeuvre.
02:57 Il n'y a aucun problème de main-d'oeuvre aujourd'hui dans ces secteurs.
02:59 Non mais c'est pas ce que je dis.
03:01 Je dis que ça fait 40 ans qu'on a 300 000 emplois non pourvus en France,
03:05 ça fait 40 ans qu'on nous vend le fait de faire venir des travailleurs étrangers pour les remplir,
03:11 et ça fait 40 ans qu'on a toujours les 300 000 emplois en question.
03:14 300 000 sur 5 400 000 personnes inscrites à Pôle Emploi,
03:19 ou 5 600 000 peut-être inscrites à Pôle Emploi.
03:22 Alors je vais vous dire une chose très simple,
03:23 il y a 40% des étrangers dans notre pays qui ne travaillent pas,
03:27 qui sont en l'occurrence en inactivité.
03:30 Il y a un nombre d'étrangers dans notre pays qui sont deux fois plus au chômage que les français.
03:34 Commençons déjà par faire travailler ceux-là avant d'aller en cherche.
03:37 Donc vous les mettez en cuisine ?
03:38 Voilà.
03:39 Mais ils ne sont pas tous serveurs, ils ne sont pas tous plongistes, ils ne sont pas tous cuisiniers.
03:42 Il faut accepter, alors moi je propose à tous les secteurs en tension d'augmenter les salaires.
03:46 Parce que la réalité c'est que si ces secteurs sont en tension,
03:49 c'est parce que les métiers qu'ils exigent, souvent le BTP, souvent la restauration,
03:54 ne sont pas assez bien payés.
03:56 Et l'immigration, elle permet en réalité de faire ce qu'on appelle une délocalisation sur place.
04:01 Quand on peut délocaliser l'usine, on la délocalise,
04:03 et quand on ne peut pas délocaliser, parce que ce n'est pas facile de délocaliser un restaurant,
04:07 ou de délocaliser la construction d'un immeuble,
04:09 eh bien on fait venir de l'immigration.
04:11 C'est un cercle vicieux.
04:13 C'est une mauvaise politique qui en plus a des conséquences évidemment
04:16 sur notre équilibre de budget social, sur l'équilibre de notre système de santé,
04:23 et j'en passe à des meilleures.