Invité de C à vous, Christophe Willem est revenu sur le harcèlement scolaire dont il a été victime.
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00:00 - La vérité de vos jeunes années, c'est que vous avez subi
00:03 - Du harcèlement. - Grande violence, du harcèlement,
00:06 tabassé, ne pas être défendu par les surveillants,
00:09 ne pas oser en parler aux parents.
00:12 - Oui, ce qui veut dire que quand vous êtes un enfant harcelé
00:15 comme ça à l'école, le plus violent, c'est la solitude.
00:18 Je pense que c'est le truc qui vous marque beaucoup.
00:21 Parce qu'après, les coups, les insultes, c'est terrible.
00:24 Mais quand vous êtes petit, au bout d'un moment, vous vous dites
00:27 "une journée de plus". C'est terrible.
00:30 J'ai redoublé la cinquième, c'était le drame.
00:33 Tout le monde était là "mais c'est pas grave de redoubler".
00:36 Le drame, c'était de rester une année de plus.
00:39 Mais c'est vrai que le plus difficile, c'est la solitude.
00:42 Vous avez des surveillants, et moi j'ai été surveillant bien plus tard,
00:45 qui vous disent "mais en même temps, c'est vrai que t'es un peu efféminée".
00:48 Donc en gros, ils vous expliquent "qu'est-ce que tu veux qu'on dise
00:51 si tu te fais frapper, il y a un peu de vrai dans tout ça".
00:54 Je suis en 11 ans, je viens de précoce, mais c'est quand même super précoce.
00:57 Donc c'est hyper dur. Et puis vous rentrez le soir,
01:00 et vous ne vous racontez pas. C'est hyper violent.
01:03 Mes parents, ils avaient des auto-écoles dans la ville où j'ai grandi,
01:06 où j'allais au collège. Vous ne voulez pas arriver à la maison
01:09 et dire "ouais, à l'école, on dit sale PD".
01:12 Donc vous inventez tout un tas de trucs. Moi, je disais "des fois, j'étais tombée".
01:15 C'est dingue le côté, on peut être très persuasif
01:20 quand on veut se protéger de quelque chose. Et surtout, pour moi,
01:23 le truc, c'était que dès que j'arrivais chez moi, il ne fallait vraiment pas
01:26 que tout le bordel qu'il y avait à l'extérieur rentre à l'intérieur.
01:29 C'était vraiment un cocon. - Et cette chanson, j'avance,
01:32 elle a déclenché quelque chose chez ceux qui l'ont écoutée ?
01:35 Il y a eu des témoignages qui sont revenus ? - Il y a beaucoup de gens.
01:38 Encore récemment, j'étais en concert, elle a démarré la semaine dernière,
01:41 et il y a une association qui m'a demandé de me rencontrer
01:44 et de discuter avec eux, parce que je ne me suis jamais très étalée sur ça.
01:47 Je ne vais pas trop parler de ça, mais là, j'en parle
01:50 parce que je pense que les choses sont digérées. Le fameux mur,
01:53 ça a permis un peu d'aller travailler en profondeur.
01:56 Et du coup, j'ai du plaisir justement à pouvoir échanger,
01:59 et à pouvoir essayer de sensibiliser aussi tous les encadrants.
02:02 Je pense que ce qui est très dur pour les profs, moi je voulais être prof,
02:05 donc on en avait parlé je crois une fois, et c'est très dur.
02:08 Les profs sont complètement démunis, en fait. Ils n'ont absolument aucun levier
02:12 pour essayer d'aider réellement, foncièrement les élèves qui sont harcelés.
02:16 Et puis là, avec le cyberharcèlement aujourd'hui, je pense que ça a déclenché
02:19 et je pense que ça a dépassé un cap. Nous à l'école, à la rigueur,
02:22 à mon époque, ça fait un peu vieux con, mais quand on arrivait chez nous
02:25 pendant les vacances ou le soir, ça s'arrêtait.
02:28 Là, je pense que le plus violent aujourd'hui, c'est ce que me racontaient
02:31 les jeunes que j'ai vus, c'est là. C'est les vacances et les week-ends
02:34 où tout prend une ampleur disproportionnée sur les réseaux.