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François Ruffin, député LFI de la Somme, est l'invité du 90 minutes d'Aurélie Casse sur BFMTV après la 2ème journée de manifestation contre la réforme des retraites. Il a débattu avec le sociologue Jean Viard. 

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Transcription
00:00 On est dans une économie mondialisée.
00:02 Donc je veux dire, on peut effectivement faire comme si on était une île,
00:04 mais ça ne marche pas vraiment.
00:06 Parce que je veux dire, au fond, on attaque les grandes sociétés qui ont leur siège social en France.
00:09 C'est normal. On peut en discuter.
00:11 - Non, parce que Jeff Bezos, quand je parle de l'Amazon, ce n'est pas en France, c'est sur le siège social.
00:15 - Le problème, c'est que la question, elle est que l'économie est mondialisée,
00:17 que les paradis fiscaux, ça existe.
00:19 On pourrait aimer qu'ils soient plus régulés.
00:20 Je crois qu'on est en général assez d'accord là-dessus, même si on a fait quelques progrès.
00:23 Donc on n'est pas sur une île.
00:25 Donc effectivement, Bernard Arnault, on peut le retaxer sur certains nombres de choses, c'est possible.
00:30 Mais on peut aussi le faire mettre son siège social en Irlande.
00:32 Donc je veux dire, il faut arrêter de penser qu'on est encore dans l'économie capitaliste du début du siècle.
00:37 On est un pays, on fabrique les voitures, on roule avec, etc.
00:39 Ce n'est plus vrai.
00:40 Et donc effectivement, la question, elle est beaucoup plus d'aider nos entreprises à créer de l'emploi,
00:44 y compris à l'étranger, de développer l'économie française et africaine.
00:47 On n'a plus que 10% d'emplois dans l'industrie.
00:49 Alors on peut continuer à démolir l'industrie.
00:51 C'est quand même la base d'une société.
00:53 – Et pourquoi on l'a fait ?
00:55 On l'a fait parce que ça ne faisait pas l'intérêt de l'industrie,
00:57 parce que ce n'était pas bien, parce qu'il y avait trop de taxes,
00:59 et que les entreprises sont parties.
01:00 – Ce n'est pas pour cette raison-là, vous savez, je suis d'un territoire…
01:02 – À un moment, il faut arrêter, on ne défend pas l'ouvrier en supprimant les usines.
01:04 – Ce n'est pas pour cette raison-là, vous savez, je suis d'un territoire…
01:06 – Comment ce n'est pas pour cette raison-là ?
01:08 – Non, non, non, c'est parce qu'il y a une élite qui a décidé à partir des années 80
01:10 qu'il ne fallait plus miser sur l'industrie, qu'il fallait miser sur la banque et sur l'assurance.
01:14 Et il y a eu un choix qui a été fait à partir de ce moment-là,
01:16 d'être dans une casier, laisser faire de la désindustriation.
01:19 Quand on ouvre, pourquoi en 1975, c'est le pic de la production textile en Picardie,
01:25 mon année de naissance ?
01:26 Pourquoi dix années plus tard, il n'y a plus une usine textile ?
01:28 – Parce que le monde s'est mondialisé,
01:30 et qu'effectivement les emplois sont passés en Chine pour le textile.
01:32 – Alors pourquoi le monde s'est mondialisé ?
01:34 Il ne s'est pas mondialisé tout seul, il s'est mondialisé parce qu'entre-temps,
01:38 on a décidé de signer les accords multifibres,
01:40 et que les accords multifibres ont permis la délocalisation du textile
01:43 dans les pays du Maghreb, puis à Madagascar, puis en Chine.
01:46 Juste quand je dis qu'on a besoin de décence,
01:49 on a besoin de remettre les pieds sur terre, c'est sur ce terrain-là aussi.
01:52 Est-ce qu'on souhaite que se poursuive le grand déménagement du monde ou pas ?
01:56 Sur la décence, vous savez, je prends un petit truc,
02:00 mais le yacht de Bernard Arnault est immatriculé à Malte.
02:04 Est-ce que franchement, quand on a une grande fortune comme ça,
02:07 on a besoin d'aller produire de l'évasion fiscale sur son yacht ?
02:12 Il me semble pas. Il me semble pas que ce soit nécessaire.
02:14 Je pose le problème aussi sur le terrain.
02:16 Non, mais vous visez des individus. On a coupé des têtes plusieurs fois dans ce pays.
02:19 On a massacré. Quel pays qui a massacré ses élites s'est développé ? Aucun.
02:24 À un moment, il faut dire aucun.
02:26 Je ne souhaite absolument pas couper des têtes.
02:28 Mais qu'est-ce qu'il y a pour vous donner des noms ? Pourquoi vous attaquer des individus ?
02:30 Parce que, écoutez, quand...
02:31 Vous donnez LVMH, attaquez la société.
02:33 Il se trouve que c'est M. Bernard Arnault, mais moi, je n'ai rien contre lui personnellement.
02:37 Vous savez, c'est plutôt lui qui en aurait contre moi,
02:40 parce que c'est lui qui cherche à me surveiller.
02:42 Ça, c'était une mauvaise idée.
02:44 Oui, d'accord.
02:46 Et apparemment, même maintenant, il suffit de payer la justice pour en être exorélaire.
02:49 Je vous parlez de l'économie d'avant la grande pandémie.
02:51 Je suis désolé. Ce que la grande pandémie a cassé, c'est une partie de la mondialisation.
02:54 Pas toute. Une partie.
02:55 On est en train de réorganiser, en gros, j'allais dire, entre sociétés amies.
02:58 C'est complètement en train de se transformer, l'économie mondiale.
03:01 Donc, les échelles ne sont plus les mêmes.
03:03 On est en train de discuter de relocaliser des industries en Europe.
03:06 C'est ça, les vrais enjeux.
03:08 C'est l'histoire d'un monde qui n'a pas été cassé par la pandémie.
03:11 Le monde qui a été cassé, il n'a pas été cassé tout seul.
03:14 Il a été cassé parce que des dirigeants économiques et politiques ont décidé de le casser.
03:18 Je le connais très bien. Je le connais très bien au fur et à mesure.
03:20 Maintenant, est-ce que...
03:22 Mais le complotisme, ça mène à rien.
03:24 Mais ce n'est pas du complotisme.
03:26 Mais si, la pandémie, c'est qui qui a décidé la maladie ?
03:28 Je ne dis pas ça du tout, M. Vian, on me fait dire des choses que je ne dis absolument pas.
03:32 Quand le patron de Halstrom dit qu'on va faire du fablesse,
03:35 c'est-à-dire des usines sans ouvriers et sans, finalement, lieu de production,
03:40 c'est un choix qui a été fait par les élites économiques à partir des années 80-90
03:44 et qui a produit une désindustrialisation massive de notre pays.
03:47 Pourquoi que en France ?
03:48 Pourquoi que en France ? Parce que c'est le choix qui a été fait par notre élite à cette époque-là.
03:51 Mais vous savez, moi, vers quoi on doit se projeter ?
03:55 On doit se projeter vers la nécessité d'une grande transformation de notre économie.
03:59 Une grande transformation qui est l'adaptation à la crise écologique,
04:02 qui nécessite que, comme l'a fait Roosevelt en 1942,
04:06 on ait tous les capitaux, toutes les énergies, toutes les intelligences,
04:09 toutes les savoir-faire du pays qui soient amenés dans une direction
04:13 qui est l'économie de guerre climatique.

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