Entre la recherche d’esthétisme dans ses clichés, son «fameux» bouchon de parfum, en passant par le respect de l’angle… Voici les conseils de Boby pour immortaliser les mobilisations, comme celle contre la réforme des retraites ce mardi 31 janvier.
En près de dix ans à Libération, Boby a couvert de nombreuses manifestations. Dans cet entretien, notre photoreporter donne ses trucs et explique comment il capture ces mobilisations avec originalité. «Quand t’as 200 photographes qui regardent à gauche, peut-être que la bonne photo est à droite», explique-t-il.
Pour les débutants qui veulent se lancer dans l’aventure, le photographe conseille notamment, de se fixer un objectif, comme, par exemple, se concentrer sur un cortège pour, au fur et à mesure, affiner «sa patte».
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00:00 Je pense que le critère principal, dans tout cas pour n'importe quel photographe,
00:02 c'est de faire une photo qui plaise déjà son auteur.
00:06 Moi, je ne publie pas de photos que je n'aime pas.
00:08 Quand on débute, je pense que pour trouver son truc,
00:13 il faut peut-être se donner des objectifs.
00:15 Aujourd'hui, je me dis que je ne vais pas faire les cortèges où ça bouge le plus.
00:19 Je vais sur un cortège plus facile,
00:21 mais je me donne un objectif d'avoir au moins une belle photo.
00:24 Après, il y a aussi un truc qui est tout con,
00:26 mais c'est peut-être que quand tu as 200 photographes qui regardent à gauche,
00:30 peut-être que la bonne photo, il faut la faire à droite à ce moment-là.
00:33 Je sais que c'est un truc qu'on va avoir souvent tendance à faire les photographes des Libé,
00:38 je pense à Marie Rouge, à Cyril Zanettacci, à Martin Colombé, tout ça.
00:42 Par exemple, si tu as une bagnole qui est en train de cramer,
00:44 je pense que 150 personnes vont faire la photo de la bagnole
00:49 et en vrai, nous trois, à côté, on va faire plutôt la photo de la fumée noire
00:55 qui va passer à travers les feuilles.
00:56 Tu vois, en fait, tu as juste des fois à regarder,
00:59 à faire un pas de côté ou à regarder ailleurs
01:01 et tu arrives à faire un petit truc différent.
01:05 Et comme c'est différent, ça devient plus esthétique que les autres.
01:07 Je ne pense pas particulièrement à la photo avant.
01:12 Après, je sais un peu ce que je veux.
01:15 En fait, je pense plus à ce que représente la photo dans Libération,
01:19 c'est-à-dire qu'à Libération, on va peut-être essayer de faire une photo moins d'actu,
01:23 comme Le Monde, ou moins informatif, comme Le Figaro,
01:27 mais avec peut-être un peu plus de sens, d'esthétique.
01:29 Je trouve que c'est ce qui définit beaucoup la photographie à Libération,
01:33 c'est qu'il y a une recherche d'esthétisme et aussi de sens,
01:37 un peu d'irrévérence.
01:39 En tout cas, moi, c'est comme ça que je qualifierais un peu les images que je fais.
01:42 Et du coup, des gens qui ne sont pas forcément intéressés à la manif
01:45 vont y venir par ce biais-là de l'esthétisme.
01:48 Pour être esthétique dans une manif, je pense qu'on a déjà chacun nos trucs.
01:53 Moi, je vais shooter avec des profondeurs de champ très basse,
01:56 je fais 1 à 4 parce que j'aime bien que ça soit flou.
01:59 Après, j'ai mes petits trucs, j'ai un bouchon de parfum
02:02 que je mets souvent devant mon objectif.
02:04 Quand il y a une belle lumière qui passe, des fois, ça fait des flaires.
02:06 Donc, un flair, pour tirer ça assez facilement,
02:10 ça va faire soit un trait de lumière, soit une petite tâche, ça peut être un rhum.
02:15 Mais une lumière qui ne devrait pas être forcément là, c'est ma patte.
02:20 Donc, c'est un bouchon de parfum classique.
02:23 Une fois, j'avais oublié...
02:25 Des fois, je mets des prismes et des trucs comme ça.
02:26 Et une fois, j'avais oublié de prendre le prisme que j'avais à cette époque-là.
02:31 Et j'avais mon parfum dans mon sac.
02:33 Et je me disais, "Bon, vas-y, je vais prendre le bouchon, ça dépeindra."
02:36 Et en fait, je ne sais pas, je l'aime trop, du coup, c'est bête.
02:39 Mais non, à force de le faire, il est devenu poli et tout.
02:43 Franchement, là, on dirait que je suis un fou, je parle d'un animal.
02:46 Mais vraiment, c'est ma petite touche.
02:49 Tu vois, sur le terrain, je suis comme ça.
02:52 Je suis en train de prendre des photos.
02:54 Et à chaque fois, je prends des photos, je fais avec mon petit truc.
02:56 Je pense que le critère principal, dans tout cas, pour n'importe quel photographe,
03:02 c'est de faire une photo qui plaise déjà son auteur.
03:05 Moi, je ne publie pas de photos que je n'aime pas, en fait.
03:08 Donc, ça, c'est mon critère principal.
03:11 C'est que si ça ne me plaît pas, ça ne paraît pas.
03:13 Donc, je pense qu'il faut tous se donner ça comme objectif.
03:16 Ne pas avoir peur de rentrer "bredouille".
03:19 Ce n'est pas grave.
03:20 Si on n'est pas arrivé cette fois, on fera mieux la prochaine fois.
03:23 - C'est ça. - C'est ça.
03:24 - Merci. - Merci.
03:25 Sous-titrage ST' 501
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