La guerre en Ukraine a rebattu les cartes sur le marché de l'énergie, obligeant l’UE à revoir ses approvisionnements en gaz, pétrole et charbon.
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00:00 La Russie utilise l'énergie comme elle utilise d'ailleurs l'alimentation comme une arme de guerre.
00:05 D'un ordre d'importance, surtout de volume, de gaz, pétrole et charbon.
00:29 Le carburant est-il un élément de la stratégie de l'économie ?
00:34 Et aussi d'autres matériaux énergétiques comme par exemple le coq.
00:38 Donc tout ce qui est hydrocarbure, globalement considéré,
00:41 constitue donc les noyaux de l'échange entre l'Europe et la Russie.
00:45 Et cela couvrait donc 68% des échanges entre ces deux agrégats.
00:50 La première décision sur laquelle il y a eu un consensus relativement rapide
01:00 a été celle de faire un embargo sur le charbon russe.
01:04 Et après on a réenchéri avec un embargo sur le pétrole
01:09 qui est donc opérationnel depuis début décembre.
01:12 Et enfin, dans quelques jours, début février,
01:16 on aura aussi une partie de l'embargo qui concerne des produits dérivés du pétrole,
01:22 donc en particulier les diesels et le gazole.
01:29 L'Europe n'avait pas pu atteindre un consensus sur bloquer les importations de gaz
01:35 dans la mesure où il y a une forte dépendance non seulement à l'importation en soi,
01:41 mais aussi aux infrastructures qui lient l'Europe à la Russie.
01:44 Et bien c'est ces infrastructures que la Russie a prises en otage,
01:49 en décidant de façon unilatérale de assécher la livraison via des routes,
01:55 les principales gazoducs qui rélient la Russie à l'Europe.
01:59 Donc aujourd'hui on a deux gazoducs, Nord Stream qui approvisionne la partie nord de l'Europe.
02:05 Donc Nord Stream il arrive en particulier en Allemagne,
02:07 et Yamal qui arrive en Pologne, dans lesquels on a un débit de gaz qui est pratiquement nul.
02:12 Et les deux autres routes qui sont vers la Turquie et la partie qui passe par l'Ukraine
02:17 et qui donc atteint les pays baltes, sont approvisionnées, mais au minimum historiques.
02:22 Face à cette situation, votre volonté c'est de continuer à avancer unis et solidaires.
02:27 Le gaz, c'est quoi ?
02:32 Il était prévu à partir du mois de février que les achats de gaz s'effacent via une plateforme
02:38 que l'Union européenne mettait à disposition des différents pays membres,
02:42 et en particulier des compagnies importatrices de gaz,
02:45 pour effectuer de façon coordonnée ces achats.
02:48 Et c'est là que cette composante, on va dire, chacun pour soi,
02:52 a sans doute un peu contourné les décisions européennes,
02:55 dans la mesure où cette plateforme n'a pas été opérationnelle du tout.
02:59 Et on a vu donc les pays, surtout les pays les plus dépendants du gaz,
03:04 en particulier l'Allemagne et l'Italie,
03:07 aller faire un peu justement le shopping de gaz ailleurs,
03:12 donc chez les pays producteurs, notamment l'Algérie et le Moyen-Orient.
03:16 La France aussi a pris position, notamment TotalEnergie,
03:19 avec des accords renforcés avec le Qatar, pays où il est présent depuis longtemps.
03:24 Comment est-ce que l'Union européenne a-t-elle fait pour faire en sorte
03:27 que les pays ne soient pas touchés par le gaz ?
03:29 C'est via une deuxième technologie qui permet de transformer les gaz en liquide,
03:34 en utilisant des infrastructures dédiées qui permettent,
03:38 en variant la température, de transformer d'abord les gaz en liquide,
03:42 donc en baissant la température à -160°C.
03:45 Et après, cela permet de les transporter.
03:48 Ensuite, une fois qu'un pays veut recevoir ce gaz,
03:52 il est donc obligé, dans les mêmes terminales de réception,
03:55 de le ré-méthaniser, donc de le reconstituer en tant que molécule gazeuse,
04:00 donc en augmentant la température à plus de 200°C.
04:03 Et ces infrastructures sont donc les fameux terminaux méthaniés.
04:08 On a enregistré une augmentation des importations de GNL via les États-Unis
04:16 de +120% depuis les débuts de la guerre.
04:20 Et dans une deuxième mesure, les pays du Moyen-Orient,
04:23 donc Arabie Saoudite, Qatar,
04:25 les importations du Qatar ont augmenté à peu près de 40-45%.
04:29 Et après, le Nigeria.
04:30 Les cercles des gagnants restent pratiquement les mêmes.
04:38 Les États-Unis ont pu se proposer en tant que pays exportateur
04:42 à la fois de gaz et de pétrole, justement grâce à ces techniques
04:45 d'extraction non conventionnelles,
04:46 donc tout ce qui est gaz et pétrole de schiste ou sable bitumineux,
04:50 qui ont été développés dans la dernière décennie
04:52 et qui ont fortement augmenté la production aux États-Unis
04:55 et donc la disponibilité à l'exportation.
04:57 Et après, il y a surtout dans l'exportation de pétrole,
05:00 les Nigéria, l'Australie,
05:01 et après il y a les rôles un peu particuliers des pays qui font partie de l'OPEP,
05:05 qui en soutenant aussi la position russe,
05:08 ne sont pas à leur maximum de production
05:11 et au contraire, pendant les réunions au mois de mai,
05:14 ont décidé de diminuer leur production.
05:16 Pourquoi l'exportation du pétrole ?
05:20 Le pétrole, c'est quand même la commodité qui est la plus exportée au monde,
05:26 indépendamment des tensions géopolitiques fortes.
05:29 Les volumes de pétrole additionnels, c'était un peu déjà prévu,
05:32 mais donc ont été retrouvés sur les marchés de façon relativement simple.
05:36 Il y a eu aussi l'injection qui a été faite aux États-Unis,
05:40 qui a relâché les stocks stratégiques de pétrole,
05:43 donc en plus de sa réduction.
05:44 Et ce qui explique aussi qu'aujourd'hui,
05:46 le prix du pétrole est relativement bas,
05:49 sachant que l'embargo sur le pétrole russe
05:52 est opérationnel depuis le mois de décembre
05:54 et il est progressivement rentré en fonction
05:57 parce qu'il y a un fenêtre de un mois et demi
05:59 dans lequel les transactions conclues avant l'embargo
06:01 sont en train encore de donner lieu à des livraisons
06:04 de cargos de pétrole russes en Europe.
06:06 Pourquoi l'embargo sur le pétrole russe ?
06:11 Certains pays comme la France sont même allés au-delà de cet objectif
06:15 en arrivant à un taux de remplissage maximal
06:17 qui avoisine les 100%,
06:19 mais cette opération de remplissage s'est faite
06:22 un peu, je dirais, de façon accélérée
06:24 à partir du printemps dernier,
06:26 qui est historiquement la période
06:28 dans laquelle on rinfle les gaz dans les stockages.
06:31 Donc c'est-à-dire que l'hiver dernier,
06:33 on avait déjà une base sur laquelle on a après
06:36 pu remplir et remplacer les volumes russes,
06:38 c'est-à-dire que pendant pratiquement la saison
06:41 dans laquelle on a utilisé le gaz,
06:43 et la saison précédente où on a rempli les stocks,
06:45 on avait du gaz russe.
06:46 Pourquoi l'embargo sur le pétrole russe ?
06:52 C'est vrai qu'on a obtenu une baisse de la demande
06:54 grâce à ces actions un peu de sobriété,
06:57 grâce aussi aux entreprises en particulier au signal prix,
07:00 mais toute la question est de voir comment
07:02 cet effort qui a été fait sur la demande devient pérenne
07:05 et comment on arrive à importer à nouveau des volumes de gaz.
07:09 N'oublions pas qu'il y a quand même
07:10 7 pays qui n'ont pas de capacité de stockage
07:12 et qui donc sont en train de conclure et d'obtenir du gaz
07:16 grâce à des accords dits de solidarité.
07:18 Je pense que la sobriété, de toute façon,
07:21 va être une mesure structurelle
07:23 qui doit être dans notre quotidien.
07:25 Et même au-delà de la sobriété,
07:27 vraiment l'efficacité énergétique,
07:28 on sera gagnant non seulement si on retrouve
07:31 de quoi remplir nos stocks,
07:33 mais si on réduit notre besoin d'approvisionnement en gaz,
07:37 ce qui est en fait l'objectif de la transition énergétique.
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