• l’année dernière
Le rappeur et acteur Gringe, membre du Jury Long Métrage au Festival de Gérardmer, se confie sur son amour des effusions d'hémoglobine et du cinéma de genre, d'Ari Aster à Peter Jackson.
Transcription
00:00 C'est chanmé d'avoir peur ensemble, c'est trop bien ça.
00:02 Tu viens pour chercher le frisson et tu le fais collectivement.
00:05 Il y a un truc tellement fédérateur et porteur.
00:11 Donc on attend de se manger une claque dans la tronche.
00:14 Le Festival de Gérard Mey, c'est comme un rêve d'ado.
00:24 Depuis Avor Yaz, avant Gérard Mey, Avor Yaz,
00:27 j'étais abonné à Mad Movies,
00:30 et le cinéma fantastique, c'est un cinéma que j'adore.
00:32 Le cinéma d'Alex Garland, par exemple, me retourne.
00:36 Depuis que je l'ai découvert il y a deux mois.
00:38 Je me suis tout tapé, Alex McKinnon, Man, la série Deus.
00:42 Ses symboles, sa poésie, les silences qu'il installe, sa musique,
00:48 et les thèmes qu'il aborde, la finesse avec laquelle il le fait,
00:51 je trouve qu'il y a tout.
00:52 Et quand ça vient de déranger à ce point,
00:55 et que ça te reste des semaines après le visionnage,
00:57 tu te dis que c'est ça qu'on attend d'une expérience de cinéma,
01:01 c'est qu'elle nous reste, quelle que soit la manière.
01:03 Et moi, c'est vrai que j'aime être dérangé.
01:06 C'est aussi pour ça qu'il y a un truc un peu à la fois scopique,
01:09 parfois il y a des plans chez Garland où tu te les manges en pleine tête,
01:12 ils te mettent mal.
01:14 Et en même temps, c'est d'une beauté sans nom.
01:16 Je ne sais pas si ce ne serait pas un Peter Jackson,
01:21 un Bad Taste ou un Braindead.
01:24 Moi, j'étais petit.
01:26 Mais là, on est dans le gore et dans l'absurde,
01:28 et en même temps, un cinéma qui n'existe pas à ce moment-là.
01:31 Tu vois, des méthodes,
01:33 des façons de fabriquer le gore.
01:35 Il y a forcément l'exorciste,
01:36 il y a forcément Dickenberg,
01:39 la mouche que j'ai vue très tôt.
01:41 Midsommar, Dari Aster,
01:45 et puis même avant, je pense, Heredity,
01:48 ils m'ont bien remué, ces deux-là.
01:51 C'est exceptionnel de tourner un film d'horreur
01:53 en plein jour, dans la lumière du jour.
01:54 C'est exceptionnel de réussir à faire naître la peur
01:57 en plein jour.
01:59 C'est un tour de force, mais c'est remarquable.
02:01 Son cinéma, lui, est remarquable aussi.
02:03 Je parle d'Alex Garland, mais Ari Aster,
02:05 c'est aussi un réalisateur que je découvre il y a quelques années
02:07 et que je trouve exceptionnel aussi.
02:08 Je pense qu'un grand film d'horreur
02:09 ou d'un grand film fantastique,
02:10 ça reste un grand film avant tout.
02:12 Ça, c'est un grand film.
02:13 C'est là où,
02:18 je ne sais pas,
02:20 mon éthique, la morale
02:22 viennent poser ses limites chez moi.
02:24 Mais je n'ai pas de limites.
02:27 Après, si on bascule dans des trucs de snuff movie,
02:30 de trucs glauques,
02:33 ce n'est pas forcément ce qui m'emballe.
02:35 Ce n'est pas ce genre de frissons qui vient chercher
02:37 et ce n'est pas ceux qui vont me rester, en tout cas.
02:39 Moi, je me rappelle l'année d'être allé voir
02:42 Funny Games de Michael Hancock.
02:44 Et là, si, il y a des gens qui sont sortis de la salle.
02:46 Mais j'ai déjà vu des films où des gens sont sortis de la salle.
02:49 Dracula de Coppola, quand j'avais 14 piges.
02:52 Mais parce qu'en fonction des époques,
02:55 et des mœurs, c'est tout ça.
02:58 Mais non, si, c'est plutôt un bon signe.
03:02 [Musique]

Recommandations