Pierre de Maere est LA révélation francophone de 2023. Avec son premier album "Regarde-moi", le chanteur belge derrière le tube "Un jour je marierai un jour" ouvre les portes d'un univers électro-pop léché qui pourrait bien le propulser en orbite. Il fait les présentations en interview pour Purecharts.
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00:00 Je m'appelle Pierre Demare, pas Demer, Demare, parce qu'on écrit A-E-R-E.
00:03 J'ai 21 ans et je suis auteur, compositeur, interprète.
00:05 Je chante des chansons en français, qui parlent beaucoup d'amour, mais pas que.
00:08 Ce qui m'a animé le plus tôt, c'était la musique.
00:17 Maintenant, j'ai eu une passe, qui a duré 4 ans quand même,
00:20 qui a fait tout le monde à l'adolescence, qui est concernée à la photographie.
00:22 Je me suis mis à faire des photos et je me suis un petit peu éloigné de la musique.
00:25 Peut-être parce que de 14 à 18 ans, on est assez moches,
00:27 donc il était la question de ne pas s'exposer et de se cacher derrière un objectif.
00:30 J'ai commencé en prenant des photos de ma soeur, des portraits, puis de mannequins.
00:33 Et donc la mode est arrivée comme ça dans ma vie.
00:35 Et les jours où je me suis remis à faire de la musique,
00:37 j'avais ce bagage de photos, d'images, de mode sur le dos.
00:40 Et je suis arrivé avec un projet très global, dans lequel chaque aspect est travaillé.
00:44 Puis en fait, il y a Vagram, ma maison de disques, qui a repéré mon moment de travail
00:47 parce que j'ai publié un morceau et Théo Othuki, qui est mon directeur artistique,
00:50 tombe sur ce morceau-là, ça lui plaît.
00:52 J'ai mis le contact sur Instagram et à partir de là, on signe un deal pour plusieurs albums.
00:56 L'école de photo ne me passionnait pas plus que ça,
00:58 et donc je me suis dit "vas-y, allons-y".
01:00 Très peu de cours, pas de cours de chant, pas de cours de solfège.
01:05 J'ai joué d'un instrument, c'était la batterie.
01:06 Moi, je suis toujours frustré de ma voix.
01:07 Parfois, je me dis que je ne suis pas vocaliste et que j'aimerais être meilleur que ça
01:10 et faire une Céline Dion, tu vois.
01:11 Entre Potins Absurd, qui est le premier titre que j'ai sorti il y a deux ans, trois ans,
01:14 et le dernier, Enfant d'œil, qui est sorti le plus récemment, l'album,
01:17 il y a déjà un fossé de progrès entre les deux, vocalement,
01:22 et j'en suis très fier, c'est bien.
01:23 Je pense que c'est sur le tas et c'est en faisant qu'on apprend.
01:26 C'est en produisant, en composant, en chantant.
01:28 Il y a une marge de progression gigantesque encore.
01:29 Je dirais que les premiers artistes qui m'ont fasciné,
01:33 je les répète partout où je vais,
01:35 donc c'est une évidence, c'est Stromae et Lady Gaga à l'inter.
01:39 Lady Gaga d'abord parce que j'en suis tombé amoureux.
01:41 J'ai vu ce personnage merveilleux, une femme qui est de l'audace,
01:45 qui est créative, qui n'a peur de rien.
01:47 Puis Stromae, ça m'a un petit peu donné l'envie, pour la première fois,
01:51 d'écouter vraiment de la chanson en français.
01:53 Et j'ai l'impression qu'il a révolutionné un petit peu à sa façon,
01:55 qu'il a élevé le niveau de la chanson francophone en France, en Belgique, partout ailleurs.
01:59 Je n'ai pas pensé à la chanson comme un tube,
02:03 où je ne me suis jamais dit, tiens, là je tiens un truc radio, TikTok, n'importe quoi.
02:07 Mais par contre, quand je l'ai écrite,
02:08 je me suis rendu compte d'une chose, c'est qu'elle me ressemblait très très fort.
02:11 Ce que je racontais, c'était vraiment le fond de ma pensée sur le moment,
02:13 cette quête de tendresse, d'un amour fictif, impossible,
02:16 qui rend triste une fille de nez parce que ce n'existe pas.
02:19 Je me rendais compte qu'il y avait un truc,
02:20 et quand je l'ai fait écouter à des copains, à des copines,
02:22 je me suis vite rendu compte que c'était ce qui ressortait,
02:24 et c'était le morceau qui se distinguait des autres.
02:26 Je comptais sur lui pour me faire avancer,
02:28 et il a bien joué ce rôle-là, donc j'en suis ravi.
02:30 L'image est tellement importante, ou le lien avec le public est si important,
02:35 on ne peut pas se permettre de se passer des réseaux,
02:38 y compris Instagram et TikTok, qui permettent de créer véritablement
02:41 une espèce de lien avec une communauté.
02:43 Je me suis rendu compte de l'impact de TikTok,
02:44 quand j'ai vu que, moi en titre, il avait 8 mois derrière lui,
02:46 il avait 6 mois d'airplay, donc de radio.
02:48 On parle de chiffres, parce que c'est intéressant de voir le déclic,
02:50 mais 7 millions de streams au bout de 6-7 mois,
02:52 et puis il y a TikTok, et sur 3 mois, on en gagne 30 millions de plus.
02:54 C'est un alignement d'étoiles et de planètes,
02:56 mais je pense que les réseaux sociaux en font partie.
02:58 C'est une planète importante de ce système.
03:00 Je suis impliqué à 100% dans la création de mes visuels,
03:06 c'est-à-dire que, on va prendre comme exemple la pochette d'album,
03:09 cette espèce de col roulé rouge qui monte jusqu'au menton,
03:12 sur un fond violet, tout ça, ce sont mes envies, mes idées,
03:14 je suis le moteur du projet, après j'ai des clips qui sont formidables
03:16 et qui permettent de tout mettre en place.
03:18 Dans les clips, c'est un peu différent,
03:19 dans les clips, je me laisse plus guider.
03:20 J'ai une grande copine qui s'appelle Edi Blanchard,
03:21 et qui a fait mon premier clip, "Regrets",
03:23 ensuite elle a fait "Un jour, je me réélange",
03:25 et elle a fait le dernier, "Enfant 2".
03:26 Très souvent, les pitches viennent d'elle,
03:28 et ensuite on l'agrémente ensemble, on s'en parle,
03:30 pour le coup, je me laisse plus porter,
03:31 parce que par rapport à mes morceaux,
03:32 je me dis que je n'ai pas tellement de recul,
03:34 et j'aime bien avoir quelqu'un qui arrive avec un oeil frais sur mon travail.
03:36 Ce premier album, il a encore été créé avec une vision très spontanée,
03:44 un peu naïve, tu vois, c'est les débuts, j'expérimente.
03:46 Je n'ai pas d'automatisme,
03:47 je pense que c'est bien de ne pas en avoir,
03:49 parce que c'est à partir du moment où on exécute des automatismes
03:52 qu'on se retrouve à ne plus rien inventer,
03:53 et ne plus rien créer de frais, de nouveaux.
03:55 Sur chaque titre, je me découvrais un peu, en fait.
03:57 Je n'ai pas pensé, je vais faire un album,
03:58 j'ai pensé, je vais faire les titres les uns après les autres,
04:00 et ensuite on voit ce qu'on en fait.
04:01 Et au final, il y a un lien, qui est la signature vocale,
04:03 qui est la couleur de prod.
04:04 Je pense que tout ça se maintient, tout ça est cohérent,
04:06 du fait que ce soit resté en famille,
04:07 c'est ce que j'ai fait avec mon frère.
04:08 On ne s'est pas perdu en travaillant avec des externes,
04:10 des producteurs,
04:11 en fait qui auraient ajouté une pâte qui n'était pas la mienne.
04:13 On a essayé, mais c'était sans succès.
04:14 Le côté papier glacé,
04:20 si on parle des peaux un peu presque parfaites,
04:21 ces trucs-là, c'est marrant.
04:23 Les peaux parfaites, c'est une raison très simple.
04:25 Moi, j'ai eu beaucoup d'acné étant adolescent,
04:27 ça m'a frustré toute ma vie,
04:28 et donc maintenant je ne tolère plus un seul bouton sur les photos.
04:30 Au-delà de ça, c'est vrai qu'il y avait un côté très
04:33 poupée de cire sur les premiers clips.
04:35 J'essaie de m'en défaire un petit peu avec le temps,
04:36 parce que je pense que ça peut être déshumanisant
04:38 et que je suis un humain et que j'ai beaucoup de sensibilité.
04:40 Donc voilà, il faut qu'on s'en rende compte.
04:42 Ça ne définit pas qui je suis,
04:44 non, plus que ça.
04:44 Moi, je ne me protège pas du tout.
04:48 C'est marrant, je devrais peut-être,
04:49 mais c'est trop tôt, pour le moment tout va bien
04:51 et les insultes se font rares.
04:53 Je suis assez ouvert quand même,
04:54 j'exprime beaucoup mes sentiments dans les chansons aussi.
04:56 Je désamorce un petit peu les attaques,
04:58 dans le sens où une fois que je les expose,
05:00 il est difficile de m'attaquer là-dessus.
05:01 D'ailleurs, maintenant, je regarde un petit peu trop
05:03 les tutos et les compagnies, il faut que j'arrête,
05:04 parce que ça devient méchant, forcément.
05:05 Plus ça monte, plus c'est virulent.
05:07 Donc, il faudrait que je me calme un peu là-dessus.
05:09 Si il y a un combat que je mène,
05:12 c'est que je normalise le truc.
05:13 S'il y a une histoire avec un garçon,
05:15 j'en parlerai, il n'y a aucun stress.
05:16 Et ça, je pense que c'est une bonne façon
05:17 juste de rendre la chose normale aux yeux de tout le monde.
05:19 Et c'est très bien.
05:20 Mais moi, je n'ai pas souffert de ça.
05:22 Enfin, ça serait opportuniste et arriviste
05:23 d'en faire un étendard,
05:24 alors que je n'ai pas pris cher.
05:26 C'est ce que je me dis.
05:27 C'est juste être soi.
05:28 C'est ça le message, en fait.
05:29 C'est universel.
05:29 Ça va au-delà d'être cuir ou non.
05:31 Chaque artiste qui réussit,
05:33 je pense qu'il représente un peu ça,
05:34 parce que pour réussir,
05:35 il me semble qu'il faut être unique et authentique.
05:38 Et donc, ce n'est pas un combat,
05:40 c'est un apport.
05:40 Je pense que c'est quelque chose qu'on apporte.
05:41 Je pense qu'il ne faut pas y penser
05:45 et qu'il faut se concentrer sur ce qui est important,
05:47 c'est-à-dire la musique d'abord,
05:48 et le travail, et le live, les concerts et compagnie.
05:51 Je suis plutôt heureux et flatté d'être nommé à ces victoires.
05:54 Et je me dis que je vais profiter de tout ça.
05:56 Ça va être un tunnel de visibilité.
05:58 C'est génial d'avoir tout ça.
06:00 Plutôt que d'avoir peur,
06:01 je me dis plutôt, mais avec quelle chance,
06:02 toute sa ligne.
06:02 J'ai sorti mon album et deux semaines plus tard,
06:03 il y a la victoire.
06:04 C'est génial.
06:05 On va parler duo rêvé.
06:09 Je pense qu'il y a une femme
06:10 qui musicalement, aujourd'hui,
06:12 m'intéresse plus que quiconque.
06:13 C'est Rosalia.
06:14 Si le premier, le deuxième, le troisième album,
06:15 j'en sais rien cartonne et qu'elle finit par me connaître,
06:17 ce serait merveilleux.
06:18 [Musique]