Dans son édito du 26/01/2023, Jérôme Béglé revient sur les retraites
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00:00 Oui, il y a dix jours, en main, un accord politique entre la majorité macroniste et les Républicains était presque scellé.
00:04 La quarantaine de voix manquantes au Parlement était trouvée.
00:07 Il n'y a plus qu'à gérer la rue, les syndicats et la Cobb.
00:10 Mais à force de maladresse et d'hésitation et face à une mobilisation plus forte qu'attendue dans la rue et des syndicats,
00:15 les députés se rétractent quasiment un à un.
00:18 Au modem, à LR et même à Renaissance, on hésite à voter la loi, en tout cas en l'État.
00:24 À ce stade, il manquerait une vingtaine de parlementaires pour s'assurer des bonnes grâces de l'Assemblée.
00:28 Du coup, c'est un peu panique à bord.
00:30 Personne ne parle plus d'une même voix.
00:32 Par exemple, sur la retraite des femmes, Franck Riester, qui est ministre des Relations avec le Parlement,
00:36 reconnaît qu'on peut faire mieux, tandis que la première ministre assure que l'immense majorité des femmes
00:40 qui toucheront une pension supérieure à celle qu'elles peuvent avoir aujourd'hui
00:44 et que donc la mouture du texte en l'État leur est favorable.
00:47 Pendant qu'Olivier Dussopt, le ministre du Travail, explique de façon technocratique
00:52 les subtilités des ajustements, Gabriel Attal, lui, ministre des Comptes publics,
00:56 entame un tour de France pour faire de la pédagogie.
00:58 Bref, tout cela n'est pas très cohérent, loin sans faux.
01:01 Elisabeth Borne ne tranche pas, Emmanuel Macron reste sur son avantain,
01:04 préférant parler des sujets internationaux et diplomatiques
01:08 plutôt que de mettre une roue dans ce bourbier.
01:10 Du coup, l'adhésion des Français à ce projet de loi recule et fortement
01:13 et leur désir de le voir abandonné par le gouvernement progresse.
01:16 Alerte rouge, il faut que le gouvernement reprenne vraiment la main.
01:20 Alors, quelle solution s'offre à la majorité pour redresser la barre ?
01:25 Alors, il faut clarifier des choses et accroître la lisibilité du texte.
01:29 Une première ministre et un ministre du Travail de gauche
01:32 qui milite pour une réforme de droite, il y a aux yeux des Français
01:36 quelque chose qui cloche.
01:37 Ajouté à cela, il y a quand même un front syndical uni
01:40 qui vient renforcer cette impression que quelque chose ne va pas.
01:42 Et puis, le côté techno du gouvernement qui s'en parlait aux leaders syndicaux,
01:45 aux chefs de parti et oublie que ça dresse d'abord au peuple.
01:48 Tout ça n'arrange rien.
01:50 Quelques ministres expliquent que la loi est amendable,
01:52 mais à condition de ne pas revenir sur les grands équilibres.
01:55 Or, ces grands équilibres, seul le gouvernement et le conseil
01:58 d'orientation des retraites sont capables de les calculer.
02:00 Et voilà que le président du Corps crie Urbi et Torbi
02:03 qu'il n'y a pas le feu à faire cette réforme,
02:05 mais impossible pour l'exécutif d'y renoncer,
02:07 sans quoi c'est le quinquennat qui est terminé.
02:09 Bref, on n'y comprend plus rien au point où il en est.
02:12 Et comme il est désormais acquis qu'aucune voix de gauche
02:14 ne viendra s'adjoindre, ne viendra voter cette réforme.
02:17 Il faut se mettre d'accord avec les Républicains,
02:19 peut-être en revenant, par exemple, sur l'attribution de l'ASPA aux étrangers.
02:24 Aujourd'hui, un retraité étranger de 65 ans peut toucher une pension nette
02:28 de 950 euros de l'allocation de solidarité des personnes âgées,
02:31 alors qu'il n'a cotisé qu'un seul trimestre sur les dix dernières années
02:35 et ne justifie donc d'aucune activité prolongée sur le territoire national.
02:39 On touche une nouvelle fois à la limite du ni droite ni gauche,
02:42 qui se traduit ces jours-ci par "je ne sais pas où on va".
02:45 Le texte va commencer à être discuté le 6 février prochain.
02:48 Il reste donc dix jours exactement au gouvernement
02:51 pour lui donner un sens et un début de cohérence.
02:53 [Musique]
02:56 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]